Le développement urbain ou l’émergence des villes peut, dans de nombreux cas être considéré comme « fille du commerce », selon l’expression d’Henri Pirenne. Même si cette assimilation ne s’applique pas à la naissance de toutes les villes, nous pouvons dire qu’il existe une forte liaison entre les deux. La ville engendre le commerce comme le commerce favorise l’apparition de la ville. La commune de Golf Sud a connu une évolution très dynamique dans le secteur du commerce. Même si son fonctionnement ne répondait pas essentiellement à des besoins commerciaux, nous remarquons aujourd’hui qu’elle est très dynamique dans le domaine des échanges de marchandises et de services. Et la disposition actuelle du commerce dans la capitale en général et dans la banlieue en particulier résulte des mutations qu’a connues le pays de l’époque coloniale à nos jours.
Aujourd’hui, c’est le développement du commerce de détail dans tous les espaces qui frappe dans le décor de la ville et montre quelque part une stratégie de survie des populations très pauvres. L’urbanisation est un phénomène récent en Afrique ; avant l’arrivée des européens pour ce que l’on appelle l’urbanisation et avant l’émergence de certaines villes, la ruralité était partout de mise.
Les campagnes africaines vivaient essentiellement d’activités agricoles et les échanges avec le reste du monde n’étaient pas si importants. A l’époque, on peut dire que les relations d’échange étaient de type « campagne-campagne » . Avec l’arrivée des occidentaux et par la suite la création de certaines villes, le phénomène urbain commence à se développer en Afrique. Avant l’émancipation des pays africains et un peu après celle-ci les campagnes africaines pour ce qui s’agit de leur alimentation devaient se suffire à elles seules sans un rapport à la ville sinon ce sont elles-mêmes qui approvisionnaient les villes. Ainsi il est possible de dire qu’à cette époque l’agriculture arrivait à couvrir les besoins alimentaires des hommes, avec une agriculture qui alternait des années de belles récoltes et des années de mauvaises récoltes. Tout juste après le début de la gestion des pays africains par les élites « post indépendance », une sécheresse chronique s’installe, dans le sahel avec un lot de malheurs, la dégradation du climat avec ses conséquences dramatiques que sont: la baisse des productions agricoles, la famine etc. installent dans les campagnes sahéliennes, une léthargie totale qui poussent les ruraux, à un exode massif vers les grandes villes comme Dakar. Ainsi se posent les jalons d’un développement urbain accompagné d’une augmentation sans précédent de la population urbaine. En effet, la région de Dakar est devenue au fil des années un grand pôle de développement ainsi qu’une plaque tournante centralisant une grande partie de l’activité humaine. Elle compte à elle seule près de 3 137 196 habitants soit 23% de la population nationale en 2013 et le taux d’urbanisation le plus important avec 97,2% en 2008. Guédiawaye occupe à elle seule 12,3% de la population urbaine dakaroise.
Par ailleurs, la création de ces marchés peut aussi aboutir suite à des politiques étatiques ou des collectivités locales, par le pouvoir qui leur est conféré de créer et de gérer des marchés. En effet, l’engagement de l’Etat du Sénégal à faire de la décentralisation un des leviers du développement s’est manifesté par le choix des collectivités locales comme la porte d’entrée de toutes les interventions ; ceci à travers des projets et programmes pour l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Ainsi, l’Etat cherche à renforcer sa capacité d’intervention notamment en matière de satisfaction des besoins locaux : allocation de services publics, régulation efficace et optimale de l’espace. La décentralisation poursuit un objectif de promotion du « développement économique, social et culturel au niveau local ».
Cependant, la loi 96 09 du 02 mars 1996 fixe l’organisation administrative et financière de la commune d’arrondissement (devenue commune de plein exercice avec l’acte III de la décentralisation) et ses rapports avec la ville. Selon cette loi les compétences de la commune en matière de promotion du cadre de vie des populations et de la gestion des équipements, incluent soit directement ou indirectement la gestion du marché en fonction de son statut de marché de ville ou de marché de quartier . Même si cette loi semble révolue du moment où l’acte III de la décentralisation confère aux communes la gestion de tous les équipements qui se trouvent dans les limites légales de leur territoire .
Ainsi, nous pouvons dire que le marché Diamalaye de Guédiawaye devenu marché Diamalaye de Golf Sud avec l’acte 3 de la décentralisation entre dans ce cadre de création de marché. En effet répondant à une volonté de satisfaction des besoins des populations, le marché fut créé en 1989 par la municipalité de Guédiawaye Face à un dynamisme urbain et démographique de certains quartiers de la ville notamment les hamo (habitation moderne) (1,2) ainsi que les unités 1 à 6 des parcelles assainies, le maire de l’époque avait jugé nécessaire de créer le marché pour la satisfaction de leurs besoins locaux. Ainsi le projet fut confié à un promoteur privé en partenariat avec la mairie. Par ailleurs, la construction ne fut pas facile, car celle-ci devait s’accompagner d’un déguerpissement de la population qui y résidait à l’époque .
Ainsi, après la construction les cantines et les tables ont été vendues aux commerçants respectivement à 450000 et 15000 CFA. Par ailleurs dans le rapport de la FAO de 1997 sur (le circuit d’approvisionnement alimentaire des villes et le fonctionnement des marchés en Afrique et à Madagascar), nous pouvons constater que la caractéristique physique de ces marchés est marquée par, par un bâti très hétéroclite : boutiques modernes très bien construites, misérables baraques bricolées en matériaux de récupération. Pour un meilleur fonctionnement du marché, le transfert de grands marchands notamment de légumes a été envisagé, mais sans succès à l’exception de la filière oignon qui a pu s’installer et trouver ses marques.
PROBLEMATIQUE
En économie, le marché peut être considéré, par extension comme un système d’échange où se rencontrent l’offre (les vendeurs) et la demande (les acheteurs). Géographiquement le marché a pu être considéré en tant qu’équipement public au sens physique du terme : un espace idéalement clos, en tout cas délimité, à l’intérieur duquel les commerçants peuvent exercer leur activité, sous contrôle de l’administration et dans un cadre réglementaire (ainsi il devient une véritable zone d’attraction drainant des flux de personnes et de marchandises importantes) ; aussi les marchés différent du fait de leurs histoires, de leurs spécialités et d’un pays à un autre. Par exemple, dans les pays développés, surtout en Amérique du Nord, le commerce de détail même, s’il existe parfois en plein air, se fait généralement dans « les grandes surfaces » et les magasins spécialisés. Par contre, dans les pays à faible niveau de vie, le commerce de détail, surtout des produits vivriers, se pratique dans les marchés publics, parfois à ciel ouvert, avec des installations ou abris précaires. D’ailleurs, Michel Coquery dans son rapport sur « Planification urbaine et distribution alimentaire » nous parle de l’état de ces équipements en disant que, « nombre de villes d’Afrique de l’Ouest s’animent les jours de marché, le hangar couvert de tôles y joue bien son rôle de halle, les « tabliers » s’agglutinant ou s’éparpillant tout autour, au long des rues adjacentes . Ces marchés connaissent presque de façon chronique, des problèmes qui ont pour nom : insalubrité, insécurité, anarchie, etc.
Ces marchés naissent pour la plupart de la volonté de satisfaction des besoins des populations face à leur nombre sans cesse en croissance. Ces marchés deviennent du coup un centre d’intérêt pour la population locale, d’une part par sa fonction d’approvisionneur en produits divers et à moindre coût pour une population diminue et aussi des produits qui entrent dans la consommation quotidienne des populations qui les fréquentent, d’autre part par l’opportunité qu’il offre d’exercer une activité rémunératrice. Toutefois le marché dans son évolution pose un problème de débordement à travers une violation de ses limites légales qui lui ont été assignées.
En effet véritables lieux de « recours » des populations locales, des ruraux ayant quitté les champs et des étrangers venus de la sous-région, les marchés Dakarois sont rattrapés par le développement démographique de la ville et le taux de chômage élevé dans sa population en âge de travailler. Par conséquent, ces marchés deviennent un véritable lieu d’activité de la population locale qui y trouve un moyen de survie ainsi que des personnes venues de l’intérieur du pays et de la sous région. Ces marchés peuvent devenir également de véritables lieux d’intégration entre la population locale et les étrangers venus des pays frontaliers pour y exercer une activité.
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Table des matières
Introduction générale
Problématique
Méthodologie
Première partie Présentation du marché Diamalaye et de sa zone
Chapitre I : présentation du marché Diamalaye
Chapitre II : présentation de la zone
Deuxième partie : Les différentes activités effectuées dans le marché
Chapitre I : le commerce
Chapitre II : provenances et transport des produits
Chapitre III : les autres activités pratiquées dans le marché
Troisième partie : Les différentes catégories de vendeurs dans le marché et l’importance du marché par rapport à son affluence
Chapitre I les différentes catégories de vendeurs dans le marché
Chapitre II : l’importance du marché par rapport à son affluence
Quatrième partie : Avantages et inconvénients que présente le marché
Chapitre I : Avantages du marché
Chapitre II : les inconvénients du marché
Conclusion générale
Bibliographie