Les dermatophytoses: prise en charge et cas des dermatophytoses invasives

Les dermatophytes sont des champignons microscopiques ou micromycètes, organismes eucaryotes pourvus d’un noyau, entouré d’une enveloppe nucléaire, de chromosomes et d’un nucléole (1). Ils contiennent aussi, comme toutes cellules eucaryotes, des mitochondries, un appareil de golgi, un réticulum endoplasmique dans son cytosol .

Ils sont hétérotrophes : ils absorbent et utilisent du carbone organique. Ils sont immobiles et se nourrissent par absorption de matières organiques. Ils se reproduisent par l’intermédiaire de spores, et sont aérobies.

STRUCTURE DU CHAMPIGNON

Comme tout champignon, les dermatophytes possèdent une paroi fongique. Celle-ci est riche en peptidopolyosidiques, en cellulose, en chitine, en sucres (les mannanes et glucanes (alpha et beta)), en protéines et phospholipides (5). Cette paroi est doublée par une membrane riche en lipides dont des stérols : c’est une protection indispensable et efficace vis-à-vis du milieu extérieur. Chez les Ascomycètes (donc les dermatophytes), la paroi fongique est constituée par des glycoprotéines et des polysaccharides, essentiellement les glucanes et la chitine. Les glycoprotéines sont liées à des oligosaccharides.

La paroi est donc constituée de chitine, qui est un polymère de N-acetylglucosamine lié en Béta-1-4. Elle représente 10 à 20 % des composants chez les champignons filamenteux et est située à proximité de la membrane plasmique. Elle est essentielle pour la structure de la cellule. Elle peut résister aux pressions, et permet le maintien de l’intégrité de la paroi. C’est pourquoi, si la synthèse de chitine est perturbée, la paroi fongique se voit endommagée.

La paroi contient aussi des glucanes (de l’ordre de 50 à 60%). Ce sont des polysaccharides composés exclusivement de monomères de D-glucose reliés par des liaisons Béta. Une majorité de ces glucanes (65 à 90 %) sont constitués de Béta-1-3-glucane qui s’étendent à travers la paroi cellulaire (les autres constituants étant les Béta-1,6-glucane ; les Béta-1,4- glucane, les Alpha-1,3-glucane et enfin les Alpha-1,4-glucane).

Enfin, les glycoprotéines sont un des composants de la paroi fongique (ils représentent 20 à 30% des constituants). Ce sont des protéines qui se lient aux oligosaccharides. Ces protéines jouent un rôle dans le maintien de la forme de la cellule, dans l’adhésion lors de la migration et de la fusion des cellules, dans l’absorption de molécules et dans la transmission des signaux intracellulaire à partir de stimuli extérieurs, dans la synthèse et le remodelage des composants de la paroi.

CLASSIFICATION

L’HISTOIRE DE LA CLASSIFICATION : LES DERMATOPHYTES EN QUELQUES DATES 

En 1837, Remak est le premier a soupçonné la nature cryptogamique (c’est-à-dire dû à un champignon) du favus. En 1839, Schoenlein décrit Trichophyton schoenleinii (mais qui sera nommé ainsi en 1845). En 1842, Gruby affirme l’origine mycosique de toutes les teignes. (9) Mais la première classification est celle de Sabouraud en 1910. En effet, il a beaucoup contribué à la connaissance clinique et biologique des dermatophytes (et notamment des teignes). Il y présente ainsi quatre genres : l’Achorion (agent du favus), le genre Microsporum, le genre Trichophyton et enfin le genre Epidermophyton. De nombreuses classifications seront proposées par la suite, on retiendra celle de Emmons en 1934 qui réduit à trois genres les dermatophytes : Trichophyton, Microsporum, Epidermophyton (classification qui sera approuvée par Negroni en 1942, Ajetto en 1968 et Emmons al. en 1970).

D’autre part, les découvertes des formes parfaites (ou formes sexuées) sont plus récentes. En effet, en 1927 on montre que Microsporum fait partie du genre Nannizzia mais il faudra attendre 1959 pour connaître avec certitudes la forme sexuée de quelques dermatophytes. Par exemple, les espèces de Trichophyton font partie du genre Arthroderma. Pour Epidermophyton sp. , la forme parfaite n’est pas encore connue.

DEVELOPPEMENT

Les dermatophytes se développent par un système de filaments ou hyphes plus ou moins ramifiés : le thalle. Il existe deux types de thalle : le thalle végétatif et le thalle reproducteur. Le premier thalle permet à la spore de se fixer sur un substrat nutritif. Une fois fixé, il se gonfle, se modifie et émet un filament, le tube germinatif : c’est le début de la croissance. Le thalle devient filamenteux. Les filaments ou hyphes se ramifient et forme ainsi le mycélium.(10) Chez les Ascomycètes, les hyphes sont tubulaires à bords parallèles, septés et au diamètre régulier.

REPRODUCTION

L’appareil végétatif est constitué par un réseau dense de filaments mycéliens ou hyphes plus ou moins ramifiés et souvent cloisonnés. La formation des spores est appelée la conidiogénèse, et c’est la base de la classification actuelle.(10) La reproduction se fait par l’intermédiaire de spores selon deux modalités : sexuée et asexuée. Les dermatophytes appartiennent à la classe des Ascomycètes, ce qui suppose une reproduction sexuée en formant des ascospores dans des asques, à la famille des Arthrodermataceae (présentant des hyphes formant des filaments) et à l’ordre des Onygénales (caractérisé par des asques libres, sphériques et ascospore unicellulaire globuleuse à ovales). En pratique la forme sexuée est rarement observée (pour les espèces Microsporum et Trichophton). La classification se fait donc généralement sur la forme asexuée. Ainsi, ils font partis de la classe des Phylum des Deutéromycètes ou Fungi Imperfecti, et de la classe des Hyphomycètes.

REPRODUCTION SEXUEE

La reproduction sexuée n’est jamais observée sur milieu Sabouraud. Pour cela, il faut utiliser la technique de piégeage sur kératine de Toma-KarlingVanbreuseghe (3). Cette technique consiste à mettre un échantillon de terre dans une boîte de pétri, y ajouter des cheveux d’enfants et humidifier. Il faudra incuber à 20-25°C pendant six semaines. On observera alors des filaments mycéliens (= développement de champignons kératinophiles), supportant des organes globuleux: les gymnothéces (= témoins de la reproduction sexuée).

Lors de cette reproduction sexuée, trois événements se passent :
➤ La Plasmogamie, c’est-à-dire la fusion des cellules ou articles spécifiques avec mise en commun des cytoplasmes.
➤ La Caryogamie : la fusion des deux noyaux haploïdes pour former un zygote diploïde.
➤ La Méiose qui sera suivie de Mitoses (division cellulaire jusqu’à la formation d’un asque).

Les dermatophytes étant hétérothalliques, cette reproduction sexuée est obtenue quand deux souches complémentaires de la même espèce se rencontrent. L’une de signe + et l’autre de signe -. Ces spores sexuées sont dans des ascospores contenues dans un sac : l’asque. Ces asques sont enfermés dans un ascocarpe ou gymnothèce, lui-même formé par des filaments (ascogénes) émanant de la base de la cellule femelle (ascogone).

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Table des matières

1. INTRODUCTION
1.1. STRUCTURE DU CHAMPIGNON
1.2. CLASSIFICATION
a) L’histoire de la classification : les dermatophytes en quelques dates
1.3. DEVELOPPEMENT
1.4. REPRODUCTION
a) Reproduction sexuée
b) Reproduction asexuée
1.5. EPIDEMIOLOGIE
1.6 POUVOIR PATHOGENE
1.7. LES FACTEURS FAVORISANTS
2. CLINIQUE DES DERMATOPHYTOSES
2.1. LE PARASITISME FONGIQUE PILAIRE
2.2. PHYSIOPATHOLOGIE
2.3. CLINIQUE: LES TEIGNES
2.3.1 Les teignes tondantes microsporiques ou teignes ecto-endothrix
2.3.2 Les teignes tondantes trichophytiques
2.3.3 Les teignes inflammatoires ou KERION : teignes microîdes ou mégasporiques
2.3.4 Les Sycosis
2.3.5 Les teignes faviques ou Favus
2.3.6 Les folliculites
2.4 LE PARASITISME FONGIQUE CUTANE
2.4.1 Structure de la peau
2.5 PHYSIOPATHOLOGIE
2.6 CLINIQUE
2.6.1 Dermatophytose de la peau glabre
2.6.2 Intertrigo inter orteils
2.6.3 Atteinte des grands plis
2.6.4 Diagnostic différentiel
2.7 PARASITISME FONGIQUE DE L’ONGLE : ONYCHOMYCOSE
2.7.1 Structure de l’ongle
2.7.2 Physiopathologie
2.7.3 Clinique
2.8 LA MALADIE DERMATOPHYTIQUE
3. DIAGNOSTIC
3.1 OBSERVATION DES LESIONS
3.1.1 Pour la peau
3.1.2 Pour le cuir chevelu/poils
3.1.3 Pour les ongles
3.2 LE PRELEVEMENT
3.2.1 Pour les lésions cutanées
3.2.2 Pour le cuir chevelu
3.2.3 Pour les poils
3.2.4 Pour les ongles
3.3 L’EXAMEN DIRECT
3.3.1 Technique
3.3.2 Les résultats
3.4 LA MISE EN CULTURE
3.4.1 L’examen macroscopique des cultures
3.4.2 L’examen microscopique des cultures
3.5 LES MILIEUX D’IDENTIFICATIONS
3.6 L’APPORT DE LA BIOLOGIE MOLECULAIRE
3.7 LE MALDI TOF (Matrix-Assisted Laser Desorption/Ionisation Time Of Flight Mass Spectrometry)
3.8 LES RESULTATS
4. TRAITEMENT
4.1 CIBLE DES TRAITEMENTS
4.2 LES MOLECULES
4.2.1 Les antibiotiques : la Griséofulvine
4.2.2 Les Azolés
4.2.3 Les allylamines
4.2.4 Les dérivés Morpholiniques: Amorolfine
4.2.5 Les Pyridones (Hydroxypyridones)
4.2.6 Les Thiocarbamates
4.2.7 L’avulsion chimique
4.2.8 L’Iode
4.3 LES INDICATIONS
4.3.1 Les Teignes
4.3.2 Les atteintes cutanées
4.3.3 Les onychomycoses
4.4 CONSEILS A L’OFFICINE ET PRODUITS OTC (Over The Counter)
4.4.1 Aromathérapie
4.4.2 Traitement sans ordonnances et conseils
5. LA MALADIE DERMATOPHYTIQUE
5.1 DEFINITION
5.2 EPIDEMIOLOGIE
5.3 CLINIQUE
5.4 DIAGNOSTIC
5.5 ASPECT GENETIQUE: DEFICIT PROT CARD9
5.5.1 Relation dermatophyte- système immunitaire
5.5.2 Présentation et rôle des CLR
5.5.3 L’interaction entre les récepteurs de reconnaissance du système de l’immunité innée PRRS (Patern Recognition Receptors) et les dermatophytes
5.6 IMPORTANCE DE LA VOIE DE SIGNALISATION SYK-CARD 9
5.7 TRAITEMENT DE LA MALADIE DERMATOPHYTIQUE
5.8 L’AVENIR ?
6. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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