Les dermatoses du cuir chevelu de l’enfant

Dans les pays en développement, les affections dermatologiques constituent un problème de santé publique majeur. Dans les centres de santé, on estime que 30% des malades consultent en raison d’un problème dermatologique [1]. Les troubles dermatologiques représentent également une part importante des consultations en dermatologie pédiatrique [2]. En Afrique, elles peuvent toucher jusqu’à 80% des enfants [3]. Les dermatoses du cuir chevelu de l’enfant ne sont pas en reste et représentent 8,7% des consultations [4]. Elles constituent donc une part importante en pratique quotidienne et sont un motif fréquent de consultation [5]. Les étiologies sont nombreuses et dominées par les dermatoses infectieuses [5, 6] en particulier la teigne du cuir chevelu (TCC) et les dermatoses inflammatoires telles que la dermite séborrhéique (DS). Cette fréquence des dermatoses infectieuses en zone tropicale serait favorisée par le climat, un défaut d’hygiène et la promiscuité. Ces 3 derniers facteurs jouent un rôle prépondérant dans la prolifération des TCC [7]. Quant aux dermatoses inflammatoires, la topographie au cuir chevelu peut créer des confusions avec les TCC, c’est le cas des états squameux du cuir chevelu (CC) au cours de la DA et du psoriasis. La plupart des DCC de l’enfant peuvent être prévenues et traitées. Aussi, un diagnostic précoce est crucial afin de prévenir une aggravation et des complications incluant une alopécie cicatricielle [8]. Le pronostic esthétique est le plus souvent engagé avec un profond impact psychologique aussi bien chez l’enfant que chez ses parents. En effet, les cheveux jouent un rôle majeur dans la définition de l’individu et l’apparence. Par conséquent, une alopécie peut influencer négativement l’estime de soi et entraîner un profond impact psychologique. Il est donc important de traiter les dermatoses pilaires sans oublier l’aspect psychologique[9].

Matériels et méthode

Cadre d’étude 

Notre étude a été réalisée conjointement dans différents services de Dermatologie de Dakar à savoir l’Hôpital Aristide Le Dantec (HALD), l’Institut d’Hygiène Social (IHS) et le Centre Hospitalier National d’Enfant Albert Royer (CHNEAR).

-Le service de HALD constitue le service de référence dans la prise en charge des affections cutanées au Sénégal. Le service comporte 3 salles de consultation, 2 salles de soins et 20 lits d’hospitalisation. Les membres du personnel sont au nombre de 31 dont 20 paramédicaux et 11 médecins. Les médecins sont composés de 2 professeurs titulaires, 2 professeurs assimilés, 1 maître de conférences titulaire, 2 médecins dermatologues, 4 internes des hôpitaux et 84 médecins en cours de formation pour l’obtention du DES (Diplôme d’Etudes Spécialisées en dermatologie). Tous les ans, environ 7000 malades reçoivent des soins dermatologiques parmi lesquels 250 sont hospitalisés. Le service a pour mission : les soins, la formation et la recherche dans le domaine de la Dermatologie.

-Le service de dermatologie de l’IHS est le premier centre de référence des maladies sexuellement transmissibles et le 2ème centre de référence en dermatologie au Sénégal. Les ressources humaines sont constituées de médecins dermatologues dont 1 professeur titulaire, 1 professeur assimilé, 1 interne et par 1 personnel paramédical. Le service a une triple vocation de soins, de formation et de recherche. Le service reçoit en moyenne 17000 patients par an en consultation avec environ 200 hospitalisations annuelles. Il reçoit chaque année en moyenne 15 médecins en cours de formation pour l’obtention du DES en dermatologie-vénéréologie, de médecine interne, de maladies infectieuses, de rhumatologie et plus d’une soixantaine d’étudiants en médecine.

-Le service de Dermatologie du CHNEAR est un service de référence dans la prise en charge des dermatoses pédiatriques au Sénégal. Le service comporte 3 salles de consultation, 1 salle de soin, un secrétariat médical et 7 lits d’hospitalisation. Le personnel médical est composé d’un professeur titulaire, d’une assistante chef de clinique, d’un médecin dermatologue et d’un ancien interne des hôpitaux. Le personnel paramédical est composé d’un assistant infirmier, deux aides infirmiers et d’une secrétaire médicale. En moyenne, le service assure 1500 consultations par an. Le nombre de malades hospitalisés n’a pas été évalué. Le service a pour mission: les soins, la formation et la recherche dans le domaine de la Dermatologie en particulier pédiatrique.

DISCUSSION 

Nous rapportons une étude portant sur les dermatoses du cuir chevelu de l’enfant rencontrées en consultation, avec un recueil prospectif des données sur une période de 6 mois, allant du 01 février au 01 août 2021, dans les différents services de Dermatologie-Vénéréologie de Dakar, au Sénégal.

-Apport de ce travail :
Il s’agirait à notre connaissance de la première étude au Sénégal qui s’intéresse aux dermatoses du cuir chevelu de l’enfant permettant d’élaborer une démarche diagnostique des différentes pathologies et présentations cliniques rencontrées en consultation de dermatologie.
-Limites de l’étude :
La situation épidémiologique particulière (COVID 19) avec une réduction de la fréquentation des patients envers les structures sanitaires. Les explorations paracliniques n’étaient pas exhaustives chez nos malades par faute de moyens.

Données épidémiologiques

Fréquence
Durant la période d’étude, nous avons colligé 120 malades sur les 1260 reçus en consultation, correspondant ainsi à une fréquence de 10,5%. Une fréquence moins importante était rapportée en Italie (7,19%) [19] et au Nigeria (1,1%) [20]. Cependant une fréquence beaucoup plus élevée était retrouvée au Ghana (40,5%) [21] et au Mali (36,88%) [5]. L’atteinte du cuir chevelu constitue ainsi un motif fréquent en Dermatologie. Cette fréquence élevée en zone tropicale pourrait être la conséquence d’une hygiène défectueuse, de conditions socioéconomiques médiocres et d’une insuffisance de soins médicaux [22]. Cependant, il est à noter que la durée de recrutement étaient plus longue dans plusieurs études [5, 19, 20]. Le CHNEAR étant un hôpital spécialisé pour enfants explique le fait qu’on ait recruté 48,3% de nos patients. Notre cohorte était inférieure à celle de Conti en Italie avec 190 enfants [19], de Berry avec 200 patients [21] et enfin de Sharma avec 300 enfants [23]. Elle est comparable à celle de Nnoruka avec 113 enfants [20]. Par contre, elle était supérieure à celle de Brar avec 50 enfants [24]. Notre faible échantillon pourrait s’expliquer d’une part par la courte durée de notre étude et d’autre part par la nature prospective de l’étude coïncidant également avec la pandémie Covid 19.

Âge
L’âge moyen de notre population d’étude était de 4,4 ans et la tranche d’âge la plus touchée était de 0 à 2 ans avec 35,5% (n=47). Une moyenne d’âge plus élevée était retrouvée dans de nombreuses études; en Inde [23], au Mali [5], en France [10] ou encore en Ethiopie [12]. Par contre, Sharma rapportait que la tranche d’âge la plus touchée était de 7 à 12 ans (47%) et la moins touchée était de 0 à 2 ans (5,33%) [23]. Dans notre série, les dermatoses infectieuses étaient retrouvées en majorité entre 6 et 10 ans. La teigne prédominait ainsi dans cette même tranche d’âge dans 58,1% (n=25). Ces résultats étaient comparables à ceux obtenus dans la série de Nnoruka [20], Boumhil [25], Cisse [26] et Ndiaye [27]. On retrouvait donc une homogénéité dans les différentes études réalisées. Celle-ci pourrait s’expliquer notamment par le début d’âge scolaire où il existe une forte promiscuité notamment lors des jeux, en classe et également un partage de peignes, habits, jouets, bonnets, oreillers… [28, 29, 20]. Les dermatoses inflammatoires/auto-immunes étaient quant à elles, retrouvées en majorité entre 0 et 2 ans. La DA prédominait également dans cette même tranche d’âge.

Nos résultats étaient similaires à ceux retrouvés dans la littérature. En effet, Mcdonald rapportait une tranche d’âge de 2 à 6 mois [2], Sinéad de 3 à 6 mois [28] et Marrone un âge inférieur à 1 an [11]. Dans notre série, la totalité des patients présentant une DS étaient âgés entre 0 et 2 ans. Ce résultat va dans le sens de McDonald [2], de Conti [19] et de Brar [24]. Dans notre étude, l’âge moyen des 3 patients atteints de pelade était de 6 ans. Une moyenne d’âge plus élevée était respectivement retrouvée par Nnoruka [20] et Sharma [23]. Cependant, Al-Refu rapportait une moyenne d’âge plus jeune avec 3,6 ans [30]. Un lien statistiquement significatif a été retrouvé entre l’âge et les dermatoses infectieuses et inflammatoires/auto-immunes.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. MÉTHODOLOGIE
I.1. Objectifs de l’étude
I.1.1. Objectif principal
I.1.2. Objectifs spécifiques
I.2. Matériels et méthode
I.2.1. Cadre d’étude
I.2.2. Type et période d’étude
I.2.3. Population d’étude
I.2.4. Déroulement de l’étude
I.2.5. Critères d’inclusion
I.2.6. Critères de non inclusion
I.2.7. Recueil et collecte des variables étudiées
I.2.8. Ethique
I.2.9. Analyse statistique
II. RÉSULTATS
II.1. Etude descriptive
II.1.1. Aspects épidémiologiques
II.1.1.1. Répartition des patients selon le lieu de recrutement
II.1.1.2. Répartition selon les pathologies
II.1.1.3. Répartition des patients selon les caractéristiques sociodémographiques
II.1.1.3.1. Répartition des patients selon l’âge
II.1.1.3.2. Répartition des patients selon le sexe
II.1.1.3.3. Répartition des patients selon l’ethnie
II.1.1.3.4. Répartition des patients selon la scolarisation et le niveau socioéconomique
II.1.2. Aspects cliniques
II.1.2.1. Répartition des patients selon la durée d’évolution des symptômes
II.1.2.2. Répartition des patients selon l’itinéraire thérapeutique
II.1.2.3. Répartition des patients selon le traitement reçu avant la consultation en dermatologie
II.1.2.4. Répartition des patients selon les antécédents et/ou terrain
II.1.2.4.1. Répartition selon l’existence d’un contact avec les animaux
II.1.2.5. Répartition des signes fonctionnels en fonction des pathologies
II.1.2.6. Répartition des signes physiques en fonction des pathologies
II.1.2.6.1. Répartition des lésions élémentaires en fonction des pathologies
II.1.2.6.2. Répartition de la topographie des lésions en fonction des pathologies
II.1.2.6.3. Répartition selon les facteurs déclenchants
II.1.2.7. Répartition selon les lésions cutanées à distance
II.1.2.8. Répartition selon l’existence d’une surinfection associée
II.1.2.9. Répartition selon une atteinte unguéale ou des muqueuses
II.1.3. Examens complémentaires
II.1.3.1. Prélèvement mycologique
II.1.3.2. Histologie cutanée
II.1.4. Traitement
II.1.4.1. Répartition selon le traitement utilisé
II.1.5. Evolution
II.2. Etude analytique
II.2.1. Relation entre les tranches d’âge et les pathologies
II.2.2. Relation entre le sexe et les pathologies
II.2.3. Relation entre la promiscuité et les pathologies
II.2.4. Relation entre l’atopie et les pathologies
III. DISCUSSION
III.1. Données épidémiologiques
III.1.1. Fréquence
III.1.2. Âge
III.1.3. Sexe
III.2. Aspects cliniques
III.3. Etiologies
III.4. Aspects paracliniques
CONCLUSION
RÉFÉRENCES
ANNEXE

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