Depuis le dรฉbut de son programme dโajustement structurel vers le milieu des annรฉes 80, Madagascar a optรฉ pour la libรฉralisation de lโรฉconomie et le dรฉsengagement de lโEtat. Ce dernier va dรฉsormais limiter son rรดle ร celui de rรฉgulateur. Le secteur productif devrait รชtre un domaine dโactivitรฉs du seul secteur privรฉ. Dans ce sens, le secteur public aura pour mission de dรฉfinir un cadre lรฉgal, incitatif et sรฉcurisant des investissements privรฉs. Dans son objectif de croissance รฉconomique rapide et dรฉveloppement durable, lโEtat malagasy devrait incontestablement prendre en considรฉration la dรฉgradation des ressources que la nature a gรฉnรฉreusement concรฉdรฉes au pays. Une gestion รฉconomique efficace des ressources naturelles non renouvelables, surtout celles de grande valeur, demeure indispensable. Les ressources minรฉrales, dont il sera question dans cette รฉtude, entrent dans ce type de ressource. De ce fait, leurs exploitations nรฉcessitent une politique saine, claire et transparente.
Le secteur minier attire lโattention depuis les dรฉcouvertes successives de gisements de pierres prรฉcieuses dans diffรฉrentes zones du territoire malagasy. Tout dโabord, le
Document Cadre de Politique Economique ou DCPE 1996 โ 1999 a initiรฉ la libรฉralisation du secteur par lโรฉlimination de lโintervention directe de lโEtat par lโ Office des Mines Nationales et des Industries Stratรฉgiques (OMNIS). Les orientations suivantes ont รฉtรฉ dรฉfinies : lโallรจgement du taux du royalties et de la taxation des produits miniers, lโapplication dโune lรฉgislation miniรจre axรฉe sur la promotion des grandes mines en faisant appel ร des investissements รฉtrangers et nationaux, et la privatisation des entreprises publiques du secteur. Ensuite, le deuxiรจme document triennal qualifiait les mines comme un secteur clรฉ dans la stratรฉgie de dรฉveloppement de Madagascar. Un nouveau code minier dรฉfinissait le cadre juridique et environnemental du secteur et assurait une transparence accru dans lโoctroi des permis miniers. Le gouvernement a dรฉcidรฉ de ne pas augmenter les contraintes de lโinvestissement dans le secteur minier. De ce fait, les coรปts des รฉtudes dโimpact environnemental seront financรฉs par les investisseurs ร raison de 0,5% du montant de lโinvestissement, tels que prรฉvus dans le dรฉcret Mise en Compatibilitรฉ de lโInvestissement et de lโEnvironnement (MECIE). Enfin, lโaugmentation de la contribution du secteur minier ร lโรฉconomie nationale est lโun des objectifs du DSRP. Les actions stratรฉgiques consistent surtout ร la mise en place dโun dispositif minier transparent, la promotion des grands investissements miniers et la gestion dรฉcentralisรฉe desย ressources miniรจres, et la prolifรฉration des exploitations formelles dans le secteur des mines. Un ensemble dโactions rรฉgissant lโexploitation des ressources miniรจres trouve alors sa raison dโรชtre du fait des objectifs de lโEtat Malagasy sus-mentionnรฉs. La mise en ลuvre dโune stratรฉgie permettant dโaccรฉder au dรฉveloppement durable du secteur minier et de contribuer ร la rรฉduction de la pauvretรฉ par le renforcement de la gouvernance et de la transparence de la gestion des ressources minรฉrales, devrait faire lโobjet dโune action prรฉcise du gouvernement. Ceci a conduit ร la naissance du Projet de Gouvernance des Ressources Minรฉrales ou PGRM, axรฉ surtout sur les activitรฉs miniรจres artisanales et de petite envergure. Le PGRM continue les activitรฉs initiรฉes par le Projet de Rรฉforme du Secteur Minier ( PRSM ) qui avait pour objectif global de promouvoir les investissements privรฉs dans le secteur minier ร Madagascar, afin dโassurer son dรฉveloppement ร la hauteur du potentiel gรฉologique et minier du pays. La date de dรฉmarrage du PRSM รฉtait le janvier 1999 et celle de la clรดture รฉtait le 31 dรฉcembre 2002. Pour le PGRM, le Conseil dโAdministration de la Banque Mondiale a approuvรฉ le projet le 15 Mai 2003 ร Washington. Lโaccord de crรฉdit a รฉtรฉ signรฉ en juin 2003 ร Antananarivo. Le projet est mis en oeuvre par le Ministรจre de lโEnergie et des Mines avec lโassistance financiรจre de lโAssociation Internationale pour le Dรฉveloppement (AID, Banque mondiale) et dโautres bailleurs de fonds.
LES DIFFERENTS ASPECTS DE LA POLITIQUE DE PROXIMITE DANS LA REGION DE VATOMANDRYย
Situation socio-รฉconomique et culturelle de la zone
Localisation du site
Le Fivondronana de Vatomandry se situe sur le littoral Est ร 182 kilomรจtres du chef lieu du Faritany de Toamasina. Il est entourรฉ :
– Au Nord par le Fivondronana de Brickaville
– Au Sud par le Fivondronana de Mahanoro
– A lโEst par lโOcรฉan Indien
– A lโOuest par les Fivondronana de Moramanga et Antanambao Manampotsy
La rรฉgion de Vatomandry est divisรฉe en deux zones :
– Une zone ร bande cรดtiรจre, composรฉe dโun cordon lagunaire important, sablonneux et marรฉcageux. La vรฉgรฉtation y est formรฉe de plantes aquatiques et de forรชts secondaires. De basses collines formรฉes de maigres prairies couvertes de steppe de bozake se trouvent ร lโintรฉrieur de la zone.
Une autre zone ร relief accidentรฉ oรน se succรจdent vallons et vallรฉes de forรชts secondaires (ravinala, bambous). Quelques forรชts primaires subsistent ร lโOuest de la rรฉgion.
Caractรฉristiques รฉconomiques de la rรฉgion
Agriculture
Les hautes terres entourant les plaines sont recouvertes de forรชts ou sont plantรฉes de cultures de cafรฉ, de vanille et de girofle. Le cafรฉ constitue la culture de rente dominante. Cependant, en raison des fluctuations des cours, les cafรฉs sont de plus en plus dรฉlaissรฉs au profit de la vanille et de girofle. La culture suit gรฉnรฉralement la mรฉthode de tavy qui consiste ร effectuer un brรปlis avant de semer. La persistance de ce type de culture dรฉgrade la vรฉgรฉtation naturelle, favorise les รฉrosions des sols et modifie chaque annรฉe lโaspect du paysage. Le maรฏs est รฉgalement cultivรฉ dans la rรฉgion et joue un rรดle important dans la ration alimentaire des paysans et des animaux (fourrages et graines). Il en est de mรชme pour la canne ร sucre qui sert ร fabriquer des boissons alcoolisรฉes traditionnelles et artisanales telles que betsabetsa et toaka gasy. Dans les campagnes, le jus de canne ร sucre est employรฉ quotidiennement pour satisfaire tout besoin en sucre .
La culture de riz reste lโactivitรฉ รฉconomique la plus importante de la rรฉgion de Vatomandry en termes de surfaces occupรฉes. Le rendement ร lโhectare tourne autour de 2, 3 tonnes pendant plusieurs annรฉes sans prendre en compte les pรฉriodes aprรจs cyclones. A part la mรฉthode de tavy, un autre type de riziculture est pratiquรฉ : lโirrigation des riziรจres par le repiquage en ยซ foule ยป. Mais en raison de lโabsence dโune gestion de lโeau, du problรจme de la fertilitรฉ des sols et de la non utilisation des engrais, les rendements rizicoles restent encore trรจs faibles. En outre, la ruรฉe vers les activitรฉs miniรจres a provoquรฉ une baisse de la production agricole, non seulement par perte de terrains cultivables mais surtout par manque de disponibilitรฉ des paysans qui restaient occupรฉs ร la prospection.
Elevage
Lโรฉlevage extensif est une pratique habituelle des populations locales. Les bovins nโont pas dโรฉtables fixes mais sont laissรฉs sans attaches dans les pรขturages. Ces derniers sont comme des ressources communes pour tous les villageois. Seulement, les propriรฉtaires des bลufs installent des barriรจres destinรฉes ร empรชcher les animaux ร sโรฉloigner des pรขturages pendant la nuit. Lโintรฉgration agriculture-รฉlevage est quasiment inexistante. Les zรฉbus sont utilisรฉs simplement pour le piรฉtinement des riziรจres. Ainsi, lโรฉlevage de bovins occupe la premiรจre place, surtout dans les zones oรน lโon pratique la riziculture inondรฉe. La rรฉgion pratique รฉgalement lโรฉlevage porcin et lโรฉlevage de volailles. Les poulets sont souvent amenรฉs sur les parcelles pour picorer librement dans les champs, sous la surveillance des paysans. Dโaprรจs les Statistiques de la Gendarmerie de Vatomandry, la Prรฉfecture compte 7264 bovins (soit 1 bovin pour environ 20 habitants), 3736 porcins et 7027 volailles en Septembre 2003.
Pรชche
Aussi bien la pรชche marine que la pรชche dโeau douce est pratiquรฉe par les riverains de lโOcรฉan Indien et ceux du Canal de Pangalana. Les espรจces marines les plus exploitรฉes sont les antafana, lanerana, fiampotsy, olove, salaelo, thons, requins, crabes, crevettes et langoustes. La pรชche est une activitรฉ nocturne malgrรฉ lโagitation constante de la mer. A part quelques produits dโeau douce รฉvacuรฉs vers les villes de Toamasina et dโAntananarivo, tous les produits de la mer sont consommรฉs ร lโintรฉrieur de la rรฉgion. Le tableau suivant montre que Vatomandry est une rรฉgion riche en ressources halieutiques.
Exploitation des produits vรฉgรฉtaux
La fabrication de charbon caractรฉrise essentiellement ce type dโexploitation dans la rรฉgion. Toutefois, la production des quelques paysans nโexiste que pendant les saisons de faible activitรฉ agricole. La rรฉgion nโenregistre quโun seul forestier professionnel ayant un permis dโexploitation. De plus, dโautres exploitations sโeffectuent dans des reboisements privรฉs. Les bois ainsi coupรฉs sont acheminรฉs vers les ateliers de menuiserie. Pour lโannรฉe 1999, les statistiques forestiรจres issues de la Monographie 2000 de la Gendarmerie de Vatomandry font รฉtat dโune production de 6472 planches dโeucalyptus ( 4 mรจtres ), 1640 madriers ( 4 mรจtres ), 3462 bois carrรฉs et 5123 sacs de charbon de bois. En outre, lโutilisation des plantes comme produits mรฉdicinaux reste une pratique courante des habitants pour soigner les maladies.
Lโindustrie et lโartisanat
La seule industrie existante dans la rรฉgion est lโรฉtablissement Gallois de Marovintsy, une sociรฉtรฉ privรฉe qui exploite du graphite. Lโartisanat concerne les scieries de bois, les ateliers de menuiseries, les ateliers de mรฉcaniques automobiles et de carrosseries, dรฉpannages รฉlectriques et รฉlectroniques, les arts de coiffure, de coupe et de couture. Pour certains artisans, il existe รฉgalement des activitรฉs occasionnelles comme la confection de vรชtements dits akanjobe typiques de la rรฉgion ou le tressage en nattes des palmiers servant de toitures et de murs pour les maisons traditionnelles. Le service de planification de Vatomandry a dรฉnombrรฉ en 2000 : 3 scieries de bois, 3 ateliers de menuiserie de bois, 4 garages automobiles, 5 rรฉparateurs de vรฉlo, 3 rรฉparateurs et chargeurs de batteries, 2 dรฉpanneurs et rรฉparateurs dโappareils de tรฉlรฉvision et de radio, 4 coiffeuses et 1 coiffeur.
Tourisme
La rรฉgion de Vatomandry possรจde plusieurs sites dโintรฉrรชts touristiques surtout balnรฉaires, entre autres :
– Le rocher dโImandry, ร lโembouchure de la riviรจre Sandramanongy Marofototra Vatomandry, qui rรฉvรจle lโhistoire de la crรฉation de la ville de Vatomandry.
– La plage de Tampolo, ร 6 kilomรจtres de la ville, dans la commune urbaine de Vatomandry, favorable au tourisme balnรฉaire.
– La plage dโAmbarimalemy, au sud-est de Maintinandry.
– La plage de Marosiky, dans la commune dโIlaka Est.
Le secteur reste cependant trรจs peu dรฉveloppรฉ. Les infrastructures hรดteliรจres sont concentrรฉes en ville : les trois hรดtels touristiques prรฉsentent des capacitรฉs dโaccueil respectives de 42 lits pour le ยซ Grand Hรดtel ยป, 22 lits pour lโhรดtel Fontsy et 10 lits pour lโhรดtel Saya. Et ces capacitรฉs se sont avรฉrรฉes amplement dรฉficientes pendant la pรฉriode de migration.
La situation initiale de lโexploitation miniรจre
Etant donnรฉ que lโรฉtablissement Gallois est la seule sociรฉtรฉ privรฉe qui exploite formellement dans la rรฉgion, des donnรฉes fiables sur la production miniรจre sont encore insuffisantes. Lโรฉtude se contente, ร cet effet, des dires des populations riveraines qui stipulaient que des exploitations illicites dโor sur les alluvions ont รฉtรฉ entreprises; et des exploitants privรฉs de pierres prรฉcieuses de divers endroits de la rรฉgion ont mรชme attestรฉ des permis dโexploitation ร dโautres opรฉrateurs avant la pรฉriode dโintervention du PGRM, surtout concernant le rubis. Toutefois, en ce qui concerne le graphite, la sociรฉtรฉ Gallois de Marovintsy produit 270 tonnes par mois avec un personnel composรฉ de 3 cadres et de 370 ouvriers. Lโextraction de la ressource se fait mรฉcaniquement et il existe une usine de traitement implantรฉe sur le site dโextraction. La commercialisation des produits finis se fait soit par voie routiรจre, en utilisant la Route Nationale RN 11, soit par voie fluviale, sur le canal de Pangalana. En outre, une partie des enquรชtes effectuรฉes par un consultant du PGRM a conduit ร une rรฉpartition des activitรฉs miniรจres selon les zones. Les artisans miniers sont concentrรฉs dans deux zones constituรฉes respectivement par les communes dโAmboditavolo, dโIfasina I et par celles dโAntanambao Mahatsara et de Niherenana, tandis que les exploitants miniers se trouvent dans la zone constituรฉe par les communes dโIlaka Est et de Tsivangiana. Cette derniรจre zone a fait lโobjet dโune exploitation anarchique de rubis avant la pรฉriode dโintervention du PGRM. La prรฉsence dโune mutuelle des crรฉdits ร Ilaka Est et ร Vatomandry peut dans une certaine mesure รชtre associรฉe ร lโimportance de la culture de rente et ร des activitรฉs connexes ainsi quโaux bรฉnรฉfices gagnรฉs dans les activitรฉs miniรจres.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
Partie 1 : LES DIFFERENTS ASPECTS DE LA POLITIQUE DE PROXIMITE DANS LA REGION DE VATOMANDRY
Chapitre 1 : La situation socio-รฉconomique et culturelle de la zone
1.1 Localisation du site
1.2 Caractรฉristiques รฉconomiques de la rรฉgion
1.3 Environnement humain
1.4 Situation culturelle
Chapitre 2 : Prรฉsentation de la politique miniรจre ร Vatomandry
2.1 La mise en place de la Zone d’Activitรฉ Economiques
Spรฉciales ร Vatomandry (ZAES)
2.2 Les objectifs et activitรฉs de la ZAES
2.3 Structure de la ZAES
Chapitre 3 : Cadre juridique et fiscal de la ZAES de Vatomandry
3.1 Le rรฉgime minier et sa situation actuelle dans la rรฉgion
3.2 Les droits et obligations des opรฉrateurs
3.3 La fiscalitรฉ miniรจre et la dรฉcentralisation
Partie II : ANALYSE DES EFFETS ACTUELS DE LA POLITIQUE MINIERE SUR LE DEVELOPPEMENT LOCAL DE LA REGION
Chapitre 4: Les coรปts stratรฉgiques sur l’environnement
4.1 Les diffรฉrents impacts environnementaux liรฉs aux activitรฉs miniรจres
4.2 La conformitรฉ de la politique avec l’objectif de dรฉveloppement durable
Chapitre 5 : Les impacts sociaux et culturels de la politique
5.1 Aspects actuels de la santรฉ dans la rรฉgion
5.2 Le niveau d’รฉducation de la population locale
5.3 Les impacts relatifs ร la sรฉcuritรฉ des biens et des personnes
5.4 Les impacts sur le plan culturel
Chapitre 6: Les effets sur l’รฉconomie locale et rรฉgionale
6.1 La structure du revenu local
6.2 L’affectation du revenu
6.3 La recette fiscale au niveau de la rรฉgion
6.4 Les aspects qualitatifs des effets
Partie III : PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS RELATIVES AUX IMPACTS FUTURS DU PROJET
Chapitre 7 : Une combinaison optimale de diffรฉrentes mesures
7.1 Mesures d’attรฉnuation des effets pervers sur lโenvironnement
7.2 Mesures de rรฉglementations sur le plan social
7.3 Mesures fiscales favorable ร tous les acteurs รฉconomique
8.1 Sรฉcurisation des revenus locaux
8.2 Diversification et Amรฉlioration des ressources de la population locale
8.3 Considรฉration de la ZAES comme origine d’un Systรจme Productif Localisรฉ (SPL)
Chapitre 9 : Amรฉlioration du systรจme de suivi et รฉvaluation du projet
9.1 Bilan critique du systรจme de suivi et รฉvaluation actuel du projet
9.2 Renforcement des capacitรฉs des services dรฉconcentrรฉs de l’Etat et des communautรฉs territoriales
9.3 Mise en place d’un systรจme d’information dรฉcentralisรฉ et intรฉgrรฉ
9.4 Proposition de quelques indicateurs de suivi de pauvretรฉ
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES