Les contextes socio-politiques de la vieillesse
Du point de vue international
En 2002 à Madrid, les Nations Unies adoptent un plan d’action international sur le vieillissement. Les états membres de l’UE souhaitent une société adaptée à tous les âges et s’engagent à favoriser le vieillissement actif en intégrant les droits et les besoins des personnes âgées à leurs politiques économiques et sociales (Fragnière & Salamin, 2013). La Constitution suisse pose quelques principes de base sur lesquels la politique de la vieillesse est fondée : la non-discrimination du fait de l’âge, une prévoyance suffisante et la répartition des tâches entre cantons et Confédération. La charge de l’aide et des soins à domicile revient aux cantons (Commission cantonale auprès des seniors, 2017). Certes, des cadres juridiques généraux au niveau national et international sont présents, mais des lacunes existent dans l’application de ces cadres au niveau cantonal ou communal.
Actuellement, beaucoup d’efforts ont été faits concernant la santé et la prise en charge médicale des aînés mais la question de la participation sociale et citoyenne n’apparaît pas encore comme une priorité des politiques de la vieillesse. Pourtant selon l’OMS, « la santé est un état complet de bien-être physique, mental et social, ne consistant pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité »1. Cette définition souligne le fait que la santé ne s’arrête pas uniquement à l’aspect médical. D’autres « aspects qui ont une incidence sur la mesure dans laquelle les aînés peuvent fonctionner et participer dans la société doivent être pris en compte. » (OMS, 2015, p.3). C’est le cas par exemple de la participation sociale et de la citoyenneté des seniors (Commission cantonale auprès des seniors, 2017). Concernant les activités socioculturelles, les loisirs et la formation, l’OMS relève que : « la participation des aînés à des activités socioculturelles est un signe positif de la participation sociale et de l’intégration des aînés. Elle recouvre généralement la participation pendant le temps libre à des activités religieuses officielles ou non, à des activités culturelles ou à des activités sociales avec des amis, des membres de la famille ou des voisins. L’accent est mis sur les rencontres en face-à-face […] » (2015, p. 47).
Politique de la vieillesse en Suisse La politique de la vieillesse concerne : « […] les mesures prises par l’Etat (Confédération, cantons et communes) influant sur la situation de vie de la population âgée. Revêtent une importance particulière la garantie d’un revenu adéquat et l’encouragement de la participation et de l’intégration sociale des personnes âgées. » (OFAS, 2017). Le principal objectif de la politique de la vieillesse en Suisse est de reconnaître la contribution des personnes âgées dans la société et de veiller à leur bien-être. Selon les principes du fédéralisme et de subsidiarité, la Confédération exerce certaines compétences exclusivement tandis que d’autres sont réservées aux cantons et aux communes. Concernant la politique de la vieillesse, la Confédération règle la prévoyance vieillesse financière et sanitaire alors que les cantons et les communes gèrent l’assistance et les soins. C’est pourquoi, les actions concrètes concernant la vieillesse sont principalement reliées aux cantons, aux villes et aux communes. De plus, les organisations non gouvernementales (ONG) jouent un rôle clé en fournissant diverses prestations pour les seniors (OFAS, 2017). Dans un rapport datant de 2007, la Confédération énonce les lignes directrices afin de fonder les bases d’une politique de la vieillesse et d’aiguiller les cantons, les communes et les autres partenaires. Certes, ces recommandations ne sont pas des bases légales à proprement dites, mais elles encouragent l’autonomie, la participation des personnes âgées et le renforcement de la solidarité entre générations. Elles sont inscrites dans un rapport du Conseil fédéral nommé « stratégie en matière de politique de la vieillesse » (OFAS, 2017). Deux offices fédéraux sont en charge de gérer les questions liées à la vieillesse : l’office fédéral de la santé publique (OFSP) et l’office fédéral des assurances sociales (OFAS).
L’OFSP s’occupe de l’assurance-maladie, du financement des soins de longue durée et de la prévention et promotion de la santé. L’OFAS régit l’AVS, la prévoyance professionnelle et les prestations complémentaires. Dans l’OFAS, le domaine Famille, générations et société (FGS) comprend le secteur Vieillesse, générations et société (VGS) qui traite des questions concernant la vieillesse. Ce secteur joue essentiellement un rôle d’information et de soutien financier pour encourager l’aide à la vieillesse. En effet, selon l’art. 101bis LAVS, l’OFAS reverse annuellement environ 72 millions de francs à des organisations et offres locales d’aide aux personnes âgées (OFAS, 2017). C’est le cas par exemple du Conseil suisse des aînés (CSA) qui constitue pour les seniors une plateforme d’échanges liée à la politique de la vieillesse. Concernant la notion de participation, cette dernière se retrouve dans les objectifs de la stratégie en matière de politique de la vieillesse du Conseil fédéral (2007). Les objectifs axés sur les ressources et le potentiel des personnes âgées sont écrits comme suit : « favoriser la participation des personnes âgées à la vie économique et sociale, stimuler leur engagement, que ce soit dans la poursuite d’une activité professionnelle (« 4e pilier ») ou à travers le bénévolat associatif ou informel, comme des formes de développement personnel et de solidarité, avec les générations à venir également ; favoriser l’autonomie, la possibilité de se prendre en charge et l’autodétermination. » (Rapport du Conseil fédéral, 2007, p.44). Ces lignes stratégiques reflètent une conception du vieillissement axée sur la production.
Le vieillissement actif
Pour tenter de répondre aux défis posés par le vieillissement démographique, les États de l’Union Européenne se sont réunis en 2012 et ont ainsi réfléchi collectivement sur la notion du vieillissement actif. L’OMS définit cette notion comme le « processus qui consiste à optimiser les possibilités de vie en bonne santé, de participation et de sécurité afin d’accroître la qualité de vie pendant la vieillesse. » (OMS, 2002, p.12). Suite à cette réflexion collective européenne, de nombreuses recommandations ont été rédigées pour favoriser le vieillissement actif dont certaines étroitement liées au concept de participation2 (Fragnière & Salamin, 2013). En définitive, cette réflexion a mis en évidence le potentiel des personnes âgées et a encouragé leur participation active à la société et à l’économie (Commission européenne, 2014). Le concept de vieillissement actif renforce certaines représentations sociales sur les seniors et sous-tend des actions collectives de certaines politiques publiques. Ce concept avance que pour bénéficier d’une bonne qualité de vie de manière autonome, les personnes âgées doivent pouvoir participer activement à la société sans y subir de discriminations. Pour ce faire, les politiques sociales des États doivent saisir toutes les opportunités d’améliorer leur santé physique et mentale. Cette pression d’une vieillesse dynamique trouve son origine dans d’anciens autres modèles de vieillissement tels que la théorie du désengagement de Cumming & Henry (1961), le vieillissement réussi de Rowe & Kahn (1987) ou encore le vieillissement productif de Bass, Caro & Chen (1993). À partir des années 1990, l’OMS s’approprie le concept en relevant l’importance de la relation entre activité et santé et l’importance de vieillir en bonne santé.
En d’autres termes, l’engagement et la participation sociale sont des éléments centraux du vieillissement actif qui relèvent d’une implication constante dans les activités économiques, sociales, spirituelles, culturelles et citoyennes (rapport du Conseil Fédéral, 2007). L’OMS avance l’importance de considérer la participation des aînés. Cette dernière s’inscrit dans leur définition de la santé qui consiste en un état de bien-être non seulement physique mais aussi mental et social. C’est pourquoi l’organisation encourage la participation à la prise de décision au niveau local, la participation aux activités bénévoles, la participation aux activités socioculturelles, l’apprentissage tout au long de la vie, la possibilité d’accéder à l’information et à l’environnement, etc. (OMS, 2015 cité par la commission consultative cantonale auprès des seniors, 2017). Ces différents types de participation permettraient aux aînés de s’intégrer dans la société. La participation constitue un « outil pour soutenir la bonne santé, l’autonomie et le sentiment de bien-être des aînés » (OMS, 2002, 2007 cité par Raymond et al., 2015, p. 208).
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Table des matières
1. Introduction de la problématique
1.1. Le phénomène du vieillissement, une préoccupation générale
1.1.1. La génération des +60 ans en pleine expansion
1.1.2. Les professionnel.le.s de l’ASC au défi du grand âge
1.2. Objectifs
1.2.1. Objectifs de recherche
1.2.2. Objectifs professionnel.le.s
1.2.3. Objectifs personnels
2. De l’international au local, les contextes socio-politiques de la vieillesse
2.1. Du point de vue international
2.2. Politique de la vieillesse en Suisse
2.3. Politique de la vieillesse en Valais
3. Cadre théorique
3.1. Modèles de vieillissement
3.1.1. Le vieillissement actif
3.1.2. Le processus de déprise
3.1.3. Synthèse
3.2. Participation sociale
3.2.1. Les dimensions de la participation sociale
3.2.2. La responsabilisation de l’individu à travers l’empowerment
3.2.3. Pas tous égaux face à l’inclusion sociale
3.2.4. Synthèse
3.3. Participation, une des valeurs démocratiques de l’animation socioculturelle
3.3.1. Vous avez-dit animation socioculturelle ?
3.3.2. Le projet et la participation, des notions au coeur des pratiques
3.3.3. Synthèse
4. Formulation des hypothèses de travail
4.1. Première hypothèse
4.2. Seconde hypothèse
5. Démarche méthodologique
5.1. Terrain d’enquête
5.2. Méthode de collecte de données
5.3. Échantillon
5.4. Limites
5.5. Enjeux éthiques
6. Analyse des données
6.1. Représentations de la participation sociale
6.1.1. Trois principaux sens donnés au terme de participation sociale
6.1.2. Le projet oui ! Mais les bienfaits de l’animation froide aussi…
6.2. Les ASC, créateurs et créatrices de liens sociaux
6.2.1. Le ou la professionnel.le garant d’une dynamique plus qu’une animation précise
6.2.2. Des savoirs-être indispensables en jeux
6.3. Idéalités du métier d’ASC à l’épreuve de la réalité de terrain
6.3.1. Sous la pression des « faire humains » au détriment des « êtres humains »
6.3.2. Contraintes et difficultés obligeant les professionnel.le.s à s’adapter : les limites de l’ASC
6.4. Vérification des hypothèses
7. Conclusion
8. Références
8.1. Ouvrages
8.2. Articles
8.3. Sites Internet
9. Table des illustrations
10. Annexes
10.1. Annexe A : Liste des abréviations
10.2. Annexe B : Grille d’entretien
10.3. Annexe C : Grille d’analyse
10.4. Annexe C : Schéma des modèles théoriques d’animation
10.5. Annexe D : Modélisation de la posture et du positionnement professionnel
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