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Les différentes dimensions et les déterminants dela pauvreté
Les différentes dimensions de la pauvreté :
La pauvreté apparaît sous plusieurs formes en fonction des critères de mesure. L’existence de plusieurs critères rend difficile l’établissement d’une définition exacte de la pauvreté. Est pauvre celui qui se déclare « pauvre» d’une manière ou d’une autre (conditions de vie difficiles, insatisfaction, difficultés financières). Toutefois, cette première option soulève un certain nombre de problèmes liés aux différences de perceptions de la notion de pauvreté. Principalement, il est difficile de considérer comme pauvre une personne qui se reconnaît comme tel, alors qu’elle pourrait être classée par les autres personnes dans la catégorie aisée. Inversement, comment faut-il classer un ménage jugé pauvre par son entourage mais qui ne se déclare pas faire partie des démuni ? En mettant de côté ceux qui cherchent à dissimuler leur situation effective, la subjectivité des réponses découle entre autres de la multiplicité des références possibleset de leur caractère variable : une personne peut s’estimer pauvre relativement à ses voisins, aux personnes que l’on côtoie, aux habitants de la ville ou du pays, ou relativement à un niveau de vie souhaité qui dépend de chaque individu. Dans les premiers cas où les références onts les autres personnes, cela suppose que chacun est en mesure de connaître la situation des individus auxquels il se compare, une condition qui n’est pas toujours vérifiée. Dans lesecond cas où chacun considère une référence absolue mais personnelle. Ainsi, il exist deux différentes méthodes pour caractériser les pauvres. La première est l’approche objective qui distingue quatre formes de pauvre. La deuxième est l’approche dite subjective qui comprend trois formes de pauvreté.
Il est à remarquer que le cas de Tananarive a été pris pour illustrer les différentes formes de pauvreté.
La pauvreté monétaire
L’approche monétaire se base sur le niveau de consommation des ménages (y compris loyer imputé et autoconsommation). Les seuils de lapauvreté retenus seront : premièrement la ligne internationale, soit le seuil absolu de 1 dollar par tête et par jour (en parité de pouvoir d’achat de 1985). Pour obtenir l’équivalent en monnaie locale (Fmg), l’inflation a été introduit dans le calcul pendant la période de 1985 à 1992.
Deuxièmement, le seuil de 2 dollars par tête et parjour celui de 1 dollar étant retenu pour isoler les cas de pauvreté extrême.
Troisièmement, une ligne de pauvreté subjective peut également être calculée à partir du revenu minimum que les ménages estiment nécessaire pour survivre (Minimum Income Question ou MIQ). Cette ligne de pauvreté est une fonction croissante du revenu. Selon l’approche cherchant à définir un seuil de pauvretésubjectif (selon les caractéristiques des ménages).
Les résultats des études statistiques réalisées à ntananarivoA sont résumés dans le tableau suivant.
Ainsi, selon la ligne de pauvreté internationale de 1 dollar, environ un tiers des habitants de la capitale serait pauvre. En revanche, l’incidence de la pauvreté subjective atteint 84%, soit l’immense majorité des tananariviens.
La pauvreté d’existence :
L’approche par les « conditions d’existence » consiste à définir le niveau de pauvreté à partir des conditions matérielles d’habitation. Comme l’indicateur porte sur des stocks, il permet d’appréhender la pauvreté dans la durée, paropposition aux variables monétaires soumises à des variations conjoncturelles (comme le revenu ou les dépenses). Il s’agit d’un indicateur objectif non monétaire abordant la pauvreté sous l’angle des résultats plutôt que des moyens, même si le fait de disposer d’un logement onfortablec peut aussi constituer un moyen d’améliorer par exemple sa productivité au travailet d’accroître son revenu.
Pour mesurer la part de la population pauvre il faut déterminer un score cumulatif portant sur les caractéristiques du logement :
– maison en dur ou non (mur en béton ou en brique),
– nombre de personnes par pièce (un enfant de moins de 15 ans compte pour 0,5),
– accès à l’eau courante dans la maison ou la cour,
– mode d’éclairage : électricité,
– énergie utilisée : électricité, gaz, pétrole,
– toilette avec fosse septique (individuel ou commun, avec ou sans chasse d’eau).
Les résultats obtenus à partir de cette classification sont représentés dans le tableau figurant sur le tableau I en annexe.
La définition d’un seuil au-delà duquel les ménages peuvent être considérés comme pauvres est difficile et revêt un caractère relativement arbitraire. L’objectif étant la comparaison des différentes approches de la pauvreté, la classification est déterminée de manière à isoler une proportion de pauvres du même ordre que celle obtenue à partir de l’approche monétaire (selon le critère absolu de 1$par tête). Ainsi, sont considérés comme pauvres en termes de conditions d’existence (ou de conditions de vie) les ménages ayant un score supérieur ou égal à 5, donc cumulant au moins5 formes de privations. Ils représentent 35% de la population totale tananarivienne.
La pauvreté en capital humain :
Cette approche privilégie le concept de pauvreté mettant en avant la « pénurie de capacité ». L’indicateur retenu portant sur un stock qui n’est pas touché par des aléas conjoncturels, il appréhende également une forme structurelle de pauvreté. L’approche consiste à construire un score 4 cumulatif portant sur le capital humain dont dispose les différents membres du ménage. Quatre variables caractérisant les «pénuries» en termes de capital humain sont prises en compte :
– le nombre d’années d’étude réussies du chef de ménage rapporté au nombre d’années maximum qu’il aurait pu atteindre compte tenu de son âge s’il n’avait pas redoublé.
– le nombre total d’années d’étude réussies des autres membres du ménage rapporté à la somme des années d’études potentielles qu’ils auraient pu atteindre5,
– le niveau de français du chef de ménage,
– le niveau de français des autres membres du ménage.
Les résultats obtenus par cette classification sontdonnés par le tableau II en annexe. Conformément aux critères d’analyse de la pauvreté,sont retenus comme pauvres en termes de capital humain les ménages dont le scoreest égal ou supérieur à quatre. Cela permet d’isoler 32,6% de la population, une proportion équivalente à celle obtenue par l’approche monétaire.
La pauvreté d’exclusion sociale :
Le concept d’exclusion sociale est difficile à appr éhender empiriquement. Il peut relever d’un sentiment subjectif (se considérer exclu) ou de considérations objectives (faible participation à la vie économique, politique ou sociale, exclusion des réseaux d’entraide et de solidarité, etc.). C’est cette seconde approche qui sera avons adoptée. Elle permet d’intégrer de façon concrète les avancées théoriques conduisant à inclure le phénomène de marginalisation dans les critères définissant la notion de pauvreté.
Les variables objectives retenues pour constituer le score de richesse en termes d’intégration sociale prennent en compte :
Des indicateurs d’intégration sociale vu sous l’angle de la solidarité :
– au moins un des membres du ménage a participé à des travaux d’entraides avec le voisinage.
– au moins un des membres du ménage a trouvé son emploi grâce à des relations personnelles.
– le ménage a reçu (ou donné) des dons ou cadeaux venant (ou à destination) d’autres ménages à l’occasion de fête au cours de l’année.
– le ménage a reçu (ou donné) des dons ou cadeaux venant (ou à destination) d’autres ménages en dehors des fêtes au cours de l’année.
Des indicateurs d’intégration sociale vus sous l’angle de la participation à la vie de la société :
– le fait de suivre ou non les informations,
– la possibilité ou non d’avoir facilement accès à l’information (disposer d’un poste de radio ou un téléviseur).
Le résultat des enquêtes réalisées à Antananarivours cette forme de pauvreté est présenté en annexe tableau A-III.
Afin d’obtenir une proportion de pauvres du même ordre que celle obtenue dans les approches précédentes, sont considérés comme pauvres les individus dont le score dépasse ou est égal à six. Ce qui conduit à isoler 34,6% de la population tananarivienne.
Perception du niveau de vie :
Cette approche repose sur une appréciation purementsubjective des ménages à propos de leurs conditions et niveau de vie. Cette manière d’appréhender la pauvreté permet d’englober d’une manière très large divers critèrespris en compte par les ménages mais qui ne sont pas identifiés dans les critères objectifs retenus plus haut.
Cette approche repose sur deux questions, à plusieu rs modalités de réponses, de perception générale :
– La première porte sur la façon dont les ménages jugent leurs conditions de vie. Les modalités de réponses sont : « je vis bien », « çava à peu près », « ça va moyennement et il faut faire attention », « je vis difficilement ».
– La seconde interroge le ménage sur la manière dont ils perçoivent leur niveau de vie. Sept réponses sont possibles : « niveau de vie trèsélevé », « élevé », « sans doute élevé », « sans doute faible », « faible », « très faible ».
Le score de pauvreté subjective générale est construit en échelonnant les réponses pour chaque question. Un score maximum6 est attribué aux réponses les plus négatives et unscore nul aux deux premières modalités qui traduisent dessentiments de satisfaction.
La Pauvreté financière :
Si elle ne correspond directement à aucun des conce pts de la pauvreté décrits antérieurement, elle repose toutefois sur le critère monétaire mais d’un point de vue plutôt subjectif. Par rapport à l’approche monétaire classique, elle prend en compte les personnes qui ont un niveau de consommation qui peut être jugé ommec adéquat, mais que ces personnes n’arrivent à un tel niveau qu’au terme d’importants efforts (à travers des emprunts et endettement). Cette approche permet ainsi d’appréhender d’une certaine manière les ménages vulnérables. Elle intègre la notion de dépendance ceux( qui empruntent), et repère d’une certaine manière les ménages susceptibles de tomberdans la pauvreté.
Pour construire le score de pauvreté financière, sont considérés comme signes d’une faible aisance financière les caractéristiques suivantes :
– un niveau des dépenses du ménage inférieur ou égal u besoin minimum déclaré (niveau de consommation estimé comme minimum par les ménages MIQ) ;
– des rentrées d’argent estimées insuffisantes pourvivre bien ou moyennement ;
– le ménage désépargne ;
– au cours de l’année passée, le ménage a très souvent payé en retard :
– son loyer,
– les factures d’eau et d’électricité,
– l’écolage des enfants,
– le salaire des domestiques,
Etant donné que les retards de paiement de facturepeuvent d’une part relever d’oublis, et que d’autre part, ils peuvent concerner plutôt d es ménages mieux lotis (ceux qui ont un domestique, l’eau et l’électricité), un moindre poids a été accordé à ces derniers critères relativement aux trois premiers.
Compte tenu de la distribution des scores obtenus, les ménages sont considérés comme pauvres si leur score est supérieur ou égal à sept . Ainsi 33,9% de la population sont considérés comme pauvres.
La pauvreté et la satisfaction des besoins vitaux :
Cette approche repose sur le concept classique de satisfaction des besoins vitaux pour définir la pauvreté. Mais contrairement aux indicateurs habituellement utilisés qui fixent des critères objectifs, le niveau de satisfaction est appréhendé ici d’un point de vue subjectif.
Pour identifier les besoins qui sont vitaux pour la population, il faut réaliser une enquête auprès de cette population. La première série de questions demandant aux ménages ce qu’ils estiment absolument nécessaire parmi un certain nombre de besoins. Ainsi, les types de besoins considérés comme absolument nécessaire parplus de 75% des ménages tananariviens sont :
– prendre un petit déjeuner,
– manger du riz tous les jours,
– avoir un accompagnement du riz dans le quotidien,
– avoir un nombre minimum d’habits pour pouvoir changer,
– avoir au moins deux paires de chaussures,
– avoir un logement suffisamment grand,
– pouvoir se soigner quand on est malade,
– pouvoir être propre et prendre soin de son corps,
– pouvoir envoyer ses enfants à l’école.
Il est important de remarquer que les principaux besoins jugés essentiels par les ménages recoupent largement ceux qui sont habituellement retenus par les économistes (alimentation, santé, éducation). Concernant chacunde ces besoins, les ménages ont été interrogés, pour le cas de la capitale, sur leur niveau de satisfaction, compte tenu de leur consommation effective. Le score cumulatif de pauvreté subjective de satisfaction des besoins a ainsi été construit sur la base des réponses obtenues pour besoins identifiés comme fondamentaux.
Compte tenu de la distribution des scores, sont considérés comme pauvres les ménages qui ont un score supérieur ou égal à six, c’est-à-dire les ménages qui expriment leur insatisfaction pour au moins six des besoins identifiés comme essentiels. Selon ce critère, les pauvres subjectifs en termes de satisfaction des besoins représentent 34,5% de la population tananarivienne.
Les relations entre les différentes formes de pauvreté :
Pour mesurer les relations entre les sept formes de pauvreté, les coefficients de corrélation entre ces différentes variables ont été calculésLe. premier constat est que toutes les formes de pauvreté sont positivement (et significativement) corrélées entre elles. La présence de l’une accroît sensiblement la probabilité d’existence toutes les autres. Les liens sont cependant loin d’être parfaits, montrant que esl différents types de pauvreté ne se recoupent que partiellement. Sur les variables initiales, les coefficients de corrélation sont tous inférieurs à 0,43, avec un minimum de 0,11 entre pauvreté d’existence et pauvreté subjective générale.
La prise en compte des scores accroît le niveau des corrélations, tout en maintenant dans l’ensemble la hiérarchie des associations. Elles varient entre 0,65 (pauvreté monétaire, pauvreté d’existence) et 0,19 (pauvreté d’exclusion, pauvreté subjective financière). Cependant que les corrélations sont dans l’ensemble supérieures à celles obtenues en France pour des indicateurs similaires, ce qui conduit à p enser que les relations entre les différentes formes de pauvreté sont plus fortes à Madagascar.
Ces résultats suggèrent que tous ces indicateurs apréhendent bien un même phénomène : la pauvreté.
De toutes les formes de pauvreté, la pauvreté monétaire est celle qui est la plus corrélée avec les autres. Par ailleurs, la hiérarchie des corrélations semble montrer l’existence de deux sous-ensembles distincts, bien que non complètement déconnectés : la pauvreté objective d’une part et la pauvreté subjective, de l’autre. Pour chacun des deux sous-groupes les corrélations entre intra se situent autour de 0,50 (sur les scores), à l’exception de la pauvreté de capital social, alors que les corrélations inter sont en moyenne plus faibles.
Les coefficients de corrélations dépendent des seuils choisis pour définir la ligne de pauvreté. Pour tester la significativité des résultats, un seuil8 commun d’environ 5% été retenu pour tous les critères a. En adoptant un seuil aussi faible, il est possible d’identifier la population la plus pauvre, avec l’idée que les plus pauvres des pauvres devraient cumuler toutes les formes de pauvreté. Contrairement, lescorrélations sont plus faibles que dans le cas précédent. Elles sont même non significativement fférentesdi de zéro entre pauvreté subjective financière et les différentes composante de la pauvreté objective.
Les facteurs déterminants de la pauvreté :
La pauvreté est en quelque sorte une privation (psychologique, sociale et physique) du bien être social. Elle peut être définie comme uneon appropriation ou une non maîtrise des moyens d’existence et aussi de la non jouissance des fruits de la croissance pour satisfaire les besoins essentiels de base.
L’actif dont dispose les ménages est supposé influencer leur bien être .Ainsi, il sert d’assurance pour garantir sa survie. L’étude sur les facteurs déterminants de la pauvreté a montré que : la terre contribue le plus directementà la satisfaction des besoins des ménages surtout en zone rurale. La main d’œuvre se révèle être aussi un générateur puissant de pouvir de consommation, à la fois en zone rurale et zone u rbaine10.
La terre joue un rôle primordial pour les activités agricoles car 73,2% des ménages malgaches sont agricoles. En milieu rural, les ménages les plus riches disposent de parcelles trois fois plus grandes (0,57 hectares) que les ménages les plus pauvres (0,19 hectares). Le phénomène est plus accentué pour les ménages rurauxagricoles avec un rapport de 1 à 3,7.
La pauvreté des ménages ruraux à Madagascar dépendde la surface de terre qu’ils ont en leur possession. Moins les ménages possèdent deterres, plus ils sont pauvres. Ainsi, le taux de pauvreté est de l’ordre de 69.8% pour les ménages qui possèdent moins de 0.001 hectares pour l’année 1999. Pour les ménages possédant plusde 0.80 hectares le taux de pauvreté est de 47.5 pour cent. En considérant l’intensité de lapauvreté, les ménages possédant moins de 0,001 hectares ont un intensité de pauvreté atteignant les 35.6%. Pour les ménages possédant plus de 0.8 hectares, le taux de pauvreté est de 15.8%.
Le travail est aussi un des déterminants de la pauvreté. C’est à travers la possession d’emplois que les ménages peuvent percevoir des revenus essentiels pour sa survie. A Madagascar, D’après l’Enquête Permanente auprès desMénages 2001, le chômage est assez faible. Il touche 3,6% seulement de la population active et concerne plutôt le milieu urbain, dont le taux de chômage estimé dépasse 12 %. Madagascar ne connaît pas de contrainte en matière de quantité de main d’œuvre. Cependant, il est à remarquer que les pauvres travaillent surtout dans l’agriculture. Environ 90% des pauvres travaillent dans ce secteur. Les plus riches travaillent dans le commerce, l’administration ou le transport. Il a été démontré qu’être employé dans le secteur agricole par rapport à êtremanufacturier augmente substantiellement la probabilité d’être pauvre (environs 15%).
Concernant les salaires, un salarié gagne en moyenne 294 000 francs par mois. Ce montant est encore moins élevé en milieu rural. Lessalariés ruraux gagnent la moitié de ce que touchent ceux de la capitale. Une forte disparité existe donc entre les salariés.
Les coûts de la main d’œuvre sont relativement faib les à Madagascar. Une fois convertie en dollar, les frais de personnel annuels moyens par personne occupée sont environs cinq fois inférieurs à ceux observés au Cameroun ethuit à neuf fois inférieurs à ceux observés en Côte d’Ivoire. Le salaire mensuel moyen dans la confection est d’environ 60$, contre 70$ en Inde et 225$ en Afrique du Sud. De plus, le revenu de la majorité des malgaches couvre à peine leurs dépenses essentielles. Les dépenses deconsommations sont dominées à 70% par l’alimentation, ce qui laisse peu de possibilité de satisfaire les autres besoins jugés indispensables (santé, éducation, logement…).
Les facteurs entravant l’augmentation de la productivité :
Ce sont les facteurs qui empêchent l’augmentation de la productivité des facteurs de production à la possession des ménages.
Premièrement il y a les obstacles institutionnels. Le régime foncier et les droits de propriété ne sont pas assez sécurisants, ce qui freine les investissements et l’amélioration de la productivité agricole. Le fait de ne pas détenir des titres fonciers est une barrière à l’accès au crédit dans la mesure où les biens immobiliers constituent les principales garanties exigées par les banques. Aussi, les pauvres ont difficilement accès au crédit. Pourtant, les ressources financières sont indispensables pour l’achat des engrais et les pesticides. Comme les pauvres cultivent essentiellement du riz, la disposition de terres irriguées est aussi un facteur essentiel dans l’amélioration de leur situation. Par ailleurs, l’accroissement des impôts n’a pas été compensé par des investissements importants en zones rurales. Les investissements publics dans les zones rurales sont insuffisants et peu efficaces.
D’énormes investissements sont nécessaires pour développer le secteur agricole. Il faudrait aussi élargir l’accès des pauvres aux actifs notamment à la terre et au crédit.
Deuxièmement, il y a les politiques agricoles. Depuis le milieu des années 70, les politiques entreprises n’ont pas donné de résultatspositifs pour le secteur agricole. Elles ont donné lieu à des nationalisations systématiques, à des droits élevés, à la surévaluation chronique du taux de change, au contrôle généralisé des prix et des circuits de commercialisation, en particulier pour les cultures d’exportation. Ces mesures ont maintenu les prix réels au producteur à un niveau très bas jusqu’à décourager les producteurs. Le taux de croissance de la production agricole entre 1985-1999 ne dépassait pas 1%. Depuis les années 1990 et en particulier, depuis 1994, des programmes de réforme ont été entrepris. Il y a eu une certaine libéralisation des échanges et desprix agricoles. La quasi-totalité des taxes à l’exportation ont été éliminées et ont été, en ie,partrépercutées sur les exploitants sous forme de prix à la production plus élevés. Le secteur a souffert de la préférence donnée aux villes et de l’existence de système de politiques budgétairesqui ont découragé la participation des agriculteurs. La réponse émanant des différents sousecteurs a été très inégale. C’est ainsi par exemple que la production rizicole n’a pas pu suivre le rythme d’accroissement de la population et que l’on continue d’importer du riz m algré l’existence d’un vaste réseau d’irrigation.
Les réformes ont donc permis d’améliorer les prix ncitatifs mais elles ont eu moins d’effet sur d’autres contraintes structurelles et i nstitutionnelles. En effet, l’Etat n’a pas joué pleinement son rôle de facilitateur et de régulateur.
Pour améliorer les conditions d’existence de la population, l’Etat a entrepris des programmes de réformes. Ces programmes feront l’objet de la prochaine partie.
Le Plan National d’Action pour le Redressement Social (PNARS)
La mise en œuvre des mesures du programme d’ajustem ent structurel ou PAS et la politique de stabilisation a aggravé la situation sociale des pauvres à Madagascar.
La compression des dépenses publiques qui affecten les secteurs sociaux consistait surtout en la suppression de la subvention des produits alimentaires et en la compression radicale des prestations sociales. Parallèlement, les différentes mesures de libéralisation des prix ont marqué le pouvoir d’achat des ménages. Deplus elles ont généré des comportement spéculatifs et entraîné une crise économique et sociale grave. Le niveau de vie par habitant a baissé de 40% entre 1971 et 1991. C’est dans ce contexte que le gouvernement a élaboré le PNARS. Ce plan d’action a pour fonction de réduire les effets pervers de l’ajustement sur la population. Il comprend plusieurs axes d’intervention.
Le programme d’éducation :
La situation de l’éducation :
En 1991, le taux d’abandon et de redoublement confirment que le système éducatif est inefficace. En moyenne il faut 12 ans à un élève pour terminer le cycle primaire. Avec de telles performances, l’école n’attire plus et le taux de scolarisation est en baisse d’environs 20% par rapport aux années 80.
Le taux de promotion qui indique le pourcentage de promus d’une année à l’autre varie entre 39 à 54%dans l’enseignement public et entre 60% et 78% dans l’enseignement privé.
Le taux d’abandon, qui représente le nombre d’enfants qui quittent l’école durant une année scolaire pour ne plus y revenir, est de 11% en première année dans le secteur public.
L’échec du système d’éducation peut être attribué plusieursà facteurs. Premièrement, il y a les politiques éducatives. Pendant un certain temps, le système éducatif a évolué sans orientations précises, et sans tenir compte des réalités du pays. De nombreuses distorsions observées à cette époque ont été les conséquences dcette absence de stratégie bien définie. Dans le cadre du plan national de l’amélioration de l’enseignement publié en 1986, les efforts du secteur éducatif sont axés sur la recherche de ’efficacité,l de l’équité et de l’amélioration de la qualité de l’enseignement. Mais ce plan tarde à se mettre en place, en fait aucune politique sectorielle précise, basée sur des stratégies d’intervention n’a pu être adoptée.
Deuxièmement, l’environnement de l’éducation est défavorable. Comme les enfants passaient une grande partie de leur temps en dehors de l’école. Il convient de ne pas négliger le rôle et les effets de l’éducation extrascolaire. A Madagascar, le constat est plutôt préoccupant dans ce domaine. Il n’existait presque pas à l’époque de possibilité d’accès à la culture et à une ouverture sur le monde. La famille qui est la première institution éducative, joue très peu son rôle éducatif et culturel. Les facteurs qui empêchaient l’éducation étaient nombreux : paupérisation, habitat inadéquat, problème d’hygiène, problème de nutrition… Les médias qui jouaient un rôle déterminant dans l’extension de l’éducation par le biais des émissions scientifiques ou par l’apprentissage de la langue pour compenser le manque ou la sous qualification des enseignants, ne diffusaient plus les programmes pédagogiques.
C’est après avoir établi ce constat que les dirigeants ont élaboré le PNARS.
Les stratégies à mettre en œuvre :
Le programme national pur l’Amélioration de l’Education (PNAE) dirige les politiques éducationnelles malgaches depuis 1989. Le PNAE constituait le programme éducatif global du Gouvernement. Les principaux objectifs de ce programme sont : améliorer la qualité de l’éducation et augmenter la scolarisation primaire.
Ces grands axes ont été retenus dans le PNARS, maisils ont été actualisés pour mieux répondre aux besoins éducatifs fondamentaux. Ainsi,les programmes à mettre en œuvre étaient la réhabilitation des écoles ferméeset l’entretien des écoles fonctionnelles et la construction de nouvelles salles de classes (de l’ordre de 500 salles par an). Le plan vise également l’amélioration des conditions de travaildes élèves par l’appui à l’édition et la distribution des guides et manuels scolaires.
Le plan se porte également sur le renforcement de la capacité institutionnelle en mettant à la disposition des Circonscriptions Scola ires des moyens de transport (motocyclettes pour les 110 CISCO).
Après la réalisation de ces programmes, le PNARS s’est efforcé de produire des instruments de maintien et de valorisation des acquis. Ce point présente surtout le volet post alphabétisation de la stratégie. Il devait comprend trois axes principaux :
– la production et fourniture de matériels didactique.
– la création d’un environnement lettré. En effet, l’alphabétisation ne peut pas se développer dans un milieu ou la communication ne se réalise que par voie orale et où les moyens écrits sont inexistants.
– implanter un réseau d’information et favoriser la circulation des informations par le biais de l’utilisation de la technique moderne : journaux, communications écrites, création des bibliothèques.
Le programme touchant la santé et la nutrition :
La situation de la santé et la nutrition:
Une mauvaise santé détermine une mauvaise assimilation alimentaire et un mauvais équilibre nutritionnel se répercute sur l’état deantés général. Ce lien montre bien que la santé et la nutrition sont inséparables.
Les principaux indicateurs de santé témoignent desmauvaises conditions sanitaires :
TMI 114 pour 1000 et TMM-5 166 pour 1000. Ces taux étaient en augmentation, ils ont été plus élevés en milieu rural que dans les villes. Demême, un enfant dont la mère est sans instruction a une probabilité de mourir avant l’âge de 5 ans trois fois plus élevé qu’un autre dont la mère a un niveau d’instruction secondaire ou plus. En fait, une enquête révélait à l’époque que pas moins de 72 % des naissances peuvent être considérées comme « présentant des hauts risques pour la survie de l’enfant ».
L’état de santé précaire des femmes et des enfantsà Madagascar s’explique en partie par la mauvaise utilisation des services de santé. La distribution géographique des centres 12 13 . De plus, les sanitaires était mauvaise et les ressources humaines relativement insuffisantes centres de santé existant étaient peu fréquentés. Les raisons sont une faible confiance de la population dans le système, les difficultés d’accès. Une dégradation et le manque de fonctionnalité de beaucoup de formations périphériques, les coûts de prestations élevés, l’absence de médicaments.
Les actions à entreprendre pour redresser la situat ion :
Premièrement, il y a la réhabilitation et l’équipement des 2000 formations sanitaires selon un schéma d’extension qui donnerait la priorité aux formations sanitaires où la participation et l’initiative communautaire existaient déjà.
Deuxièmement, la vaccination constituait aussi l’essentiel des mesures préventives pour l’ensemble des maladies tels que la rougeole, la poliomyélite. Pour accroître la couverture vaccinale, la disponibilité en vaccins serait assurée auprès de l’ensemble des formations sanitaires du pays.
Troisièmement, la formation des agents de santé etleurs superviseurs serait organisé autour de plusieurs modules : médicaments, utilisation de l’ordinogramme, gestion du centre de santé.
En matière de nutrition, les groupements communautaires seraient formés afin qu’ils puissent réaliser l’appréciation du problème de lamalnutrition et analyser les causes et la détermination des action prioritaires à entreprendre.
Des recherches opérationnelles étaient prévues pourd’améliorer la nutrition de la population. Les domaines prioritaires étaient l’analyse causale de la malnutrition chez les enfants et priorités d’intervention, les enquêtes elativesr à la nutrition en vue de renforcer ou réorienter les activités d’information éducation etcommunication.
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Table des matières
Introduction
PARTIE I : ANALYSE DE LA PAUVRETÉ
Section 1 : Les théories du sous développement
1. Le modèle de la modernité
1.1- La société traditionnelle agricole
1.2- Les conditions préalables au décollage
1.3- Le décollage
1.4- La marche vers la maturité
1.5- La société de consommation de masse
2. Le modèle de la révolution
3-Modèle de la compétition
3.1- Le comportement rationnel
3.2- La primauté de la régulation marchande
3.3- Le rôle de l’Etat
4. Le modèle du conflit ou des mouvements sociaux
Section 2 : Les caractéristiques de la pauvreté à Madagascar
Chapitre I : La mesure de la pauvreté
1. Le niveau de la pauvreté
2. L’intensité de la pauvreté
3. Le profil de la pauvreté
CHAPITRE II : Les différentes dimensions et les déterminants de la pauvreté
1. Les différentes dimensions de la pauvreté
1.1- La pauvreté monétaire
1.2- La pauvreté d’existence
1.3- La pauvreté en capital humain
1.4 -La pauvreté d’exclusion social
1.5 – Perception du niveau de vie
1.6- La Pauvreté financière
1.7- La pauvreté et la satisfaction des besoins vitaux
2.- Les relations entre les différentes formes de pauvreté
3.- Les facteurs déterminants de la pauvreté
4.- Les facteurs entravant l’augmentation de la productivité
PARTIE II : BILAN DE LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ
Chapitre I : Le Plan National d’Action pour le Redressement Social (PNARS)
1.- Le programme d’éducation
1.1- La situation de l’éducation
1.2- Les stratégies à mettre en oeuvre
2.- Le programme touchant la santé et la nutrition
1.1- La situation de la santé et la nutrition
1.2- Les actions à entreprendre pour redresser la situation
3.- Programme d’assainissement et d’hygiène
1.1- Etat de l’approvisionnement en eau potable
1.2- Les programmes prévues
4.- Les résultats obtenus
Chapitre II : Le Projet d’appui Institutionnel à la Gestion Publique (PAIGEP)
1.- Appui aux groupements techniques
2.- Audit et réorganisation des institutions
3.- Réformes des ministères
4.- La décentralisation
5.- Résultats et impacts du PAIGEP
Chapitre III : La Stratégie Nationale de Lutte Contre la Pauvreté
1.- Axe stratégique n°1 : Mettre en place un cadre économique, institutionnel et réglementaire favorable à la croissance et la réduction de la pauvreté.
1.1-Poursuivre le rétablissement des équilibres macroéconomiques
1.2- Faire du secteur privé, le moteur de la croissance
2.- Axe stratégique n° 2: Accélérer la croissance économique et y faire participer les pauvres.
2.1- Accroître la productivité du secteur agricole
2.2- Promouvoir les micro-entreprises et les activités du secteur informel
2.3- Développer les infrastructures économiques de base
2.4- Sauvegarder l’environnement
3.- Axe stratégique n°3 : Développer les capacités humaines et réduire les inégalités humaines
3.2- Assurer la fourniture des services de santé et eau potable
3.2- Maîtrise de la croissance démographique
4.- Axe stratégique n°4 : Renforcer les filets de sécurité
4.1- Renforcer et étendre les filets de sécurité existants
4.2- Mettre en place un système de prévention des catastrophes et d’appui aux groupes sinistrés
4.3- Promotion d’un système de protection social non public
5.- Les impacts et résultats de la SNLCP
PARTIE III : PERSPECTIVES DE LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ À MADAGASCAR
Section 1 : Les principes à appliquer pour réduire la pauvreté
Chapitre I : La bonne gouvernance
1.- Environnement politique et pauvreté
2.- Les problématiques de la gouvernance
3.- La gouvernance et la productivité
4.- Accès des pauvres aux services essentiels
Chapitre II : Le processus participatif
1.- Définition
2.- Les types de participation
3.- La participation et la réduction de la pauvreté
Chapitre III : La décentralisation
1. Définition
2.- Contribution de la décentralisation à la réduction de la pauvreté
3.- Opérationnalisation de la décentralisation à Madagascar
Section 2 : Les programmes d’intervention pour la réduction de la pauvreté à Madagascar
Chapitre I : La croissance économique et réduction de la pauvreté
1.- Le développement des secteurs porteurs
1.1- Les Mines
1.2- L’industrie manufacturière
1.3- La pêche et l’aquaculture
1.4- Le Tourisme
2.- Le développement et la dynamisation du secteur privé
2.1- Amélioration de l’environnement des affaires
2.2- Mettre en place un système d’information et de technologie
2.3- Promotion des exportations
2.4- Promotion des investissements
3.- e développement rural
3.1- Augmenter la production agricole
3.2- Multiplier les recherches techniques
3.3- Sur le plan sécurisation alimentaire
3.4- L’agriculture
4.- Ouverture à la concurrence mondiale
Chapitre II : La mise en place de la bonne gouvernance et la gouvernance de proximité
1.- La gouvernance et la lutte contre la corruption
2.- La gouvernance et le respect de la démocratie
3.- La gouvernance de proximité
3.1- Créer un contexte favorable au développement des communes
3.2- Renforcer les capacités institutionnelles des collectivités
3.3- Améliorer l’autonomie financière de la commune
3.4- Responsabiliser les communes dans la gestion des services de base
3.5- Renforcer les capacités d’intervention contrôle du niveau central
Chapitre III : Susciter et promouvoir des systèmes de sécurisation humaine et matérielle
1.- Les réformes dans l’Education
2.- La promotion de la santé
3.- L’assainissement et adduction d’eau potable
3.1- L’eau potable
3.2- Assainissement
4.- Les actions culturelles et sociales
4.1- La protection sociale
CONCLUSION
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