LES DEFIS DE L’ASSAINISSEMENT AU SEIN D’UNE PETITE VILLE

Une organisation spatiale à risque environnemental

                 Comme le cas de presque toutes les petites villes, l’occupation anarchique issue du dynamisme de l’urbanisation de masse postcoloniale marque Mananara Nord. L’attraction urbaine de la ville a commencé à s’accélérer après l’indépendance par la multiplicité des migrations. Son occupation s’est faite de manière spontanée. Cela n’a pas permis de planifier l’occupation du sol. La zone de recherche est dominée par la présence de savane herbeuse, de zone boisée, de zones d’habitation et de rizières sur 79% de sa superficie. La zone d’habitation s’étend sur la partie Nord jusqu’au centre de la zone de recherche. Elle occupe environ 12% de la superficie totale de la zone. Elle est bordée à l’Ouest, au Sud et à l’Est par des rizières atteignant 10,3% de la superficie totale de la zone de recherche. Se trouvant, en général, sur des altitudes moins élevées que la zone d’habitation, ces dernières sont les principales cibles du déversement des polluants des eaux usées issus des habitations humaines, ensuite les zones boisées et les savanes. Quant aux points d’eaux, généralement dans les zones à basse altitude et localisés non loin de la zone d’habitation sont les cibles de la pollution des eaux. Ce qui engendre un risque majeur pour l’environnement en termes de pollution de l’eau et un danger pour la santé des personnes qui la consomment.

Insuffisance et mauvais état des canaux d’évacuations

            La commune ne dispose pas d’infrastructures d’assainissement adéquates pour assurer correctement la lutte contre l’insalubrité. Les infrastructures existantes sont insuffisantes et obsolètes. Elles n’arrivent plus à assurer régulièrement et correctement leur rôle. Parmi ceux, encore existant, nombreux ne sont plus continus, les canaux d’évacuation ont disparu de plusieurs mètres comme celle de Mananara Centre (cf. photo n° 03). Les canaux restants, sur une intervention d’urgence, ont été construits provisoirement par CARE International en 2004, suite au passage du cyclone Gafilo, et cela, dans le but d’une évacuation urgente des eaux pluviales qui ont inondé la ville. Ces canaux ne suivent pas les normes techniques d’une évacuation des eaux. L’inclinaison des regards ne sont pas respectés, d’où la stagnation des eaux usées. Actuellement, ces anciens réseaux d’assainissement déjà insuffisants sont détruits, leurs parois sont vétustes et abimées. De plus, l’évacuation des boues de vidange se fait très rarement, d’où ils se stagnent dans les fonds des canaux et pour ceux qui sont coupés, se jettent dans les rues. L’ensablement des infrastructures restant à cause du mauvais état des routes est aussi une contrainte. En effet, les routes de la ville ne sont pas bitumés, quand vient la pluie, les sables se déverses et se déposent au fond des canaux. Des canaux en terre ont alors été construits par la Commune mais ces derniers ne correspondent pas aux exigences de la santé publique et de l’environnement (cf. photo n° 04). Le manque d’infrastructure d’assainissement des eaux usées est un problème à Mananara. Une partie des eaux usées est déversée dans les rizières aux alentours de la ville sans être traités. A l’exemple de celles du « bazary » ou marché par faute de moyen technique. La difficulté pour la commune de mettre en place des infrastructures adéquates pour une bonne gestion de ses eaux usées est un grand handicap pour la gestion des eaux usées dans la commune. Les photos ci-dessous nous traduisent ces faits.

Mananara Nord : une zone à sol humide

              Quand on regarde le code de l’environnement, les zones humides sont des terrains habituellement inondées d’eau douce, salée ou saumâtres de façon permanente ou temporaire. Lorsque la végétation existe dans ces zones, elle est dominée par des plantes hydrophiles pendant au moins une partie de l’année. Elles ont un rôle tampon ou régulateur car en période de précipitation, elles se chargent en eau et en période plus sèche, elles alimentent le réseau. Ce sont aussi des zones de circulation lente, c’est-à-dire que ce sont des lieux de stockage des sédiments, des matières organiques ou même de la pollution. Ils peuvent atteindre 80% de matière en suspension, 86% d’Azote organique, 84% de phosphore, 78% d’Azote ammoniacale et 64% de carbone organique. Dans ces milieux humides, il y a la présence d’une diversité faunistiques et floristiques importante permettant une épuration de l’eau qui transite dans ces zones. Ces élément stockés peuvent être épurés dans les zones humides par les plantes dites envahissantes car elles ont la capacité d’absorber une grande partie de tout cela. . Les zones humides sont généralement considérées comme des hauts lieux de biodiversité, notamment grâce à la présence d’un grand nombre d’espèces, mais aussi parce que ces milieux assurent d’innombrables fonctions écologiques : ils épurent l’eau de ses impuretés, facilitent son infiltration dans les sols, dégradent la matière organique (ce qui contribue à fertiliser le sol), servent de refuge à la faune et offrent une bonne intégration paysagère. De nombreuses zones humides sont aujourd’hui en danger ou ont disparu. Leur dégradation est due aux activités agricoles, à l’urbanisation, à l’aménagement des infrastructures routières, à la modification des écoulements et à la pollution. Une forte dégradation du milieu humide a des répercussions sur le fonctionnement du réseau hydrographique et sur la qualité des ressources en eau dans son ensemble.41 Ces zones doivent être protégées. Mananara Nord abrite des zones humides dans son territoire. Par la perméabilité de son sol, l’infiltration des polluants est d’autant plus facile.

Les eaux superficielles

           Les eaux usées, étant déversées directement dans le milieu naturel, suscite la présence excessive de phosphates dans les eaux superficielles. Ces phosphates, en particulier, favorisent le phénomène d’eutrophisation43, qui peut provoquer à terme la mort des poissons et des autres organismes aquatiques qui y vivent. Les eaux stagnantes sont des milieux particulièrement vulnérables à toute forme de pollution. La restauration d’un bon état d’un plan d’eau pollué sera longue même après suppression de l’ensemble des rejets. Anticiper les risques de pollution est donc indispensable sur ce type de milieux.

La communauté locale

              La communauté locale a un rôle essentiel en matière d’assainissement et ce dans plusieurs domaines : en urbanisme afin d’encadrer et de compléter ces dispositions, en matière de gestion et de contrôle des installations. Les relais communautaires sont des personnes ou des groupes influents choisis parmi les habitants pour assurer la diffusion des messages de sensibilisation et faciliter la médiation entre les habitants et l’équipe du projet. Ces relais peuvent être bénévoles, des autorités religieuses et coutumières, des enseignants… Ils peuvent également prendre la forme de structures communautaires existantes ou mises en place pour les besoins du projet (comités villageois de salubrité par exemple, qui ont par ailleurs l’intérêt de pouvoir perdurer après la fin du projet). Tel est le cas du KOMPIRA65 à Mananara Nord, c’est un comité mis en place par le projet RANOn’ALA et qui a pour objectif de faire pérenniser leurs actions même après la fin du projet en termes de protection des bassins versants, de conformité environnementale, et dans la gestion et contrôle des installations d’AEP et des canaux à construire selon le PDIA. Il a aussi un rôle important dans la sensibilisation des ménagés pour la gestion de leurs eaux usées domestiques.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I : CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE
Chapitre 1 : CONTEXTE, NOTIONS ET METHODOLOGIE
I- Localisation et contexte de la zone de recherche
A- Localisation de la zone de recherche
B- Historiques de la zone
1- Historique du peuplement de Mananara Nord
2- Toponymie de la zone de recherche
C- Caractéristique de la zone de recherche
II- Contexte, notions et concepts du sujet
A- Contexte général du sujet
B- Quelques définitions
C- Notions et concepts de la recherche
1- L’environnement urbain
2- Les eaux usées
3- L’assainissement
4- Notion de petite ville
III- Méthodologie de la recherche
A- Les travaux de documentation
B- Les travaux de terrain
C- Dépouillement des données et rédaction
Chapitre 2 : LES CONDITIONS GEOGRAPHIQUES DU MILIEU
I. Des conditions physiques de la zone favorables à la prolifération de la pollution
A. Mananara Nord, une ville de littoral
B. Une hydrographie favorable à la prolifération de la pollution
C. Un sol perméable
D. Un climat contraignant
II. Pollution et démographie : deux ensembles entrelacés
A- Les caractéristiques de la population
1- Ville de Mananara Nord, la zone la plus peuplée de la commune
2- La densité de la population
B- Apport migratoire important
1- Mananara une zone d’accueil des migrants d’origines diverses
2- Un exode rural remarquable
C- Entassement urbain et insalubrité : cas du fokontany de Mananara Centre
III. Une organisation spatiale à risque environnemental
Conclusion de la première partie
PARTIE II : MANANARA NORD : UNE VILLE CONFRONTEE AUX PROBLEMES D’ASSAINISSEMENT
Chapitre 3 : LES VISAGES DE LA VILLE DE MANANARA NORD FACE AUX PROBLEMES D’ASSAINISSEMENT
I- Mananara Nord : une ville récente
A- Sous équipement des infrastructures d’assainissement
1- Mananara Nord, une zone enclavée
2- Manque de couverture spatiale du réseau d’assainissement collectif
3- Insuffisance et mauvais état des canaux d’évacuations
4- Bac à ordures : les canaux servent de dépotoir des ordures ménagères
5- Inexistence de station d’épuration
II- Une AEP sans mesure d’accompagnement adéquate
A- L’approvisionnement en eau de la ville
B- Le problème d’accompagnement d’AEP
Chapitre 4 : EAUX USEES DOMESTIQUES : PRODUCTION ET ENJEUX
I- Etude quantitative des eaux usées domestiques dans la ville de Mananara Nord
A- La consommation d’eau à Mananara Nord
B- La production massive en eaux usées dans la ville
C- Rejet anarchique des eaux usées domestiques
II- Les enjeux de la mauvaise gestion des eaux usées domestiques
A- Un environnement menacé par la pollution
1- La sensibilité de la zone
2- Les risques de pollution des eaux
a- Le double mécanisme de la pollution des eaux
b- Mananara Nord : une zone à sol humide
c- Les menaces du milieu aquatique
B- Les enjeux sanitaires
1- Les maladies les plus rencontrés dans la ville de Mananara
2- Classement des maladies liées à l’insalubrité
C- Enjeux économiques
Conclusion de la deuxième partie
PARTIE III : LA GESTION DES EAUX USEES DOMESTIQUES DANS LA VILLE DE MANANARA NORD
Chapitre 5 : UNE ACTION MAL MAITRISEE DANS LA VILLE DE MANANARA NORD
I- Cadre juridique et administratif de la gestion des eaux usées domestiques
A- Cadrage juridique de l’assainissement
1- Politique et Stratégie Nationale de l’Assainissement ou PSNA
2- Le Programme National d’Accès à l’Eau Potable et à l’assainissement ou PNAEPA
3- Le code de l’eau
4- Le code de l’urbanisme
B- Cadre institutionnel et administratif de l’assainissement
1. Au niveau national
2. Au niveau régional
3. Au niveau local
II- Non cohérence des textes par rapport aux pratiques
A- Le désengagement de l’Etat
B- Le disfonctionnement au niveau de la commune
1- L’inexistence de planification spatiale
2- L’inexistence de voirie publique
3- Le manque de règlement et de rigueur
4- Le problème budgétaire communal pour l’assainissement collectif
5- Le problème de décentralisation au niveau du « fokontany »
6- Le manque de compétence des autorités local
C- La part de la population locale
1- L’incivisme de la population
2- Le bas niveau d’instruction
3- Les marchands migrants ou « Bekorontana »
III- Conséquence de la mauvaise gestion des eaux usées domestiques
Chapitre 6 : SOLUTIONS ET PERPECTIVES
I- L’Etat : premier responsable de l’assainissement de son territoire
II- Une décentralisation effective
III- Le renforcement de capacité des acteurs de la ville
La mise en place de l’IEC
Au niveau de la Commune
Au niveau des opérateurs privés locaux (maçon, gestionnaires d’ouvrages publiques)
La communauté locale
Les prestataires de service (ONG, bureau d’étude, …)
IV- L’élaboration d’un outil de planification urbaine
Une suggestion de schéma d’aménagement
Conclusion de la troisième partie
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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