Le diastème
Définitions Un diastème ou « diastema » du grec ɷɿɳʍʏɻʅɲ, « intervalle » est, en odontologie, un écartement entre deux dents normalement adjacentes. Il est plus fréquemment rencontré entre les deux incisives de la mâchoire supérieure. Il peut être congénital ou acquis. On parlera de diastème inter incisif lorsque l’espace est situé entre les deux incisives centrales ou entre incisive centrale et latérale, maxillaire ou mandibulaire Dans la littérature, le diastème a fait l’objet de plusieurs définitions parmi lesquelles les plus connues sont :
– Keene 1963 [1] : définit le diastème comme un espace de plus de 0,5 mm entre deux dents adjacentes, selon lui, cet espace n’est pas discernable, en dessous de cette valeur.
– Batarec et Chaput 1980 [2] : définissent le diastème comme un espace provoqué par l’absence de point de contact entre deux dents adjacentes et une distinction est faite entre les diastèmes présents en denture lactéale, considérés comme normaux, transitoires et liés à la croissance des maxillaires, et les diastèmes présents en denture permanente dits anormaux.
– Huang WJ 1995 [3] et Osterle LJ Shellhart WC. 1999 [4] : le diastème est appelé « diastème médian » lorsqu’il est situé entre les incisives centrales maxillaires et « poly diastème » lorsque ces espaces sont présents entre un groupe de dents de l’arcade dentaire créant une apparence désagréable pour les individus.
Développement physiologique de la dentition
La présence d’un espace entre les deux incisives centrales maxillaires est considérée comme un phénomène de développement normal au stade de la dentition primaire et mixte et ne nécessite aucun traitement. Les diastèmes de la dentition primaire, appelé également diastème de Bogue, est le signe de la disponibilité de la place nécessaire permettant l’alignement correct des dents permanentes, qui sont plus grandes que les dents lactéales. Ces espaces diminuent ou se ferment spontanément dans la plupart des cas avant l’âge de 12 ans, par l’éruption des incisives latérales et canines, s’il n’y a pas de facteurs pathologiques ou physiologiques, entravant une fermeture spontanée [6]. Lindsey a mené une étude, qui a démontré que près des deux tiers des enfants présentent un espace inter dentaire de plus de 2 mm au niveau des incisives centrales [7]. Une autre étude a démontré que la moyenne inter dentaire des diastèmes primaire est de 4 mm au maxillaire, et de 3 mm à la mandibule [8]. L’inclinaison distale des incisives centrales et latérales, provoque un mouvement des couronnes menant au diastème médian maxillaire. Ce dernier, s’il est inférieur à 2 mm, sera corrigé spontanément par l’éruption des canines permanentes entraînant un mouvement mésial des couronnes des incisives, alors qu’un plus grand diastème est peu susceptible de se fermer sans intervention [9].
Origine dentaire
– Microdontie : La microdontie est une anomalie de volume souvent génétique, qui se caractérise par une diminution de la taille d’une dent. Elle désigne également l’arrêt de développement d’une ou de plusieurs dents. De ce fait, les dents conservent chez l’adulte les dimensions qu’elles présentaient chez l’enfant avec une couronne et une racine de la dent présentant un volume réduit dans le sens mésio distal.
– Agénésie dentaire : L’agénésie dentaire est l’absence d’une ou plusieurs dents. Cette anomalie d’origine génétique est généralement dépistée entre 6 et 10 ans, lorsque les dents définitives doivent faire leur éruption sur les arcades dentaires. On parle d’oligodontie lorsqu’il manque plus de 6 dents, et en présence d’autres anomalies dentaires. On parle d’hypodontie lorsqu’il manque moins de 6 dents. Ces deux anomalies sont citées dans la littérature comme des causes courantes de diastème chez l’adulte, et cela est dû à l’écart entre la taille de la dent et le volume de l’arcade dentaire [13]. Il a été rapporté également que les incisives latérales maxillaires de petites tailles, appelées « grain de riz », sont les anomalies de forme les plus fréquentes. Leur petite taille entraîne un diastème dans la région de l’incisive latérale, et peut provoquer un diastème médian causé par la migration des incisives centrale en distal. De même, lorsqu’il y a une agénésie de l’incisive latérale, uni, ou bilatérale, la migration des dents adjacentes crée des diastèmes généralisés [14]. Dans les travaux de Brook [15], Il a été mentionné que l’anomalie de taille des dents est liée à l’anomalie de nombre. La taille des dents semble être affectée par le degré de l’hypodontie.
– Canine incluse : Une canine incluse se définie comme une dent retenue dans l’arcade maxillaire ou mandibulaire au-delà de la date d’éruption, entourée de son sac péricoronaire, et sans contact avec la cavité buccale [16]. La canine maxillaire est la dent la plus souvent incluse dans le secteur antérieur, avec une prévalence de 2% dans la population [17]. Une corrélation entre l’existence d’un diastème inter incisif et canine incluse a été étudié. Selon Yamahoka et col, l’éruption de la canine est connue pour être un facteur de fermeture du diastème. D’après son étude, la fermeture du diastème se fait spontanément lorsque l’impaction de la canine sur les incisives est horizontale [18]. En effet, la canine exerce lors de son éruption une pression sur l’incisive latérale, qui provoque le redressement des incisives vestibuloversées par un mouvement mésial des incisives entraînant alors la fermeture du diastème.
– Dents ectopiques (Dystopiques) : La dent ectopique est une dent qui a fait son éruption en dehors de son couloir d’éruption [20]. Cette anomalie de position touche le plus souvent la canine maxillaire lorsque cette dernière évolue en dehors de son axe d’éruption en vestibulaire ou en palatin, elle n’exerce pas de pression sur l’incisive latérale, ce qui habituellement permet la fermeture du diastème.
Influence du diastème sur l’esthétique du sourire
L’esthétique, plus encore que tout autre domaine de l’art dentaire, est basé sur des perceptions personnelles et se trouve conditionnée par la culture, l’âge, le sexe, l’expérience et la vie de chaque individu. La création du sourire est un art subjectif. De ce fait, il n’existe pas de critères objectifs pour définir un sourire esthétique, puisqu’il est impossible de définir un modèle de sourire standardisé [47]. Dernièrement, les recherches entreprises pour améliorer l’aspect du sourire se sont intensifiées et, en même temps, les demandes esthétiques des patients se sont accrues. Ainsi, il est important de comprendre les besoins des patients et de satisfaire leurs exigences puisqu’il est possible qu’ils ne partagent pas l’avis des professionnels. Par conséquent, le rôle du spécialiste dentaire consiste à créer un sourire attrayant qui plaira au patient et qui satisfera ses besoins. L’étude réalisée en 2013 par Flavia Cracel-Nogueira et coll [48] a permis d’évaluer la perception esthétique de certaines composantes du sourire telles que l’exposition gingivale, la longueur coronaire, la médiane maxillaire et les diastèmes inter incisifs par des profanes, des étudiants en dentaire et des dentistes. McLeod et coll [50] ont rapporté que les profanes n’acceptaient que les modifications de moins de 3 mm. Rodrigues et coll. [51] ont estimé que les jeunes sont les évaluateurs les plus critiques des diastèmes inter incisifs. L’âge influe sur la perception du sourire selon Chompunuch et Sriphadungporn [52] le groupe des jeunes a jugé le diastème inter incisif maxillaire de 1 à 2,5 mm peu attrayant alors que le groupe le plus âgé était plus tolérant. Noureddine et coll, 2014 [5] dans leur étude sur l’influence esthétique du diastème ont classé les diastèmes du moins au plus esthétique comme suit :
– Diastème médian
– Diastème de Lombardi
– Diastème de frush et fisher
– Diastème simien.
La perception du visage et du sourire pourrait en effet varier selon le sexe ou l’origine ethnique. La perception varie d’un pays à l’autre, d’un groupe ethnique à l’autre ou selon la situation socioculturelle [53]. La plupart des études ont montré que les diastèmes médians sont considérés comme peu attrayants, sauf dans certaines populations africaines [54]. Le temps et la mode peuvent aussi jouer un rôle dans la perception esthétique du sourire. Les professionnels dentaires devraient être conscients de la perception esthétique du sourire lors de la planification du traitement pour fermeture du diastème antérieur. Les patients devraient également être associés à cette planification, car la perception de soi et l’acceptation psychosociale de l’esthétique peut varier considérablement d’un individu à l’autre.
Rôle du sourire dans l’esthétique
Le sourire, est le premier moyen de communication et de contact. Il joue un rôle majoritaire dans l’acceptation de soi et le bien-être social de l’individu. En odontologie, l’évaluation du sourire fait partie intégrante de l’examen clinique et participe au diagnostic. Dans la pratique moderne de la dentisterie, de plus en plus de patients exigent des résultats de traitement hautement esthétiques. La meilleure réponse thérapeutique est un résultat remplissant trois aspects, le fonctionnel, l’esthétique, la pérennité. De nombreuses « check-lists » esthétiques ont été proposées dans la littérature odontologique. La fermeture du diastème, exige aux praticiens de procéder à une évaluation faciale et dentaire complète, qui analysera les éléments du sourire et du visage de manière objective.
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Table des matières
CHAPITRE I : LE DIASTEME
I.1. Définitions
I.2. Classifications
I.3. Étiologies
I.3.1. Développement physiologique de la dentition
I.3.2. Étiologie multifactorielle du diastème
I.4. Etude épidémiologique
I.5. Influence du diastème sur l’esthétique du sourire
CHAPITRE II : ANALYSE ESTHETIQUE
II.1. Paramètres esthétiques
II.1.1. Rôle du sourire dans l’esthétique
II.1.2. Analyse faciale
II.1.3. Analyse du sourire
II .2. Outils d’analyse et de planification thérapeutique
II.2.1. Outils de diagnostic
II.2.2. Outils de simulation et communication
CHAPITRE III : TRAITEMENT PROTHETIQUE PAR FACETTES CERAMIQUES DES DIASTEMES MAXILLAIRES ANTERIEURS CHEZ L’ADULTE
III.1. Notion du gradient thérapeutique
III.2. Optimisation du traitement prothétique du diastème par une approche multidisciplinaire : Application du gradient thérapeutique
III.3. Restaurations adhésives céramiques
III.3.1. Les céramiques dentaires
III.3.2. Les facettes céramiques
III.4. Les céramiques pour facettes
III.5. Principe de préparations pour facettes
III.5.1 Les facettes céramiques sans préparations
III.5.2 Les facettes céramiques avec préparations
III.5.3. Protocole clinique de préparation pour facettes
III.6. Le collage des facettes céramiques
III.6.1. Les systèmes adhésifs
III.6.2. Les résines de collage
III.6.3. Protocole de collage
III.7. Pérennité clinique des facettes céramiques
III.8 Protocole clinique
III.8.1 Cas clinique 1
III.8.2 Cas clinique 2
III.8.3 Cas clinique 3
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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