L’entreprise d’investissement direct
L’entreprise d’investissement direct est une entreprise dans laquelle un investisseur direct détient au moins 10% des actions ordinaires ou des droits de vote, dans le cas d’une filiale ou d’une société affiliée, ou l’équivalent s’il s’agit d’une succursale ou d’un siège d’exploitation :
une filiale est une entreprise dotée de la personnalité morale dont l’investisseur contrôle directement ou indirectement (par l’intermédiaire d’une autre filiale) plus de 50% des droits de votes des actionnaires ou a le droit de désigner ou de révoquer une majorité des membres du conseil d’administration, du directoire ou du conseil de surveillance.
une société affiliée est une entreprise dans laquelle l’investisseur direct et ses filiales contrôlent 50% au plus (mais 10% au moins) des actions avec des droits de vote ou possèdent un pouvoir de décision effectif dans la gestion.
une succursale est une entreprise filiale à 100% ou entreprise à participation n’ayant pas la personnalité morale distincte dans le pays d’accueil (bureau, biens meubles et immeubles, équipements…) appartenant directement ou indirectement à l’investisseur direct.
Pour mieux comprendre le fonctionnement de la firme multinationale ainsi que son environnement, la connaissance de son historique et de son organisation revêt une importance capitale.
L’organisation de la firme multinationale
Les relations qui peuvent être très complexes, entre la maison mère et les filiales reflètent l’organisation de la firme multinationale. Ces relations se fondent sur un certain degré d’autonomie que la maison mère accorde à ses filiales. Le contrôle des filiales étrangères par la firme multinationale portant surtout sur leur capital ou sur leurs dirigeants revêt un caractère stratégique. En fait, le capital de la filiale peut être contrôlé en totalité ou en partie de façon majoritaire ou minoritaire. Dans ce dernier cas, les coûts en capital occasionnés par le contrôle sont, par conséquent, moindres car les filiales dans le pays hôte sont plus autonomes, mais ils ont une part de responsabilité plus grande. C’est pourquoi, d’ailleurs, la firme multinationale est moins exposée au risque- pays21. Le contrôle des filiales passe également par les budgets que leur accorde la société mère, par l’évaluation de leurs performances et par la place qui leur est assignée dans l’organisation et la stratégie de la firme multinationale. Généralement, l’autonomie laissée aux dirigeants des filiales est plus réduite pour les décisions financières (augmentation du capital, dividendes et redevances, choix du financement de la filiale, plan financier, emprunt aux banques locales) que pour la gestion du personnel (embauche, licenciement, heures complémentaires, modalités de paiement du personnel, restructuration des postes de travail, formation). En ce qui concerne les décisions productives et commerciales telles la pénétration de nouveaux marchés, la capacité et le volume de production, les procédés de fabrication, les produits nouveaux, les coûts de production, les objectifs de vente, les choix des fournisseurs, les crédits à la clientèle, l’entretien des installations, les filiales se trouvent à une échelle d’autonomie intermédiaire. Nombreux sont les facteurs qui agissent sur le mode de contrôle des filiales étrangères. Principalement, on cite la taille de la firme multinationale et sa forme d’organisation, son origine national, la part de capital détenue par la firme multinationale, le risque du pays hôte et les résultats d’exploitation. Les branches d’activités dans lesquelles s’exerce la firme multinationale n’influencent pas, par contre, le mode de contrôle des filiales. Par ailleurs, l’organisation de la firme multinationale évolue en fonction du nombre de ses filiales étrangères qui seront ainsi sous le contrôle d’une « division internationale ». Mais quand les filiales deviennent trop nombreuses et donc incontrôlables par une seule division internationale, d’autres divisions opérationnelles décentralisées se créent alors et se retrouvent à s’occuper soit de chaque secteur soit de chaque région d’implantation des filiales. Selon WILLIAMSON, ces divisions sont considérées comme des « quasi-firmes » et constituent des centres de profit pour la firme multinationale qui, en devenant encore plus grande, pourra choisir une organisation matricielle22. L’organisation ne repose plus donc sur le principe d’unité de commandement car chaque filiale se trouverait sous la responsabilité conjointement d’un directeur de produit et d’un directeur de région. Mais il faut souligner que malgré sa flexibilité, cette dernière organisation se révèle très coûteuse et complexe. De plus, elle entraîne des conflits d’autorité entre les deux directeurs mentionnés précédemment. Ce qui explique l’existence d’une autre organisation dans laquelle on assiste à des alliances entre firmes multinationales ou à la création d’unités stratégiques autonomes qui ne tiennent pas compte des zones géographiques mais se réfèrent directement au marché mondial des produits particuliers. Enfin, on peut énumérer également la forme d’organisation qui a fait son apparition dans les années quatre-vingt dix, et qui repose sur la création d’un quartier général fonctionnel hors du pays d’origine pour desservir toutes les filiales d’une région. Après ces précisions sur les entités dans lesquelles l’IDE s’opère, un éclaircissement sur le phénomène de multinationalisation et donc sur les déterminants de l’IDE vus du côté du pays d’origine, se révèle également opportun.
Les limites des théories de l’oligopole mondial
Même si elles font comprendre pourquoi la concentration internationale s’accentue, les approches de la multinationalisation portant sur la manière de fonctionnement et d’intervention de l’oligopole mondial sont souvent critiquées. En effet, d’une part, elles supposent une mondialisation instantanée de tout marché par réaction et d’autre part, elles estompent les frontières de chaque industrie et n’expliquent pas pourquoi tant de marchés et industries sont oligopolistiques dans le monde. Ainsi, ces théories sur l’oligopole permettant de comprendre l’expansion de l’IDE à travers le monde sont considérées trop statiques car elles ne tiennent pas compte de division du travail et des différenciations au sein d’une industrie, et encore moins à l’intérieur de chaque firme multinationale (CASSON, 1988).
Approche par la nouvelle théorie du commerce international
A cause de l’immobilité des facteurs de production, la firme multinationale est écartée de la théorie traditionnelle du commerce international mais se trouve à la base de considérations théoriques dans la nouvelle théorie du commerce international. Cette dernière soutient que dans le cadre d’une intégration régionale, le choix stratégique des firmes entre exporter ou investir directement à l’étranger devient vivement problématique. Par ailleurs, elle stipule également que généralement, la taille de marché, la proximité des consommateurs et les coûts de facteurs se trouvent parmi les déterminants de la localisation des firmes. En fait, les nouveaux théoriciens du commerce international à l’instar de MUNDELL, soutiennent que les barrières au commerce telles que les restrictions des importations, sous forme de quotas et de droits de douane favoriseraient les investissements directs étrangers. En effet, le commerce et les flux de capitaux étrangers sont considérés substituables et les restrictions au commerce auront comme impacts de conduire les firmes multinationales à investir sur des marchés protégés axés sur le marché intérieur. Ainsi, l’influence de l’intégration régionale sur le choix stratégique des firmes à réaliser des échanges commerciaux ou à investir directement à l’étranger a fait l’objet de nombreuses controverses. En effet, certains auteurs comme MUNDELL (1957), BLOMSTROM M. et KOKKO A. (1997) ont avancé que les accords commerciaux qui réduisent ou éliminent les barrières tarifaires et non tarifaires rendraient les exportations plus rémunératrices internationalement54 et décourageraient les IDE jusqu’à inciter même le rapatriement des actifs détenus par les filiales à l’étranger. D’autres économistes, à l’aide des travaux empiriques [BLONIGEN (1999), DIMAURO (1999), DUPUCH et MILAN (2003)] ou des modèles théoriques [HORSTAM et MARKUSEN (1992), MOTTA et NORMAN (1996)] ont conclu que les flux d’IDE et le commerce sont plutôt complémentaires ou qu’il y a une relation positive entre ces deux paramètres. En fait, selon BLONIGEN, la complémentarité résulte de l’ampleur des échanges intra- branches en biens intermédiaires qui spécifient bien les firmes des pays industrialisés. D’autres auteurs encore, à l’instar de SAGGI, ont démontré qu’il est optimal pour une firme d’exporter tout d’abord dans un premier temps car la demande étrangère est incertaine et de réaliser des investissements directs à l’étranger ensuite, si et seulement si, la demande étrangère est assez importante.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I : APPROCHES THEORIQUES DES DETERMINANTS ET DES EFFETS DE L’INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER
CHAPITRE 1 : LES FONDEMENTS THEORIQUES DE L’INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER
Section I – Le concept d’investissement direct étranger dans la littérature économique
I.1. Concepts d’IDE
I.1.1. L’IDE selon l’OCDE et le FMI
I.1.2. Autres définitions de l’IDE
I.2. La firme multinationale et l’entreprise d’investissement direct
I.2.1. Un carrefour de définitions de la firme multinationale
I.2.2. L’entreprise d’investissement direct
I.2.3. Historique et organisation de la firme multinationale
SECTION II – Les théories à la base de la multinationalisation ou des déterminants de l’investissement direct étranger
II.1. L’approche par l’économie internationale de la multinationalisation
II.1.1. Les limites de l’approche par l’économie internationale de la multinationalisation
II.1.2. Les théories de l’impérialisme sur la multinationalisation
II.2. L’approche par l’économie industrielle de la multinationalisation
II.2.1. Les théories de l’oligopole international
II.2.2. L’apport de la nouvelle économie industrielle sur la multinationalisation
II.2.3. Les limites des théories de l’oligopole mondial
II.3. L’approche par l’économie institutionnelle de la multinationalisation
II.3.1. L’avantage spécifique : l’origine de la multinationalisation
II.3.2. Les théories de l’internalisation et coûts de transaction
II.3.3. L’approche éclectique de la multinationalisation ou le paradigme OLI
II.3.4. L’approche synthétique de la multinationalisation
II.4. Liens entre intégration régionale et Investissement Direct Etranger
II.4.1. Approche par la nouvelle théorie du commerce international
II.4.2. Approche par l’Economie Géographique
II.5. Les principales stratégies des firmes multinationales
II.5.1. La stratégie d’accès aux ressources naturelles
II.5.2. La stratégie d’accès au marché : la stratégie « horizontale »
II.5.3. La stratégie de minimisation des coûts : la stratégie “ verticale ”
II.5.4. La stratégie de partenariat
Section III : Approches théoriques des effets de l’investissement direct étranger sur la croissance économique
III.1. Liens entre l’investissement direct étranger, le capital humain et la productivité
III.1.1. Concept de « spillovers exogènes »
III.1.2. Concept de « spillovers endogènes »
III.2. Impacts de l’IDE sur l’investissement national
III.3. Interactions entre l’IDE et le commerce extérieur
III.4. Effets de l’investissement direct étranger sur la réduction de la pauvreté
III.4.1. Concepts de la pauvreté
III.4.2. Effets de l’investissement direct étranger sur la réduction de la pauvreté
III.5. Analyse théorique des impacts de l’investissement direct étranger sur la compétitivité
III.5.1. Les fondements théoriques de la compétitivité
III.5.2. Les facteurs explicatifs de la compétitivité
III.5.3. L’investissement direct étranger et la compétitivité
CHAPITRE 2 : MODELES THEORIQUES DE L’INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER, LES DETERMINANTS ET LES EFFETS SOCIO-ECONOMIQUES
SECTION I – Notes et commentaires sur le modele théorique de Razin et Sadka sur l’arbitrage entre investissement direct étranger et Investissement de portefeuille
I.1. Les fondements du modèle
I.2. Les hypothèses du modèle :
I.2.1. Management et efficacité
I.2.2. Chocs de liquidité et prix à la revente
I.3. Choix ex- Ante entre IDE et IPF
I.3.1. Valeur attendue de l’IDE
I.3.2. Valeur attendue de l’IPF
I.3.3. Arbitrage entre IDE et IPF
I.4. L’équilibre du marché
I.4.1. La répartition des investisseurs entre IDE et IPF
I.4.2. Analyse théorique des résultats du modèle
I.4.3. La probabilité d’un retrait précoce
I.4.4. Analyse du bien être dans le modèle
I.5. Les enseignements du modèle
SECTION II : Modèle théorique sur les facteurs déterminants de l’Investissement Direct Etranger
II.1. Les hypothèses du modèle
II.2. Equation du Modèle
II.3. Les résultats du modèle
II.4. Mesure du risque- pays : φ
II.4.1 – Hypothèses de la méthode
II.4.2 – Méthode de conception de l’Indice Multidimensionnel du Risque- Pays
Section III : Modèles théoriques des effets de l’Investissement direct étranger sur la croissance économique
III.1. Les théories sur la croissance économique
III.1.1. Les théories traditionnelles de la croissance
III.1.2. Les nouvelles théories de la croissance endogène
III.2. Modèle théorique sur les liens entre l’IDE, le transfert technologique et la croissance économique
III.2.1. Modèle de Findlay sur les « spillovers exogènes »
III.2.2. Modèle de Wang et Blomstrom sur les « spillovers endogènes»
PARTIE II : ANALYSES EMPIRIQUES DES DETERMINANTS ET DES EFFETS DE L’INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE ET A MADAGASCAR EN PARTICULIER
CHAPITRE 3 : APPROCHES PRATIQUES DES FACTEURS DETERMINANTS DE L’INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE ET A MADAGASCAR
SECTION I –Tendances de l’Investissement Direct Etranger en Afrique subsaharienne
I.1. Les flux d’IDE dans le monde
I.2. Les investissements directs étrangers dans la zone d’Afrique subsaharienne
I.2.1. Evolution des flux d’IDE dans la zone de l’Afrique de l’Ouest
I.2.2. Evolution des flux d’IDE dans la zone de l’Afrique centrale
I.2.3. Evolution des flux d’IDE dans la zone de l’Afrique australe
I.2.4. Evolution des flux d’IDE dans l’Est africain
I.3. Flux d’investissement direct étranger à Madagascar
I.3.1. Caractéristiques des entreprises d’IDE à Madagascar
I.3.2. Evolution et aspects des flux d’IDE à Madagascar
SECTION II –Le climat d’investissement en Afrique Subsaharienne : facteur d’attraction de l’investissement direct étranger
II.1. L’environnement juridique et institutionnel en Afrique subsaharienne
II.2. Le système éducatif en Afrique subsaharienne
II.3. Le tissu industriel en Afrique subsaharienne
II.4. Les caractéristiques du marché en Afrique subsaharienne
II.4.1. Ouverture commerciale
II.4.2. Intégration financière internationale
II.4.3. Politique monétaire, de change et compétitivité
II.4.4. Politique budgétaire en Afrique subsaharienne
SECTION III – L’attractivité territoriale vis-à-vis l’investissement direct étranger de l’Afrique Subsaharienne et de Madagascar
III.1. Analyse empirique des facteurs déterminants de l’investissement direct étranger en Afrique subsaharienne : application de l’ACP
III.2. Modélisation économétrique des facteurs déterminants de l’investissement direct étranger en Afrique subsaharienne et à Madagascar en particulier
III.2.1. Revue de la littérature empirique
III.3.2. Analyse économétrique sur le panel de 37 pays de l’Afrique subsaharienne
III.3.2. Les facteurs déterminants de l’IDE à Madagascar
Conclusion
CHAPITRE 4 : ETUDE DE CAS PRATIQUE ET APPORTS DE LA THESE DANS L’ANALYSE DES IMPACTS DE L’INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER A MADAGASCAR
SECTION I – Effets de l’investissement direct étranger sur le capital humain, la productivité et la croissance économique à Madagascar
I.1. Faits stylisés sur les impacts de l’investissement direct étranger sur la croissance économique à Madagascar
I.2. Effets de l’investissement direct étranger sur le capital humain, la productivité et la croissance économique à Madagascar
I.3. Impacts de l’investissement direct étranger du secteur pétrolier sur le capital humain et la productivité à Madagascar
I.3.1. Composition de l’industrie pétrolière à Madagascar
I.3.2. Impacts des investissements directs étrangers du secteur pétrolier sur le capital humain, la productivité et la croissance économique à Madagascar
Section II – Interactions entre l’investissement direct étranger, l’investissement domestique et le commerce extérieur à Madagascar
II.1. Niveau de l’épargne et de l’investissement national à Madagascar
II.2. Les impacts de l’investissement direct étranger du secteur pétrolier sur l’investissement domestique à Madagascar
II.3. Interactions entre l’investissement direct étranger et le commerce extérieur à Madagascar
Section III – Effets de l’investissement direct étranger en termes d’emplois, de réduction de pauvreté et du bien- être social à Madagascar
III.1. Taux de pauvreté, niveau de revenus et emplois au sein des entreprises d’IDE à Madagascar .. 257
III.2. Retombées des flux d’IDE en termes d’emplois et de réduction de la pauvreté à Madagascar
III.3. Création d’emplois dans les entreprises d’investissement direct étranger du secteur pétrolier à Madagascar
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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