Dans les pays en voie de développement, et particulièrement en Afrique, les problèmes de santé sont encore fortement dominés par la pathologie infectieuse. Par ailleurs, dans le domaine de l’ORL, une préoccupation reste celle des corps étrangers de la sphère ORL qui s’illustrent par leur grande fréquence et leur gravité. Au cours du dernier demi-siècle, les faits marquants ont été l’amélioration des possibilités de diagnostic de ces corps étrangers et leur prise en charge sur le plan chirurgicale et anesthésique. Les corps étrangers (CE) narinaires représentent 19-49% des CE de la sphère oto-rhino-laryngologique. Ils surviennent généralement à domicile au cours d’un jeu et dans 70-90% en présence des parents qui les emmènent précocement en consultation. Ainsi, dans les premières 24 heures, 65-90% des enfants sont vus en consultation. Cependant dans la littérature d’Afrique sub-saharienne un retard à la consultation est fréquemment retrouvé. Il se caractérise par une rhinorrhée purulente unilatérale avec cacosmie comme premier motif de consultation.
ANATOMIE DE LA FOSSE NASALE
Le développement des fosses nasales et des cavités sinusiennes débute dès la période fœtale pour se poursuivre jusqu’à l’âge adulte. A la naissance toutes les structures endonasales sont en place mais les sinus paranasaux ne sont pas tous pneumatisés. Les cornets sont volumineux et la filière respiratoire nasale est étroite.
– L’ethmoïde est le seul sinus entièrement pneumatisé dès la naissance, il continuera de grandir en taille jusqu’à l’âge de 12 ans environ.
– Le sinus maxillaire est, à la naissance une cavité peu profonde largement drainée dans la fosse nasale. Son développement se poursuit progressivement jusqu’à former vers 6-8 ans une cavité bien individualisée avec un orifice de drainage. On peut parler à partir de cet âge de sinusite maxillaire.
– Le sinus frontal se développe à partir de l’ethmoïde antérieur dès la première année jusqu’à l’adolescence. Ce n’est que vers 6 ans qu’il s’individualise de l’ethmoïde et que l’on peut parler généralement de sinusite frontale. Il existe toutefois de très grandes variations de taille des sinus frontaux d’un individu à l’autre, et chez le même individu d’un côté à l’autre. On peut donc tout à fait retrouver de grands sinus frontaux à 3 ans, ou une agénésie uni ou bilatérale.
– Le sinus sphénoïdal débute son développement vers un an et se poursuit jusqu’à l’adolescence, et tout comme le sinus frontal, il est sujet à de grandes variations de taille.
ANATOMIE DESCRIPTIVE
Les cavités nasales sont des espaces en forme de coins allongés, à grande base inférieure et à sommet supérieur étroit, maintenus ouverts en avant (orifice piriforme) et en arrière (choanes) par une armature squelettique ostéocartilagineuse .
On leur décrit cinq parois : une latérale (« paroi turbinale » ou « lame des cornets »), une médiale (le septum nasal), une inférieur (le plancher), une supérieure (le toit ou plafond) et une postérieure communiquant vers la partie nasale du pharynx par la choane. En avant, on peut considérer qu’il n’existe pas de paroi à proprement parler, puisqu’il s’agit essentiellement de l’orifice piriforme (circonscrit en haut par l’os nasal et en bas et latéralement par l’incisure nasale du maxillaire), qui fait communiquer les cavités nasales avec le vestibule nasal.
❖ Paroi supérieure :
Le toit (ou plafond ou voûte) des cavités nasales est une sorte de longue et étroite gouttière sagittale, concave vers le bas et de 3-4 millimètres de largeur [3, 25, 29]. Sa majeure partie, relativement plane, est constituée par la lame criblée de l’ethmoïde. C’est cette paroi supérieure qui sépare les cavités nasales de l’étage antérieur de la base du crâne. Elle constitue un point faible, car la lame criblée est très mince et fragile.
❖ Paroi inférieure :
Le plancher des cavités nasales a également la forme d’une gouttière, mais plus large et moins longue que la paroi supérieure des cavités nasales. Sa surface est lisse et globalement à concavité supérieure. Il sépare les cavités nasales de la cavité orale [8, 29]. Il est formé, dans ses ¾ antérieurs, par le processus palatin du maxillaire et, dans son quart postérieur, par la lame horizontale de l’os palatin qui forme ainsi ensemble le palais dur. Il se continue en arrière par la face postérieure du voile du palais (palais mou).
❖ Paroi médiale ou septum nasal :
Le septum nasal est une fine cloison à squelette ostéo-cartilagineux séparant les deux cavités nasales. Située en théorie sur la ligne médiane, elle est orientée verticalement dans le plan sagittal. Sa partie antérieure est essentiellement cartilagineuse (cartilage du septum nasal), alors que sa partie postérieure est essentiellement osseuse, constituée en bas et en arrière par le vomer surmonté de la lame perpendiculaire de l’ethmoïde, en haut et en avant. Le bord postérieur du septum nasal est libre. Il est constitué par le bord postérieur du vomer qui sépare les deux choanes. Le bord antérieur du cartilage septal, également relativement libre bien qu’encastré dans la columelle, participe au squelette cartilagineux des narines. De son bord postérieur se détache un processus postérieur, s’insinuant entre vomer et lame perpendiculaire, pouvant atteindre le sphénoïde. Le septum nasal est tapissé par une muqueuse décollable. A 1,5 cm du bord postérieur de la narine (columelle) est parfois mis en évidence un petit canal muqueux borgne de quelques millimètres de long, correspondant pour certains auteurs au reliquat vestigial de l’organe voméro-nasal (de Jacobson).
VASCULARISATION
❖ ARTERES :
Les artères vascularisant les cavités nasales proviennent à la fois des artères carotides interne et externe. L’artère principale des cavités nasales est l’artère sphéno-palatine, branche terminale de l’artère maxillaire, elle-même branche de division terminale de l’artère carotide externe. Les autres artères accessoires sont :
– les artères ethmoïdales antérieure et postérieure issues de l’artère ophtalmique, branche de l’artère carotide interne ;
– les artères labiale supérieure et nasale latérale, issues de l’artère faciale, branche de l’artère carotide externe. Il est à noter que ces différentes branches artérielles s’anastomosent largement entre elles dans leur portion terminale.
La « tache vasculaire » :
Il s’agit d’une zone muqueuse située à la partie antérieure et inférieure du septum nasal, où il existe de nombreuses anastomoses artérielles provenant des extrémités distales des branches de toutes les sources artérielles du nez. Elle est fréquemment le siège d’hémorragies, le plus souvent bénignes, en particulier chez l’enfant (zone accessible au grattage).
❖ VEINES :
Les veines drainant les cavités nasales sont satellites des artères. Elles se disposent selon deux réseaux : un réseau superficiel muqueux et un réseau profond périosté.
Au niveau des cornets, ce réseau veineux muqueux a une disposition plexiforme appelée plexus caverneux des cornets. Il peut être source d’hémorragie grave, en particulier après chirurgie turbinale (turbinectomie). Les veines satellites de l’artère sphéno-palatine vont se drainer vers le plexus veineux ptérygoïdien. Les veines antérieures vont se jeter dans la veine faciale. Les veines satellites des artères ethmoïdales vont se jeter dans la veine ophtalmique supérieure. La veine ophtalmique supérieure se jetant dans le plexus caverneux, on peut la considérer comme une veine émissaire faisant communiquer les veines des cavités nasales avec les veines intracrâniennes.
❖ Le système lymphatique :
Le drainage lymphatique des cavités nasales est peu important, les tumeurs malignes des cavités nasales donnant rarement d’emblée des métastases lympho-nodales cervicales, contrairement au rhinopharynx qui a un drainage lymphatique important. Le drainage lymphatique de la partie antérieure des cavités nasales se fera vers les lympho-noeuds sub-mentaux et submandibulaires.
Le drainage lymphatique postérieur, incluant les cornets, les méats et les sinus para-nasaux se fait vers les lympho-noeuds cervicaux profonds (jugulocarotidiens supérieurs) et en particulier au niveau du groupe lympho-nodal jugulo-digastrique.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE (RAPPELS)
1. ANATOMIE DE LA FOSSE NASALE
1.1. ANATOMIE DESCRIPTIVE
1.2. VASCULARISATION
1.3. INNERVATION
2. PHYSIOLOGIE DE LA FOSSE NASALE
2.1. RESPIRATION
2.2. FONCTION IMMUNITAIRE
2.3. OLFACTION
2.4. PHONATION
3. DIAGNOSTIC POSITIF
3.1. CLINIQUE
3.2. PARACLINIQUE
4. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
4.1. Devant une symptomatologie unilatérale : le diagnostic différentiel se fera avec
4.1.1. Les tumeurs
4.1.2. Anomalies anatomiques
4.1.3. Pathologies infectieuses
4.2. Devant une symptomatologie bilatérale : le diagnostic différentiel se fera avec
4.2.1. Pathologies infectieuses
4.2.2. Pathologies inflammatoires
4.2.3. Pathologies tumorales
5. TRAITEMENT
DEUXIEME PARTIE
1. CADRE D’ETUDE
2. MATERIEL ET METHODE
2.1. Critères d’inclusion
2.2. Critères de non inclusion
2.3. Méthodologie
3. RESULTATS
3.1. Données socio-démographiques
3.1.1. Age
3.1.2. Sexe
3.1.3. Provenance
3.2. Données cliniques
3.2.1. Symptomatologie
3.2.2. Délai de consultation
3.3. Données thérapeutiques
3.3.1. Anesthésie
3.3.2. Technique
3.3.3. Nature
4. DISCUSSION
4.1. Au plan socio-démographique
4.2. Au plan clinique
4.3. Au plan thérapeutique
CONCLUSION
REFERENCES