Les déterminants de la pratique de la mammographie des femmes

Le cancer du sein reste le cancer féminin le plus fréquent en France avec 58 549 cas en 2018 . Le pronostic et les séquelles liés à cette pathologie et/ou à son traitement dépendent de la précocité du diagnostic . En raison de ces chiffres, le dépister le plus tôt possible afin de pouvoir le prendre en charge précocement semble pertinent. En France, le dépistage organisé (DO) est basé sur la pratique d’une mammographie tous les deux ans entre 50 et 74 ans et sur la pratique d’une palpation mammaire annuelle à partir de 25 ans.

Le DO a été mis en place en France en 2004. Après une augmentation progressive du taux de participation dans les premières années avec un taux de participation national maximal de 58,3% en 2011, ce taux a finalement diminué et n’est plus que de 48,6% en 20194 . Actuellement, en France, selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS), le DO concerne les femmes de 50 à 74 ans ne présentant pas de facteurs de risque importants. Les femmes ayant des facteurs de risque considérés comme importants auront des modalités de dépistage adaptées (par exemple une mammographie annuelle et un examen clinique semestriel si elles ont un antécédent personnel de cancer du sein) . Les femmes concernées par le DO sont invitées par courrier à se rendre dans les cabinets de radiologie agréés. Néanmoins, de nombreuses interrogations et critiques existent sur l’âge comme principal critère pour la réalisation et la fréquence des mammographies. Les critiques se portent aussi sur les limites du dépistage et de ses risques . Ainsi, en 2000, une méta analyse remettait en cause la diminution de la mortalité du cancer du sein due au DO . Depuis quelques années, émergent aussi les notions de surdiagnostics, de surtraitements et de cancer d’intervalle qui complexifient encore la situation alors que leurs importances varient selon les études. Le sur-diagnostic est la découverte sur une mammographie de lésions qui n’auraient peut-être jamais influé sur la santé des femmes dépistées. Ces sur diagnostics seraient à l’origine de surtraitements avec les effets indésirables potentiels liés à la prise en charge diagnostique et thérapeutique (biopsies, chirurgies, chimiothérapies, hormonothérapies, radiothérapies) . En outre, les faux positifs provoqueraient un stress important et persistant plusieurs mois à années après la prise en charge . Ali et al. ont aussi introduit la notion de cancers radio induits dus à la réalisation régulière de mammographie. Ce risque serait d’autant plus important lorsque le dépistage par mammographie est débuté précocement et sa fréquence élevée . Dans ce contexte, des études sont en cours dans de nombreux pays sur l’intérêt d’une personnalisation du DO en fonction de facteurs de risques personnels, familiaux, environnementaux ou encore génétiques (études MyPeBS et WISDOM).

Les facteurs de risque du cancer du sein sont nombreux et variés. Nous pouvons citer les facteurs génétiques et notamment les antécédents de cancers hormonodépendants au premier degré, la présence de certaines pathologies bénignes du sein, l’âge tardif de la première grossesse (après 35 ans), les antécédents d’irradiation thoracique, le surpoids ou l’obésité, l’alcool, le manque d’activité physique, le tabagisme qu’il soit actif ou passif ou encore l’âge tardif de la ménopause.Certains de ces facteurs de risque (notamment le surpoids, l’obésité et la sédentarité) ont une prévalence en constante augmentation dans la population générale française et représentent un risque majeur de santé publique.

Ainsi il ne semble pas satisfaisant que le taux de participation au DO plafonne autour de 50 % en France et de 56-57 % en Normandie depuis une dizaine d’années . De nombreuses initiatives cherchent à promouvoir ce DO notamment à l‘occasion d’« Octobre rose ». Cet événement a été instauré en 1992 aux États-Unis grâce à une entreprise privée et a été organisé en France pour la première fois en 1994. Cet événement, ayant lieu chaque année durant tout le mois d’octobre, a aujourd’hui une portée internationale, en témoignent les manifestations notamment au Brésil, en Inde, en Argentine, à Dubaï ou au Japon. Il a pour objectif de récolter des dons et d’informer les femmes ainsi que leur entourage sur les modalités et l’intérêt du dépistage ainsi que de faciliter le dialogue autour de ce DO.

Discussion

Rappel des principaux résultats

Dans ce travail, l’hypothèse initiale était que les femmes réalisant une mammographie de manière régulière dans le cadre du DO n’étaient pas forcément les femmes ayant le plus de risque de développer un cancer du sein. Cette hypothèse a été confirmée pour le tabac. Pour d’autre facteurs de risque, nous n’avons pas mis en évidence de différence significative. Ainsi, dans notre étude, nous n’avons pas mis en évidence de différence significative concernant l’activité physique, la consommation d’alcool ou la prise de THS. Nous n’avons pas non plus mis en évidence de différence en fonction de l’importance de la distance avec un centre de mammographie, ni des antécédents familiaux de cancer du sein, de l’endomètre ou des ovaires. Nous avons aussi étudié les freins à la pratique de la mammographie et avons montré que la gêne ou la douleur étaient bien ressenties comme des freins contrairement à la dangerosité possible de cet examen.

Nous avons travaillé sur les éléments motivant les femmes à participer au moins une fois au DO. La motivation qui revient le plus fréquemment est l’attention portée à leur santé et les messages portés par les différents médias. Viennent ensuite l’existence d’antécédents de cancer dans leur famille, l’existence de symptômes et le conseil d’un médecin. Enfin, certaines patientes ont retenu comme sources de motivation la gratuité de l’examen, l’existence de cancer dans l’entourage et d’être dans la tranche d’âge ciblée.

Enfin, nous avons étudié les déterminants à la réalisation d’une mammographie en dehors de l’âge cible du DO. Dans ce contexte, nous n’avons pas mis en avant de différence significative entre les femmes pratiquant une mammographie en dehors de l’âge cible et celles n’en faisant pas en fonction des différents facteurs de risques de cancer du sein.

Analyse des résultats et comparaison avec la littérature

Réalisation de la mammographie des femmes de 50-74 ans de manière régulière 

Notre hypothèse initiale était que les femmes les plus à risque d’avoir un cancer du sein n’étaient pas forcément celles qui étaient les plus assidues dans la pratique de la mammographie.

Dans notre étude, nous n’avons pas toujours pu mettre en évidence de lien entre les facteurs de risque et une moins bonne participation au dépistage organisé. Y a t-il réellement un suivi aussi satisfaisant entre les femmes consommant de l’alcool ou faisant moins de sport en Normandie occidentale que celles n’ayant pas ces facteurs de risque ? On peut s’interroger sur le manque de puissance de notre étude dû à une taille d’échantillon assez limitée. En effet, seulement très peu de femmes ont admis avoir une surconsommation d’alcool, le biais d’acceptation sociale peut jouer un rôle et expliquer le peu de réponses.

Nous n’avons pas mis en évidence de différence significative entre les femmes ayant utilisé les THS et celles n’en ayant pas utilisé quelle que soit leur durée d’utilisation, cela va à l’encontre de ce qui est dit habituellement. En effet, leur utilisation au-delà de 5 ans est considérée comme un facteur de risque de cancer du sein. Néanmoins, leur prescription est associée à une consultation que ce soit en médecine générale ou auprès d’un gynécologue , l’occasion pour le médecin de rappeler l’importance de la mammographie. Ainsi, les femmes qui utilisent ces traitements savent que cela constitue un surrisque et ont plus tendance à participer au dépistage organisé.

Avoir un antécédent familial de cancer hormono-dépendant (sein, endomètre ou ovaire) aurait pu augmenter le taux de participation au dépistage organisé. En effet, ces femmes, du fait de leur expérience familiale, ont des connaissances plus importantes tant sur la maladie elle-même que sur les modalités de dépistage. Or, dans notre étude, nous n’avons pas de différence. On peut encore mettre en avant notre faible échantillon. Néanmoins, dans d’autres études plus puissantes que la nôtre, notamment dans l’étude Edifice, il n’y avait pas non plus de différence significative entre ce facteur et une meilleure participation au dépistage .Cela pourrait s’expliquer par une peur plus importante du résultat.

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Table des matières

Introduction
Matériel et Méthode
1. Les objectifs
2. Type d’étude
3. Population de l’étude
4. Critères de jugement
5. Aspect éthique
6. Analyse statistique
Résultats
1. Description de l’échantillon
2. Réalisation de la mammographie des femmes âgées de 50 à 74 ans en fonction des différents facteurs de risque
3. Les différents freins
4. Les motivations des Femmes à la pratique de la mammographie
5. L’autopalpation
6. Les déterminants à la réalisation de la mammographie en dehors de l’âge ciblé par le DO
a. Déterminant à la réalisation de la mammographie après 75 ans
b. Déterminants à la réalisation d’une mammographie avant 50 ans
Discussion
1. Rappel des principaux résultats
2. Analyse des résultats et comparaison avec la littérature
a. Réalisation de la mammographie des femmes de 50-74 ans de manière régulière
b. Les différents freins
c. Les motivations à la réalisation d’au moins une mammographie dans le cadre du DO
d. Focus sur l’autopalpation des seins
e. Pratique d’une mammographie en dehors de l’âge cible
3. Forces de l’étude
4. Limites de l’étude
a. Les biais
b. Points non abordés
c. Difficulté pratique
Conclusion

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