LES CRIQUETS ET LES METHODES DE LUTTE

Cycle biologique de Locusta migratoria

a- L’état embryonnaire : œuf : Les femelles déposent leurs oeufs dans le sol sablo-argileux, en groupe, entourés d’une matière spumeuse, ou oothèque. Les oothèques ont une longueur d’environ 5 à 6 cm et un diamètre d’environ 8mm. Elles contiennent 45 à 100 oeufs de couleur jaune. Les œufs mesurent de 5 à 6, 1 mm de long et de 1,5 à 1 ,8 mm de diamètre jusqu’à l’éclosion qui se produit à la fin du développement des œufs (embryogenèse). Elles pondent 3 fois : la première ponte comprend 51 à 97 œufs ; la deuxième 42 à 76 œufs et la troisième ponte donne 38 à 75 œufs. Donc en moyenne le nombre d’œufs par ponte est de 50 à 70 œufs. La longévité de la femelle dure 3 à 4 mois c’est-à-dire 18 à 33 jours après la première ponte. Le Locusta mâle peut vivre jusqu’à 1 an. La durée d’incubation Pour le sol rouge exposé au soleil est :
– à 33° C 9 : 14 jours
– à 21°C 0 : 35 jours
– à 19° C 2 : 48 jours
Pour le sol humide, elle est :
– à 19°C : 51 jours
– à 18° C 0 : 61 jours
– à 16° C 3 : 122 jours
Au laboratoire :à 30°c elle est de 14 jours . Dans la nature, les mois de Juin, Juillet, Août l’incubation dure 32 à 42 jours. Et puis, le mois
– d’octobre, elle dure 25 jours
– de novembre est 12 à 17 jours
– et le mois de décembre est 18 jours
Le taux de reproduction réel va changer considérablement selon les conditions climatiques (SCHERER R., 1994).
b- L’état larvaire : L’embryon sort d’une enveloppe (le chorion) qui monte à la surface de l’oothèque à travers le bouchon spumeux et la mince couche de terre qui la recouvre, se débarrasse d’une autre enveloppe (mue intermédiaire) libérant ainsi les extrémités. On trouve ces enveloppes blanches autour des lieux de ponte après l’éclosion. Les larves nouvellement nées vont se nourrir et s’agrandir. Les insectes ont un exosquelette dur entourant le corps, la cuticule. Les ailes ne sont pas encore développées, donc les larves ne pouvant pas voler, se déplacent en marchant et en sautant.
c- L’état imaginal : Après 24 à 38 jours de l’état larvaire, les acridiens sont capables de voler. On parle aussi des ailés ou des imagos.
– La longueur des mâles est de 38 à 44mm et celle des femelles 36 à 54mm en phase solitaire ; en phase grégaire les mâles et femelles ont la même taille.
– La coloration, en général, est verte ou brune, claire ou foncée en phase solitaire; en phase grégaire la coloration est brune. Les mâles âgés deviennent jaunes.
– Les ailes hyalines ont la base légèrement jaunâtre.
– le pronotum en phase solitaire, est bombé ; il est ensellé en phase grégaire
On note l’absence de tubercule prostérnal entre les pattes antérieures. Après 10 à 14 jours, les criquets migrateurs sont en maturation, et les femelles peuvent pondre de nouveaux œufs dans le sol sablo- argileux. La durée de stades biologiques de Locusta migratoria en saison chaude est 44 à 46 jours (2 mois) (SCHERER R., 1997). Le cycle biologique des criquets migrateurs est représenté sur la photo n°4.

Ennemis naturels

                  Heureusement, les ennemis naturels des locustes sont nombreux et attaquent tous les stades biologiques du ravageur des plantes.
Les ennemis des oothèques Plusieurs espèces de guêpes du genre Scelio (Hymenoptera) parasitent des œufs du criquet migrateur en phase solitaire. Scelio sp dépose ses œufs dans ceux des acridiens ou leur développement se poursuit jusqu’au stade adulte. Les larves de Systoechus sp (Diptère : tachinidae) sucent le contenu des œufs de l’oothèque. Les ennemis naturels du criquet nomade sont nombreux ; ils ne semblent cependant pas causer beaucoup de dommages à l’hôte. Les larves de Stomorhina lunata (Diptère), de Mylabris (Coléoptère) et de Scelio hawardi et Scelio zolotarevskyi (Hymenoptères) sont des redoutables prédateurs et déprédateurs d’oothèques. (TETEFORT, J.P. & WINTREBERT, D. 1963). Cependant, ces auteurs considèrent que les facteurs de destruction des œufs sont essentiellement l’excès d’humidité du sol (86-87% de la mortalité totale des œufs) et la dessiccation (0 à 30%). Le parasitisme par Scelionidae (Scelio howardi en particulier) contribue pour 1% de taux de mortalité, celui par les acariens de 4 à12% et la prédation par des larves de diptères bombylüdae (Anastoechus sp.) de 1 à 8% (COPR, 1982).
Les ennemis des larves et imagos Les larves et les ailés du criquet migrateur sont parasités par Phorocerosom sp. (Diptère tachinidae) et par plusieurs espèces d’acariens de genre Podopolipes. Des cas d’attaque par les champignons comme Metarhizium anisopliae, Aspergillus nidulans et des bactéries comme Coccobacillus acridiorum ont également été observés au sein de populations naturelles (COPR, 1982). Les larves et les adultes sont attaqués par les arachnides, salticides, fourmis, mantidés, guêpes et diptères de genre Sasilidae ; Les lézards et les caméléons sont également des grands consommateurs des larves et des imagos. Un grand nombre d’oiseaux s’avèrent nécessaire comme prédateurs de grande importance : le héron Bubulcus ibis, «Vorompotsy», le faucon Falco concolor «Bemavo», le Milan Milvus migrans «Papango», le Guêpier malgache Merops superciliosus, « Kirio ou Kirioko » , Ducrurus forficatus «Rendovy » ou «Railovy» ,l’Acridotheres tristis (martin ) et le Falco newtoni « hitsikitsika » (SCHERER R. , 1994). Les ennemis des larves de criquets nomades sont des Acariens, comme de Trombidium, ils peuvent être abondants et communs, mais ont peu de conséquences sur la polyphagie du criquet. Des nématodes comme Mermis sp ont également été trouvés dans l’hémocèle des criquets nomades (RANDRIAMANANTSOA M. , 1994). A Madagascar, les premiers stades larvaires sont attaqués par de nombreux prédateurs : Fourmis, Araignées, Lézards, Batraciens (Ptychadena mascareniensis) et des Reptiles lacertiliens (Chalardon madagascariensis), Oplurus cyclurus , Chameleo semicristalus) (TETEFORT, V.P. et WINTREBERT D. , 1967).

Les différentes méthodes de lutte

Méthode mécanique : Dans la méthode mécanique, on a le ramassage, le rabattage, l’écrasement des criquets en stades larvaire et ailé. C’est une ancienne méthode pratiquée à Madagascar pour la destruction des criquets. Le ramassage des larves exige pour être fructueux, la coopération de plusieurs personnes munies de branchages plus ou moins feuillus. Il est procédé d’un rabattage et se termine par l’écrasement. Les techniques de ramassage des insectes ailés sont utilisés: lorsque les insectes perdent leur mobilité c’est-à-dire soit durant la nuit ou très tôt le matin, soit durant la journée au moment de l’accouplement et de la ponte. Les insectes ramassés étaient destinés surtout à la consommation humaine et animale. Dès 1927 à Madagascar, on utilise aussi parmi la méthode mécanique, la création de barrages –pièges en tôle. Cette technique est vraiment perfectionnée mais elle a une limite d’application (RANDRIAMANATSOA M., 1998).

DISCUSSION

                   La lutte contre les criquets à Madagascar date de très longtemps. Le pays a connu plusieurs grandes invasions comme en 1939 et tout récemment de 1995 à 1998. Pour être efficace, cette lutte devrait passer par deux stades : le système d’avertissement et la lutte proprement dite. Le système d’avertissement consiste, à partir du mois d’octobre, à observer les pontes des criquets femelles et à suivre de près l’évolution de l’apparition des larves. Dès que les larves apparaissent, il faut les tuer dans l’immédiat par des insecticides chimiques. Le problème se pose de là. Il arrive que pendant un certain moment, par décision politique, le système d’avertissement n’est pas forcément suivi pour de multiples raisons. C’est le cas de l’année 1995 qui est à l’origine des grandes invasions des années 1996-1998. Les conséquences étaient néfastes pour le pays. Pour que le système d’avertissement soit efficace, il faut disposer de tous les moyens nécessaires. Le personnel qualifié pour le suivi du système d’avertissement n’est pas un problème. Le pays en a suffisamment. Surtout les moyens financiers qui posent le plus de problème. Ces moyens financiers sont utilisés pour l’achat des insecticides chimiques surtout et celui des moyens de communication, des voitures de transport en plus des indemnités qui encouragent les agents de terrain. La lutte proprement dite est le plus grave problème qui se pose. Avant 1997, la Direction de la Protection des Végétaux disposait très peu de moyens par rapport aux grands dangers de l’époque. On avait seulement deux avions de traitement et d’un avion de prospection pour tout le pays. C’est un infiniment petit devant l’infiniment grand. Heureusement que tous les organismes internationaux ont assisté Madagascar dans cette lutte contre les criquets. Actuellement, les divers moyens disponibles sont relativement satisfaisants pour mener à bien cette lutte. La lutte chimique est encore, pour le moment, prédominante. C’est très efficace mais elle revient chère, avec toutes les conséquences néfastes que cela entraîne. Citons par exemple la disparition des insectes utiles comme les abeilles, certains poissons et crevettes. Le traitement en couverture totale est encore dominant. Une autre méthode de traitement qui est également aussi efficace que le traitement en couverture totale et revient dix fois moins cher. C’est le traitement en barrière. Ce traitement en barrière consiste à traiter seulement le dixième de la surface à traiter par le produit appelé « le Fipronil ». A notre avis, c’est le meilleur produit chimique de tout le temps. Il a une bonne rémanence de 25 jours. Son remplacement par les Pyréthrinoïdes est une décision politique qui dépasse la compétence des techniciens. C’est vraiment dommage ! Pour éviter la pollution de l’environnement et l’accoutumance des criquets aux insecticides chimiques, l’utilisation des insecticides biologiques tels que les champignons sont la meilleure lutte. Actuellement, on est au stade de la multiplication industrielle du champignon Métharizium anisopliae. Les résultats obtenus avec ce champignon sont très satisfaits. Ces travaux de recherches se font avec l’ICIPE du Kenya. Il est préférable, en attendant, de combiner les luttes chimiques et biologiques.

CONCLUSION

                    Les problèmes posés par les criquets migrateurs et les criquets nomades sont considérés comme calamité publique à Madagascar :
– Locusta migratoria avec ses trois ou quatre générations annuelles est ainsi le plus dangereux.
– Nomadacris septemfasciata, même avec une seule génération par an, fait aussi beaucoup des dégâts. On le trouve presque dans tout Madagascar et l’explosion du ravageur est fonction des conditions climatiques favorables telles que la pluviosité et de la température. Ils mangent les feuilles des plantes jusqu’aux tiges. Les dégâts sont ainsi plus ressentis par les agriculteurs. Ce sont des insectes les plus dangereux au point de vue économique et qui s’attaquent directement aux productions agricoles.
Les criquets peuvent se multiplier considérablement selon les conditions climatiques optimales. Dans une année, on peut avoir 11 générations.. La lutte contre les criquets est très difficile. Les actions des prédateurs sont très limitées sur les populations des locustes d’où, dans le contexte actuel, on utilise surtout la lutte chimique avec ses avantages et ses inconvénients. Cette méthode de lutte revient très chère d’où nous comptons sur les différentes requêtes lancées par l’Etat malgache auprès des bailleurs de fonds et des organismes internationaux. Les fonds collectés n’arrivent pas forcément à couvrir toutes les dépenses nécessaires car celles-ci reviennent trop chères tels que les achats des produits chimiques, la location des aéronefs.

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Table des matières

Dédicace
Remerciements
Glossaire
Liste des abréviations
Liste des tableaux
Liste des figures
Résumé
Abstract
Introduction
Première partie : MATERIELS ET METHODES
1.1- Matériels
1.2- Méthodes
Deuxième partie : RESULTATS
2.1- Taxonomie des deux espèce
2.2- Cycle biologique de l’espèce
2.2.1- Cycle biologique de Locusta migratoria
a- l’état embryonnaire = œuf
b- l’état larvaire
c- l’état imaginal
2.2.2- Cycle biologique de Nomadacris septemfasciata
a- l’état embryonnaire = œuf
b- l’état larvaire
c- l’état imaginal
d- transformation phasaire
2.3- Les dégâts sur les cultures
2.3.1- Les dégâts causés par Locusta migratoria
2.3.2- Les dégâts causés par Nomadacris septemfasciata
2.4- Les effets des dégâts 
2.4.1- La famine
2.4.2- Impacts négatifs indirects
2.5- Ennemis naturels 
2.5.1- Les ennemis des oothèques
2.5.2- Les ennemis des larves et imagos
2.6- Méthodes de luttes antiacridiennes
2.6.1- Les différentes méthodes
a- Méthodes mécaniques
b- Méthodes physiques
c- Méthodes chimiques
2.6.2- Lutte biologique
a)Les protozoaires
a- Amoebidae
b- Mircosporidae
c- Neogregarinidae
– Les rickettsies
– Les bactéries
b- Les champignons
c- Les virus
2.6.3- Les matériels de lutte et méthodes de prospection
a- Les matériels de lutte à utiliser
b- Méthodes de prospection
– Méthodes de prospection terrestre
– Méthodes de prospection aérienne
2.6.4- Les personnels antiacridiens
a- Les effectifs du personnel
b- L’organigramme du centre antiacridien
c- Leurs tâches
2.6.5- Les aides d’urgence
Troisième partie : DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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