Les conséquences lorsque l’enfant transgresse

Les limites et les règles

« La question des règles et des limites n’est pas une question de discipline mais une notion plus complexe : la socialisation »18, affirment Tardos et Vasseur-Paumelle dans un article.

Les limites : Une définition proposée par Filliozat19 dit qu’ « une limite est une frontière qui entoure et définit un espace dans lequel l’enfant peut s’épanouir, avoir le droit de faire toutes sortes de choses, bénéficier de libertés et de permissions». « Le sentiment d’identité se construit dans les limites entre soi et l’environnement, dans l’expérience et la frustration »20. D’après un article écrit par Pernot: « L’origine de la vie psychique des bébés passe avant tout par les limites corporelles au travers d’une différenciation lente et progressive entre le dedans et le dehors. En effet, les relations affectives précoces s’organisent autour du holding (Winnicott), du regard mutuel, des échanges de sourires, de paroles et des vocalisations, des postures de la mère et du bébé et de leur ajustement réciproque qui vont constituer le Moi corporel »21. Il est intéressant de voir que la limite est déjà présente dès la naissance de l’enfant et qu’elle va lui permettre de prendre conscience de sa propre existence. De plus, l’auteure affirme que « les limites sont nécessaires à la construction psychique de l’enfant, car elles vont lui permettre de se socialiser par le passage du plaisir au principe de réalité »22.

En d’autres termes, la finalité de ce processus va permettre à l’enfant de se socialiser par l’expression des frustrations, de considérer l’Autre en tant que personne distincte de lui et qui a aussi droit au respect. Avant cela, il doit être capable de poser ses propres limites ; c’est-à-dire d’intégrer que dans la vie nous pouvons faire beaucoup de choses mais que nous ne pouvons pas réaliser tous nos désirs pour autant. Anne Bacus amène encore une précision sur les limites, en affirmant que « cet espace augmente (et se négocie) avec l’âge de l’enfant : ce qui était interdit à trois ans peut être normal à cinq ans et dépassé à sept ans »23. Pour terminer, Sophie Guillou souligne le fait que « l’absence de limites expose l’enfant à une illusion dangereuse : celle de sa toute-puissance. Or, non seulement cette idée est angoissante mais elle est aussi fausse »24. L’enfant doit apprendre qu’il y a des règles valables pour tous et c’est grâce à elles qu’il va pouvoir se construire.

Les règles : Tout d’abord, « les interdits, les règles sont donnés pour éviter à l’enfant de se mettre en danger et/ou de mettre en danger l’autre ou encore parce que son « droit de vivre » ne doit pas se faire au détriment des autres. Ils sont nécessaires pour lui ou pour les autres et, à terme, pour les deux. » De plus, « outre le fait que la règle permet aux individus de vivre globalement en harmonie, ensemble, la règle, la loi, a un autre avantage : elle apprend la frustration »25, affirme Aubert dans son ouvrage. Les interdits sont nécessaires car ils sont des repères sécurisants pour le petit enfant. Ils dessinent ce cadre dans lequel l’enfant va apprendre à grandir. Il est donc important d’adapter les interdits, selon le degré d’autonomie. Avant l’âge de trois ans, l’adulte doit se montrer assez souple envers l’enfant et lui faire respecter quatre, cinq règles, toujours les mêmes, sans jamais céder car ce sont les plus importantes pour sa sécurité physique et interne. Les règles ne doivent pas devenir rigides tant qu’il n’y a pas un réel danger.26 Pour Dolto, il n’y a que deux interdits définitifs : « celui de nuire à autrui et celui de l’inceste »27, d’où la célèbre citation: « la liberté de chacun s’arrête là où commence celle des autres »28, et l’inceste qui fait référence au complexe d’OEdipe, le fort désir irréalisable du petit enfant. De nombreux ouvrages décrivent une hiérarchie des règles. Par exemple, Tardos et Vasseur-Paumelle les ont classées par couleurs. Tout d’abord, il y a les règles rouges qui sont les plus importantes et les plus rares. Elles ne se discutent pas car elles sont liées à un danger pour l’enfant lui-même ou Autrui. Puis, il y a les règles roses qui sont les plus nombreuses. C’est par elles que l’apprentissage actif de la socialisation a lieu, comme par exemple : se laver les dents. Pour terminer, il y a les règles bleues qui découlent du mode de vie, de l’attitude de l’adulte. Elles sont quasi invisibles et inconscientes.

Les caractéristiques des limites

Grâce aux trois entretiens, il en ressort que poser des limites, c’est « mettre un cadre », « apprendre à dire oui et non », à dire « stop », « expliquer comment faire autrement », « montrer de l’intérêt pour l’enfant », « reconnaître l’enfant », « encourager, féliciter », « accompagner l’enfant », « faire ensemble ». « Cet encadrement commence dans l’espace ; les limites sont posées par l’espace et le ton de la voix ». En effet, les professionnelles accordent une importance à l’aspect environnemental structuré, en affirmant que « l’enfant a besoin d’espaces de permission; c’est-à-dire un environnement aménagé pour qu’il puisse vivre sa vie d’enfant, avec un petit nombre de pairs, suffisamment de personnel et de professionnelles bienveillants et conscients du stade du développement, avec du matériel suffisant et adapté. « Un enfant a soif de découvrir, d’explorer, d’expérimenter; que cette soif soit en grande partie comblée, sinon cela risque de générer de l’agressivité ». « Expérimenter, c’est le quotidien. Laisser expérimenter, puis poser la limite », affirme une professionnelle en soulignant le besoin du petit enfant à cet âge-là. De plus, la cohérence avec soi-même et la cohésion de l’équipe éducative sont aussi des éléments communs aux trois entretiens, qui amèneraient un cadre clair et sécurisant à l’environnement de l’enfant. « La clarté amène la sécurité ; si un jour on dit blanc et le lendemain noir, ça n’aide personne, ça amène plutôt la confusion, la dispersion ». La cohésion permet d’établir cohérence et sécurité dans les pratiques éducatives puisqu’elle « assemble » tout le monde sur une même ligne et crée des points de repère pour chacun. De plus, l’accompagnement à la parentalité est aussi un point essentiel ressorti dans les interviews.

Or, pour créer ce cadre sécurisant, la relation avec l’enfant a clairement été mise en évidence dans le discours des interviewées. Accompagner, guider, verbaliser, être dans le concret sont des attitudes respectueuses. « Mettre des limites, c’est le respect et il faut le construire », « une relation de bienveillance et d’attention avec l’enfant est le meilleur outil », ont-elles affirmé. Une EDE explicite le concept de la bienveillance, en donnant sa propre définition : « c’est considérer l’enfant, en tant que tel et non pas comme un adulte ; je sais que c’est un enfant, qu’il ne sait pas vivre en société, je ne sais pas forcément tout ce qu’il vit et, selon ma connaissance du développement de l’enfant, je le considère là où il en est ». En tant qu’adultes, nous « devons être conscientes de l’âge de l’enfant et accepter qu’il y a des choses qu’il n’est pas encore capable d’intégrer comme par exemple : « ne pas pousser, attendre, ne pas mordre ». Ces comportements font partie de sa manière de s’exprimer et nous sommes là pour montrer à l’enfant qu’il y a d’autres manières de faire, qu’il peut dire non, qu’il peut dire stop ou qu’il peut venir chercher de l’aide ».

Une attitude d’empathie

Pour commencer, si nous nous référons à nouveau à la pyramide de Maslow76, la reconnaissance et l’estime de soi font parties des besoins fondamentaux pour que l’être humain puisse se réaliser. En effet, l’enfant cherche l’attention de l’adulte et sollicite sa présence pour partager avec lui ses exploits ; « le regard de l’autre nourrit son estime de soi. Il doit prendre conscience de sa propre valeur avant de concevoir que les autres sont également dignes de respect »77, écrit Bourcier dans son ouvrage. Or cette attention, « qu’elle soit positive (encouragement, reconnaissance) ou négative (punition, menace), agit sur la fréquence ou l’intensité du comportement de l’enfant »78. C’est pourquoi, il est important de prendre conscience que nos attitudes à l’égard de l’enfant peuvent avoir une influence sur son développement, son comportement et peuvent le fragiliser. « L’enfant puise tout de l’adulte : son regard sur le monde qui l’entoure, ses valeurs, sa propre représentation et sa fierté d’être »79. De là, je fais un lien entre le concept de la bientraitance et la capacité à la réflexion, relevée par les professionnelles ; l’adulte doit donc être capable de penser sa pratique, de remettre en question son savoir-faire et son savoir-être afin de s’identifier à l’enfant et d’ajuster au mieux ses interventions éducatives.

Les professionnelles ont ressorti des attitudes distinctes, dans l’accompagnement aux apprentissages, qui convergent aussi vers une approche positive. Par exemple, elles ont cité : « se mettre à la hauteur de l’enfant », « faire avec l’enfant », « être ferme », « clair et concis », «mettre des mots sur ce qu’il vit », « l’écoute », « expliquer clairement, le pourquoi », « trouver une solution en alternative qui répond aux besoins de l’enfant », « être dans le concret » et « la cohérence avec soi-même », etc. Ce savoir-être m’a fait penser aux attitudes positives décrites par le pédagogue Carl Rogers (1902-1987) qui affirme qu’« un véritable apprentissage est conditionné par la présence d’un certain nombre d’attitudes positives dans la relation personnelle qui s’instaure entre celui qui « facilite » l’apprentissage et celui qui apprend»80. D’après lui, la première qualité est « le caractère vrai » : être sincère et authentique ; l’adulte fait preuve d’enthousiasme, de lassitude, s’intéresse aux enfants, se met en colère, se montre compréhensif et bienveillant. La deuxième est la valorisation, l’acceptation et la confiance.

C’est-à-dire que l’adulte valorise la personne qui apprend, témoigne d’une attention bienveillante et accepte l’autre en tant que personne distincte dotée de qualités propres. Et la troisième, c’est la compréhension de l’autre, profonde et authentique, dont la capacité à se mettre à la place de l’autre, « voir le monde à travers ses yeux », comme il l’explicite. « Le fait de percevoir le monde du point de vue de l’autre dans le but d’éprouver ce qu’il éprouve, ceci pour parvenir à le comprendre et finalement à trouver l’attitude la plus appropriée »81, fait référence à l’empathie, comme la décrit Nanchen. Enfin, « la mission de l’éducatrice est qu’elle reconnaisse et respecte chaque enfant dans l’entier de sa personne, qu’elle organise pour lui un milieu qui répondra le mieux à ses besoins et qu’elle ait une solide confiance en ses compétences et ses possibilités »82, affirme Raymond Caffari. Or, à la suite de cette recherche, les facteurs favorables à un environnement adapté aux besoins du petit enfant vont être pensés.

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Table des matières

1 Introduction
1.1 Cadre de la recherche
1.1.1 Illustration
1.1.2 Thématique traitée
1.1.3 Intérêt présenté par la recherche
1.2 Problématique
1.2.1 Question de départ
1.2.2 Précisions, limites posées à la recherche
1.2.3 Objectifs de la recherche
1.3 Cadre théorique et/ou contexte professionnel
1.3.1 Le développement de l’enfant de un à trois ans
1.3.2 Les limites et les règles
1.3.3 La punition et la sanction
1.3.4 Les styles éducatifs
1.3.5 La bientraitance
1.3.6 La méthode pédagogique
1.4 Cadre d’analyse
1.4.1 Terrain de recherche et échantillon retenu
1.4.2 Méthodes de recherche
1.4.3 Méthode de recueil des données et résultats de l’investigation
2 Le développement
2.1 Introduction et annonce des chapitres développés
2.2 Présentation des données recueillies
2.2.1 L’apprentissage des règles et des limites
2.2.2 Les caractéristiques des limites
2.2.3 Le rôle et la fonction de la règle
2.2.4 Les conséquences lorsque l’enfant transgresse
2.3 Analyse des résultats obtenus
2.3.1 La connaissance du développement de l’enfant
2.3.2 La valeur de la relation de l’adulte à l’enfant
2.3.3 Penser à un environnement stimulant et stable
2.3.4 Penser à nos mots, à nos actes
2.3.5 Réflexions
3 Conclusion
3.1 Résumé et synthèse de la recherche
3.2 Limites du travail
3.3 Perspectives et pistes d’action professionnelles
3.4 Remarques finales
4 Bibliographie
4.1 Ouvrages
4.2 Articles
4.3 Sites internet
4.4 Support de cours
4.5 Dictionnaire
4.6 Autres documents

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