Les composants actifs des convertisseurs de puissance employรฉs pour la traction ferroviaire 1200 Volts sont actuellement des IGBTs. Ceux-ci sont handicapรฉs par leurs pertes en commutation et leur emballement thermique. Lโutilisation de transistors MOS de puissance permettrait de pallier ces inconvรฉnients. Nรฉanmoins, ร ces niveaux de tension, les transistors MOS sont pรฉnalisรฉs par leur compromis ยซ tenue en tension / rรฉsistance passante spรฉcifique ยป. Ces derniรจres annรฉes, lโindustrie de la microรฉlectronique a cherchรฉ ร amรฉliorer ce compromis, notamment par la diminution de la taille des cellules รฉlรฉmentaires, mais sโest confrontรฉe ร la limite thรฉorique des composants MOS ร zone faiblement et uniformรฉment dopรฉe. Rรฉcemment, cette limite fut dรฉpassรฉe par la modification du composant dans son volume.
Aprรจs avoir dรฉcrit le fonctionnement des interrupteurs de puissance et quelques composants, nous prรฉsenterons le comportement statique de lโIGBT et du transistor MOS. Pour finir nous prรฉsenterons de nouveaux concepts appliquรฉs aux transistors MOS afin dโamรฉliorer leurs performances statiques.
Les interrupteurs de puissanceย
Lโobjectif de lโรฉlectronique de puissance est de convertir lโรฉnergie รฉlectrique entre un gรฉnรฉrateur et un rรฉcepteur qui sont souvent de natures diffรฉrentes. Cโest pourquoi, afin dโassurer le flux dโรฉnergie entre les deux, lโutilisation des convertisseurs dโรฉnergie รฉlectrique est nรฉcessaire afin dโadapter les caractรฉristiques et les diffรฉrentes formes de lโรฉnergie รฉlectrique (continue ou alternative). La Figure I.1 rappelle les grandes familles de convertisseurs qui peuvent รชtre soit directs, soit indirects en faisant appel ร lโassociation de plusieurs convertisseurs directs. Deux types de sources sont prรฉsentes dans cette figure, ร savoir les sources de tension ou de courant continues (E1 et E2) et les sources alternatives caractรฉrisรฉes par leur amplitude et leur frรฉquence (V1, f1 et V2, f2). Ces convertisseurs sont rรฉalisรฉs avec des interrupteurs ร base de composants ร semiconducteurs et des composants passifs tels des inductances ou des capacitรฉs. Les premiers permettent de contrรดler le transfert de lโรฉnergie รฉlectrique tandis que les seconds servent ร filtrer les formes dโondes de cette รฉnergie. Les interrupteurs se comportent comme des rรฉsistances non linรฉaires qui, ร lโรฉtat passant, doivent รชtre les plus faibles possibles, et ร lโรฉtat bloquรฉ, les plus grandes possibles. Le fait de ne pas utiliser de piรจces tournantes pour la matรฉrialisation de ces convertisseurs nous conduit ร les nommer ยซ convertisseurs statiques ยป.
Ces convertisseurs permettent dโapporter lโรฉnergie du gรฉnรฉrateur vers le rรฉcepteur ou rรฉciproquement suivant la rรฉversibilitรฉ du systรจme. Par exemple, dans le domaine de la traction ferroviaire, lorsque quโun train accรฉlรจre, lโรฉnergie est apportรฉe du rรฉseau รฉlectrique au travers des catรฉnaires ร la machine รฉlectrique qui transforme cette รฉnergie รฉlectrique en รฉnergie mรฉcanique. En phase de freinage, le train possรจde une รฉnergie cinรฉtique ร รฉvacuer afin de freiner le train. Pour cela, un transfert dโรฉnergie de la machine รฉlectrique vers le rรฉseau ou vers une rรฉsistance ballast est effectuรฉ au travers du mรชme convertisseur statique. Ces contraintes impliquent que les convertisseurs doivent assurer une rรฉversibilitรฉ soit en courant soit en tension. Ceci se traduit par une bidirectionnalitรฉ en tension et/ou en courant des interrupteurs qui les composent.
Comportement statique de lโIGBT et du transistor MOS
Fonctionnement ร lโรฉtat bloquรฉ des deux composantsย
L’IGBT (Figure I.6 (a)) a รฉtรฉ dรฉveloppรฉ pour travailler de maniรจre similaire au transistor MOS (Figure I.6 (b)) avec l’avantage de pouvoir moduler la conductivitรฉ de la zone faiblement dopรฉe N- par injection de porteurs minoritaires grรขce ร la couche additionnelle P+ insรฉrรฉe entre la zone N- et le contact de collecteur. L’รฉtat bloquรฉ est donc rรฉgi par un mรฉcanisme identique ร celui du transistor MOS.
Une des caractรฉristiques principales du composant de puissance est sa capacitรฉ ร tenir la tension รฉlevรฉe ร lโรฉtat bloquรฉ. ร lโรฉtat bloquรฉ, cโest-ร -dire lorsque la tension grille-รฉmetteur pour un IGBT โ ou grille-source pour un transistor MOS โ est infรฉrieure ร la tension de seuil (VTH), la tension appliquรฉe entre collecteur-รฉmetteurโ ou drain et source โ est soutenue principalement par la zone de charge dโespace (ZCE) qui apparaรฎt dans la couche N- (base de lโIGBT ou rรฉgion de drift du transistor VDMOS). Le transistor VDMOS et lโIGBT peuvent alors รชtre assimilรฉs ร une diode P+NN+ polarisรฉe en inverse. De ce fait, le traitement de la tension de claquage BVDSS est effectuรฉ en fonction des propriรฉtรฉs physiques de la jonction P+N- . Aprรจs avoir prรฉcisรฉ les diffรฉrentes zones de claquage possibles dans le transistor VDMOS et lโIGBT, nous nous concentrons plus prรฉcisรฉment sur la jonction plane P+N- et nous donnerons les expressions ยซ optimales ยป qui lient la tenue en tension aux deux paramรจtres, รฉpaisseur et dopage, de la couche รฉpitaxiรฉe N- .
Les diffรฉrentes zones de claquageย
Afin dโanalyser la tenue en tension du transistor VDMOS et de lโIGBT, il convient tout dโabord de prรฉciser les zones de claquage possibles dans ces structures (Figure I.7). Il sโagit des zones latรฉrales des dispositifs (1) oรน les effets de courbures de jonction sont prรฉdominantes, des zones frontales (2) oรน lโexpression de la charge dโespace peut รชtre ou ne pas รชtre limitรฉe, des zones de surface (3) de la rรฉgion peu dopรฉe recouverte dโoxyde de grille, ou bien de lโoxyde lui-mรชme (4). Les problรจmes liรฉs ร la tenue en tension de ces diverses zones ont รฉtรฉ traitรฉs de maniรจre relativement exhaustive par Gharbi [1].
Compte tenu de la structure multicellulaire des diffusions P qui constituent les caissons de canal, cโest sur les bords du dispositif (zone 1), la oรน la courbure de jonction est maximale, que peut se produire une limitation en tension par le phรฉnomรจne de claquage par avalanche. ร lโheure actuelle, de nombreuses mรฉthodes de garde ont รฉtรฉ proposรฉes pour รฉviter cet effet latรฉral. La tendance consiste ร minimiser les effets de surface et ร accroรฎtre le rayon de courbure de la jonction afin dโatteindre la tension de claquage thรฉorique dโune jonction plane [1], [2], [3]. En pratique, la mise en place de terminaisons adรฉquates (terminaison de type biseau [4], anneaux flottants [5], extensions de jonction implantรฉe (JTE) [6], plaque de champ [7] ou couche semi-rรฉsistive SIPOS [8]), dans un composant de puissance, permet ร celui-ci de tenir une tension BVDSS pouvant atteindre environ 90% de la tension de claquage dโune jonction plane [1], [9].
La rรฉduction de la tenue en tension rรฉsultant de la possibilitรฉ dโavalanche dans la rรฉgion N- en surface sous lโoxyde de grille (zone 3) est en gรฉnรฉral liรฉe ร lโexistence dโune รฉventuelle polarisation inverse de grille et la prรฉsence dโun ยซ surdopage ยป de la zone de surface [1]. Dans le cas dโun transistor VDMOS conventionnel ou dโun IGBT qui sont exempts de surdopage en surface et auquels on applique, ร lโรฉtat bloquรฉ, une tension nulle entre grille et source, il apparaรฎt que la valeur de la tension de claquage est toujours supรฉrieure ร la tension dโavalanche de la jonction plane abrupte P+N- . Par ailleurs, le ยซ mรฉcanisme dโautoblindage ยป de la grille exclut รฉgalement tout risque de claquage diรฉlectrique dans la zone 4 [10]. Dans ce qui suit, nous nous concentrerons donc plus prรฉcisรฉment sur la jonction plane P+N- (zone frontale 2), en considรฉrant que cโest elle qui impose le claquage du composant, soit parce quโelle claque la premiรจre, soit parce quโelle conditionne le claquage en terminaison.
Optimisation du couple ยซ รฉpaisseur / dopage ยปย
Plusieurs auteurs ont proposรฉ des expressions approximatives [1], [10], [11], [12] liant lโextension de la charge dโespace WNzce et le dopage ND de la couche N- ร la tension de claquage BVDSS. Nous retiendrons plus particuliรจrement lโapproche de Gharbi [1] : en effet, ses calculs sont apparus comme รฉtant les plus rigoureux car ils sont notamment basรฉs sur des expressions de coefficients dโionisation ฮฑn et ฮฑp non รฉgaux ; il a considรฉrรฉ les deux cas de figure type de la jonction PN-:
1. la jonction plane en limitation de charge dโespace ou en perรงage ; la zone N- est alors complรจtement dรฉpeuplรฉe au moment du claquage (Figure I.8),
2. la jonction plane infinie ; cela correspond au cas oรน lโรฉpaisseur de la zone N- est plus grande que lโextension de la zone de charge dโespace (Figure I.9).
Dans le cas dโune jonction en limitation de charge, il a considรฉrรฉ que le champ critique Ec restait identique ร celui dโune jonction infinie, puis a รฉvaluรฉ le couple ยซ รฉpaisseur/dopage ยป minimisant la rรฉsistance par surface unitaire de la zone N- .
Chute de tension ร lโรฉtat passant de lโIGBTย
Le passage du mode bloquรฉ au mode passant se fait ร la fois par application dโune tension de grille supรฉrieure ร VTH et pour une tension VAK supรฉrieure ร la tension de seuil de la jonction P+/N- cotรฉ anode (environ 0,7 V ). Pour une tension VAK positive donnรฉe, lโapplication dโune tension de grille supรฉrieure ร la tension de seuil de la section MOS entraรฎne lโapparition dโun canal entre la cathode N+ et la rรฉgion de base N- , permettant ainsi dโalimenter cette derniรจre en รฉlectrons. Ce courant de base contrรดle alors le transistor bipolaire PNP.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I. LES DIFFERENTES STRUCTURES DE PUISSANCE DISCRETES
I.1. INTRODUCTION
I.2. LES INTERRUPTEURS DE PUISSANCE
I.3. LES COMPOSANTS DE PUISSANCE
I.4. COMPORTEMENT STATIQUE DE LโIGBT ET DU TRANSISTOR MOS
I.4.1. Fonctionnement ร lโรฉtat bloquรฉ des deux composants
I.4.2. Fonctionnement ร lโรฉtat passant
I.5. PRESENTATION DES NOUVELLES STRUCTURES
I.5.1. Les composants ร Superjonction
I.5.2. Les composants ร รฎlots flottants
I.5.3. Les composants ร ยซ tranchรฉes profondes ร dรฉplรฉtion MOS latรฉrale ยป
I.5.4. Les composants haute tension dรฉveloppรฉs
I.6. CONCLUSION
CHAPITRE II. รTUDE THEORIQUE DES STRUCTURES MOS POUR LA GAMME 1200 VOLTS
II.1. INTRODUCTION
II.2. ETUDE DES DIFFERENTES STRUCTURES MOS ENVISAGEES
II.2.1. Le transistor UMOS
II.2.2. Le transistor OBVDMOS
II.2.3. Le transistor SJMOS
II.2.4. Le transistor DT-SJMOS
II.2.5. Les solutions mixtes
II.3. DETERMINATION DE LA STRUCTURE MOS APPROPRIEE
II.3.1. Comparaison des performances statiques de chaque structure par rapport ร lโIGBT
II.3.2. Choix entre les deux structures ร Superjonction
II.4. CONCLUSION
CHAPITRE III. OPTIMISATION DU TRANSISTOR DT-SJMOS
III.1. INTRODUCTION
III.2. ETUDE DU COMPOSANT DT-SJMOS
III.2.1.Identification des paramรจtres influant sur BVDSS et RON.S
III.2.2.Influence de la quantitรฉ de charges diffusรฉe
III.2.3.Influence de la gรฉomรฉtrie de la tranchรฉe profonde
III.2.4.Influence de la dose du caisson Pwell
III.2.5.Prรฉsentation de la structure optimisรฉe
III.3. ETUDE DES PROTECTIONS PERIPHERIQUES
III.3.1.La terminaison ร Superjonction
III.3.2.La terminaison en ยซ cuve ยป de diรฉlectrique
III.4. รTUDE DYNAMIQUE
III.4.1.Comportement de la diode body
III.4.2.Caractรฉristique du Gate Charge
III.5. CONCLUSION
CHAPITRE IV. รTUDE PRELIMINAIRE POUR LA REALISATION DU TRANSISTOR DT-SJMOS
IV.1. INTRODUCTION
IV.2. MISE EN PLACE DU PROCEDE DE FABRICATION
IV.2.1.Procรฉdรฉs de fabrication envisagรฉs
IV.2.2.รtapes critiques identifiรฉes
IV.2.3.Rรฉalisation dโun dispositif test
IV.2.4.รtude du contrรดle de la dose de bore diffusรฉe
IV.3. LE DISPOSITIF DE TEST
IV.3.1.Prรฉsentation de la diode
IV.3.2.Tenue en tension de la terminaison
IV.3.3.Jeu de paramรจtres technologiques et gรฉomรฉtriques du transistor DT-MOS
IV.4. CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE