Les différentes méthodes de mesure de la composition corporelle

COMPOSITION CORPORELLE

La composition corporelle désigne la proportion et la répartition des graisses et autres tissus (muscles et os) dans l‟organisme. L‟étude de la composition corporelle permet non seulement de mieux comprendre la physiopathologie de nombreuses affections, mais aussi dans certains cas d‟en suivre l‟évolution pour guider le traitement (90).Elle donne une appréciation globale de l‟état nutritionnel et une interprétation du métabolisme énergétique. Le corps humain est constitué d‟éléments de densités et de natures très différentes .

➤ L‟eau représente 60 à 70% répartie en eau extracellulaire et intracellulaire.
➤ Des protéines dont 16% (tissus musculaires et viscères).
➤ Des minéraux dont 6%, avec 2% de calcium.
➤ De la graisse à 16-20% environ.

La femme est en moyenne plus grasse que l‟homme et selon les individus, le pourcentage de masse grasse peut varier de 7% à plus de 30% et augmente tout au long de la vie tandis que celui de la masse maigre suit l‟évolution inverse.

Les différentes méthodes de mesure de la composition corporelle

Les méthodes d‟analyse de la composition corporelle sont nombreuses et continuellement en perfectionnement (90).  en regard des modèles d‟étude de la composition corporelle qui leur correspondent. Dans les modèles dits « physiologiques », les plus courants, la notion de base est celle de « compartiment » qui permet d‟associer des composants de l‟organisme fonctionnellement liés entre eux (188) (figure 6). Chaque méthode repose sur des hypothèses, présente des avantages et des inconvénients . Les résultats de l‟analyse de la composition corporelle et son intérêt à l‟échelon individuel et de la population doivent être évalués en connaissance de ces éléments.

Mesures anthropométriques

Les mesures anthropométriques restent d‟actualité. Elles ne nécessitent aucune installation particulière, elles sont possibles à réaliser au lit du malade et sur de grands groupes en épidémiologie. De nouvelles équations sont régulièrement proposées pour estimer la composition corporelle à partir des valeurs anthropométriques .

➤ L‟indice de Quételet ou indice de masse corporelle (IMC) ou encore body mass index (BMI), égal au poids (exprimé en kilogrammes) divisé par le carré de la taille (exprimée en mètres) : IMC = Poids (Kg) / [Taille (m)] ², adopté par l‟OMS pour définir le statut nutritionnel (obésité et dénutrition), reste l‟indice le plus utilisé. L‟IMC est bien corrélé à la masse grasse au niveau des groupes de population. Au niveau individuel, il existe cependant de grandes variations de masse grasse pour une valeur d‟IMC donnée (78). Il faut donc insister sur le fait que l‟IMC est très insuffisant pour estimer la composition corporelle au niveau individuel, en particulier chez les sujets très musclés (sportifs de force), dans les situations de rétention hydro sodée ou dans les pertes de poids majeures avec déficit de masse maigre chez le sujet obèse.

➤ Le tour de taille est le deuxième indicateur anthropométrique le plus utilisé. Le tour (ou plus précisément la circonférence) de taille est mesuré avec un mètre-ruban à mi-distance entre le rebord costal inférieur et l‟épine iliaque antéro-supérieure sur la ligne médio-axillaire, à la fin d‟une expiration normale et sans exercer de pression sur la peau. Le tour de taille est bien corrélé à l‟adiposité viscérale, dont le rôle dans la survenue d‟événements cardiovasculaires, du diabète de type 2 et plus récemment de certains cancers est maintenant accepté (125, 12). Le rapport taille sur hanche, indicateur plus ancien en fait que le seul tour de taille, est à nouveau utilisé dans différents travaux épidémiologiques récents (74, 82). Le tour de hanches se mesure à hauteur de la partie la plus large au niveau trochantérien. Une méta analyse récente a rapporté une augmentation du risque relatif de pathologies cardiovasculaires de 2 % (IC 95 % : 1-3 %) pour une augmentation de 1 cm du tour de taille (en ajustant sur l‟âge) et une augmentation de 5 % (IC 95 % : 4-7 %) du risque relatif pour une augmentation de 0,01 U du rapport taille/hanche (26).Des articles récents soulignent également qu‟une augmentation du tour de hanches est associée à une diminution du risque de diabète de type 2, indépendamment de l‟âge, de l‟IMC et du tour de taille (125). Cet effet protecteur pourrait être lié aux caractéristiques spécifiques du tissu adipeux fémoral (sous-cutané). Cependant, le rapport taille sur hanches n‟est pas un indicateur d‟interprétation aisée et, en pratique, la mesure du tour de taille reste la plus simple et la plus utilisée. Il faut noter que son intérêt est cependant limité chez les sujets les plus corpulents (IMC supérieur à 35 kg/m2 ) dont le tour de taille sera quasiment toujours augmenté.

On parle d‟obésité abdominale lorsque le tour de taille (TT) est supérieur à 100 cm chez l‟homme et à 88 cm chez la femme (en dehors de la grossesse).Ce rapport permet d‟estimer la distribution androïde ou gynoïde des graisses :
-L‟obésité androïde : la masse grasse s‟installe plutôt dans le haut du corps. Cette forme serait plus dangereuse pour la santé entrainant plus facilement des problèmes d‟hypertension, de diabète ou des troubles cardiovasculaires. C‟ est pourquoi certains médecins préfèrent à l‟IMC la mesure du tour de taille qui serait un meilleur révélateur des risques liés à l‟obésité.
-L‟obésité gynoïde : la masse grasse s‟installe plutôt dans le bas du corps. Celleci aurait moins de retentissement sur la santé entrainant principalement des problèmes articulaires ou des insuffisances veineuses. Elle est néanmoins plus difficile à vaincre que l‟obésité androïde.

Actuellement, la mesure du tour de taille seul est une bonne évaluation. A partir de 100 cm de tour de taille, le risque cardio-vasculaire est fortement augmenté.
➤ La méthode des plis cutanés est basée sur l‟hypothèse que les sites choisis pour cette mesure représenteraient l‟épaisseur moyenne du tissu adipeux sous- cutané et que celui-ci reflèterait une proportion constante de la masse grasse totale. La mesure s‟effectue avec un compas spécial (compas de plis type Harpenden) qui exerce une pression standardisée (10 g/mm2) quelle que soit l‟épaisseur de la peau pincée. Quatre plis cutanés sont fréquemment mesurés : pli cutané tricipital (à mi hauteur du bras au niveau de la voussure du triceps), pli cutané bicipital (à mi hauteur du bras au niveau de la voussure du biceps), pli cutané sous-scapulaire (1 cm sous l‟angle inférieur de l‟omoplate) et pli cutané supra-iliaque (1 cm au-dessus de la crête iliaque). À partir de la somme de ces quatre plis cutanés, des tables permettent de déterminer la masse grasse du sujet en tenant compte de l‟âge et du sexe. En effet, il a été montré une relation linéaire positive entre le logarithme de la somme de ces quatre plis cutanés et la densité corporelle. Connaissant la densité corporelle, la masse grasse est calculée par une équation (comme par exemple, l‟équation de Siri : Masse grasse (%) = 100 [4,95/densité – 4,50]). La masse non grasse est obtenue par différence avec le poids. Masse non grasse = poids – masse grasse, modèle à deux compartiments Les points forts de la méthode des plis cutanés sont le faible coût, l‟absence de risque et la rapidité et la reproductibilité de la mesure. En revanche, les points faibles sont les erreurs liées à l‟évaluateur et la perte de précision avec l‟augmentation de la masse grasse ou la présence d‟œdèmes (53). À noter également en matière de mesures anthropométriques, la possibilité d‟estimer la masse musculaire à partir de la mesure de la circonférence brachiale (à mihauteur du bras) et du pli cutané tricipital à l‟aide d‟équations spécifiques. Ces estimations de la masse musculaire restent cependant peu utilisées.

Densitométrie hydrostatique

La densitométrie hydrostatique (ou pesée dans l‟eau), utilisée depuis plus de 40 ans en physiologie de la nutrition, repose sur l‟utilisation du principe d‟Archimède pour estimer la densité corporelle (75). Le sujet est immergé en totalité, de façon brève, dans une cuve d‟eau et le volume corporel est déterminé à partir du volume d‟eau déplacé. La densité corporelle correspond à la masse corporelle (le poids) divisée par le volume corporel. On tient compte également du volume pulmonaire résiduel (mesuré par une technique de dilution, ex. : hélium) et du volume des gaz intestinaux (estimé le plus souvent de façon arbitraire à 100 ml). Différentes équations (comme celle de Siri, cf. ci-dessus) permettent ensuite, à partir de la densité corporelle, de calculer la masse grasse en pourcentage du poids et, par différence, la masse maigre (modèle à deux compartiments). L‟hydrodensitométrie a longtemps été considérée comme la méthode de référence et les nouvelles méthodes sont régulièrement comparées à celle-ci. Par ailleurs, la valeur de la densité est nécessaire lorsque l‟on raisonne sur la composition corporelle avec des modèles à quatre compartiments. Néanmoins, cette technique, qui nécessite une coopération importante du sujet, ne peut être utilisée chez les enfants, les personnes âgées, les sujets obèses morbides, et de façon générale chez tous les sujets dont la mobilité est réduite. Le matériel utilisé est par ailleurs souvent de grande taille, ce qui peut poser des problèmes de locaux et de maintenance.

Densitométrie par pléthysmographie

Cette technique, de développement beaucoup plus récent que la précédente, est basée sur la loi de Boyle-Mariotte selon laquelle le produit, pression × volume, est une constante (54). Lorsqu‟un objet (corps) est introduit dans une enceinte (cabine) de volume connu, le régime de pression de cette cabine est modifié en proportion du volume introduit. Connaissant le volume corporel, on en déduit comme ci-dessus la densité corporelle, et connaissant la densité corporelle, on calcule le pourcentage de masse grasse du sujet (modèle à deux compartiments).

La méthode peut être réalisée en utilisant soit des volumes respiratoires mesurés, soit des volumes respiratoires prédits. En effet, le volume corporel est calculé en tenant compte du volume pulmonaire du sujet, des modifications de température dans la cabine, de la surface corporelle du sujet selon l‟équation :

volume corporel = volume total mesuré (L) + 0,4 volume gazeux thoracique (L) – SAA

(SAA : formule de prédiction de la surface corporelle dans des conditions isothermiques, tenant compte du poids et de la taille du sujet). Il s‟agit d‟une technique intéressante lorsque les volumes pulmonaires prédits sont utilisés : le volume corporel peut être mesuré en quelques minutes de façon non invasive et avec un niveau de coopération limité. La méthode peut être répétée, et le résultat ne dépend pas de l‟évaluateur ni du niveau de coopération du patient. La densité corporelle est obtenue de façon plus simple que par l‟hydrodensitométrie et ces mesures apparaissent bien corrélées aux résultats de l‟hydrodensitométrie dans différentes populations (37). Le coût de l‟installation, la nécessité de maintenir des conditions environnementales stables (température de la pièce) peuvent cependant être des limites à son utilisation. La validité de l‟utilisation de volumes prédits a été démontrée chez les sujets de poids normal mais est discutable selon nous chez les sujets obèses. Effectivement, la prédiction des volumes pulmonaires utilise les données suivantes : taille, âge et sexe, mais non le poids. Les études ayant comparé les résultats de masse grasse obtenus par pléthysmographie et ceux obtenus avec des méthodes de références révélaient une majoration de la différence entre méthodes lorsque l‟IMC augmentait. Notre expérience dans une population de 150 patientes obèses ayant un IMC moyen de 38 kg/m2 montrait une différence moyenne de masse grasse entre l‟absorptiométrie bi-énergétique (dual X-ray absorptiometry ou DEXA) et la pléthysmographie (bod pod system) de 8 kg, soit 7,2 % (résultats non publiés), malgré une forte corrélation entre les résultats des deux méthodes (r2 = 0,97). Il est cependant possible que cette technique de densitométrie ait sa place dans l‟évaluation de la perte de masse grasse, éventuellement en intégrant la donnée densité dans un modèle à quatre compartiments (90, 188). Des études de validation complémentaires paraissent cependant indispensables chez les sujets obèses.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
I PRESENTATION DE LA BPCO
I.1 Définition
I.2 Epidémiologie
I.3 Physiopathologie de la BPCO
I.4 Diagnostic
I.5 Approche thérapeutique
II COMPOSITION CORPORELLE
II.1 Les différentes méthodes de mesure de la composition corporelle
II.2 Les différentes composantes de la composition corporelle
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I Matériels et méthodes
I.1 Cadre de l’étude
I.2 Type d’étude
I.3 Matériels
I.4 Méthodologie
I.5 Analyse statistique
II RESULTATS
II.1 Données anthropométriques
II.2 Données de la composition corporelle
II.3 Données spirométriques
II.4 Données cardiovasculairesLes
II.5 La saturation artérielle en oxygène (SaO2)
II.6 La distance parcourue
III DISCUSSION
III.1 L’âge moyen de nos patients
III.2 Les paramètres anthropométriques
III.3 Données de la composition corporelle
III.4 Données spirométriques
III.5 Données cardiovasculaires
III.6 La saturation artérielle en oxygène (SaO2)
III.7 La distance parcourue
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

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