LES DETERMINANTS DES PERFORMANCES SCOLAIRES
Les inégalités entre enfants sont déjà présentes à l’entrée en maternelle, et l’école ne parvient pas à les réduire pendant les premières années de la scolarité : elles vont au contraire s’accumuler petit à petit en primaire, de manière plus marquée au début du secondaire. Même si l’effet de l’origine sociale est très faible, les inégalités se sédimentent avec le temps. Ce phénomène d incorporation de l’influence de l’origine sociale, le sexe et la nature de l’établissement fréquenté dans la valeur scolaire des élèves fait qu’à partir du collège, l’origine sociale ne cesse d’être associée spécifiquement à la réussite. Ces trois éléments sont donc à la fois de plus en plus importants car ils clivent de plus en plus les populations, mais dans le même temps le déroulement des cursus apparaît de plus en plus méritocratique, ce qui n’est vraisemblablement pas sans portée en termes de légitimation des inégalités. La faiblesse de la mobilité intergénérationnelle pose le problème du système éducatif, en principe basé sur l’égalité des chances et la juste récompense des mérites de chacun (méritocratie). En effet, les résultats scolaires apparaissent comme très dépendants de l’origine sociale des enfants. Plus le cursus scolaire s’allonge ou plus la filière est prestigieuse et plus les enfants d’ouvriers sont sous-représentés et ceux des cadres supérieurs surreprésentés. C’est pourquoi, l’interrelation entre origine sociale et réussite scolaire devient un, des faits les mieux établis par les sciences sociales. En revanche, la question de savoir comment elle se constitue est encore une question ouverte.
Suite à cette origine sociale différente, les parents de la classe sociale aisée envoient leurs enfants à l’établissement privé qu’ils croient performant et efficace par rapport à l’établissement public. Dans tous les pays africains, les écoles sont mixtes. Cependant, une conception gagne de place, la société accorde plus de chance de réussite aux garçons par rapport aux filles. Voilà pourquoi les filles se sentent écartées de la réussite scolaire et de l’école.
CADRE THEORIQUE ET PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE AVEC LES ETABLISSEMENTS CIBLES
Les systèmes scolaires assurent trois fonctions : la première fonction est une fonction éducative, l’école devant former les individus, les rendre capables d’autonomie et de rationalité face à leur environnement. Mais elle doit également les socialiser. Il s’agit là de sa seconde fonction, qui consiste à leur transmettre les normes qui leur permettront de s’intégrer dans la société et de fonctionner en son sein. Enfin, la troisième fonction est la fonction de distribution : l’école est également l’institution qui distribue des diplômes et par ce biais assigne aux individus la place qui sera la leur dans la société : les diplômes acquis à l’école fonctionnent comme de véritables sésames pour l’obtention d’emplois qui, à leur tour, assignent aux individus qui les occupent des positions et statuts sociaux hiérarchisés. Cette dernière fonction, jadis soumise aux deux premières, a pris, avec la massification du public scolaire et l’ouverture de l’école à tous, un poids croissant. De nos jours, l’importance de cette fonction distributive aurait ainsi surpassé celle des deux autres fonctions : l’enjeu de la réussite scolaire serait donc devenu la réussite sociale, parallèlement la notion d’échec scolaire serait intimement liée à celle d’échec social. Pourquoi, alors qu’ils sont placés côte à côte dans la même classe, sous la responsabilité d’un même enseignant, deux élèves obtiennent aujourd’hui des résultats différents et suivront demain des parcours scolaires différents.
APPARTENANCE SOCIALE ET DESTINS SCOLAIRES
Cadre conceptuel
Persévérance, réussite et décrochage scolaires
Motivation et persévérance scolaire
La motivation en contexte scolaire est un état dynamique qui a ses origines dans les perceptions qu’un élève a de lui même et de son environnement qui l’incite à choisir une activité ; à s’y engager et à persévérer dans son accomplicément afin d’atteindre un but.
La persévérance ou encore la poursuite des études est à la base même de la réussite scolaire des jeunes. Pour susciter cette persévérance, il faut que les études soient suffisamment valorisées auprès des jeunes pour que ces derniers soient motivés et s’y investissent, qu’ils se sentent capables de réussir un parcours adapté à leurs capacités et aspirations et pour que les exigences de leur vie d’élève s’harmonisent avec les autres dimensions de leur vie.
Réussite scolaire
D’abord, le concept de réussite scolaire est polysémique et multidimensionnel. Concrètement, son étude s’articule en fonction des paradigmes adoptés par les chercheurs et les praticiens. Chaque auteur et organisme qui fait des études en matière d’éducation, ont leur propre manière de définir la réussite scolaire. D’abord, Landsheere présente la réussite scolaire comme : « une situation où un objectif éducatif a été atteint». Selon Perrenoud , la réussite scolaire est une appréciation globale et institutionnelle des acquis de l’élève, que l’école fabrique par ses propres moyens, en un point donné du cursus, puisqu’elle présente sinon comme une vérité unique, du moins comme la seule légitime dès lors qu’il s’agit de prendre une décision de redoublement, d’orientation/sélection ou de certification. La réussite scolaire renvoie : « À l’atteinte d’objectifs de scolarisation, liés à la maîtrise de savoirs déterminés. C’est à dire au cheminement parcouru par l’élève à l’intérieur du réseau scolaire » Ces définitions nous montrent que la réussite scolaire est synonyme d’achèvement avec succès d’un parcours scolaire (atteinte d’objectifs d’apprentissage et maîtrise des savoirs). Les résultats scolaires et l’obtention d’une reconnaissance des acquis (diplôme,certificat, attestation d’études, etc.) sont des indicateurs de réussite scolaire. Ce terme est donc porteur d’une idée de rendement et de performance.
Décrochage scolaire
Le décrochage scolaire souligne les difficultés du milieu scolaire et de la société à remplir leurs engagements à l’égard de la persévérance et de la réussite scolaires d’une bonne partie des élèves. Le décrochage scolaire n’est pas la conséquence d’une décision spontanée de l’élève, mais bien l’aboutissement d’un long processus qui résulte de l’interaction de l’enfant ou de l’adolescent avec ses environnements familial, scolaire et social. Les facteurs qui y sont associés sont multiples et le plus souvent ils s’additionnent et se multiplient les uns aux autres, sans qu’il soit nécessairement possible de distinguer clairement une relation de cause à effet entre eux. Le décrochage est considéré comme un processus, c’est-à-dire « comme le point culminant d’un long processus de désengagement envers le milieu scolaire ».
Egalité des chances
Selon Raymond BOUDON, l’égalité des chances (en tant que valeur sociale) est une notion compliquée à définir. Le terme égalité est, en effet, polysémique, et donc sujet à polémique. Notons également l’ambiguïté du terme chance. L’égalité des chances, c’est une exigence qui veut que le statut social des individus d’une génération ne dépende plus des caractéristiques morales, ethniques, religieuses, et surtout financières et sociales des générations précédentes. Il s’agit de réduire certaines inégalités, afin de les rendre sinon justes, du moins acceptables. En sociologie de l’éducation, le constat d’inégalité des chances se fonde en général sur « la différence, en fonction des origines sociales, dans les probabilités d’accès aux différents niveaux de l’enseignement et particulièrement aux niveaux les plus élevés ». L’égalité des chances signifie alors l’absence de liens systématiques entre ce que l’on atteint et ses propres appartenances caractéristiques. L’égalité des chances est une vision de l’égalité qui cherche à faire en sorte que les individus disposent des « mêmes chances », des mêmes opportunités de développement social, indépendamment de leur origine sociale ou ethnique, de leur sexe, des moyens financiers de leurs parents,… Selon les sociologues, l’utopie des politiques d’égalité des chances, c’est de prétendre « produire de l’égalité tout en présupposant des inégalités qui en elles-mêmes ne sont pas contestées ». Elle suggère que les individus sont libres de saisir ou non leur chance, et qu’ils sont donc in fine responsables de ce qui leur arrive. Dans ce cas, les inégalités sont justes puisque toutes les places sont ouvertes à tous.
École, famille et communauté
Le partenariat entre l’école, la famille et la communauté est primordial pour la persévérance et la réussite scolaires des élèves. Nous assistons à une ouverture des champs social et scolaire autour de l’émergence et de la consolidation de partenariats entre l’école, la famille et la communauté, qui s’incarnent de manière prépondérante dans l’idée d’assurer la réussite éducative des élèves. Pour renforcer l’action de l’école, l’implication de la famille et de la communauté constitue un facteur important. Plusieurs chercheurs ont évalué différents modes de collaboration entre l’école, la famille et la communauté et ont conclu à des résultats positifs.
Parmi les effets bénéfiques relevés, mentionnons, notamment :
– Une baisse du décrochage scolaire;
– Un taux de diplomation plus élevé;
– Une diminution du taux d’absence des élèves pour des problèmes mineurs de santé;
– Et une plus grande implication des parents dans la chose scolaire;
Cette collaboration école et communauté ne soustrait pas l’école à la nécessité de revoir son organisation scolaire.
Classe sociale et parcours scolaire
Classe sociale et performance scolaire
Dès la maternelle, des différences de performances selon les milieux sociaux d’origine sont enregistrées. Ainsi, en moyenne section de maternelle (4-5 ans), les enfants de cadres moyens et supérieurs présentent des performances supérieures à celles des enfants d’ouvriers non qualifiés à des épreuves appartenant à des domaines cognitifs tels que la structuration spatiale ou l’organisation temporelle. Le domaine où cet écart est le plus marqué est celui de la logique verbale. Cet écart très précoce de performances n’est pas réduit par la fréquentation du milieu scolaire, comme l’atteste une étude épidémiologique menée à l’initiative du Ministère de l’Education Nationale français suivant une cohorte de 10 000 élèves. Cette étude montre qu’à l’entrée en classe de Cours Préparatoire, les élèves des milieux les moins favorisés sont encore ceux qui enregistrent de moindres performances dans les activités de « prélecture » ou encore dans la reconnaissance du nom des lettres. Or, il s’agit ici de pré-requis essentiels dont la maîtrise est prédicatrice d’un apprentissage de la lecture adéquat au cours de l’année de C.P. Chaque année d’acquisition scolaire s’appuyant sur les acquis des années antérieures, tout se passe donc comme si les inégalités de performance constatées au tout début de la scolarité s’entretenaient d’une année scolaire sur l’autre. « Les inégalités sociales qui se sont mises en place à un niveau vont avoir un effet pérenne, par l’intermédiaire du niveau scolaire atteint à l’entrée dans l’année suivante ».
Intelligence et classe sociale
En ce qui concerne les différences de niveaux intellectuels enregistrés chez les individus en fonction de leurs milieux sociaux d’origine, nous pouvons dire qu’il existe véritablement un lien entre le fait d’appartenir à un milieu social privilégié et le fait de manifester un haut niveau d’intelligence. Nous constatons une hyper-concentration des personnes les plus « intelligentes » au sein des catégories sociales dominantes tandis que les catégories sociales les moins favorisées regrouperaient les individus « les moins intelligents ».
Classes sociales et orientation : conception des élèves par les enseignants
Dumora et ses équipes, ils ont constitué des dossiers scolaires fictifs d’élèves de seconde qu’ils ont présentés à des professeurs de seconde générale et technologique.22 Les dossiers scolaires constitués relataient des résultats relativement moyens car c’est pour ces catégories d’élèves moyens que les biais d’orientation interviennent le plus. Ces professeurs avaient pour consigne de proposer une orientation pour ces élèves. Les dossiers scolaires étaient précédés d’une brève description faisant apparaître quelques caractéristiques des élèves auxquels ils étaient censés appartenir. Cela permettait alors d’introduire les deux variables étudiées : le sexe de l’élève (masculin versus féminin) ainsi que son milieu social d’origine (élevé versus moyen/faible).
CONCLUSION GENERALE
En somme, dans cette recherche intitulée « «Inégalité de chances de réussite scolaire dans un milieu rural, étude menée auprès de deux collèges d’Alasora » .Nous voulions au départ présenter que l’infrastructure d’accueil, l’organisation générale de l’établissement, la psychopédagogique forment les facteurs liés à la réussite des élèves.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
Introduction de la première partie
CHAPITRE I : APPARTENANCE SOCIALE ET DESTINS SCOLAIRES
I.Cadre conceptuel
A.Persévérance, réussite et décrochage scolaires
1.Motivation et persévérance scolaire
2.Réussite scolaire
3.Décrochage scolaire
4.Egalité des chances
B.École, famille et communauté
II.Classe sociale et parcours scolaire
A.Classe sociale et performance scolaire
B.Intelligence et classe sociale
C.Classes sociales et orientation : conception des élèves par les enseignants
D.Sexe et performances scolaires
III. Théories sur la performance selon le genre
A.Théorie avant le20éme siècle
B.Théorie à partir du 20éme siècle
IV. Théories des auteurs sur les inégalités sociales
A.La thèse de Pierre Bourdieu
1.Les différentes notions utilisées par l’auteur
a.Capital :
b.Capital économique :
c.Capital culturel :
d.Capital social :
e.L’habitus :
2.Reproduction scolaire et reproduction sociale
a.Classes sociales et capitaux « utiles » dans la reproduction sociale
b.Le capital se transmet, l’école reproduit
c.La sélection scolaire est une sélection sociale
B.La thèse de Raymond Boudon
1.Quelques précisions sur les notions utilisées par l’auteur
2.Nos sociétés sont des sociétés méritocratiques
3.Inégalité des chances devant l’école
4.Démocratisation de l’enseignement et mobilité sociale
CHAPITRE II: LES DETERMINANTS DES PERFORMANCES SCOLAIRES
I.Le déterminisme social
A.Pratiques familiales
B.Les styles éducatifs et les pratiques éducatives
1.Le mode de structuration familiale
2.Les pratiques éducatives familiales
C.L’accompagnement scolaire
II.Les facteurs familiaux
A.Les aspirations des parents et les systèmes de valeurs
B.La disponibilité des parents
C.Facteurs psychologiques
D.Les Pratiques parentales de base (style parental)
III. Les facteurs sociodémographiques
A.Niveau d’étude des parents
B.Le niveau socio-économique des parents
C.La structure familiale
CONCLUSION GENERALE
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