L’hypothèse d’une spécificité des luttes pour la reconnaissance

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Une moisson limitée de métadonnées

Pour mettre en œuvre la stratégie décrite plus haut, il s’agissait d’abord de choisir la ou les plates-formes de diffusion de publications scientifiques les plus susceptibles de permettre d’obtenir des résultats suffisamment vastes et représentatifs pour garantir la significativité des résultats. Nous avons alors rencontré des difficultés spécifiques à la présence de revues en sciences humaines et sociales de langue française sur internet [Minon et Chartron 2005].
Dans une étude réalisée pour le Ministère de l’éducation nationale et de la recherche parue en 2005, Marc Minon et Ghislaine Chartron, chercheurs en sciences de l’informa-tion, comparent l’offre de revues en SHS en France, en Espagne et en Italie. Ces derniers établissent une liste de 540 revues qui, sans prétendre à l’exhaustivité, reflète selon eux « ‘le cœur’ des revues de sciences humaines et sociales de langue française : les plus importantes, les plus visibles, les plus habituellement validées et les mieux référencées » [Minon et Chartron 2005]. L’offre de titres est donc « particulièrement abondante », en quantité, comme en qualité :
Même en se limitant aux publications les plus importantes […] on relève plus de 500 titres. Au total, il y a en Europe, certainement plus de 1 200 titres vivants de sciences humaines et sociales. La richesse de l’offre n’est d’ailleurs pas seulement quantitative ; le statut même des revues est très diversifié. On trouve ainsi, parmi les titres de la population observée, non seulement des revues des différentes disciplines SHS mais aussi des publications aux objectifs très variés : des revues de recherche, des revues de débats et des revues dites de ‘divulgation’. »
Or, l’abondance de titres se double de « l’extrême atomisation de l’offre en matière de diffusion des revues SHS » [Minon et Chartron 2005; Blondiaux et al. 2012], ce qui ne simplifie pas notre entreprise qui se serait mieux satisfaite d’une plus grande centralisation. M. Minon et G. Chartron estiment ainsi qu’en 2005, les 540 titres recensés étaient diffusés par plus de 300 acteurs différents:
Cette forte atomisation de l’offre de revues SHS complexifie bien évidem-ment l’apparition d’une offre électronique cohérente et à haute valeur ajoutée. A l’exception éventuellement des PUF, aucun diffuseur n’a, en effet, la taille critique pour proposer seul une offre suffisamment attractive aux établisse-ments de prêt, particulièrement aux établissements de prêt étrangers. Même la constitution de portails proposant une offre multi-diffuseurs et permettant de mutualiser les investissements nécessités par le numérique est rendue aléatoire par ce caractère très atomisé de l’offre, puisque, pour réussir, ces agrégateurs devraient nécessairement réussir à convaincre du bien-fondé de leur approche de multiples intervenants, aux statuts très divers. »
Comme le résume Thomas Parisot, « l’édition française en sciences humaines était fragilisée par ce qui aurait dû constituer un atout : sa diversité » [Blondiaux et al. 2012]. Lancé l’année de la publication de ce rapport, le portail de diffusion Cairn mutualise les efforts de cinq maisons d’éditions fondatrices (Belin, De Boeck, La Découverte, Érès et les Presses Universitaires de France) et est associé à la Bibliothèque nationale de France. De surcroît, le portail permet d’accéder au catalogue de plus de cinquante éditeurs privés ainsi qu’aux références proposées par Revues.org.
Si une « recension exhaustive des études et débats suscités au cours de ces dernières années par la notion » [Bevort et Lallement 2006] de reconnaissance reste impossible, la plate-forme de diffusion Cairn semble cependant garantir d’atteindre un seuil à partir duquel il est pertinent de mesurer la diffusion du vocabulaire dans les publications en SHS. Outre Cairn, nous avons interrogé le portail Science Direct, qui comprend notamment la revue Sociologie du travail, incontournable dans notre discipline [Borzeix et Rot 2010].
Une dernière limite à prendre en compte est celle de l’année à partir de laquelle les numé-ros sont mis en ligne, soit 2001 pour la plupart des revues accessibles sur Cairn [Blondiaux et al. 2012]. Pour la plupart des revues, à moins de consulter les versions « papier » des revues, il était impossible de contourner ce biais. Face à cette solution trop coûteuse pour un simple « coup de sonde », nous avons préféré en rester à l’analyse des évolutions depuis 2001, confortée par des recherches ponctuelles sur quelques titres parmi les plus importants.

Analyser une grande masse d’information

Au final, 704 articles ont été « moissonnés » sur Cairn et Science Direct. Ils sont rédigés en français et comportent dans leur titre, leur résumé ou l’un de leur mot-clé, le mot reconnaissance ». Si cette stratégie empirique a l’avantage d’objectiver des évolutions qui, sans une démarche systématique, seraient difficilement perceptibles, il faut en signaler les limites. Comme on l’a vu, la méthode de collecte ne permet pas de garantir l’exhaustivité des données, malgré la minutie avec laquelle les articles ont été rassemblés. Il paraît toutefois raisonnable de considérer que ce « coup de sonde » donne, dans l’ensemble, une idée juste des thématiques abordées et du rythme auquel la reconnaissance a pris place dans le champ des SHS.
Une deuxième limite concerne les filtres qui président à notre démarche. En premier lieu, le fait de ne s’intéresser qu’aux publications scientifiques laisse de côté celles des acteurs sociaux (presse, syndicats, groupes professionnels, etc.) qui peuvent elles aussi, indiquer l’émergence d’un enjeu dans la société civile. De surcroît, au sein même du monde académique, notre méthode exclut les autres modalités de valorisation scientifique qui témoignent pourtant elles aussi de l’importance d’une notion dans une discipline ou un champ (ouvrages 3, séminaires, colloques, etc.).
Enfin, l’analyse porte sur des résumés, lesquels ont tendance à accentuer la spécificité des articles, si bien que notre analyse thématique pourrait à son tour renforcer, en par-tie artificiellement, les distinctions thématiques entre des articles qui au regard d’autres aspects, seraient relativement proches (courants, approches, références, etc…).
Tenant compte des limites signalées et face à la grande quantité d’information à analy-ser, nous nous sommes tournés vers les méthodes d’analyse lexicométrique dont le caractère chronophage de la mise en forme du corpus 4 est compensé par le soutien aux efforts d’ob-jectivation que cette méthodologie apporte. En effet,
Malgré les efforts d’objectivité du chercheur qui aborde un texte, l’interpréta-tion est souvent influencée par des présupposés initiaux. Un grand corpus rend également difficile une analyse fine et subtile : il renforce la tendance à n’y cher-cher que ce que l’on veut y voir. Le risque est alors d’obtenir une compréhension intuitive et parfois biaisée du matériau étudié. » [Baillat et al. 2016] Pour ce faire, nous avons utilisé Iramuteq, qui est un logiciel permettant des analyses multidimensionnelles de textes et de questionnaires » ainsi que le présente son site inter- net 5. Iramuteq est une sorte d’interface graphique du logiciel R, lui aussi libre et gratuit, destinée d’une part à faciliter l’utilisation des librairies sur lesquelles il repose par l’usager et d’autre part à améliorer le rendu graphique des résultats. Il est développé au sein du LERASS (Université de Toulouse 3) avec le soutien du Labex Structuration des Mondes So-ciaux. Ce logiciel permet notamment de mettre en œuvre la « méthode Alceste » [Marpsat 2010], développée par Max Reinert [Rouré et Reinert 1993; Reinert 2001].
Bien qu’une partie des livres publiés par les éditions La Découvertes et les Presses de Sciences Po soient accessible sur Cairn, seuls les articles ont été retenus dans la mesure où le biais le nombre d’éditeurs nous paraissait trop restreint pour être un tant soit peu représentatif.
Dans notre cas, il s’agissait de récupérer manuellement les informations bibliographiques des articles correspondant aux critères de recherche, puis de les rassembler dans une base de données comprenant le titre de l’article, le ou les auteurs, le nom de la revue ainsi que l’année de parution.
Dans un premier temps nous mobiliserons l’analyse des spécificités, qui permet de distinguer les mots les plus fortement associés à des périodes chronologiques. Pour cela, les résumés de chaque article, précédés d’une variable indiquant leur période de parution (2001-2006 ; 2007-2010 ; 2011-2013), ont été rassemblés en un corpus unique.
Les analyses portent sur les formes « actives » qui regroupent l’ensemble des conju-gaisons ou déclinaisons d’un même mot (verbes, noms, adjectifs, adverbes). Les formes actives s’opposent aux formes supplémentaires qui sont ignorées dans l’analyse car il s’agit de mots « outils » que l’on trouve indifféremment dans tout texte (pronoms, conjonctions, certains adverbes ou verbes fréquents). Si besoin, le logiciel permet de classer manuellement les formes en actives ou supplémentaires. Par exemple, le mot « article », banal dans un résumé, a été classé dans les formes supplémentaires.
Pour déterminer les mots spécifiques selon les périodes, Iramuteq compare le tableau lexical agrégé, qui indique la fréquence de chaque mot du corpus pour chaque période au tableau d’indépendance, c’est-à-dire aux fréquences dont nous disposerions s’il n’y avait aucun lien entre les mots et les périodes. Le score obtenu par chaque mot à l’issue de cette comparaison permet de caractériser les périodes et de retracer l’évolution des thématiques abordées. Le tableau 1.4 présente le classement des vingt mots les plus fortement associés à chaque période.
Deuxièmement, en vue de produire une photographie des grands chantiers propres à la reconnaissance, le corpus a été analysé selon la méthode de classification hiérarchique descendante GNEPA (il s’agit de la même méthode que celle utilisée par le logiciel Alceste). Celle-ci divise petit à petit le corpus en séparant les mots les plus éloignés les uns des autres (selon la métrique du Chi2) pour établir des classes rassemblant les segments de texte les plus proches les uns des autres.
partir du tableau croisant les mots et les classes, une analyse factorielle des correspon-dances (AFC) a été réalisée. Elle permet d’obtenir les facteurs représentant les dimensions qui expliquent l’appartenance à une classe. Dans la figure 1.5, les mots les plus fortement associés à chaque classe sont positionnés sur le plan formé par les facteurs expliquant la majeure partie de l’information (39% pour l’axe des abscisses et 31% pour celui des ordonnées). Il s’agit alors pour le chercheur d’attribuer une signification à ces dimensions.

Le boom des publications sur la reconnaissance dans les revues de SHS (1993-2013)

Nous rapportons ici dans un premier temps l’analyse de l’évolution dans le temps du nombre d’articles, couplée à l’étude des changements thématiques repérés au sein du corpus l’aide du logiciel Iramuteq. Dans un second temps, nous étudierons le statut des revues et des disciplines dans lesquelles sont parus ces articles au fil du temps, en vue de rendre compte de la trajectoire académique de la notion. Enfin, nous repérons quatre grands chantiers thématiques grâce à la méthode de classification GNEPA présentée plus haut.
Croissance et évolutions thématiques
L’évolution de la courbe représentée sur le graphique 1.3 montre une augmentation continue du nombre total de publications, qui culmine en 2007. Des recherches bibliogra-phiques complémentaires menées moins systématiquement suggèrent que la promotion de la reconnaissance débute véritablement à la fin des années 1990. Ainsi, en 1999 est paru un numéro spécial de la revue belge Recherches sociologiques devenue en 2005 Recherches sociologiques et anthropologiques. Le numéro, intitulé « Souffrance sociale et attentes de reconnaissance. Autour du travail d’Axel Honneth » rassemble onze articles qui consti-tuent les actes d’un colloque qui s’est tenu les 4 et 5 juin 1998 à l’Université catholique de Louvain [Todorov 1999]. Il s’agit, semble-t-il, sinon de la première, au moins d’une des premières publications en sociologie de langue française explicitement consacrée à la théorie de la reconnaissance développée par A. Honneth.
L’analyse du corpus en termes de fréquence laisse donc penser qu’à partir de 2001, trois périodes se distinguent : une phase de croissance rapide jusqu’à 2006, suivie par un pic de 2007 à 2010 puis d’une stabilisation à partir de 2011. L’analyse des mots spécifiques présentés au tableau 1.4 suggère quelques grandes caractéristiques thématiques de ces trois périodes que nous détaillons ci-dessous.
Au début des années 2000, les deux grandes thématiques abordées au prisme de la reconnaissance sont la santé et la vieillesse 6 d’un côté et les groupes dominés de l’autre 7, comme l’indique le tableau 1.4. Dans le champ de la santé, on trouve des travaux por-tant sur la reconnaissance professionnelle, qu’il s’agisse des spécialités médicales [Balzas et Rosenberg-Steiner 2005], des métiers de l’hôpital [Schweyer et Metzger 2005] comme l’anesthésie [Faure 2005] et la médecine générale [Bloy 2005], ou encore de la maison de retraite [Sipos 2003]. D’autres traitent de la reconnaissance de l’identité et des droits de certains publics comme les personnes handicapées [Ville et al. 2003; Ravaud et Ville 2003; Breitenbach 2004], âgées [Rosenmayr 2001; Stiker 2004; Johnson 2001; Brocas 2004; Palach 2005] ou malades [Bentz et al. 2006; Jorland 2005; Thébaud-Mony 2006].
Viennent ensuite les travaux qui portent sur les groupes dominés, à commencer par ceux qui s’intéressent à l’intégration des minorités de non nationaux et de migrants [Conte 2002; Lochak 2003; Roulleau-Berger et Shi 2004; Lesclingand 2004], à l’ethnicité [Jacobs Cette thématique est représentée par les mots spécialité, hôpital, retraite, incapacité, mort, vieillesse et âge.
Visible en particulier à travers les mots recensement, réparation, racial, statistique, catégorie ou migration.
Les chantiers de la reconnaissance
Les débuts de la notion de reconnaissance en SHS sont largement académiques. Entre 2007 et 2010, la reconnaissance est à la mode : les revues académiques lui consacrent des numéros spéciaux tandis que les revues destinées à un public plus large, et notamment aux professionnels, commencent à s’y intéresser. À partir de 2011, la part des articles parus dans des revues académiques augmente et la thématique des identités méprisées passe au second plan, derrière celle du travail, des compétences et du management, sous l’impulsion conjointe de la sociologie et des sciences de gestion.
Cette analyse des dynamiques de l’usage de la notion nous invite à prolonger l’investi-gation, et à nous demander quels sont les grands chantiers et directions de recherche dans lesquels la reconnaissance est mobilisée. Pour cela, notre corpus de résumés a été soumis à une analyse statistique de classification qui a permis de cerner quatre groupes de travaux distincts. Le graphique 1.5 représente leur position par rapport aux deux principales di-mensions d’explication produites par l’analyse factorielle des correspondances décrite plus haut.
L’axe des abscisses sépare à l’est les articles portant sur le travail et à l’ouest ceux portant sur les identités. L’axe des ordonnées, quant à lui, se prête moins facilement à l’interprétation mais tend à distinguer les articles selon l’angle d’attaque adopté : soit les concepts, au nord, soit les populations, au sud. Dans les lignes qui suivent nous construirons la signification de ces dimensions en rendant compte des quatre classes qui y sont projetées.
Sur les traces de la reconnaissance dans les conflits du travail
La reconnaissance en tant que revendication historique
Comment savoir si la reconnaissance est ou non devenue un enjeu des conflits du travail ? Une première façon de répondre consiste à observer le vocabulaire utilisé par les acteurs de ces conflits. Mais l’utilisation du mot « reconnaisance » est-elle une garantie que les conflits du travail traitent bel et bien de reconnaissance ? Cela nous permet-t-il réellement de rendre visible une tendance à la lutte pour la reconnaissance dans le monde du travail, ou au contraire de l’infirmer ? À une telle stratégie répondent au moins deux objections. D’un côté, il pourrait exister des conflits pour la reconnaissance dans lesquels le mot ne serait pas prononcé, si bien qu’en s’attachant au vocabulaire, on pourrait manquer un mouvement de fond. À l’inverse, si les termes dans lesquels s’expriment les revendications étaient indépendants de la nature du mouvement, l’apparition d’un nouveau vocabulaire pourrait faire croire à une discontinuité, là où il n’y aurait que permanence. Est-il donc besoin qu’un mouvement revendique nommément de la reconnaissance pour affirmer qu’il lutte pour elle ? Pour Doug McAdam, Sidney Tarrow et Charles Tilly il est clair que non. D’après eux « à partir du XIXe siècle, cet âge d’or de la théorie de la valeur-travail, les ouvriers organisés ont […] non seulement exigé que leur contribution collective à la production nationale leur donne droit à des salaires décents et à une juste rétribution de leurs tâches, mais aussi que soient reconnues leur dignité et leur identité collective » [McAdam et al. 1998].
Remontant le temps, c’est aussi ce qu’on peut se demander en lisant le travail de Simona Cerutti à partir de suppliques adressées au roi par des travailleurs salariés dans les villes italiennes de la Renaissance [Cerutti 2010] 1. Dans ces textes, les suppliants formulent des requêtes argumentées qu’ils adressent à qui de droit en vue d’obtenir un avantage ou un privilège. Ici, ce sont des travailleurs qui, entre 1720 et 1790 adressent leurs suppliques au roi de Sardaigne en vue « d’obtenir la maîtrise, sans pour autant présenter les réquisits nécessaires ». En effet, l’interdiction de travailler pour qui n’aurait pas réalisé son chef-d’œuvre imposait à ces artisans de se soumettre à la direction de maîtres qu’ils devaient rémunérer, lesquels – la plupart du temps moins riches, plus jeunes et moins compétents – n’étaient que des prête-noms.
Une analyse fine des suppliques, de la trajectoire de leurs auteurs et de leurs maîtres ainsi que de leurs relations professionnelles et du contexte corporatiste de l’époque a per-mis à Simona Cerruti de démontrer que ni les catégories de clientélisme ni de paternalisme, traditionnellement mobilisées par les historiens pour expliquer ce phénomène, ne sont per-tinentes. Ainsi, « la requête adressée au roi ne se résume pas à une demande de protection que l’on attend ordinairement d’un père, ni à la demande de grâce qui peut permettre aux gens sans droits de contourner la loi à travers l’exception. » [Cerutti 2010, p.607] Tout au contraire, « la supplique exprime plutôt une demande de reconnaissance de ‘titres de citoyenneté’ obtenus malgré la mobilité et un enracinement précaire ; donc de droits fructi-fiés à travers des voies que le roi peut reconnaître comme légitimes, et qui permettent ainsi d’accéder à la ressource-travail » [Cerutti 2010, p.607]. travers ces suppliques, les travailleurs cherchaient donc à prouver leur citoyenneté, synonyme de reconnaissance de leur appartenance à la communauté. Ainsi, à côté des preuves de leurs compétences, les récits insistent sur la participation aux campagnes mi-litaires, les services rendus à la « patrie », le courage et le sens du sacrifice ou encore le mariage « avec une sujette de Sa Majesté » ou « la fréquentation d’institutions caritatives urbaines » qui sont autant de « preuves de la citoyenneté » dont on souhaite obtenir les droits. Ces artisans cordonniers, menuisiers, passementiers, étameurs, vendeurs d’eau de vie, chapeliers, boutonniers et autres perruquiers auraient donc exprimé des demandes de reconnaissance dès la Renaissance, mais sans en dire le mot. Rien n’interdit de penser que l’on trouverait trace de telles requêtes avant et après cette période.
L’exemple des travailleurs salariés des villes italiennes de la Renaissance montre qu’il a certainement toujours existé des conflits du travail mêlant intérêts matériels et reven-dications identitaires ou expressives comme le soutenaient D. McAdam, S. Tarrow et C. Tilly. Pour éviter ce risque de faux négatif, s’agit-il alors de se demander si les conflits du travail, peu importe l’époque, sont traduisibles dans les termes de la reconnaissance 2 ? Cela reviendrait, soit en suivant Lazzeri, à produire une relecture expressive de la conflictualité, soit à définir a priori les luttes pour la reconnaissance (demandeurs, pourvoyeurs, nature des revendications, etc.), ce qui permettrait de classer les conflits.
Il nous semble qu’une si ambitieuse entreprise rétrospective n’aurait de sens que si elle s’inscrivait dans le cadre d’une théorie générale de la société où la reconnaissance serait, On peut ici penser à la tentative de traduction de la tradition sociologique (Tocqueville, Marx, Durkheim, la sociologie américaine, Bourdieu) menée par Alain Caillé [2007b] sinon la clé de voûte, du moins un principe essentiel. En comparaison, notre projet est beaucoup plus limité. Il s’agit de se demander si la reconnaissance fait partie du vocabulaire indigène des conflits du travail, depuis quand et pourquoi ? Si oui, les conflits dans lesquels elle est mobilisée ont-ils une spécificité ?
Un mot pour les maux d’aujourd’hui ?
l’inverse, focaliser notre attention sur le mot « reconnaissance » pourrait produire un faux positif en relevant des conflits où sa présence ne serait pas liée à une quelconque spécificité de leur nature. Le risque serait d’accorder trop d’importance à un effet de mode qui ne dirait rien de l’évolution des revendications.
C’est ce que suggère Dubet, pour qui « la reconnaissance est partout » : « le mot ‘re-connaissance’ est aujourd’hui si banal qu’il désigne tout un ensemble d’expériences a priori de nature bien différente » [Dubet 2007]. Et d’énumérer les pompiers dont les risques du métier ne sont pas reconnus, les intermittents qui ne sont pas reconnus comme artistes, les femmes, les jeunes, les personnes d’origine étrangère, les handicapés, les minorités sexuelles, religieuses, régionales qui sont méprisés, aussi bien que les fonctionnaires et les ouvriers mais aussi la non-reconnaissance des diplômes, de l’expérience, du droit du travail, etc…
Pour le sociologue de la justice sociale, il faut distinguer les termes de l’expression de la souffrance sociale de sa nature et prendre acte du fait que signifiants et signifiés ont des causes distinctes. Ainsi, le succès lexical de la reconnaissance dans le registre de la dénonciation, au contraire d’un effet de mode, traduit selon lui le « passage vers une représentation symbolique et ‘psychologique’ des pathologies sociales et des injustices » où les identités individuelles et collectives sont constamment menacées par des injustices de toutes sortes. Prenant acte de cette prolifération de la reconnaissance dans le vocabulaire des acteurs, Dubet invite toutefois à se méfier d’un « effet de nouveauté » tant il est vrai que l’injustice, l’exploitation, le mépris, le racisme, le sexisme ne sont pas nouveaux. Autrement dit, le vocabulaire de la reconnaissance participe d’une mise en mots nouvelle de problèmes anciens dont seules les théories de la justice permettraient l’analyse 3. Dubet affirme que « la reconnaissance n’a pas d’unité du point de vue normatif et moral et qu’elle se diffracte face à la polyarchie des principes de justice. »
En définitive, la reconnaissance ne dirait donc rien de la structure des tensions sociales, de la domination ou de l’exploitation, et, en tout cas, ne serait pas en mesure de traduire ni de refléter le moindre changement dans les oppositions de forces. Elle serait « une expérience opposée au monde, […] pas un principe de conflit et […] peut-être même pas un moteur de critique politique » [Dubet 2007]. Par-delà ce « bloc existentiel » il s’agirait donc de décrypter les principes de justice qui président à la constitution de tel ou tel sentiment de mépris ou de déni, auxquels l’unité de l’émotion ne résisterait pas. Dubet en dénombre trois – l’égalité, le mérite, l’autonomie – dont la violation provoque des sentiments de déni et suscite des attentes de reconnaissance chez les acteurs.
L’hypothèse d’une spécificité des luttes pour la reconnaissance
La possibilité d’un faux négatif nous a poussé à préciser les contours de notre projet, c’est-à-dire la signification de l’usage indigène du terme de reconnaissance dans les conflits du travail. Cette seconde objection souligne quant à elle le risque de se laisser abuser par une spécificité de surface. Dans l’ouvrage collectif consacré à la lutte pour la reconnais-sance qu’elle a dirigé, Estelle [Ferrarese 2013a] opère une double distinction de nature à nous en prémunir : d’une part, la reconnaissance n’est pas le résultat d’une lutte à visée instrumentale, d’autre part les attentes de reconnaissance ne doivent pas être confondues avec les luttes pour la reconnaissance.
Premièrement, à la différence des conflits du travail décrits par Reynaud, il serait impos-sible de dire à propos des luttes pour la reconnaissance que « puisque le conflit se termine sur un compromis, si l’on avait tout su, tout compris, tout prévu, on aurait pu aboutir au même résultat en faisant l’économie du conflit, ce qui aurait été avantageux pour les deux parties » [Reynaud 1982, p.8]. Si la lutte ne peut être considérée comme un moyen au service d’une fin que serait la reconnaissance, alors il faut en conclure que les acteurs n’agissent pas selon une rationalité (limitée) calculatrice et que l’issue du conflit n’est pas l’obtention d’un compromis issu de la négociation.
Au contraire, un examen précis des rapports entre les thèmes du conflit et de la recon-naissance, indissociables depuis Hegel, permet à l’auteure de conclure que la reconnaissance ne vient jamais sans la lutte : « la lutte n’est pas l’instrument d’une finalité qui lui serait étrangère (la reconnaissance), mais elle est ce par quoi cette finalité est définie, dotée d’une substance » [Ferrarese 2013b]. Les conflits du travail relevant de la lutte pour la recon-naissance, s’ils existent, n’auraient donc pas grand’chose à voir avec les « stratégies » et les « coups à jouer » [Reynaud 1982, p.65] puisque l’essentiel se joue dans la lutte et non seulement dans l’obtention d’éventuels gains.
Non seulement la lutte pour la reconnaissance ne revêt pas de dimension instrumentale mais « figure parmi les conditions de félicité du geste de reconnaissance le fait qu’il ait été obtenu de manière non-instrumentale, en conséquence de la validité conférée à une reven-dication » [Ferrarese 2013b, pp.18-19]. C’est ce que montre très bien Fanon, décrivant la liberté accordée sans lutte aux esclaves antillais par leurs maîtres dans Peau noire, Masques blancs : « Un jour un Maître blanc a reconnu sans lutte le nègre esclave […]. Le nègre est un esclave à qui on a permis d’adopter une attitude de maître » [Fanon 2011, p.216] 4. Bien qu’ayant obtenu la liberté, le Noir n’est toujours pas libre : « le bouleversement a atteint le Noir de l’extérieur. Le Noir a été agi. Des valeurs qui n’ont pas pris naissance de son action, des valeurs qui ne résultent pas de la montée systolique de son sang, sont venues danser leur ronde colorée autour de lui. Le bouleversement n’a pas différencié le nègre. Il est passé d’un mode de vie à un autre, mais pas d’une vie à une autre. […] le nègre ignore le prix de la liberté, car il ne s’est pas battu pour elle. » [Fanon 2011, p.218]
La lutte pour la reconnaissance ne pourrait donc pas être décrite comme l’affrontement de deux acteurs cherchant à maximiser leurs utilités respectives et c’est ce qui en ferait la spécificité par rapport aux conflits du travail, entendus d’une manière générale comme « les conflits entre employeurs et salariés [Reynaud 1982, p.1].
Voici pour la première spécificité des luttes pour la reconnaissance. Mais que faire de l’objection de généralité du désir de reconnaissance, exprimée par exemple par Alain Caillé, selon qui, étant tous méprisés, discriminés ou invisibilisés à un titre ou à un autre, « nous sommes tous en quête de reconnaissance. Plus ou moins éperdument » [Caillé 2007a, p.8] ?
Ici, la distinction opérée par Estelle Ferrarese entre attentes et demandes s’avère d’un grand secours. Selon elle, ce qui distingue les deux discours est l’absence d’adresse qui caractérise le premier. Les attentes sont elles aussi mues par un désir de reconnaissance mais ne sont pas exprimées auprès du sujet avec qui l’on entretient la relation que l’on souhaite changer. Les attentes relèvent alors d’un discours critique confiné dans l’entre-soi. Bien qu’elle préfère la notion de plainte à celle de demande, on retrouve cette distinction fondée sur l’absence d’adresse chez Florence Osty. Ainsi, la plainte « se distingu[e] de la lutte par une retenue au niveau de l’individu et une difficulté à rendre visible l’enjeu identitaire de la reconnaissance » et se manifeste à travers la frustration, les besoins de légitimation des pratiques professionnelles et le doute éthique [Osty 2010].
C’est pourquoi la lutte pour la reconnaissance suppose la constitution de deux sujets antagonistes qui entretiennent une relation non instrumentale : l’un adresse des demandes motivées moralement à l’autre et tente de le convaincre de leur bien-fondé par l’argumen-tation ou la force. L’autre dont on suppose des capacités éthiques et une bonne volonté suffisantes pour comprendre la nature des demandes, les comprend et y résiste. Ainsi, la lutte échoue à produire de la reconnaissance si le destinataire des adresses n’admet pas l’existence du conflit ou nie la nature de l’antagonisme pour en rester, par exemple, à un rapport instrumental. La lutte peut aussi échouer si la reconnaissance tombe « à côté » c’est-à-dire si « la reconnaissance accordée par certains acteurs (management, clients) n’est pas celle revendiquée par les travailleurs eux-mêmes » [Dubar et al. 2011, p.320].
Quant à l’échec de la constitution d’une relation antagonique, il peut être le fait de structures sociales, institutionnelles ou juridiques qui ne permettent pas ou interdisent aux individus de s’exprimer. C’est le cas des migrants qui, faute de place légitime dans les arènes de discussion politiques, sont maintenus par les législations nationales dans un indépassable « en-deça d’affrontement moral » [Chavel 2013].
En définitive, la lutte pour la reconnaissance, contrairement à la quête ou à la plainte, comporte toujours une dimension politique au sens de volonté :
d’arracher la capacité à modifier l’état du monde – acquérir un pouvoir de construction – […] même si ce n’est que médiatement, en accompagnant une re-vendication plus circonscrite ou plus précise. Toute lutte pour la reconnaissance porte, d’une part, sur l’objet nommé (l’identité, le mode de vie, la contribution au projet commun, le statut, etc.) et, d’autre part, sur le statut de ‘changeur de monde’. » [Ferrarese 2013b, p.25]
MÉTHODOLOGIE
Ainsi, contrairement à la quête, dans laquelle chacun aspire individuellement à être mieux reconnu, la lutte vise et produit une triple transformation : de soi-même (produc-tion, dans l’affrontement, d’un sujet individuel ou collectif) ; d’autrui, qui abandonne un peu de son pouvoir de construction ; du monde sous l’effet de ces reconfigurations. C’est en ce sens que la lutte pour la reconnaissance est par nature politique, bien que dans un sens plus large que celui adopté par Érik Neveu pour qui « prend une charge politique un mouvement qui fait appel aux autorités politiques (gouvernement, collectivités locales, administrations…) pour apporter, par une intervention publique, la réponse à une reven-dication, qui impute aux autorités politiques la responsabilité des problèmes qui sont à l’origine de la mobilisation » [Neveu 2011].

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Table des matières

Introduction 
De l’autonomie à la reconnaissance, de la philosophie à la sociologie
Une opportunité empirique : le programme de recherche « Travail, sens, reconnaissances »
Travail, santé, justice
Plan de la thèse
I La promotion de la reconnaissance 
Introduction
1 Les deux sources du succès de la reconnaissance. Petite histoire d’un mot entre critique et conformisme
Introduction
1.1 Les difficultés d’un « coup de sonde »
1.1.1 L’obstacle de la polysémie
1.1.2 Une moisson limitée de métadonnées
1.1.3 Analyser une grande masse d’information
1.2 Le boom des publications sur la reconnaissance dans les revues de SHS (1993- 2013)
1.2.1 Croissance et évolutions thématiques
1.2.2 Trajectoire académique
1.2.3 Les chantiers de la reconnaissance
1.3 Les deux sources du succès de la reconnaissance
1.3.1 Philosophie
1.3.2 Management
Conclusion
2 Conflits du travail « classiques » ou luttes pour la reconnaissance ? L’apparition d’un nouveau vocabulaire d’expression des revendications
Introduction
2.1 Sur les traces de la reconnaissance dans les conflits du travail
2.1.1 La reconnaissance en tant que revendication historique
2.1.2 Un mot pour les maux d’aujourd’hui ?
2.1.3 L’hypothèse d’une spécificité des luttes pour la reconnaissance
2.2 Méthodologie
2.2.1 Composition du corpus
2.2.2 Grille d’analyse
2.2.3 Panorama du corpus
2.3 Les caractéristiques des luttes pour la reconnaissance
2.3.1 L’identité professionnelle au cœur des luttes pour la reconnaissance
2.3.2 La constitution du sujet dans la lutte
2.3.3 Les risques de la promotion de la reconnaissance
Conclusion
3 La (petite) place de la reconnaissance en sociologie du travail 
Introduction
3.1 R. Sainsaulieu et P. Bernoux, les précurseurs
10TABLE DES MATIÈRES
3.1.1 R. Sainsaulieu : le retour à la matrice hégélienne
3.1.2 P. Bernoux : reconnaissance et appropriation
3.1.3 L’éclipse de la reconnaissance
3.2 Les raisons de la sociologisation de la reconnaissance
3.2.1 La fin d’un monde où la reconnaissance ne « fait » pas problème
3.2.2 La reconnaissance, objet de la clinique
3.3 Les chantiers de la reconnaissance en sociologie du travail
3.3.1 Subjectivité, sociologie, reconnaissance
3.3.2 Les héritiers de R. Sainsaulieu
3.3.3 Siegrist et la balance investissement/bénéfices
Conclusion
II Des attentes de reconnaissance aux obstacles organisationnels à leur satisfaction 
4 Des jugements individuels aux attentes normatives à l’égard du travail 
Introduction
4.1 Un jugement synthétique
4.1.1 Des attentes individuelles…
4.1.2 …marquées par les trajectoires personnelles
4.1.3 Un continuum du déni total à la pleine reconnaissance
4.2 Registre de l’activité : l’exigence du sens
4.2.1 « Toc, toc, ce n’est pas du travail ça ! » Souffrir d’ennui
4.2.2 Se sentir utile. L’importance de la contribution
4.3 Registre des relations : mesurer la contribution et les contraintes de l’activité 178
4.3.1 Mesurer la contribution
4.3.2 Connaître pour reconnaître
4.4 Le registre de la récompense : du sentiment d’opacité à la critique de la méritocratie
4.4.1 Un univers opaque
4.4.2 Dénoncer des critères méritocratiques bafoués
4.5 Le registre de la personne : être traité « avec humanité »
4.5.1 L’exigence de dignité
4.5.2 Tensions entre particularité et égalité
Conclusion
5 Les obstacles organisationnels à la satisfaction des attentes dans le registre de l’activité 
Introduction
5.1 Conflits autour de la qualité
5.1.1 De la PME industrielle
5.1.2 Au centre d’appel
5.2 Quelques déterminants de la « qualité empêchée »
5.2.1 Le double découpage de l’activité
5.2.2 L’intensification contre la qualité
5.2.3 La valse des managers
5.3 Entre peur du chômage et promesses d’évolution
5.3.1 Des trajectoires tenues par la crainte du chômage
5.3.2 « Évoluer ». Un horizon d’attente
5.4 Du déni des exécutants aux remèdes correcteurs
5.4.1 D’inaudibles exécutants
12TABLE DES MATIÈRES
5.4.2 Corriger ou transformer ?
Conclusion
6 Pouvoir mesurer la contribution et les contraintes de l’activité. Éléments à partir d’une comparaison France-Finlande 
Introduction
6.1 Comparer des ingénieurs
6.1.1 Histoire d’un contrepoint finlandais
6.1.2 À la recherche d’une convention de passage
6.1.3 Des homologues en France ?
6.2 Les conditions d’une implication mesurée et mesurable
6.2.1 Compter ses heures en Finlande
6.2.2 Travailler sans mesure en France
6.2.3 Une culture du présentéisme ?
6.3 Vulnérabilité et conciliation vie familiale/vie professionnelle
6.3.1 Surinvestissement professionnel
6.3.2 Versus « souveraineté temporelle »
Conclusion
III Reconnaissance, santé et organisations du travail : tour d’horizon à partir de l’Enquête européenne sur les conditions de travail 2010 
7 Structure des registres de reconnaissance en France et en Europe. Une montée en généralité à partir de l’EWCS 2010 
Introduction
7.1 À la recherche de données secondaires
13TABLE DES MATIÈRES
7.1.1 Portrait de l’enquête idéale
7.1.2 COI : la reconnaissance comme transaction inscrite dans le temps
7.1.3 SUMER : la reconnaissance comme prédicteur des risques psychosociaux
7.2 Les registres de la reconnaissance à l’épreuve de la représentativité
7.2.1 Le choix de l’enquête EWCS 2010
7.2.2 Questions et méthode
7.2.3 Pourquoi une analyse factorielle exploratoire polychorique ?
7.3 La France parmi les pays européens
7.3.1 Une structure confirmée pour la France
7.3.2 Les dimensions de la récompense et de la personne diversement partagées
7.3.3 Variété des structure d’attentes de reconnaissance en Europe. La piste des modèles sociaux
Conclusion
8 Participation, reconnaissance et santé au travail 
Introduction
8.1 La promotion des « nouvelles pratiques organisationnelles » en lien avec la santé au travail
8.1.1 Les effets contrastés des changements organisationnels
8.1.2 Consensus autour de la participation directe ?
8.1.3 Participation et « stratégie européenne en santé au travail »
8.2 Mesures et modèles
8.2.1 Mesurer la participation, la reconnaissance et la santé au travail
8.2.2 Quelles relations ?
8.3 La reconnaissance dans le processus de construction de la santé au travail
8.3.1 Le rôle médiateur de la reconnaissance
8.3.2 Le poids des organisations du travail
8.3.3 Le rôle de la représentation syndicale
Conclusion
Conclusion 
Bibliographie 

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