Dans les pays en voie de développement, et particulièrement en Afrique, les problèmes de santé sont encore fortement dominés par la pathologie infectieuse. Par ailleurs dans le domaine de l’ORL, une autre préoccupation reste celle des corps étrangers de la sphère ORL qui s’illustrent par leur grande fréquence et leur gravité. De façon plus particulière, il s’agit des corps solides exogènes :
– introduits dans les oreilles, les fosses nasales ou la cavité buccale ;
– arrêtés dans le pharynx ou l’œsophage au cours de la déglutition ;
– ou passés par inhalation dans le larynx, la trachée ou les bronches.
En pratique courante, les corps étrangers de l’œsophage, notamment de sa portion cervicale sont du domaine de l’ORL. Les corps étrangers ORL ont fait l’objet de nombreux travaux [1-22 ] de par le monde depuis l’antiquité, tous insistant sur l’aspect clinique et leur gravité. Au cours du dernier demi-siècle, les faits marquants ont été l’amélioration des possibilités de diagnostic de ces corps étrangers et le perfectionnement des méthodes d’études résultant des progrès accomplis dans les domaines des technologies médicales de pointes et de l’anesthésie. Au Sénégal [3 4-8-13-21-22], les accidents en ORL restent fréquents, contrastant avec des structures ORL encore peu étoffées. Devant ce constat, nous nous sommes posé la question suivante : quel est le profil épidémiologique des corps étrangers O.R.L dans la région de Ziguinchor.
RAPPEL ANATOMIQUE
La sphère O.R.L [3-4-8-13-21-22] regroupe plusieurs régions qui sont LES VOIES AERO-DIGESTIVES SUPERIERUES (VADS):
– les oreilles ;
– les fosses nasales et les sinus de la face ;
– la cavité buccale et les glandes salivaires ;
– le pharynx ;
– le larynx ;
– la face ;
– et la partie antérolatérale du Cou ;.
Dans le cadre de notre étude, le rappel anatomique portera également sur:
– l’oreille externe ;
– les fosses nasales ;
– le pharynx constituant les voies aéro-digestives supérieures
– le larynx, la trachée et les bronches constituant les voies respiratoires inferieures.
Nous rappellerons aussi l’anatomie de l’œsophage car dans la pratique courante, les corps étrangers œsophagiens relèvent pour la plupart des services O.R.L.
L’oreille externe
Organe de réception des Sons, l’oreille comprend l’auricule, le méat acoustique et le tympan.
– l’auricule ou le pavillon de l’oreille en forme de cône est la partie saillante de l’oreille; il est formé de cartilage élastique recouvert de peau, accueillant les sons extérieurs.
– le méat acoustique externe ou conduit auditif externe est un tube courbé d’environ 2,5cm de longueur creusé dans l’os temporal. Il s’étend du pavillon au tympan.
– le tympan ou membrane du tympan est une mince cloison semi transparente qui sépare le méat acoustique externe et l’oreille moyenne.
Les fosses nasales
Les fosses nasales sont deux cavités situées au milieu du massif facial supérieur et séparées par une cloison sagittale.
– En avant, elles sont protégées par un pavillon ou pyramide nasale qui présente un sommet ou racine du nez, une base représentée par les deux orifices narinaires, deux faces latérales qui s’appuient sur la cloison nasale.
– En arrière, chaque cavité nasale débouche dans le cavum par un orifice osseux ou choane.
– Latéralement, les fosses nasales communiquent avec les sinus de la face.
La riche vascularisation nasale est issue des deux systèmes carotides externe et carotide interne. L’innervation de la muqueuse nasale est assurée par: le nerf II olfactif, le nerf trijumeau et l’innervation neurovégétative.
Le pharynx
Le pharynx est un conduit musculo-membraneux en forme d’entonnoir disposé verticalement d’environ 13cm de longueur, qui prend naissance au niveau des choanes et s’étend a la hauteur du cartilage cricoïde. Il se situe juste derrière les cavités orale et nasale, au dessus du pharynx et immédiatement devant la vertèbre cervicale.
Division topographique
On distingue trois (3) étages pharyngé du haut vers le bas:
❖ Le rhinopharynx
C’est la partie supérieur du pharynx, il se trouve derrière les cavités nasales et s’étend jusqu’au palais mou.
Sa parois comporte cinq (5) ouvertures : les deux choanes ; les deux orifices qui mènent dans les trompes auditives et l’ouverture qui donne sur l’oropharynx.
❖ L’oropharynx
C’est la partie intermédiaire du pharynx, située derrière la cavité orale et s’étend vers le bas du palais mou jusqu’à la hauteur de l’os hyoïde. Il ne possède qu’une ouverture qui communique avec la bouche.
❖ Le laryngopharynx
C’est la partie inferieure du pharynx. Il prend naissance hauteur en hauteur de l’os hyoïde et s’étend jusqu’au cartilage cricoïde du larynx. Il s’ouvre à l’arrière sur l’œsophage et en avant sur le larynx.
Vascularisation- innervation
Les artères proviennent de la carotide externe pour la partie ascendante essentiellement. Le système veineux du pharynx se draine dans la veine jugulaire interne. Les lymphatiques rejoignent les ganglions retro-pharyngés et la chaine jugulaire interne. L’innervation du pharynx est par ailleurs assurée par les nerfs glossopharyngien et pneumogastrique.
Le larynx
Conduit aérifère impair, le larynx est l’organe essentiel de la phonation. Il est situé à la partie médiane et antérieure du cou, en avant du pharynx, en arrière du corps thyroïde, en dessous de l’os hyoïde et au dessus de la trachée. A la naissance, le larynx se trouve en position haute au niveau de C3 (3ème vertèbre cervicale). En effet, ceci permet d’assurer une bonne coordination ventilation/déglutition et d’expliquer le caractère nasal de la voix. Tout au long de l’enfance, parallèlement à sa croissance, le larynx descend progressivement dans le cou jusqu’au niveau de C6 (6ème vertèbre cervicale) qui correspond à sa position chez l’adulte. A cet effet, différentes dimensions évolutives sont enregistrées en rapport a l’âge de maturation. Ainsi, il s’agit :
– 4 à 5cm à la naissance ;
– 6 cm à 6 mois ;
– 8 cm à 4 ans ;
– 10 cm à 14 ans ;
– 11 à 13 cm chez l’adulte.
C’est un organe complexe constitué par des pièces cartilagineuses, des éléments musculo-aponévrotiques, ainsi que des articulations. Ainsi Chez l’enfant, surtout le nourrisson, le larynx a une armature cartilagineuse beaucoup moins rigide que chez l’adulte. D’un autre coté les cartilages laryngés sont constitués par:
– Le cartilage cricoïde : situé à la partie inférieure du larynx, il présente une partie antérolatérale appelée arc cricoïdien et une partie postérieure ou chaton.
– Le cartilage thyroïde : c’est le plus volumineux des cartilages laryngés, situé immédiatement au-dessous de l’os hyoïde.
Le cartilage épiglotique : impair et médian, est situé dans l’angle rentrant du cartilage thyroïde dont il déborde en haut le bord supérieur. Chez l’enfant, l’épiglotte est plus volumineuse, plus verticale et plus proche de la région oropharyngée que chez l’adulte. Elle est aussi truffée de pertuis et la muqueuse comporte d’importantes formations lymphoïdes.
– Les cartilages aryténoïdes, pairs et symétriquement disposés de chaque côté de la ligne médiane, les cartilages aryténoïdes ont la forme d’une pyramide triangulaire dont la base repose sur le châton cricoïdien. Chez l’enfant, les aryténoïdes ont un processus vocal relativement important constituant la moitié de la corde vocale. Ceci peut expliquer certaines difficultés d’intubation.
❖ Les cartilages accessoires
On distingue les cartilages corniculés ou de Santorini, les cartilages de Morgagni, les cartilages sésamoïdes antérieurs et postérieurs de même que ; les cartilages ary-aryténoïdiens ou inter-aryténoïdiens. Ces différents éléments sont unis entre eux et aux organes voisins par un système articulaire, ligamentaire et musculaire.
➤ Vascularisation et Innervation
– Le système artériel du larynx est issu des artères thyroïdiennes et se compose des artères laryngées supérieures, laryngées inférieures et postéro-inférieure.
– Les veines: sont satellites des artères et gagnent la veine thyroïdienne supérieure ou le tronc laryngo-facial.
– Le système lymphatique satellite des artères, se draine vers les chaînes jugulo-carotidienne et récurrentielle.
– L’innervation du larynx est assurée par 2 branches du nerf pneumogastrique :
– le nerf laryngé supérieur, essentiellement sensitif
– le nerf laryngé inférieur ou nerf récurrent moteur pour les muscles intrinsèques du larynx.
Il faut souligner la richesse de l’innervation végétative de la muqueuse laryngée, la rendant très réflexogène et expliquant donc la possibilité de mort .
L’arbre trachéo-bronchique
La trachée est un conduit fibro-cartilagineux faisant suite au larynx et se terminant dans le thorax en donnant deux branches de bifurcation, les bronches souches; celles-ci à leur tour vont donner plusieurs ramifications pour les lobes pulmonaires.
❖ La trachée
La trachée est la portion des voies aériennes comprise entre le larynx et les bronches. Elle est placée devant l’œsophage qui la déborde légèrement à gauche. Elle comporte un segment cervical s’étendant du bord inférieur du cartilage cricoïde (6ème vertèbre cervicale) au plan horizontal passant par le bord supérieur du sternum, à hauteur de la deuxième (2éme) vertèbre thoracique et un segment thoracique. Sa longueur est de 12 cm en moyenne chez l’adulte.
Son calibre varie avec l’âge :
– 5 cm à la naissance
– 8 cm à 5 ans
– 10 cm à 10 ans
– et 16 cm chez l’adulte.
Ce calibre augmente légèrement de haut en bas et est plus grand chez la femme que chez l’homme. La vascularisation artérielle de la trachée est assurée par les artères thyroïdiennes, mammaires internes et bronchiques. Son système veineux se draine dans la veine thyroïdienne et œsophagienne. Les lymphatiques drainent vers les chaines récurrentielles et les ganglions trachéo-bronchiques. L’innervation est assurée par le nerf pneumogastrique et le sympathique cervical.
❖ Les bronches
Issues de la bifurcation trachéale, les deux bronches souches descendent obliques en bas et en dehors en formant entre elles un angle de 60° à 80°. Leur longueur moyenne est de 6 cm ; leur diamètre de 15 à 16 mm. Notons que la bronche droite est très oblique en bas, en dehors et en arrière, presque verticale. Elle est également plus grosse et plus rectiligne que la bronche gauche. Tout ceci peut expliquer que les corps étrangers inhalés se retrouvent volontiers à droite.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. RAPPEL ANATOMIQUE
I.1. L’oreille externe
I.2. Les fosses nasales
I.3. Le pharynx
I.3.1. Division topographique
I.3.2. Vascularisation- innervation
I.4. Le larynx
I.5. L’arbre trachéo-bronchique
I.6. L’œsophage
II. RAPPEL PHYSIOPATHOLOGIQUE
II.1. Physiologie de la déglutition et situation de « fausse route alimentaire »
II.2. Conséquence de la présence d’un corps étrangers dans les voies respiratoire
II.2.1. Clinique et physiologie
II.2.2. Aspects anatomo-pathologiques
II.3. Conséquences d’un corps étranger œsophagien
II.4. Conséquences d’un corps étranger du conduit auditif externe
III. DIAGNOSTIQUE DES CORPS ETRANGERS EN O.R.L
III.1. LA SYMPTOMATOLOGIE CLINIQUE
III.1.1. Corps étranger auditif externe
III.1.2. Corps étranger des fosses nasales
III.1.3. Corps étranger du pharynx
III.1.4. Corps étrangers laryngo-trachéo-bronchique
III.1.5. Corps étranger œsophagien
III.2. PARACLINIQUES
III.2.1. L’examen radiologique
III.2.2. L’examen endoscopique
IV. RAPPEL THERAPEUTIQUE
IV.1. EXTRACTION AU FAUTEUIL
IV.1.1. Lavage évacuateur
IV.1.2. + Extraction à la micro-pince
IV.2. EXTRACTION ENDOSCOPIQUE
IV.2.1. Le matériel endoscopique
Il se compose
IV.2.2. L’équipe endoscopique
IV.2.3. L’extraction endoscopique
IV.3. EXTRACTION CHIRURGICALE
CONCLUSION