Le paludisme est une maladie parasitaire provoquรฉe par des hรฉmatozoaires du genre Plasmodium. Il est transmis par la piqรปre dโun moustique arthropodes du genre Anopheles. Cinq espรจces plasmodiales peuvent infecter lโhomme: Plasmodium falciparum, P. vivax, P. ovale, P. malariae et P. knowlesi. P. falciparum est la principale espรจce responsable des formes sรฉvรจres de la maladie. Selon lโOMS, environ 207 millions de cas cliniques et 627 000 dรฉcรจs ont รฉtรฉ enregistrรฉs en 2012. Les femmes enceintes, les enfants de moins de 5 ans ainsi que les sujets non immuns comme les voyageurs sont plus susceptibles de dรฉvelopper les formes sรฉvรจres de lโinfection palustre en raison des facteurs immunologiques, parasitologiques ou environnementaux.
Grรขce aux stratรฉgies de lutte contre la maladie, une diminution de la mortalitรฉ de plus de 50% entre 2000 et 2010 a รฉtรฉ enregistrรฉe dans 43 des 99 pays touchรฉs par la transmission. Toutefois, en raison des rรฉsistances grandissantes du parasite aux antipaludiques et du vecteur aux insecticides classiques, le paludisme demeure encore un problรจme de santรฉ publique. Sa mortalitรฉ est liรฉe aux accรจs sรฉvรจres dont la prise en charge reste encore difficile en raison de leur complexitรฉ clinique, physiopathologique et surtout ร lโabsence de marqueurs pronostiques. Dans les structures de rรฉanimation, lโamรฉlioration de la prise en charge des malades concernรฉs passe par une meilleure comprรฉhension de lโimmunopathologie de lโinfection et lโidentification de biomarqueurs de suivi grรขce ร lโexploration du rรดle des cellules immunitaires innรฉe et adaptative.
RAPPELS SUR LE PALUDISME
Dรฉfinition
Le paludisme est une maladie fรฉbrile causรฉe par un parasite hรฉmatozoaire du genre Plasmodium, transmis ร lโhomme par un moustique appartenant au genre Anopheles.
Historique
Le paludisme est lโune des maladies les plus anciennes, ayant longtemps endeuillรฉe les populations des rรฉgions tempรฉrรฉes mais surtout des rรฉgions tropicales. Elle fut mentionnรฉe dรจs les premiers รฉcrits dโEgypte, mais รฉgalement dโInde et de Chine. 400 ans avant JC, Hippocrate dรฉcrit les premiers symptรดmes de la pathologie [2]. Mais ce nโest quโen 1880 quโAlphonse Laveran fit la dรฉcouverte de lโagent pathogรจne. Il rรฉvรฉla que lโagent responsable de la ยซ fiรจvre des marais ยป est un parasite hรฉmatozoaire ce qui lui valut le Prix Nobel de Mรฉdecine en 1907 [3]. En fรฉvrier 1898, Ronald Ross rapporta le mode de transmission par piqรปre de moustique, et obtint en 1902 le Prix Nobel de Mรฉdecine. Il faudra prรจs de 60 ans pour comprendre entiรจrement le cycle parasitaire et ses consรฉquences [4]. Les rรฉcits sur la thรฉrapie antipaludique sont tout aussi nombreux et variรฉs. De nombreuses tentatives, notamment ร base de racines de plantes (Dichroa febrifuga) ont montrรฉes dโindubitables effets mรฉdicinaux en chine depuis plus de 200 ans. En 1630, Don Francisco Lopez apporte une contribution importante en matiรจre de traitement, en dรฉcouvrant un traitement ร base dโรฉcorce de Quinquina, dont le principe actif, la quinine, sera isolรฉ deux siรจcles plus tard par les pharmaciens Pelletier et Caventou [4]. De nouveau en chine, lโemploi de la substance appelรฉe Qinghao provenant dโArtemisia annua a rรฉvรฉlรฉ une bonne activitรฉ schizonticide avec une faible toxicitรฉ. Cependant, la chloroquine et lโamodiaquine, deux antipaludiques de synthรจse apparus en 1944 รฉtaient plus largement utilisรฉs. Aprรจs lโapparition de rรฉsistances contre ces antipaludiques de synthรจse lโArtemisia a de nouveau suscitรฉ lโintรฉrรชt de la communautรฉ scientifique [4]. Aujourdโhui, ses dรฉrivรฉs thรฉrapeutiques sont utilisรฉs dans la pluri-thรฉrapie antipaludique, par les combinaisons communรฉment appelรฉs ACT (Artemisin based combination therapy).
Epidรฉmiologie
Le paludisme est une maladie cosmopolite mais qui prรฉdomine dans les rรฉgions chaudes du globe, ร forte pluviomรฉtrie. Ces conditions favorisent la survie du vecteur et de lโagent pathogรจne. En Amรฉrique du Nord et en Europe, les conditions climatiques dรฉfavorables et la mise en place de politiques efficaces en matiรจre de santรฉ ont permis dโรฉradiquer le paludisme. Cependant, la maladie subsiste en Amรฉrique latine et au Moyen-Orient. En Asie, la situation est identique ร celle de lโAfrique avec une prรฉdominance de P. falciparum et la prรฉsence de P. vivax. Il est rare en Afrique du Nord oรน on retrouve surtout les espรจces P. falciparum et P. malariae. En Afrique noire, on retrouve P. falciparum (95%), P. malariae (3%) et P. ovale (2%) [4]. La prรฉcaritรฉ et lโabsence dโinfrastructures adaptรฉes dans les pays en voie de dรฉveloppement sont en faveur de la persistance de lโendรฉmie (Figure 1). Avec les rรฉcentes avancรฉes scientifiques et lโinstauration de meilleures politiques antipaludiques dans les rรฉgions endรฉmiques en Afrique, un grand pas vers lโatteinte des objectifs internationaux en matiรจre de lutte antipaludique a รฉtรฉ franchi. En effet, en 2013 le rapport de lโOMS faisait รฉtat dโune diminution de plus de 42% du taux de mortalitรฉ dans le monde entre 2000 et 2012, quelle que soit la tranche dโรขge et de 48% chez les enfants de moins de cinq ans. Selon lโOMS, en 2012 environ 207 millions de cas et environ 627.000 dรฉcรจs รฉtaient imputables au paludisme [1] .
Vecteur et Parasites
Le vecteur est un moustique femelle appartenant ร la famille des Culicidae. Il est responsable de la transmission du Plasmodium pour lequel il est lโhรดte dรฉfinitif. Hรฉmatophage, la femelle se nourrit du sang dโanimaux homรฉothermes, nรฉcessaire ร la maturation de ses ลufs. Sur les 400 espรจces dโanophรจles recensรฉes ร travers le monde, seules soixante seraient des vecteurs connus du paludisme et vingt sont ร lโorigine de la plupart des cas dโinfections chez lโhomme. En Afrique, on rencontre le plus souvent Anopheles arabiensis, A. gambiae et A. funestus [6]. Ces anophรจles transmettent 5 espรจces capables de provoquer chez lโhomme les manifestations cliniques du paludisme [7]:
– Plasmodium falciparum ;
– Plasmodium ovale ;
– Plasmodium malariae ;
– Plasmodium vivax ;
– Plasmodium knowlesi.
LES DIFFERENTES FORMES CLINIQUES DU PALUDISME
La symptomatologie palustre est trรจs complexe. Elle dรฉpend entre autre de la virulence de la souche parasitaire, de facteurs gรฉnรฉtiques ou encore du niveau dโimmunitรฉ acquise par le malade. Cโest ainsi que les signes cliniques sont trรจs variรฉs, allant du portage asymptomatique ร des manifestations graves telles que le coma, lโanรฉmie sรฉvรจre, lโinsuffisance rรฉnale aigue ou lโลdรจme pulmonaire pouvant mรชme entrainer la mort. Il existe une รฉchelle de symptรดmes et plusieurs critรจres permettant de classer les formes cliniques en accรจs simple ou graves.
Lโaccรจs palustre simpleย
Aspects cliniquesย
Les symptรดmes de lโaccรจs simple ร P. falciparum ne sont pas spรฉcifiques mais ils doivent รชtre parfaitement connus pour permettre un bon diagnostic. Il sโagit dโune fiรจvre inconstante et facilement masquรฉe par la prise dโantipyrรฉtiques. Elle est souvent accompagnรฉe de frissons, de sueurs profuses, de courbatures et/ou dโalgies comme des myalgies, des douleurs abdominales avec ou sans vomissement.
Physiopathologie
La physiopathologie du paludisme est encore imparfaitement connue. Nรฉanmoins en fonction des stades de la maladie, certains dysfonctionnements ont pu รชtre รฉlucidรฉs. La phase de schizogonie รฉrythrocytaire peut entrainer une anรฉmie consรฉcutive ร lโรฉclatement de globules rouges infectรฉs. Cette hรฉmolyse entraine la libรฉration du pigment malarique, appelรฉ hรฉmozoรฏne qui est en partie responsable de la fiรจvre observรฉe (Figure 3). Cette lyse des hรฉmaties entraรฎne รฉgalement une libรฉration dโhรฉmoglobine qui sera transformรฉe en bilirubine ou conduire ร une hรฉmoglobinurie. Outre la fiรจvre, lโhรฉmozoรฏne entrainera la formation de leucocytes mรฉlanifรจres, issus de la phagocytose du pigment par les polynuclรฉaires neutrophiles et des monocytes macrophages. En absence dโun diagnostic prรฉcoce et/ou dโun traitement adรฉquat, lโรฉvolution de la maladie peut dรฉboucher sur une des formes palustres graves .
Les accรจs palustres graves
Aspects cliniques
Toute affection non traitรฉe peut รฉvoluer vers une gravitรฉ quel que soit lโagent pathogรจne en cause. Mais en pratique, les formes graves du paludisme, retrouvรฉes en Afrique subsaharienne sont dues ร P. falciparum et ne concernent pas uniquement le neuropaludisme ou accรจs pernicieux, comme cela รฉtait considรฉrรฉ jusquโau dรฉbut des annรฉes 1980 [13]. Elles sont associรฉes ร une dรฉfaillance aigรผe dโune ou de plusieurs grandes fonctions de lโorganisme et peuvent secondairement induire le dรฉcรจs. Pour une meilleure prise en charge des malades, lโOMS dรฉfinit le paludisme grave comme la prรฉsence de formes asexuรฉes de P .falciparum dans le sang, associรฉes ร un ou plusieurs critรจres cliniques et biologiques .
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. RAPPELS SUR LE PALUDISME
I.1 Dรฉfinition
I.2 Historique
I.3 Epidรฉmiologie
I.4 Vecteurs et Parasites
I.5 Cycle du Plasmodium falciparum
II. LES DIFFERENTES FORMES CLINIQUES DU PALUDISME
II.1. Accรจs palustres simples
II.1.1. Aspects cliniques
II.1.2. Physiopathologie
II.2. Accรจs palustres graves
II.2.1. Aspects cliniques
II.2.2. Physiopathologie
III. IMMUNITE ANTIPALUSTRE
III.1. Immunitรฉ innรฉe
III.2. Immunitรฉ acquise
IV. HYPOTHESE ET STRATEGIE DE LโETUDE
DEUXIEME PARTIE
I. METHODOLOGIE
I.1. Site dโรฉtude
I.2. Cadre dโรฉtude
I.3. Matรฉriels et mรฉthodes
I.3.1. Matรฉriels de laboratoire et rรฉactifs
I.3.2. Isolement des polynuclรฉaires
I.3.3. Marquage et identification des polynuclรฉaires neutrophiles
I.3.4. Dรฉtermination des taux sรฉriques dโIL-5 et dโIL-13
I.3.5. Analyses statistiques
II. RESULTATS
II.1. Caractรฉristiques de la population dโรฉtude
II.1.1. Caractรฉristiques รฉpidรฉmiologiques et cliniques
II.1.2. Caractรฉristiques hรฉmato-parasitologiques
II.2. Analyse des niveaux dโexpression de RFcฮตI et dโIgE par les PNN
II.2.1. Analyse des profils dans les diffรฉrents groupes dโindividus
II.2.1.1. Comparaison des taux de PNN-RFceI et de PNN-IgE
II.2.1.2. Corrรฉlation entre les taux de PNN-RFcฮตI et de PNNIgE
II.2.2. Profil รฉvolutif des taux de PNN-RFcฮตI et de PNN-IgE suivant lโissue
II.2.2.1. Comparaison et corrรฉlations ร lโadmission entre patients survivant et les dรฉcรฉdรฉs
II.2.2.2. Evolution des taux de PNN entre lโadmission et la sortie chez les patients survivant
II.3. Variations des taux dโIL-5 et dโIL-13 et interrelations avec les taux des polynuclรฉaires รฉtudiรฉs
II.3.1. Comparaison des taux de cytokines entre les trois groupes
II.3.2. Interrelations avec les proportions de PNN-RFcฮตI/IgE et les taux dโIL-5 et IL-13
III. DISCUSSION
CONCLUSION