L’IMPACT DIRECT DU TOURISME SUR LA VIE DES ROMAINS
Au-delà de ces aspects globaux du tourisme de masse, je me suis intéressé aux impacts directs qu’il peut avoir sur les romains. Et plus particulièrement ceux qui vivent en plein centre-ville, il me semble évident qu’une telle concentration de vacanciers juste au pied de son habitation, a un impact direct sur la vie quotidienne. Dans cette optique je me suis basé sur des témoignages d’amis et sur mon expérience personnelle pour réaliser un listing de quelques-uns de ces comportements que les touristes peuvent avoir et qui énervent les romains :
1. Demander du parmesan à mettre sur des pâtes aux fruits de mer ou au poisson. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en matière de cuisine, les Italiens sont intraitables ! Le parmesan est réservé aux plats de pâtes simples, avec de la viande ou des légumes et basta ! C’est certainement l’erreur la plus répandue des touristes et surtout celle qui énerve le plus les romains. J’ai déjà vu un serveur refuser sèchement d’amener du parmesan.
L’ordre des plats est également important : prendre une bruschetta après leprimo piato est plutôt mal vu, on s’attire rapidement des regards noirs.
2. Commander un capuccino après le repas. Le capuccino est considéré en Italie comme une boisson du matin, voire exclusivement réservée alla colazione. Le capuccino est plutôt gras et nourrissant, donc c’est parfait pour le matin jusque 11 heures. Après c’est interdit, et les italiens ne supportent pas les étrangers qui viennent commander un capuccino à 16h!
3. Passer plus de 2 minutes à prendre son capuccino et son cornetto au bar le matin à 8 heures. En Italie, le café se prend quasiment exclusivement debout, accoudé au bar, et doit se boire en une ou deux gorgées. Quelque chose qui se fait rapidement et efficacement le temps d’un brin de causette avec le barman « il barista », et hop, c’est parti pour une journée de travail. Dans certaines villes comme à Florence, on peut noter l’émergence de terrasses couvertes pour y boire plus tranquillement son caffè, mais cela est justement dû à un nombre très important de touristes.
4. « Je peux payer par carte ? » En général, plus on va dans le Sud, plus la carte bleue se fait rare, et Rome est déjà bien au Sud. Ici, le liquide prévaut sur la carte! Et les touristes se font sans cesse piéger, ils se retrouvent souvent sans liquide, obligeant les commerçants à accepter les cartes bleues alors qu’ils préfèrent se faire payer en liquide.
5. Se plaindre, être malpoli, s’énerver parce qu’il y a du monde. Dans le centre, il y a du monde. Mais, comme je l’ai déjà dit, la plupart du temps ce sont des touristes qui se pressent dans les petites rues de la ville éternelle ! Les vestiges attirent les touristes, et ce n’est pas la faute des Romains. Il est évident qu’il faut faire la queue pour entrer dans les restaurants et sur les sites archéologiques. Les romains se sont vites adaptés, ils prennent leur mal en patience et font la queue patiemment. Mais il leur est insupportable d’entendre les touristes se plaindre à longueur de temps parce qu’il faut attendre, alors qu’ils participent à créer cette attente.
6. Prendre le métro le matin. J’en reparlerai légèrement plus en profondeur, mais les transports en communs font défaut à la ville. Si 70% des romains prennent la voiture ce n’est pas parce qu’ils aiment particulièrement enfreindre le code de la route, mais c’est parce qu’ils n’ont pas d’autre choix. Et rien n’agace plus un romain que de devoir laisser passer 3 métros et arriver très en retard au boulot parce que des masses de touristes s’entassent dans les wagons comme si leur vie en dépendait.
7. Mal manger. Il n’y a rien de plus énervant pour les Italiens que de voir des touristes mal manger en Italie, eux qui sont si fiers de leur cuisine nationale ! En effet, nombre de restaurants pour touristes font de la « pseudo cuisine italienne ». Et évidemment ces restaurants sont très nombreux autour des sites les plus visités, tels que la Piazza Navona, Panthéon etc… Si l’on veut aller dans un restaurant pour goûter de la « vraie cuisine italienne » il vaut mieux se perdre un peu en dehors de ces zones touristiques. Un italien connaît toujours un petit restaurant où nous emmener dans une petite ruelle où l’on sera sûrs de ne pas manger de la « nourriture pour touristes ». Il suffit de regarder les sites qui conseillent des restaurants dans Rome, les commentaires de touristes sont toujours très flatteurs, tandis que les italiens, eux, disent ne pas avoir aimé.
Les romains considèrent donc ces touristes comme des « pigeons ».
8. Jouer au foot dans les musées ou se baigner dans les fontaines. Il est vrai que cela n’arrive pas non plus tous les jours. Mais tous les ans il y a des groupes d’adolescents qui ont la bonne idée d’aller se baigner dans une des nombreuses fontaines de Rome, et plus particulièrement dans la fontaine de Trevi ou dans celle des quatre fleuves. Cela est considéré comme souiller un édifice vieux de plusieurs siècles. En règle générale, ne pas respecter le lieu dans lequel on est, est intolérable. Les romains tiennent à leur patrimoine, et ces actes sont totalement irrespectueux et ils sont intraitables à ce sujet.
9. Ne pas faire l’effort de parler italien. Les italiens sont souvent très heureux de pouvoir parler les quelques mots d’une langue étrangère qu’ils connaissent, mais les touristes qui ne font pas même l’effort de dire Buongiorno ou Grazie les horripilent au plus haut point. D’après les retours que j’ai eu, les romains ont l’impression que les étrangers ne viennent que pour la ville (parfois même que pour le Colisée), et n’ont que faire de leur culture, de leur langue, et cela les frustres. Les touristes qui ne font absolument pas d’efforts pour parler italien sont particulièrement mal-aimés. Au contraire, un touriste qui fait l’effort de dire plus de trois mots en italien se voit directement embarqué dans une conversation avec les vendeurs/serveurs etc…
10. Être mal habillé. Certains italiens sont choqués par le manque de respect des touristes en ce qui concerne le style vestimentaire (short en janvier avec des sandales etc…). L’apparence a son importance en Italie ! Les romains ne sortent jamais habillés négligemment et la mode a une importance capitale.
Alors quand ils voient des touristes se promener en short et tongs, ils prennent cela pour un manque de respect flagrant.
Petite anecdote qui m’a toujours interpellé à ce sujet d’ailleurs. Question d’apparence oblige, les italiennes portent très souvent des talons aiguilles de 10 centimètres de haut. Dans une ville où les pavés et les trous sont prédominants, je me suis toujours demandé comment elles arrivaient encore à marcher, certainement des années d’expérience.
11. Tout tourne autour du tourisme. Ici je parle plus particulièrement du Rome autour de la via del Corso, piazza Navona et Colisée. Cette partie de Rome est exclusivement tournée vers le tourisme, comment pourrait-il en être autrement ? Ainsi, les seuls commerces que l’on peut trouver sont principalement des magasins de souvenirs, des bars/restaurants, des hôtels ainsi que des banques. Si l’on veut faire des courses dignes de ce nom, il faut un certain temps avant de trouver un véritable supermarché. Je n’ai pas eu l’occasion de constater qu’il y avait non plus beaucoup de bureaux, cabinets de médecine etc… . Ainsi, il vaut mieux ne pas habiter cette partie de Rome si l’on ne travaille pas en tant que vendeur dans un des nombreux magasins de vêtements de la via del Corso. Et même ainsi, il n’est pas des plus pratique pour les besoins de la vie quotidienne, se nourrir, se soigner etc… où l’on est obligé de prendre les transports en commun pour une petite course, alors qu’on habite dans la capitale.
Ce petit Top 11 liste donc les comportements désagréables que les touristes peuvent avoir au sein de la ville éternelle et les impacts directs sur la vie des romains. Évidemment, il faut ajouter à cela les avantages listés précédemment tels que les apports économiques principalement. Il y a donc bel et bien des impacts bénéfiques et d’autres néfastes à accueillir un grand nombre d’étrangers pour Rome. Toutefois, à nouveau la ville sainte ne peut se passer de ce tourisme de masse et malgré les nombreux problèmes engendrés, les romains s’adaptent à cette situation, principalement grâce à l’importante hospitalité italienne.
ROME, UNE VILLE AU PATRIMOINE ARCHITECTURAL EXCEPTIONNEL
Ce que beaucoup de monde n’appréhende pas, c’est qu’entre chacun des édifices mythiques composant Rome, chaque pierre posée a son importance. La cité éternelle a une particularité qui la rend unique, la partie concernant le patrimoine mondial englobe la totalité du centre historique de Rome situé à l’intérieur des murs de la ville dans leur plus vaste étendue au XVIIe siècle, ainsi que la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs. C’est donc un site immense qui est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais plus que le Colosseo et autre Panthéon, cette partie de la ville comprend une incroyable complexité de strates, de zones archéologiques exceptionnelles intégrées dans un tissu urbain, qui forme un ensemble extrêmement différencié et aussi intéressant que complexe à étudier.
Selon la principale légende, Rome a été fondée sur les bords du Tibre en 753 avant J.-C. par Romulus et Remus, elle a tout d’abord joué le rôle de la capitale de l’immense république romaine jusqu’en 27 avant J.-C., puis de l’empire romain et enfin celle du monde chrétien au IVème siècle. Chacune de ces successions de capitale s’est faite en superposition de la précédente, c’est à dire, construite sur les ruines de leurs prédécesseurs. La capitale chrétienne principalement est allée dans ce sens, elle fut construite au-dessus de la ville antique, tous les espaces, matériaux et bâtiments ont été réutilisés pour bâtir cette nouvelle cité. Onze siècles plus tard, les papes voulant rehausser l’image de la capitale, encouragèrent de profonds renouvellements de la ville pour s’illustrer à la Renaissance et plus tard à l’époque Baroque.
Depuis les premières fondations de Rome il y a de cela près de trois millénaires, cette ville a constamment eu un rôle dans l’histoire. Vingt-huit siècles sont présents sous nos pieds lorsque nous marchons dans les rues romaines et lorsque je dis cela, ce n’est pas une expression. La cité éternelle est composée d’une multitude de strates souterraines qui s’enfoncent de plus de vingt mètres pour les zones les plus importantes. Pour prendre conscience de ce phénomène, il faut faire une synthèse des principales couches.
A l’époque antique, les premières maisons s’élevèrent sans suivre un plan d’urbanisation, si bien que les habitations s’entassèrent rapidement autour du forum. Les édifices étaient adossés aux pentes des collines et les rues étaient tortueuses. Tout fût pratiquement détruit par les Gaulois durant leur invasion de en 390 av. J.-C. Tous les décombres furent utilisés pour l’assèchement des marais31. A nouveau la ville fût reconstruite sans plan directeur et un nouveau chaos prit place, mais cette fois-ci la maçonnerie fût abandonnée et remplacée par des constructions en bois. En 64 ap. J.-C. La ville fût à nouveau en grande partie détruite par le tristement célèbre grand incendie de Neron qui dura neuf jours. Encore une fois, les décombres servirent pour élever le terrain, enfouissant encore plus de ruines. Par la suite Rome connu une importante expansion qui permit à de nombreux édifices remarquables de voir le jour. Par exemple, le Colisée fût construit, et pour asseoir ses fondations, on combla la vallée avec de la terre et des gravats, qui recouvrirent de quinze mètres les édifices néroniens. Dans le même esprit, l’empereur Domitien entama d’importants travaux pour la grandiose résidence impériale au Palatin, dont les fondations recouvrirent de nombreuses habitations privées. Le plus célèbre de ces ensevelissements étant la Domus Aurea dont les grandes salles, les couloirs, les fenêtres et les portes une fois murés, furent remplis de gravas pour faire office de fondations pour les Thermes de Trajan. Puis au moyen-âge Rome connut une décadence où les bâtiments furent utilisés comme carrières et de nombreuses différences de niveaux comblées par les décombres. Enfin, au XVème siècle lors de grands travaux d’urbanisme, de nombreux édifices et ruines furent détruits pour laisser la place aux nouveaux projets.
A la vue de ce passé, j’ai rapidement compris la richesse du centre historique et à quel point il est diversifié. Il comprend une série d’éléments de valeur artistique incomparable, vieux de plusieurs millénaires (le Colisée, le Panthéon, les forums romains…), des fortifications bâties sur des centaines d’années (les murs de la ville ou le château Saint-Ange) des témoignages de la renaissance et du baroque (la Piazza di Spagna, la Piazza del popolo, la Piazza Navonna…) ou encore des palais, édifices religieux et décors somptueux (Ara Pacis, les basiliques majeures, le Palais Farnese…) tous ont été construits par les plus grands artistes que le monde connait. Témoins d’une succession ininterrompue de trois millénaires d’histoire, Rome présente une stratification des langages architecturaux, un large éventail de typologies des bâtiments et d’aménagements originaux en urbanisme, qui sont intégrés harmonieusement dans la morphologie complexe de la ville. Rome a été et est un exemple pour tous, architectural, urbanistique, artistique, c’est un point de référence incontesté.
La ville historique, qui a continuellement changée au fil des siècles, offre aujourd’hui une image à multiples facettes. À partir du XIXème siècle, une politique rigoureuse a été mise en place pour protéger son patrimoine monumental et archéologique, suscitant une intense activité de restauration, basée sur des principes et des lois nées de débats scientifiques. Au fur et à mesure, les travaux de conservation se déplacèrent des monuments historiques à l’ensemble du tissu urbain historique, qui rendirent possible le maintien de l’intégrité d’un immense quartier historique. À Rome se trouve l’Istituto Centrale del Restauro, un centre d’études internationales qui a joué un rôle essentiel dans l’élaboration de la Charte de Venise et a contribué à la définition de méthodes et d’outils. La ville éternelle, centre de civilisation depuis les temps les plus reculés, reste aujourd’hui un lieu incontournable extrêmement vivant pour des réunions et des échanges ; elle se caractérise comme étant une destination privilégiée pour des pèlerins et des touristes. Dans toutes ses activités, Roma Capitale considère comme une priorité la conservation de son patrimoine culturel exceptionnel et d’assurer la protection efficace de son authenticité.
Toutes ces explications afin de faire comprendre à quel point le centre historique de la ville éternelle peut être unique et représente un trésor inestimable. Il n’y a rien de plus beau pour moi que de se balader dans ces rues chargées d’histoire et de découvrir le haut d’une colonne antique surmontée de son chapiteau encastré dans la maçonnerie d’un bâtiment plus récent ou d’entrer dans une petite courette en passant sous un arc romain. Avoir l’occasion de voir des bâtiments dont l’aspect actuel montre les divers usages qu’il a eu dans l’histoire tel le Teatro Marcello fait pour moi tout le charme et montre à quel point Rome est exceptionnelle.
LES NORMES DE CONSTRUCTION ET LES CONTRAINTES QUI DÉCOULENT DE PLUSIEURS COUCHES DE BÂTIMENTS
Je savais que même en faisant abstraction des touristes il pouvait être difficile de vivre dans la plus vieille partie de Rome à cause de ses nombreux bâtiment historiques. Mais en apprenant que le centre-ville entier était classé, il m’est tout de suite apparu évident qu’il existait de nombreuses normes et règles de construction très strictes, dans le but de conserver au mieux ce riche patrimoine. J’imagine donc aisément que le secteur du bâtiment est extrêmement régulé, il est impossible de faire ce que l’on désire, en particulier dans le centre-ville, que ce soit pour les particuliers ou quelqu’autre organisme. Roma Capitale35 et l’Etat lui-même ont des comptes à rendre en ce qui concerne la préservation du patrimoine italien. En effet, l’Italie a signé plusieurs conventions et chartes explicitant très précisément quels bâtiments peuvent être inscrits et dans quelles mesures doivent avoir lieu les différentes restaurations, conservations, modifications et autres. Les deux principales sont :
−La Convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel, adoptée par la Conférence générale à sa dix-septième session, à Paris le 16 Novembre 1972 et organisée par l’Organisation des Nations Unies. Constatant la dégradation générale du patrimoine mondial, cette convention a pour but de renforcer les lois afin de le protéger.
− La charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites, dite charte de Venise. C’est un traité qui fournit un cadre international pour la préservation et la restauration des objets et des bâtiments anciens. Elle a été approuvée par le second Congrès international des architectes et des techniciens des monuments historiques, réuni à Venise du 25 au 31 Mai 1964.
Ces conventions, toujours d’actualité, sont très détaillées et ne laissent que peu de marge de manoeuvre. De plus, les signataires se doivent de les respecter s’ils ont l’intention de conserver les aides internationales données pour la protection de leur patrimoine architectural.
J’avais comme intention de trouver un document listant toutes les normes relatives à la conservation des édifices classés à Rome. Toutefois je n’ai pas réussi à obtenir d’informations précises là-dessus, les organismes que j’ai contacté étant restés muets face à mes prises de contact. Rien d’étonnant étant donné que l’administratif est toujours compliqué en Italie. Une agence d’architecture romaine avec laquelle j’ai pris contact m’a malgré tout fourni un document résumant globalement ces nombreux règlements. De plus, tout ce qui touche aux travaux sur les bâtiments du centre historique doit obligatoirement passer par la Soprintendenza qui est l’institution qui a la tutelle du centre historique romain.
Pour faire encore plus simple, mes professeurs de Restauro à Roma Tre m’ont grossièrement résumé la chose en me disant : « Il est interdit de modifier, de quelque façon qu’il soit, les bâtiments et en particulier leurs façades. » Cela est très clair, mais c’est une règle qui impacte grandement la vie de tous les jours et les romains semblent ne pas toujours la respecter, ou du moins avoir trouvé des failles pour pouvoir s’en accommoder au mieux. Je me suis donc fait une idée de ce que pouvait être la vie ici grâce à mon expérience d’habitant mais aussi en ayant visité de nombreux logements du centre.
Je me suis souvent promené dans les rues de Rome, cherchant des lieux inhabituels, incongrus. Lors de ces promenades en compagnie de romains, nous avions un jeu dont le but était de trouver tous les aménagements et concessions que les habitants avaient dû faire. Il nous a suffit de nous promener le long de la Via del Corso, qui est l’axe principal du centre historique, pour se rendre compte des concessions que les habitants sont obligés de faire aux bâtiments qu’il est interdit de modifier. La plus évidente de ces concessions concerne directement les magasins. En effet, lorsque nous nous promenons dans une rue commerçante de n’importe quelle ville, chaque magasin présente d’importantes vitrines afin d’exposer leurs marchandises. Il suffit de penser aux fameuses vitrines des galeries Lafayette ou Printemps à Paris, réputées pour leurs décors lors des fêtes. A Rome et particulièrement sur la via del Corso, les grandes vitrines se font très rares. Les bâtiments qui composent le centre-ville n’ont pas été à l’origine conçus dans cette optique, puisque toutes les activités commerciales se concentraient dans des halles ou marchés, avec des étals directement dans la rue. Pour cette raison, les vitrines telles que nous les connaissons ne peuvent être présentes sans une destruction totale de la majorité des rez-de-chaussée. Chose impensable au vu de la protection du patrimoine culturel mise en place. Les commerçants romains ont par conséquent dû s’adapter à la situation, donnant un style particulier à cette voie piétonne.
Dernier exemple des contraintes qu’il peut y avoir lorsqu’on vit dans des vestiges de l’antiquité et qui pose un véritable problème à Rome : les transports. Qu’ils soient en communs ou personnels, le centre historique est très mal desservi. De prime abord, le centre ne paraît pas immense et largement arpentable à pieds, Toutefois je me trouvais rapidement obligé de beaucoup marcher à en avoir les pieds en feu à la fin de la journée. J’étais là pour visiter, donc dans l’optique de marcher mais pas à le faire quotidiennement par obligation pour aller au travail. Malgré une superficie à première vue peu importante, l’espace compris dans la muraille aurélienne est bien étendu et il peut s’avérer compliqué de s’y déplacer autrement qu’à pieds. En effet, un rapide constat des installations présentes révèle aisément ce soucis. Il suffit d’aborder le sujet du métro, là où les grandes capitales telles Paris ou Londres pour ne citer qu’elles, possèdent plus d’une dizaine de lignes de métro, Rome quand à elle n’en compte que trois. Un nombre bien faible en comparaison de la superficie de la ville qui est pourtant l’une des capitales les plus étendues d’Europe. D’autant plus que ces trois uniques lignes font consciencieusement le tour du centre historique, celui-ci n’est donc desservi qu’en périphérie. L’explication est très simple, Rome étant construite sur plusieurs couches, chaque mètre de galerie creusée découvre de nouveaux vestiges qu’il faut étudier et souvent préserver. C’est pour cela que le centre historique n’est pas traversé par le métro, car c’est là que se concentre la densité la plus importante de vestiges. Creuser les sous-sols de Rome est très compliqué, à l’image de la troisième ligne de métro qui a mis plus de sept ans avant de voir le premier tronçon s’ouvrir, et plusieurs années pour finaliser les suivants, le dernier tronçon n’est prévu que pour Septembre 2020 et le terminus qui sera situé sur la Piazza Venezia n’est encore qu’en projet. Mais les problèmes sont également présents en surface, des réseaux de bus et de tramway sont actuellement existants, pourtant encore une fois, le centre-ville est très mal desservi. Le tissu urbain ne se prête que très difficilement à la circulation autre que piétonne ou à deux-roues. Des rues datant du moyen-âge ou plus anciennes encore sont étroites et très sinueuses, peu praticables par des bus qui nécessitent de grands rayons de braquage et encore une fois, il est impossible d’aménager ces voies pour les rendre accessibles. Les grands axes permettant le passage de véhicules imposants sont peu nombreux, il est donc compliqué de mettre en place des transports en commun dignes de ce nom dans la vieille ville. J’ai rapidement remarqué des éléments allant dans le sens de ma réflexion. Si les romains sont si connus pour se déplacer en Vespa42 ce n’est pas parce qu’ils n’apprécient que les scooters, mais bien parce que ce moyen de transport est le plus efficace à Rome, petit et maniable, il permet de se déplacer rapidement et pratiquement partout. Ce soucis de transport m’est également apparu évident lorsque j’ai regardé les circuits des bus touristiques, il n’en existe que deux ou trois et ils se retrouvent rapidement limités. A Paris la multitude de parcours permet de tout voir de la capitale, tandis qu’à Rome ils deviennent peu intéressant étant donné qu’une partie des monuments phares sont absents du parcours. Ces circuits ne comptent pas par exemple la fontaine de trevi, la piazza Navona ou encore le Panthéon, les bus s’en approchent, mais il faut en descendre pour pouvoir vraiment les voir.
Un réseau peu développé tel que celui présent à Rome a un impact direct sur les habitants, puisqu’ils n’ont que peu de possibilités pour se déplacer dans le centre ou en sortir. D’autant plus que j’avais fait le constat que les supermarchés et autres commerces ne sont pas situés directement dans ce secteur. Par conséquent, les romains doivent s’éloigner du centre-ville pour trouver un supermarché digne de ce nom et donc obligatoirement marcher, ce qui n’est que peu pratique là où en pleine ville, nous aimerions plutôt avoir un arrêt de bus proche.
|
Table des matières
I. Introduction
II. Développement
1. Le tourisme de masse
a. Quelques chiffres et constats sur le tourisme à Rome
b. Les bienfaits et méfaits d’un important tourisme
c. L’impact direct du tourisme sur la vie des romains
2. Les contraintes architecturales engendrées par les vestiges
a. Rome une ville au patrimoine architectural exceptionnel
b. Les normes de construction et les contraintes qui découlent de plusieurs couches de bâtiments
c. Adapter le contemporain à l’antiquité
III. Conclusion
IV. Annexe
V. Bibliographie
Télécharger le rapport complet