Les déplacements sur les espaces naturels

Le phénomène touristique s’est accompagné de nouveaux types de déplacement dont l’ampleur a été négligée tant en quantité de visiteurs que dans l’impact qu’ils ont eu sur le territoire. S’il est établi que la France est le premier pays touristique dans le monde, il ne faut pas oublier d’y ajouter les déplacements liés aux loisirs de proximité et force est de constater que nous possédons peu de renseignements sur les pratiques récréatives des Français lors de leurs temps libres et particulièrement en ce qui concerne les activités pratiquées sur les espaces naturels.

Le phénomène touristique n’est pas à relativiser, mais plutôt à compléter. Nous assistons depuis quelques années à une hausse conséquente des sites visités alors que certains indicateurs touristiques ne rendent pas compte de ce phénomène. Cette augmentation des fréquentations sur les milieux naturels semble liée à des phénomènes plus structurels que conjoncturels. La croissance des fréquentations sur des espaces considérés comme naturels est liée à des changements de style de vie qui accordent de plus en plus d’importance aux temps libres. Ces activités se développent sur des territoires périphériques des villes sous le vocable de loisirs périurbains.

Les fréquentations induites vont engendrer des impacts, jusqu’à réorganiser l’espace autour des villes en créant des espaces naturels de détente qui vont de plus en plus s’intégrer à un ensemble territorial. La ville redécouvre sa campagne environnante son territoire, lui attribue une nouvelle fonctionnalité de récréation et transforme une partie de celui-ci en espaces récréatifs. Ce n’est pas l’ensemble des espaces ruraux qui est concerné par ce phénomène mais bien ceux qui se localisent aux abords des agglomérations. Il ne s’agit plus d’étudier des déplacements liés aux vacances mais des mouvements de populations d’un espace vers un autre. Dès lors on change de problématique, en traitant non plus de tourisme mais en élargissant le sujet aux déplacements récréatifs des populations vers et sur des espaces naturels. Il est alors plus opportun d’aborder les phénomènes de déplacements liés à la consommation récréative comme des migrations alternantes sans faire de distinction entre vacanciers et résidents.

Nous nous interrogerons sur la mixité des types de visiteurs (vacanciers et résidents) et nous aborderons les problèmes méthodologiques en supposant que les vacanciers en séjours peuvent être considérés comme des résidents temporaires. Cette assimilation semble a priori possible car les deux populations se retrouvent sur les mêmes sites et utilisent leur voiture pour se rendre sur les espaces naturels. A partir des observations que l’on a menées sur les Vosges et en Normandie, complétées par des données issues d’autres espaces – parcs nationaux et pont du Gard – nous décomposons les déplacements en deux types, l’accessibilité voiture sur un réseau d’accueil récréatif et la diffusion pédestre des visiteurs sur les milieux naturels. Nous allons montrer que les processus de déplacement sont des processus complexes qui peuvent être appréhendés en identifiant trois éléments qui interagissent entre eux et qui induisent différentes formes de pratiques récréatives sur les espaces naturels : le visiteur, le lieu et le réseau.

DES VISITEURS ET DES ESPACES

A l’origine, le tourisme est, au XVIIIième siècle, un voyage initiatique de plusieurs mois en Europe, « the tour », que pratiquaient les jeunes anglais de bonne famille, et qui les intronisait dans la société aristocratique anglaise. Durant le XIXième et XXième siècle, la pratique du tourisme s’étend à toute la classe dirigeante, une activité confidentielle dans une Europe où la classe ouvrière s’échine au travail. Il est associé à un style de vie oisif, on part en villégiature, et va développer les premiers centres touristiques ; en été sur la côte normande et en hiver, sur la côte d’azur.

Depuis le milieu du XXième siècle, ce tourisme élitiste change radicalement de forme. Il devient irrémédiablement lié au travail : les congés payés. Dès lors, le tourisme devient un phénomène de la société industrielle de l’époque, engendre des migrations de masse, ouvre de nouveaux débouchés économiques et marque l’espace de zones de concentration de touristes. C’est le temps des grandes vacances et du plein emploi, des onze mois de travail et d’attente, on différencie les « juilletistes » et les « aoûtiens ». C’est le mois de la libération du travail, un temps libéré qui va alors s’associer, depuis ces 30 dernières années, au temps libre. Car un changement fondamental intervient depuis cette période, phénomène lié au passage à la société post industrielle, la perception et le rôle du travail changent de nature. De la croissance du niveau de vie, de la baisse du temps de travail, on traite davantage de cadre et de style de vie, on parle alors de loisir, et ce temps libéré du travail, il faut bien l’occuper à quelque chose.

Si les Parisiens roulent au ralenti sur l’autoroute dès Orléans pour rentrer sur Paris lors des grands week-ends de mai, les Bordelais connaissent aussi la saturation de leurs axes routiers lorsqu’ils rentrent d’une journée passée sur le bord du bassin d’Arcachon ou de l’Océan. Il est indéniable que la fréquentation des sites touristiques est en constante progression ces dernières années, et qu’elle n’est pas uniquement le fait de vacanciers. Un problème de définition évident existe sur les notions liées aux activités de tourisme et de loisirs et par extension aux individus qui pratiquent ces dites activités. Les divergences sur ces définitions entraînent des conséquences certaines sur le territoire tant au niveau des impacts engendrés sur les milieux naturels que sur l’organisation de l’espace et la mise en œuvre des politiques publiques de développement touristique. En effet, ces définitions ignorent les pratiques récréatives locales dont l’importance est considérable et qui ne peuvent être classées dans le terme tourisme. Si ces définitions avaient leur pertinence il y a quelques années, aujourd’hui il faut se rendre à l’évidence : elles sont obsolètes. Le développement des transports et les changements de mode de vie font qu’il est nécessaire de redéfinir certains termes. Il est difficile de définir ce qu’est le touriste, aussi, revenons dans un premier temps à une notion plus neutre, celle du visiteur comme étant un individu ou un groupe d’individus qui se déplace sur un espace plus ou moins éloigné de sa résidence principale (ou de vacances) à des fins de récréation pour voir ou faire quelque chose pendant un temps plus ou moins long dans une journée.

La consommation récréative des espaces considérés comme naturels 

Problème de définition

Tourisme, un concept ambigu
Pour l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), le tourisme comprend « les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et de leurs séjours dans les lieux situés en dehors de leur environnement habituel à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs. ». La définition de l’OMT est vague, mais elle ne rend pas compte des changements de mode de vie intervenus ces dernières années. Autre problème, le touriste peut aussi bien être un représentant de commerce, un pélerin, qu’un vacancier. Si cette assimilation peut avoir une pertinence économique car ces types de populations vont peut-être consommer les mêmes types de biens et de services (transports, restauration, hôtel…), les activités récréatives et professionnelles auront des impacts différents sur l’espace.

Ce qui ressort lorsque l’on aborde une problématique liée au tourisme, c’est le passage obligatoire à la définition du loisir. De plus, comme l’indique R. Knafou , il n’y a pas de travaux approfondis sur le fondement du tourisme en tant qu’activité humaine. On attribue alors au mot tourisme des substantifs qui lui permettent de se définir au travers d’activités spécifiques : tourisme de proximité, de masse, de montagne, balnéaire, sportif, d’affaire, religieux. L’ambiguïté véhiculée par le tourisme réside dans sa définition même. Ce qui paraît le plus étonnant dans sa définition, est l’absence du terme d’agrément, ce qui fait que la distinction entre tourisme et loisir passe par une notion de plaisir et entraîne alors un débat entre ces deux notions. Si le tourisme, pour J.L. Michaud, à l’origine était une pratique sociale, aujourd’hui « il regroupe l’ensemble des activités de production et de consommation auxquelles donnent lieu les déplacements assortis d’une nuit au moins passée hors du domicile habituel, que le motif du voyage soit l’agrément, les affaires, la santé (thermalisme, thalassothérapie) ou la participation à une réunion professionnelle, sportive ou religieuse, etc..[ ] Le loisir comprend l’ensemble des pratiques sociales situées pendant les temps libres et répondant à une motivation principale d’agrément que celle-ci soit d’ordre culturel, sportif, récréatif…. ».

Tout le monde voit midi à sa porte, « on peut donc en première approche définir le tourisme comme l’ensemble des activités destinées à satisfaire les besoins des touristes, et l’industrie touristique comme l’ensemble des entreprises faisant commerce de ces activités » . Pour un banquier, C. Jacob directeur à Parisbas, il n’existe pas d’ambiguïté, « le tourisme est une tentative de maîtrise et de traitement des flux de migration par une offre de produits pouvant comprendre un hébergement, un transport et des activités. » . Avec de telles façons d’aborder le problème du tourisme, il est tout à fait normal de ne voir dans cette activité qu’une masse de consommateurs que l’on va tenter de satisfaire en leur proposant un bien économique localisé. Le tourisme est avant tout dans ce cas, un phénomène économique .

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE 1. LES DÉPLACEMENTS SUR LES ESPACES NATURELS
INTRODUCTION
CHAPITRE 1. DES VISITEURS ET DES ESPACES
Introduction
Section 1. La consommation récréative des espaces considérés comme naturels
Section 2. Les espaces de loisirs intégrés à l’espace urbain
Conclusion
CHAPITRE 2. ORGANISATION DES DÉPLACEMENTS SUR LES ESPACES NATURELS
Introduction
Section 1. Des processus mal connus
Section 2. Les niveaux d’organisation des déplacements
Section 3. Le système de déplacement
Conclusion
CONCLUSION
PARTIE 2. FORMALISATION DES DÉPLACEMENTS
INTRODUCTION : QUE MODÈLISE-T-ON ? ET POURQUOI ?
CHAPITRE 1. POSITIONNEMENT DU MODÈLE FRED
Introduction
Section 1. Choix du modèle théorique
Section 2. Modèles de déplacements récréatifs
Conclusion
CHAPITRE 2. FONDEMENTS THÉORIQUES DU MODÈLE FRED
Introduction
Section 1. Les facteurs de déplacements
Section 2. Formalisation des interactions entre les trois éléments
Conclusion
CONCLUSION
PARTIE 3. MODÉLISATION DES DÉPLACEMENTS
INTRODUCTION
CHAPITRE 1. CONSTRUCTION DU MODÈLE FRED
Introduction
Section 1. Présentation du modèle
Section 2. Modélisation de la répartition des flux de visiteurs sur le graphe route
Section 3. Modélisation des déplacements pédestres sur le graphe sentier (module FREDpgs)
Conclusion
CHAPITRE 2. AJUSTEMENTS ET APPLICATIONS
Introduction
Section 1. Calibrage des indicateurs spatiaux des déplacements
Section 2. Analyse des contraintes spatiales de déplacements
Section 3. Applications
Conclusion
CONCLUSION : DOMAINE DE VALIDITÉ DU MODÈLE
CONCLUSION GÉNÉRALE
ANNEXES

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