LES CONTINGENTS SENEGALAIS DANS LES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L’ONU

Les missions d’interposition

   Les missions d’interposition sont des missions pendant lesquelles on note le plus de déploiement de contingents militaires (des milliers de soldats). En effet, ces contingents militaires interviennent dans les combats. Ils représentent les forces d’interpositions qui sont munies d’armes légères qu’elles utilisent uniquement en cas de légitime défense. Les forces d’interpositions ont aussi pour mission de maintenir la paix dans l’attente d’un règlement global ou définitif. C’est ainsi qu’elles s’implantent dans une localité en mesure d’intervenir soit pour s’interposer entre deux factions qui s’affrontent, soit pour combattre une faction qui ne respecte pas les injonctions de l’ONU. En effet, les missions d’interpositions sont celles pendant lesquelles on note l’intervention armée ou lors qu’il y’a confrontation armée entre deux camps. Les forces de la mission d’interposition sont composées aussi bien de contingents militaires que d’observateurs bien vrais que n’ayant pas les même fonctions. Par conséquent, les contingents militaires doivent venir aide aux observateurs lorsqu’ils sont en périls (attaqués ou kidnappés). Les premières missions d’interposition étaient des missions de grandes tailles avec un important dispositif militaire. Ainsi, elles ont suivi les deux premières missions mises en place par l’ONU à savoir l’ONUST et l’UNMOGIP (Groupe d’observation des Nations Unies en Inde et au Pakistan) qui sont des missions d’observation. Comme exemples de missions d’interposition nous pouvons citer la FUNU I (Première Force d’Urgence des Nations Unies). « Elle fut la première OMP armée déployée en 1956 pour répondre à la crise de Suez. Elle était mise en place pour assurer la cessation des hostilités y compris le retrait des forces armées françaises, israéliennes et britanniques du territoire égyptien et après le retrait s’interposer entre les forces égyptiennes et israéliennes ». L’ONUC (l’Organisation des Nations Unies au Congo) aussi est une autre mission d’interposition. Elle fut la « première mission de grande envergure avec près de 20 000 soldats ». Cette dernière mise en place en 1960 après la résolution 143 du Conseil de sécurité, visait à stabiliser les régions déchirées par la guerre occasionnant la mort de plusieurs personnes dont le Secrétaire général de l’époque Dag Hammarskjöld. « Initialement, elle était établie pour : assurer le retrait des forces belges, aider le gouvernement congolais à établir l’ordre public et fournir une assistance technique. Mais le mandat de l’ONUC a été ultérieurement modifié pour lui permettre d’assurer le maintien de l’intégralité territoriale et l’indépendance politique du Congo, de prévenir la guerre civile et d’assurer le retrait de tous les conseillers et forces militaires et paramilitaires ne relevant pas des Nations Unies ainsi que de tous les mercenaires ». Le Sénégal qui depuis le début des OMP de l’ONU en 1948 n’avait participé à aucune mission allait prendre part à l’ONUC qui fut sa première expérience en déployant un effectif de 317 hommes qui étaient inclus dans les troupes de la Fédération du Mali.

Les personnels en uniforme

   Constituant le plus grand nombre du personnel des missions onusiennes de la paix, les personnels en uniforme sont les premiers acteurs à prendre part aux OMP qu’il s’agit : des missions d’interposition, d’observation, de police et d’assistance. Ainsi, ils sont divisés en trois groupes : les soldats, les policiers et les observateurs militaires. Représentant le plus grand nombre des personnels en uniforme, les soldats interviennent pour la plupart du temps dans les missions d’interposition. En effet, ils sont constitués en plusieurs bataillons regroupant des troupes militaires venus de différents pays. Ils sont aussi munis d’armes légères qu’ils utilisent seulement en cas de légitime défense. Leur nombre est supérieur à celui des autres personnels en uniforme parce qu’il peut aller jusqu’à un millier de soldats. En effet, on compte 16 735 soldats dans la MONUSCO (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo), considéré comme étant la mission qui a connu le plus grand nombre de déploiement de personnels. Ainsi, le nombre important de soldats dans les OMP de l’ONU est lié au fait que les théâtres d’opérations dans lesquels ils interviennent nécessitent plus de soldats que d’observateurs. À la date du 31 décembre 2016 le nombre de soldats engagés dans les OMP de l’ONU était de 85 451 voir http://www.un.org/peacekeeping. Quant aux policiers ils étaient au nombre de 12 772 hommes selon la même source et sont les deuxièmes personnels en uniforme des Nations Unies engagés dans les OMP. Ils viennent après les soldats qui sont à la tête du classement et proviennent de divers pays pour former une force multinationale. En effet, les policiers des Nations Unies regroupent aussi bien des policiers et des gendarmes qui interviennent dans les missions de police et d’assistance et remplissent les fonctions classiques de la police. Les policiers des Nations Unies aident les services nationaux de police dans leur planification, fournissent un appui technique et une assistance d’expert. Ils mènent aussi des évaluations opérationnelles. Pour les observateurs militaires, leur nombre est réduit car ils interviennent le plus souvent dans les missions d’observation, de police et d’assistance. Ainsi, ils sont répartis en équipes de 5 à 8 personnes. En effet, ces équipes sont constituées uniquement d’officiers appelées Team Site. Les observateurs militaires sont les derniers dans le classement des personnels en uniforme des Nations Unies. Ils sont au nombre de « 1081 observateurs militaires répartis dans 16 missions en cours » dans le monde. Les observateurs militaires sénégalais envoyés dans les missions d’observation sont issus de l’armée et de la gendarmerie, constitués seulement d’officiers. Les personnels en uniforme qu’il soit soldats, policiers ou observateurs militaires travaillent en étroite collaboration pour le maintien de la paix. Ils restent les principaux acteurs des OMP, car étant les premiers à s’engager et sans eux on ne parlerait pas de maintien de la paix dans le monde. Ainsi, leur nombre varie en fonction des missions dans lesquelles ils interviennent. Lors de la première mission de l’ONU (ONUST), le nombre du personnel en uniforme s’élevait à 150 hommes composés uniquement d’observateurs militaires selon la fiche technique du 30 juin 2016 sur les OMP de l’ONU. Toujours, selon la même fiche, le nombre du personnel en uniforme déployé dans la « MINUSCA (Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation en République Centrafricaine) était de 12 408 répartis comme suit : 10 245 soldats, 143 observateurs militaires et 2 020 policiers. En fait, le nombre total du personnel en uniforme dans les OMP en cours est estimé à 101 280 (fiche du 30 juin 2016) ». Outre les personnels en uniforme, d’autres acteurs prennent part aux missions de maintien de la paix de l’ONU.

Les pays occidentaux

   Les pays occidentaux regroupent ici les pays d’Europe, d’Amérique et d’Océanie. Parmi les pays européens qui ont participé le plus aux OMP de l’ONU durant les premières années nous pouvons citer : l’Autriche, la Belgique, l’Italie, le Royaume Uni, la France. Ces derniers ont participé de manière régulière aux premières missions onusiennes de la paix exemple (ONUST, UNMOGIP, FNUCHYP). Pour les pays d’Amérique : l’Argentine, le Brésil, le Chili, le Paraguay restent les pays qui contribuent plus au déploiement de troupes au sein des OMP de l’ONU excepté les États-Unis et le Canada. Quant aux pays de l’Océanie : l’Australie et la Nouvelle Zélande sont les principaux fournisseurs de contingent. Au début de la mise en place des OMP de l’ONU, les pays occidentaux étaient les premiers à intervenir dans les missions de maintien de la paix en fournissant des contingents et en envoyant des observateurs militaires. C’est ainsi que, lors de la première mission onusienne : ONUST, la Finlande avec un effectif de 14 hommes, les Pays Bas 12, l’Irlande 12 et la Norvège 13 hommes avaient déployé en premier leurs troupes dans la région. En effet, ces quatre pays étaient au-devant de la scène pendant l’ONUST avant d’être renforcés par d’autres troupes occidentales et quelques troupes asiatiques : la Chine et le Népal. Au début des OMP, les pays occidentaux déployaient les premiers contingents mais avec les nouvelles missions la donne a changé. Cependant, les pays asiatiques et ceux de l’Afrique déploient plus de contingents alors que les pays occidentaux se focalisent plus sur la contribution financière. En effet, les États-Unis sont le premier contributeur mondial au budget des OMP des Nations Unies avec un pourcentage de « 27,14% ». La France quant à elle prend plus part aux OMP qui se déroulent dans les pays qui ont comme langue officielle ou Co-officielle le français. Ainsi, « les forces françaises sont engagées au sein de la FINUL avec 1100 casques bleus, de la MINUSTAH, de l’ONUCI, de la MONUSCO ». La France est aussi présente en Centrafrique avec la force Sangaris et au Mali avec la force Barcane. Elle a aussi déployé des forces nationales en appui aux forces de l’ONU en Côte d’Ivoire (la force Licorne). Ainsi, « 34ème contributeurs, en termes d’effectifs », « la France est le 5ème contributeur mondial au budget ». Au-delà de sa contribution aux OMP, la France milite aussi pour des OMP plus efficaces et mieux calibrées. Elle favorise entre autre une coopération renforcée entre les missions, notamment sur le matériel (prêt d’hélicoptère), etc. Elle soutient aussi la participation à la formation des africains dans les OMP à travers des programmes de formation. Les pays occidentaux qui étaient les premiers fournisseurs de contingent dans les OMP ont laissé leur place aux pays asiatiques qui sont plus présents sur les théâtres d’opérations. En effet, la plupart des pays occidentaux contribue plus au budget (États-Unis premier contributeur, Royaume uni, 3ème, Allemagne, 4ème et France 5ème) et le reste des pays occidentaux continuent de prendre part aux OMP en déployant des contingents (Italie, Pologne, Autriche, Argentine, Brésil, Croatie).

1960 : Début du déploiement de contingents militaires sénégalais

   C’est en août 1960 que le Sénégal envoya pour la première fois un contingent militaire dans les missions onusiennes de la paix. Mais, le contingent sénégalais était inclus dans les troupes de la Fédération du Mali conduites par le Commandant Claude Mademba Sy du 1er août 1960 au 10 novembre 1960 ; soit une durée de trois mois environ. L’éclatement des troubles au Congo coïncidait au 18ème jour de l’indépendance de la Fédération du Mali qui fut proclamé le 20 juin 1960. En effet, cette proclamation de l’indépendance de la Fédération survient après la signature le 04 avril 1960 des accords de dévolution des pouvoirs de la communauté à la Fédération du Mali par les délégations de la France, du Soudan français et du Sénégal. Aussitôt, après son indépendance, la Fédération du Mali s’était engagée dans l’ONUC au moment où son armée était en constitution. « Cependant le passé militaire des sénégalais et des maliens qui ont eu à participer à toutes les grandes campagnes militaires de l’époque au sein des armées françaises (Algérie, Indochine, 2ème Guerre Mondiale) laissait présager leur bon comportement ». Avec un effectif de 317 hommes, le contingent sénégalais était composé de 10 officiers, 83 sous-officiers et de 224 hommes de troupes. En effet, il était constitué des éléments de l’armée mais comportait aussi un peloton prévôtal de gendarmes. Dès son arrivée au Congo, le contingent sénégalais était livrer à lui-même parce que n’ayant pas reçu des instructions précises et n’était pas en contact avec le quartier général de Léopoldville. « Malgré les difficultés des premiers jours, le chef de bataillon ordonne sans délai le déploiement du contingent avec son poste de commandement à Kindu, avec une compagnie. Les trois compagnies sont projetées au sud : une à kabanbaré (à 300km) de Kindu, une à Kongo (à 320 km) et une à Kalima (à 300km) » . Cependant, sa présence était de courte durée parce que le contingent sénégalais quitta le Congo deux mois après l’éclatement de la Fédération du Mali survenue le 20 août 1960. « Traversée le 18 août 1960 par de multiples désaccords sur la désignation de ses responsables, la Fédération du Mali semble vouée à l’éclatement. En effet, les divergences qu’il y’avait entre Modibo Keita et Mamadou Dia lors de la préparation de l’élection présidentielle ont précipité les choses ». Modibo Keita avait donné des instructions au chef des forces armées : le colonel Soumaré pour une mise en place de mesures de sécurité lors de la prochaine élection sans prévenir le ministre de la défense, Mamadou Dia. C’est ainsi que ce dernier tentait à contre carrer la décision mais en vain parce qu’elle était confirmée par Modibo. À cet effet, l’état d’urgence fut proclamé le 19 août 1960 après convocation d’une réunion extraordinaire pour empêcher la sécession du Sénégal au cours de laquelle Mamadou Dia était déchargé de ses fonctions. Cependant, la proclamation de l’état d’urgence fut vaine parce que le 20 août 1960, le Sénégal avait convoqué l’Assemblée pour voter en pleine nuit l’indépendance du Sénégal. Suite au vote de l’indépendance du Sénégal, Modibo Keita et les représentants maliens présents au Sénégal sont raccompagnés à la gare et quittèrent le pays le 21 août 1960. Cet éclatement de la Fédération du Mali avait entrainé un retour précipité du contingent sénégalais quelques semaines après son départ. Malgré une participation de courte durée dans l’ONUC, le Sénégal continuait à déployer des contingents pendant la période 1960-1989

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Table des matières

Introduction
Problématique
Première partie : Les Opérations de Maintien de la Paix (OMP) de l’ONU
Chapitre I – Missions de maintien de la paix de l’ONU et personnels des OMP
I – Les différentes missions de maintien de la paix de l’ONU
II – Les personnels des OMP de l’ONU
Chapitre II – Théâtres d’opération des OMP de l’ONU et pays fournisseurs de contingents
I – Les théâtres d’opération des missions de maintien de la paix de l’ONU
II – Les pays fournisseurs de contingents
Deuxième partie – La contribution des contingents sénégalais dans les OMP de l’ONU de 1960 à nos jours
Chapitre I – Participation des contingents sénégalais dans les OMP de l’ONU de 1960 à 1999
I – Les premières années des contingents militaires sénégalais dans les OMP de l’ONU 1960- 1989
II -Déploiement de contingents sénégalais après la Guerre Froide 1990-1999
Chapitre II – Contingents sénégalais et OMP de grandes envergures de l’ONU de 2000 à nos jours
I- Déploiement de contingents sénégalais dans les missions onusiennes de grandes envergures dans les années 2000
II- L’intégration des femmes dans les contingents sénégalais déployés durant les missions onusiennes de grandes envergures
Troisième partie – L’apport du Sénégal dans les OMP de l’ONU
Chapitre I – Régularité de la participation des troupes sénégalaises dans les OMP de ONU
I – Sollicitation incessante des troupes sénégalaises dans les OMP de l’ONU
II – Place du Sénégal dans les OMP de l’ONU
Chapitre II – Rôle des autorités sénégalaises dans les OMP de l’ONU
I – Participation des autorités militaires sénégalaises dans le commandement des OMP de l’ONU
II – Participation des autorités politiques et civiles sénégalaises dans les missions onusiennes de la paix
Conclusion
Bibliographie

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