Eczéma marginé de Hebra (Tinea cruris)
Ce sont les dermatophytes anthropophiles (T. rubrum, E. floccosum, T. interdigitale) qui en sont les agents les plus fréquents.
Il touche surtout les plis inguino-cruraux, plus rarement les plis axillaires, le pli interfessier, les plis sous-mammaires.
La lésion est unilatérale ou le plus souvent symétrique, elle débute à la face interne des cuisses par une ouplusieurs macules prurigineuses, rosées, à surface finement squameuses, rarement suintantes, vésiculeuses en bordure qui confluent pour donner un placard polycyclique, en «ailes de papillons».
Ces lésions sont plus fréquentes à partir de la puberté chez l’homme que chez la femme.
En l’absence de traitement, l’évolution est chronique, avec des améliorations hivernales et des exacerbations estivales.
Dermatophyties des mains et des pieds
Les dermatophytes les plus souvent en cause sont : T. rubrum et T. interdigitale.
Aux pieds, les lésions débutent soit par un intertrigo exsudatif, ou simplement squameux, souvent avec des rhagades au fond des plis entre et sous les orteils (généralement 3èmeet 4ème espaces interdigito-plantaires), soit par un placard érythémato-vésiculeux, parfois bulleux, sous la plante, pouvant s’étendre, confluer avec d’autres placards et parfois occuper toute la surface plantaire.
Le même processus se passe aux mains,mais l’intertrigo interdigital est nettement plus rare.
Autres atteintes dermatophytiques
Dermatophyties des demi-muqueuses
Elles concernent des zones detransition entre la peau à kératinisation épaisse et les muqueuses très peu kératinisées.
Les dermatophytes peuvent s’y développer, on voit surtout des perlèches qui peuvent déterminer secondairement des chéilites squameuses ou pustuleuses, et des dermatophyties anales et génitales.
T. rubrum, M. canis, T. mentagraphytes, M. persicolor et E. floccosumsont les agents les plus souvent isolés [3, 81, 82].
Manifestations allergiques des dermatophytes
Elles sont par définition vierges de tout parasite, elles sont fréquentes et très polymorphes.
On les rencontre surtout au cours de l’évolution des kérions et comme conséquence d’un parasitisme ancien des espaces inter-orteils.
Ce sont surtout des dyshidroses palmaires ou plantaires. Bien plus rarement des parakératoses dites infectieuses, eczématiques, exanthèmes scarlatiniformes, érythèmes noueux sont observés.
On tente de mettre en évidence l’origine dermatophytique par l’IDR de Trichophytine et d’épidermophytine [3].
Examen immunologique
Pour la mise en évidence des trichophyties, une intradermoréaction à la trichophytine ou à l’épidermophytine est nécessaire.
La lecture après 48 heures permet derechercher une réaction locale ou focale [62].
Examen anatomopathologique et cytologique
La méthode d’Achten permet decompléter l’examen mycologique classique dans le cadre des mycoses unguéales.
L’ongle atteint est découpé au maximum, non fixé, et inclus dans la paraffine puis coupé à 20 μm d’épaisseur. On le colore par l’acide périodiquede Schiff (PAS). Les filaments mycéliens qui apparaissent en rouge ou pourpre permettent de corriger les faux négatifs obtenus en culture pour certaines onychomycoses à dermatophytes [62, 101].
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL DES DERMATOPHYTES
* Pour les teignes:
Il est en général facile de distinguer cliniquement les teignes :
– des pelades : plaques complètement alopéciques et non squameuses.
– Des pseudo-pelades : plaques complètement alopéciques et atrophiques.
– Des états squameux du cuir chevelu : pellicules simples, psoriasis du cuir chevelu [59].
MANIFESTATIONS CLINIQUES
CANDIDOSES BUCCALES
Muguet (stomatite)
Cette affection courante touche d’abord le jeune enfant et surtout le nouveau-né et le prématuré. Elle débute par un érythème diffus de la muqueuse buccale qui devient sèche, lisse, brillante et douloureuse, la langue peut se dépapiller. Quelques jours plustard apparaissent de petits dépôts blanchâtres d’aspectcrémeux comme du lait caillé. Ils sont adhérents à leur base érythémateuse, qui s’érode et saigne si on les arrache. Les patients accusent une sécheresse de la bouche, s’accompagnant d’un goût métallique, de soif et d’une sensation de brûlure.
Le muguet siège habituellement sur la langue, sur la face intérieure des joues, en respectant les gencives. Dans les formes sévères, il peut s’étendre vers les piliers de l’amygdale et l’oesopharynx.
Perlèche
Perlèche ou chéilite angulaire estun intertrigo des commissures labiales, touche avec prédilection les patients édentés.
Elle débute par de petites lésions blanchâtres, qui deviennentérythémato-squameuses et parfois croûteuses. L’enlèvement dessquames et des croûtes met à nu une surface rouge, légèrement hémorragique, et au fond du pli, une rhagade douloureuse. Prurit et douleur sont d’intensité variable [17, 79, 82, 90].
Anite
La candidose anale et périanale est généralement consécutive à une candidose digestive engendrée par la prise d’antibiotiques à large spectre.
L’anus et son voisinage sont rouges, vernissés, suintants, la bordure est déchiquetée et parsemée souvent de papulo-pustules.
Prurit et sensation de cuisson sont la règle. La candidose n’est qu’une des multiples causes de prurit anal(eczéma, infection, hémorroïdes, pathologie rectocolique….) [82].
CANDIDOSES DE LA PEAU ET DES PHANERES
Intertrigo des petits plis
Interdigital des mains ou des pieds, siège électivement dans le 3ème espace et atteint de préférence les individus en contact avec l’eau ou atteints d’hyperhidrose qui ont des facteurs professionnels favorisant l’occlusion (port de chaussures de sécurité, de bottes….).
Cette atteinte des plis revêt un aspect érythémateux suintant des fonds des plis.
L’aspect clinique n’est généralement pas spécifique. Le pli apparaît blanchâtre, macéré, parfois fissuré, avec un liseré rougeâtre en périphérie et le prurit est fréquent [22, 40, 82].
Intertrigo des grands plis
Souvent chez les patients obèses, diabétiques ou très âgés, débilités. Les plis inguinaux, sous-mammaires, axillaires et interfessiers peuvent être entrepris.
Le pli est occupé par une nappe érosivée, vernissée ou suintante d’un rouge vif ou foncé, parsemée dedépôts blanchâtres. La lésion se reflète en feuillet de livre sur les versants du pli et est délimitée par undécollement épidermique en collerette mêlé à des pustulettes banchâtres.
Prurit, cuisson et suintement entraînent un inconfort important.
Candidose cutanée néonatale
Beaucoup plus fréquentes sont les candidoses génito-fessières du nourrisson, elles surviennent pendant la première semaine de vie, la contamination est ascendante à partir d’un foyer vaginal. Elles débutent autour de l’anus, puis s’étendent aux plis inguinaux et à l’ensemble du siège. Les lésions sont érythémateuses, papulopustuleuses et suintantes parfois exulcérées. Le fond des plis est généralement recouvert d’un enduitblanchâtre. Un muguet buccal associé doit être recherché [68, 83].
ONYCHOMYCOSES CANDIDOSIQUES
Elles sont souvent présentes au niveau des mains, surtout chez la femme.
L’atteinte débute par un périonyxis (paronychie), tuméfaction douloureuse de la zone matricielle et du repli sus-unguéal, d’où peut sourdre du pus à la pression. L’évolution se fait par poussées, sur un mode subaigu ou chronique.
La tablette unguéale est parasitée secondairement et chaque poussée est traduite par un sillon transversal. L’ongle peut prendre une teinte jaune verdâtre, marron ou noir surtout dans les zones latérales et proximales.
EXAMEN IMMUNOLOGIQUE
Les candidoses superficielles ne répondent pas à la plupart des techniques immunologiques (aucune réaction immunitaire humorale ou de dissémination antigénique ne se produisent).
Dans le cadre d’une suspicion decandidose allergique, l’IDR à la candidine est encore pratiquée. Cetest explore l’hypersensibilité retardée. Par ailleurs, 90% des sujetssains ont une IDR positive, aussi cette positivité prise isolément n’a aucune valeur diagnostique, mais associée à un tableau clinique decandidose, permet d’évoquer la responsabilité de candida dansdes phénomènes allergiques [17].
EXAMEN ANATOMO-PATHOLOGIQUE ET CYTOLOGIQUE
Il consiste à utiliser des biopsies ou des pièces d’autopsie fixées dans le liquide de Bouin. Cette étude histologique permettra d’affirmer le caractère invasif de la levure. Cet examen n’a aucun intérêt dans les candidoses superficielles [83].
MANIFESTATIONS CLINIQUES
La forme typique du Pityriasis versicolorest la plus fréquente, mais on peut trouver des formes atypiques dont les formes achromiante (à différencier du vitiligo) érythémateuse et érythématosquameuse [5].
– Dans sa forme typique: le début se fait par des macules périfolliculaires, finement squameuses qui peuvent confluer en placards à contours géographiques. Elles sontde couleur variable (d’où le nom de versicolor) allant du beige clair au brun chez les individus de race blanche, souvent grasses et luisantes. Ces lésions prédominent sur le tronc, la racine des membres supérieurs, respectent le plus souvent le visage mais atteignent volontiers la nuque, l’abdomen, voire le pubis ou les membres inférieurs. Cette éruption est peu ou pas prurigineuse.
Le grattage à la curette ramène de fines squames (signe de copeau) [5, 10, 13, 47].
– Dans les formes dites achromiantes: les lésions sont au contraire peu squameuses et totalement dépigmentées. Le mécanisme possible de cette dépigmentation serait lié à la production d’acidescarboxyliques, et notamment d’acide azélaique par M. furfur. Cesacides seraient capables d’inhiber labiosynthèse de la mélanine par les mélanocytes des squames en lambeaux superficiels [5, 10, 42].
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
– Pour les lésions très pigmentées : érythrasma (fluorescence rouge) ou papillomatose réticulée dans les atteintes des plis, ou chloasma sur le visage.
– Pour les lésions achromiques : vitiligo, dartres achromiantes et autres hypomélanoses acquises telles qu’une hypopigmentation post-inflammatoire ou même une banale dyschromie de débronzage.
– Le pytiriasis rosé de Gibert: plaque arrondie siégeant en général sur le tronc ou les parties proximales des membres, suivi d’une éruption disséminée cinq à quinze jours plus tard.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
I- DERMATOPHYTIES
1- Rappel épidémiologique
1-1- Définition
1-2- Caractères communs
1-3- Classification
1-4- Réservoirs
1-5- Transmission
1-6- Facteurs favorisants
2- Manifestations cliniques
2-1- Teignes
2-1-1- Teignes tondantes
2-1-1-1- Teignes tondantes microscopiques
2-1-1-2- Teignes tondantes trichophytiques
2-1-2- Teignes suppurées
2-1-3- Teignes faviques
2-2- Onyxis dermatophytiques
2-3- Dermatophyties de la peau glabre
2-3-1- Herpès circiné
2-3-2- Eczéma marginé de Hebra
2-3-3- Dermatophyties des mains et des pieds
2-4- Autres atteintes dermatophytiques
2-4-1- Dermatophyties des demi-muqueuses
2-4-2- Manifestations allergiques des dermatophyties
3- Diagnostic biologique
3-1- Interrogatoire
3-2- Examen clinique
3-3- Examen en lumière ultraviolette
3-4- Examen mycologique
3-4-1- Prélèvements
3-4-2- Examen microscopique direct
3-4-3- Culture
3-4-4- Identification
3-5- Examen immunologique
3-6- Examen anatomopathologique et cytologique
4- Diagnostic différentiel des dermatophytes
II- CANDIDOSES
1- Rappel épidémiologique
1-1- Définition
1-2- Classification
1-3- Réservoir
1-4- Transmission
1-5- Facteurs favorisants
2- Manifestations cliniques
2-1- Candidoses buccales
2-1-1- Muguet
2-1-2- Perlèche
2-1-3- Chéilite candidosique
2-1-4- Langue noire villeuse
2-2- Candidoses génitales et péri-anales
2-2-1- Balanite candidosique
2-2-2- Vulvo-vaginite
2-2-3- Anite
2-3- Candidoses de la peau et des phanères
2-3-1- Intertrigo des petits plis
2-3-2- Intertrigo des grands plis
2-3-3- Candidose cutanée néonatale
2-4- Onychomycoses candidosiques
2-5- Aspects particuliers
2-5-1- Candidoses et SIDA
2-5-2- Candidoses pilaires
3- Diagnostic biologique des candidoses
3-1- Examen clinique
3-2- Examen mycologique
3-2-1- Prélèvements
3-2-2- Examen direct
3-2-3- Culture
3-2-4- Identification
3-3- Examen immunologique
3-4- Examen anatomopathologique et cytologique
4- Diagnostic différentiel
III- PITYRIASIS VERSICOLOR
1- Rappel épidémiologique
1-1- Définition
1-2- Transmission
1-3- Facteurs favorisants
2- Manifestations cliniques
3- Diagnostic biologique
3-1- Diagnostic mycologique
3-1-1- Prélèvement
3-1-2- Examen direct
3-1-3- Examen en lumière de Wood
4- Diagnostic différentiel
IV- ANTIFONGIQUES
1- Classification
1-1- Antifongiques naturels
1-2- Antifongiques de synthèse
2-Site d’action des principaux antifongiques
3- Thérapeutiques
3-1- Antifongiques naturels
3-1-1- Les polyènes
3-1-1-1 Nystatine
3-1-1-2- Amphotéricine B
3-1-1-3- Natamycine
3-1-1-4- Hachimycine
3-1-2- Griséofulvine
3-2- Antifongiques de synthèse
3-2-1- Les azolés
3-2-1-1- Imidazolés à usage systémique
3-2-1-2- Imidazolés à usage local
3-2-1-3- Triazolés
3-2-2- Les allylamines
3-2-2-1- Terbinafine
3-2-2-2- Naftifine
3-2-3- Les phénylalkylmorpholines
3-2-4- Ciclopiroxolamine
3-2-5- Thiocarbamates
3-2-6- Autres antifongiques
V- SCHEMAS THERAPEUTIQUES
1- Dermatophyties
1-1- Lésion de la peau glabre
1-2- Onychomycoses dermatophytiques
1-3- Teignes du cuir chevelu
2- Candidoses
2-1- Candidoses buccales et digestives
2-2- Candidoses cutanées localisées
2-3- Candidoses génitales
2-4- Onychomycoses candidosiques
3- Pityriasis versicolor
VI- PREVENTION ET CONSEILS A L’OFFICINE
DEUXIEME PARTIE: TRAVAIL PERSONNEL
I- MATERIEL ET METHODES D’ETUDES
1- cadre d’étude
2- Présentation du laboratoire
3- But de l’étude
4- Méthodes d’études
II- RESULTATS GLOBAUX
9Groupes cliniques
9Groupes mycologiques
1- Mycoses unguéales
1-1- Les différentes espèces de champignons isolées au niveau des ongles
1-1-1- Onyxis dermatophytique
1-1-2- Onyxis candidosique
1-1-3- Moisissures
1-2- Répartition des onychomycoses en fonction de l’âge et le sexe
1-2-1- Age
1-2-2- Sexe
2- Mycoses de la peau glabre
2-1- Les différentes espèces de champignons isolées au niveau de chaque groupe clinique
2-1-1- Intertrigo interdigitaux
2-1-2- Intertrigo des grands plis
2-1-3- Herpès circiné
2-1-4- Eczéma marginé de Hebra
2-1-5- Pityriasis versicolor
2-1-6- Autres atteintes de la peau glabre
2-2- Répartition des lésions de la peau glabre en fonction de l’âge et du sexe
2-2-1- Age
2-2-2- Sexe
3- Teignes du cuir chevelu
3-1- Les différentes espèces de champignons isolées au niveau du cuir chevelu
3-2- Répartition des teignes en fonction de l’âge et le sexe
3-2-1- Age
3-2-2- Sexe
III- DISCUSSIONS ET COMMENTAIRES
IV- CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES