Les conséquences du stress chez les enfants

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Les causes du stress scolaire

Il semble donc nécessaire d’analyser les causes de ces stress quotidiens ou aigus, afin de les limiter. Cependant, il est important de souligner que les causes du stress peuvent être multiples et sont surtout propres à chaque individu.
Le stress ressenti par les enfants peut ainsi être lié à la relation que l’enfant entretient avec sa famille, aux attentes de l’école ou à des causes psychologiques. Ce mémoire s’inscrivant dans le milieu scolaire, j’ai choisi de n’analyser ici que les différentes causes liées à l’école. En effet, l’école peut représenter un quotidien stressant pour les enfants, à travers de multiples facteurs.
Tout d’abord, les sources d’anxiété pour les élèves peuvent être issues de facteurs liés aux professeurs et aux apprentissages. Ce stress peut avoir pour origine une sur-exigence du professeur par rapport aux capacités de l’élève, une surcharge de travail, une absence de reconnaissance et de valorisation, ou encore des enseignements sans latitudes décisionnelles et donc sans appropriation des savoirs pour les élèves. Une absence réitérée des professeurs et un changement constant des enseignants peuvent également créer « une incertitude angoissante dans l’organisation des journées » (Romano, 2016). De même, l’existence d’une souffrance vécue par les enseignants va se répercuter dans ses gestes professionnels et donc devenir une source de stress pour les élèves qui vont la percevoir. Enfin, des enseignants qui portent un jugement sur l’enfant et non sur son travail sont également à l’origine d’une forte anxiété (Curchod-ruedi et al., 2011).
Les notes peuvent aussi être source de stress pour les élèves, en effet elles créent une anxiété de performance, c’est-à-dire une situation où les enfants se sentent jugés et notés en permanence (George, 2002). Les notes et classements peuvent créer une atmosphère de rivalité, de jalousie et un esprit de compétition dans la classe. De plus, de mauvaises notes découragent les élèves et les stigmatisent. Les élèves avec de mauvais résultats se construisent alors une image négative d’eux-mêmes et se convainquent de leur incapacité à réussir.
Le stress peut également avoir pour source, la relation avec les pairs. Ainsi, la timidité, la peur des moqueries, mais aussi le harcèlement peuvent être créateur d’anxiété sociale (George, 2002). Celle-ci peut s’illustrer par un manque de relations et un isolement au sein du groupe classe, des agressions, des violences, un sentiment d’insécurité, ainsi que des tensions et conflits entre pairs (Romano, 2016).
L’organisation de la scolarisation, ces règles internes ainsi que l’environnement dans lequel elle s’effectue peuvent aussi être source d’anxiété pour les élèves. En effet, une inadaptation des horaires de la classe au rythme biologique des élèves, des changements incessants d’emploi du temps ou encore des devoirs donnés sans temps suffisant pour les rendre, obligent les élèves à travailler dans l’urgence. La crainte du redoublement entraîne également un fort stress chez les élèves. Enfin, des conditions matérielles de scolarisation inadaptées comme des nuisances physiques, trop de bruit, un chauffage non adapté, ou un éclairage inadéquat peuvent créer un stress quotidien défavorable pour les élèves (Romano, 2016).
L’anxiété ressentie par les élèves en milieu scolaire peut également être issue de la relation que sa famille entretient avec l’école. Ainsi, le stress de l’enfant peut être lié aux attentes scolaires de ses parents. En effet, certains parents exercent une pression parentale par rapport aux résultats scolaires de leur enfant, celui-ci va alors se sentir obligé de réussir pour se conformer à ces attentes, ce qui va engendrer du stress (Romano, 2016). D’autres parents ne vont, également, prendre en compte que l’élève et non l’enfant, ainsi, ils ne vont parler que de l’école avec leur enfant et ne pas s’intéresser à lui de manière singulière (George, 2002).
Cette anxiété peut aussi avoir pour source les valeurs familiales. En effet, il peut exister des conflits entre les valeurs familiales, personnelles, et celles de l’école (Romano, 2016). L’enfant se retrouve donc en conflit de loyauté envers sa famille qu’il ne veut pas décevoir, mais également envers son professeur dont il souhaite répondre aux attentes.
Des situations familiales complexes peuvent donc être des sources d’anxiété sociale et influencent les ressources personnelles des élèves. Certains élèves vont alors manquer de ressources antérieures pour pouvoir faire face à des situations nouvelles ou stressantes. C’est le cas, par exemple, lorsque l’élève manque de confiance en lui, ou ne dispose que d’un faible soutien intrafamilial (Romano, 2016).
Enfin, certaines « conditions de vie matérielles ou psychologiques empêchent également toutes perspectives dans les attentes scolaires » (Romano, 2016).

Les conséquences du stress chez les enfants

Au niveau scolaire, chez les enfants victimes du stress, on remarque des difficultés d’adaptation lors des changements de classe qui se traduisent par la perte de repère, des difficultés d’apprentissage liées à des problèmes d’attention, de concentration et de mémorisation. Des phénomènes de décrochage scolaire, de désengagement dans la scolarité sont également régulièrement observés (Romano, 2016).
Le stress scolaire peut aussi avoir des conséquences sur la santé physique des enfants. En effet, il peut se caractériser par des accélérations du rythme cardiaque et respiratoire, une grande quantité d’oxygène est alors déplacée et met ainsi les muscles en tension (Romano, 2016). Le stress peut aussi prendre la forme de douleurs physiques telles que des maux de tête ou même parfois de douleurs abdominales. Ainsi, un enfant qui se plaint d’avoir mal au ventre tous les matins avant d’aller à l’école peut exprimer du stress lié à la peur de l’école.
Ce stress scolaire peut également, se caractérise par une multitude de troubles du comportement. De nombreux chercheurs parlent de « conduites d’inhibitions ». Ainsi, Gisèle George illustre ces conduites à travers des phénomènes de timidité, de retrait, ou encore de phobie sociale. Elle remarque que pour les élèves souffrant d’anxiété sociale, il est difficile de s’intégrer à un groupe. La solution la plus adaptée est alors la fuite, le retrait de la vie scolaire, mais également périscolaire. De nombreux conflits et tensions avec les autres peuvent également être relevés ainsi que des troubles de l’adaptation (Romano, 2016). De plus, des troubles alimentaires et du sommeil peuvent être observés chez l’enfant anxieux. On remarque également une instabilité émotionnelle et une intolérance à la frustration. En effet, ces enfants malades du stress peuvent avoir du mal à contrôler leurs émotions, ils prennent ainsi les choses très à cœur, et sont parfois très fragiles.
Des conséquences sur la santé psychique de l’enfant peuvent également apparaître. En effet, une perte du sens des valeurs, de l’utilité des apprentissages et une diminution de l’estime de soi caractérisent les enfants victimes de stress scolaire. Ainsi, de nombreux enfants victimes du stress ont tendance à se dévaloriser, ce qui peut entraîner des troubles dépressifs conduisant à des risques, notamment à travers des jeux dangereux ou encore des fugues (Romano, 2016). Ces enfants victimes de troubles psychiques perdent confiance en eux, en les autres et en l’avenir (George, 2002). Ces conséquences sur la santé psychique des élèves peuvent aboutir à un burn-out qui se caractérise par un épuisement mental. Il apparaît comme une réaction aux difficultés de tous les jours auxquelles les élèves doivent s’adapter pour surmonter les pressions qu’ils ressentent. Cette réponse est le résultat d’un écart entre les ressources des élèves et les attentes du système scolaire. Ce burn-out, qui est un syndrome chronique de stress lié à l’école, est associé à de sérieux problèmes comportementaux et psychologiques comme la dépression, l’absentéisme et le décrochage scolaire (Curchod-ruedi, Doudin, Lafortune, Lafranchise, 2011).

Des méthodes pour atténuer le stress scolaire

Il existe différents moyens d’atténuer et de régler l’anxiété sociale des élèves à l’école.
Tout d’abord, les élèves peuvent apprendre à prendre confiance en eux en trouvant leur place au sein d’un groupe. Pour cela, il est possible de créer des groupes d’affirmation de soi dont le but est l’apprentissage et la mise en application des capacités sociales des enfants. Ils peuvent permettre à l’enfant de développer des habiletés sociales qui sont influencées par son tempérament, son milieu socioculturel, son âge et son sexe. Les élèves pourront ainsi apprendre à s’affirmer dans un groupe (George, 2002). Les enseignants, pour favoriser la prise de confiance des élèves, peuvent mettre en place des actions notamment des ateliers d’estime de soi via des jeux de rôle. Cela permet à l’élève d’avoir des réponses en cas de besoin si la situation évoquée se reproduit et favorise sa confiance en lui, car il sait ce qu’il doit répondre (Romano, 2016).
Les enseignants peuvent donc proposer des activités pour favoriser l’épanouissement de chaque élève au sein d’un groupe. Ils jouent un rôle essentiel dans la gestion de l’anxiété sociale. Leur formation à ce sujet est donc importante. En effet, les enseignants doivent savoir quelle attitude adopter face à un élève qui semble dépassé par le travail scolaire (Curchod-ruedi et al., 2011). Ainsi, selon une étude menée à ce sujet, le burn-out diminue lorsque les enseignants soutiennent les élèves, les motivent et les valorisent. (Salmela-Aro, 2008).
Cette prise en charge de l’élève qui souffre d’anxiété sociale concerne toute la communauté éducative. Il est important de former les personnels aux modalités de communication des enfants pour apprendre les mots et les comportements qui valorisent, encouragent, et permettent aux élèves de se sentir respectés et reconnus. De plus, il faut former les professionnels à la gestion des émotions, au repérage des troubles liés au stress scolaire et à leur prise en charge (Romano, 2016). En effet, pour gérer le stress, les psychologues et toutes les personnes travaillant dans le domaine de l’éducation doivent connaître ces problèmes afin de mieux identifier le mal-être et favoriser une meilleure prise en charge (Curchod-ruedi et al., 2011). Tous les intervenants jouent un rôle pour gérer l’anxiété sociale et il est également nécessaire d’assurer une continuité entre leurs actions afin qu’elles soient efficaces et cohérentes (Romano, 2016). Les parents ont donc une place essentielle et doivent être tenus informés de ces actions.
Il peut également être intéressant de diminuer la pression liée aux performances scolaires. En effet, l’anxiété des élèves peut être due à la pression mise sur leurs performances scolaires, notamment en ce qui concerne l’évaluation. L’évaluation positive, la coévaluation ou encore l’autoévaluation vont permettre à l’élève de comprendre le sens des notes et entraîner une dynamique réflexive. Les élèves réfléchissent à la manière dont ils vont évaluer et quelles compétences vont être évaluées, ils ne s’intéressent donc pas seulement à la note. De plus, il ne faut pas créer de l’anxiété en fixant des objectifs trop difficiles à atteindre : il ne faut pas surestimer les capacités de l’enfant, car cela peut conduire à l’échec. Il faut laisser l’élève avancer à son rythme grâce aux cycles et surtout ne pas le comparer aux autres. Lorsque le stress est aigu, il faut déculpabiliser l’enfant et minimiser les faits. Il faut toujours être positif (George, 2002).
Il est donc important de développer dès le plus jeune âge un rapport positif aux apprentissages. Selon Govaerts et Grégoire (2006), il faut que les élèves perçoivent l’intérêt de la tâche, en donnant du sens aux apprentissages. De plus, l’enseignant doit aider les élèves à prendre confiance en eux, afin qu’ils soient convaincus qu’ils peuvent réaliser la tâche. L’enseignant doit veiller à ce que les activités aient un sens pour les élèves, mais également qu’ils puissent avoir le choix, ce qui représente une source de motivation. (Romano, 2016).
Enfin, les enseignants peuvent mettre en place dans leur classe, différentes activités qui vont permettre de diminuer l’anxiété des élèves. Par exemple, il faut permettre aux jeunes enfants de découvrir eux-mêmes les apprentissages pour investir les élèves dans leurs apprentissages et développer leur motivation. Il faut concevoir des emplois du temps adaptés au rythme de l’élève afin de développer le bien-être des élèves : les élèves sont moins fatigués donc moins irrités et plus concentrés. Il est également important de valoriser le collectif et le soutien entre les élèves (Romano, 2016). Cela permet une meilleure ambiance de classe, évite le développement de situations stressantes comme les moqueries ou le harcèlement. Il est également important de prendre en compte les facteurs ergonomiques de la salle de classe (bruit, mobilier, aération, couleurs, insonorisation, température, luminosité, espace vert) pour favoriser le bien-être à l’école. Les interactions de qualité des élèves entre eux et avec l’enseignant contribuent également au bien-être des élèves. En effet, Protin (2005) a mis en place un groupe de discussion à la fin de chaque journée d’école et a constaté des bénéfices de ces échanges qui sont libres et sans angoisse d’être évalués ou jugés. Chacun peut s’exprimer et raconter ce qu’il veut, le but est de communiquer pour se libérer. Les élèves doivent néanmoins respecter la parole des autres et ne pas se moquer. Par le biais de ces groupes de discussion, Protin a constaté « un effet libérateur d’une parole librement échangée » (Curchod-ruedi et al., 2011, p.63)
Comme il a été précisé auparavant, la souffrance des enseignants peut avoir une influence sur celle des élèves. Pour y remédier, il est possible de mettre en place des groupes de paroles entre pairs pour échanger et élaborer collectivement sur les situations qui sont cause de souffrance. Ce partage et ces interactions permettent aux enseignants de sortir de leur isolement devant les problèmes qu’ils peuvent rencontrer. Ces groupes ont un effet sécurisant, car l’enseignant se sent entouré et peut trouver des réponses à ses interrogations, mais aussi stimulant, car il peut aider à son tour et apporter ses idées. Cette entraide permet donc de surmonter le sentiment d’échec ou d’impasse dans lequel peut se trouver un enseignant isolé et en souffrance. Pour qu’ils fonctionnent sur le long terme, il faut qu’ils soient réguliers et qu’il n’y ait pas de jugement de valeur entre les enseignants (Curchod-ruedi et al., 2011).

Formulation de la problématique et des hypothèses

Lors de ma première année de master, je souhaitais réaliser un mémoire sur l’anxiété sociale des élèves à l’école. Or, nous avons pu voir dans cette première partie, que le stress scolaire est lié à de nombreuses causes qui peuvent être aussi bien familiales, scolaires que psychologiques, et que ce stress occasionne des symptômes multiples et spécifiques à chaque individu, ce qui le rend difficile à repérer, mais également à prendre en charge. Nous avons également pu observer dans la partie précédente, que la lutte contre le stress scolaire passe par une collaboration de tous les acteurs de l’école, mais également des parents d’élèves. Cette lutte doit passer par la mise en place de multiples ateliers et actions qui doivent se dérouler sur le long terme et dans tous les espaces de l’école. Or, mes différents stages ne me permettaient pas de mettre en place de telles actions, notamment celles visant à mobiliser l’ensemble de l’établissement, de son personnel et de ses parents d’élèves. Par ailleurs, mes stages se déroulant sur de courtes périodes, ou de manière ponctuelle chaque semaine, ils ne me permettaient pas d’observer de manière prolongée et suivie les élèves dans leurs différents activités, et apprentissages. Je n’étais donc pas en mesure de repérer quels élèves étaient concernés par ce stress scolaire, et de mettre en place des activités remédiant à celui-ci et afin de répondre aux besoins de mon mémoire.
C’est pour toutes ces raisons que j’ai décidé, lors de ma deuxième année de master, de réorienter le sujet de mon mémoire vers la prévention du stress scolaire. En effet, les différentes données de la première partie ont permis de démontrer que la mise en place d’activités de prévention, notamment à travers une écoute bienveillante de l’élève et la mise en place d’activités l’aidant à s’affirmer, permet de limiter les causes de stress et ainsi l’anxiété des élèves. Ces différentes activités de prévention me semblaient plus simples à réaliser, car elles ne nécessitaient pas au préalable de déterminer quels élèves souffraient de stress scolaire, et pouvaient être facilement adaptées aux différents contextes rencontrés dans mes lieux de stage. De plus, leur mise en place permet d’impacter de manière positive le climat de classe, et est donc bénéfique à l’ensemble des élèves.
Afin de définir quelles actions me permettraient de réduire l’anxiété sociale des élèves tout en produisant des effets facilement identifiables et observables pour mon mémoire, je me suis de nouveau appuyé sur mes différentes lectures réalisées lors de ma première année de master. Celles-ci m’ont permis de déterminer que l’un des premiers facteurs de l’anxiété scolaire était la perte de l’attention. En effet, l’élève envahi par le stress ne parvient plus à se concentrer, et à focaliser son attention sur l’enseignement dispensé par le professeur. Face à ce constat, j’ai choisi d’orienter le sujet de mon mémoire sur les outils permettant d’améliorer la concentration des élèves lors des activités d’apprentissage.
Ayant défini le thème principal de mon mémoire, je me suis intéressée aux différentes activités permettant d’influencer la concentration des élèves. Cependant, je souhaitais également pouvoir mettre en place une activité permettant aux élèves d’exprimer leurs ressentis et émotions. En effet, comme nous avons pu le voir à travers les différentes lectures effectuées dans mon cadre théorique, la reconnaissance des émotions des élèves et le fait de leur laisser la possibilité de les exprimer permettent également de réduire le stress scolaire. Mettre en place une activité associant un travail sur la concentration et sur les émotions me semblait alors un bon moyen de prévenir l’anxiété sociale des élèves. Certainement influencée par l’actualité, je me suis intéressée à la pratique de la méditation de pleine conscience, notamment à travers l’ouvrage « Calme et attentif comme une grenouille », d’Eline Snel. En effet, les multiples articles autour de cette pratique mettent en avant le fait que la méditation permet non seulement aux élèves d’apprendre à reconnaître et exprimer leurs émotions, mais également d’instaurer un climat de classe plus détendue et ainsi propice aux apprentissages.
Souhaitant pouvoir analyser l’existence ou non d’une corrélation entre la pratique de la méditation de pleine conscience et la concentration des élèves, j’ai choisi d’orienter les propos recueillis dans mon mémoire autour de la problématique de recherche suivant :
La pratique de la méditation de pleine conscience impacte-t-elle de manière positive la concentration des élèves ?
À partir de cette problématique et de mes différentes lectures théoriques, j’ai pu formuler les hypothèses suivantes :
– La méditation permet aux élèves d’apprendre à reconnaître leurs émotions. Ils peuvent ainsi les exprimer et se rendre plus disponibles aux apprentissages.
– La méditation aide les élèves à se détendre, créant un climat de classe plus apaisé qui permet de favoriser la concentration des élèves.
– La méditation, permet aux élèves de développer leur attention, les amenant ainsi à travailler leur capacité de concentration..
La mise en place d’une activité autour de la méditation de pleine conscience, à partir de l’ouvrage « Calme et attentif comme une grenouille » d’Eline Snel, durant mon stage me permettra d’invalider ou non ces hypothèses et ainsi d’apporter une ébauche de réponse à la problématique formulée ci-dessus.
Cette nouvelle problématique de recherche nous amène à définir deux nouveaux concepts. Celui de la concentration et celui de la méditation de pleine conscience.

Définition des concepts

La concentration

Pour Jean-Philippe Lachaux, « rester concentré c’est accepter de ne pas être partout à la fois » (Lachaux, 2016, p.116). En effet, le terme « concentration » peut-être défini par le fait de focaliser son attention sur un point, une cible ou un objectif à atteindre. La concentration est donc fortement liée à l’attention et à l’écoute. Or, nous sommes aujourd’hui sollicités sans cesse par de nombreuses informations, l’attention est donc notre « capacité à filtrer ce qui, dans ce flux incessant, nous paraît important de ce qui ne l’est pas » (Lachaux, 2014). « Être concentré c’est donc percevoir ce qui est le plus important pour ce que nous avons l’Intention de faire, et y réagir de la bonne manière avec les bons neurones, c’est ce qu’on appelle le PIM » (Lachaux, 2016, p.34). Le PIM permet de rester concentrer en nous rappelant ce que l’on doit surveiller (perception), quel est notre objectif (intention) et comment le réaliser (manière d’agir). Ces différentes stratégies nous permettent également d’adapter notre façon de réagir afin de ne pas nous laisser toujours guider par nos habitudes. Elles sont essentielles pour apprendre, car « apprendre c’est répéter de nombreuses fois quelque chose dont on n’a pas l’habitude, et qui n’est pas naturel » (Lachaux, 2016, p.85). La concentration est donc nécessaire à l’apprentissage.
La distraction ou déconcentration est, selon Jean-Philippe Lachaux, due à notre « difficulté à aligner les priorités des différentes parties du cerveau » (Lachaux, 2014). En effet, les neurones qui gardent en mémoire notre intention « s’endorment » facilement, nous oublions alors ce que nous avions l’intention de faire et nous nous déconcentrons. Notre attention est alors « influencée par trois facteurs : nos habitudes, nos émotions et nos intentions conscientes et volontaires » (Lachaux, 2014). Nos habitudes, qui sont des « systèmes de réactions stéréotypées à l’environnement constitués d’associations réflexes » (Lachaux, 2014) nous permettent de réagir très rapidement à des perceptions sans avoir besoin de réfléchir. Mais elles peuvent également constituer « un puissant mécanisme de distraction » (Lachaux, 2014), ainsi, si une porte s’ouvre par exemple, nos habitudes nous pousseront à tourner la tête, ce qui nous déconcentrera. Nos émotions sont aussi source de distraction. En effet, notre cerveau « enregistre en permanence des associations entre ce que nous faisons ou percevons et ce que nous ressentons » (Lachaux, 2014). Ainsi, certains neurones, qui permettent de déterminer ce que l’on aime ou non, nous incitent à effectuer les tâches que nous aimons, ce sont les neurones du circuit de la récompense. Or, ces neurones « aiment ce qui bouge, ce qui est excitant et ce qui change » et « n’aiment pas ce qui est trop calme » (Lachaux, 2016, p.19). Ces neurones impactent fortement notre concentration puisque lorsque nous réalisons une activité qui nous plaît, que nous avons choisi, ou lorsque nous avons envie d’apprendre quelque chose, ils nous aident à nous concentrer, alors que lorsque nous réalisons quelque chose que nous n’avons pas choisi, ils nous distraient avec ce que nous aimons. De plus, ces neurones aiment avoir une récompense immédiate, nous aurons donc plus de difficultés à nous concentrer sur des activités, dont l’objectif ne sera pas immédiatement atteint (Lachaux, 2016, p.63).
Nous avons donc pu voir que de nombreux facteurs peuvent perturber notre concentration. Or, celle-ci est essentielle pour apprendre. En effet, les images mentales que nous réalisons servent à notre mémoire de travail qui garde en tête durant quelques secondes ce que l’on vient de voir, d’entendre, d’imaginer, permettant de mieux réussir en classe. Mais cette mémoire s’efface dès que l’on se laisse distraire. Il est alors nécessaire d’apprendre aux élèves à exercer leur concentration. En effet, en s’entraînant il est possible d’apprendre à se reconcentrer quand on se laisse distraire, jusqu’à ce que cela devienne une habitude que nous réaliserons automatiquement (Lachaux, 2016, p.66). Plusieurs outils peuvent ainsi être mis en place afin d’apprendre à apprivoiser son attention. Nous pouvons, par exemple, tout d’abord apprendre aux élèves à reconnaître les différentes distractions, en effet pour Jean-Philippe Lachaux « une des clés de la maîtrise de l’attention est de d’abord prendre conscience des ces facteurs de distractions » (Lachaux, 2014). Il semble également important d’apprendre aux élèves à reconnaître les différents moments où il est nécessaire d’être attentifs, en effet chaque activité ne demande pas le même degré d’attention en fonction de la difficulté et de la durée de l’exercice. Il est également nécessaire de favoriser un enseignement basé sur la pédagogie explicite en mettant en place des objectifs clairs, ainsi que des activités courtes. Enfin, la méditation peut également constituer un outil pour apprendre à se concentrer, car elle permet de « s’habituer à rester attentif et présent à ce que l’on fait » (Lachaux, 2016, p.102).

La méditation de pleine conscience

Le terme de méditation est un terme complexe à définir, car « il n’existe pas de consensus sur le sens de [ce] mot, on trouve une diversité de définitions qui reflète la complexité de l’objet et la multiplicité des pratiques rencontrées » (Berghmans et al., 2008, p.63). La méditation de pleine conscience correspond donc à différentes réalités en fonctions des chercheurs et des pratiques mises en place. Les chercheurs ont cependant pu réunir différentes similitudes entre les définitions et pratiques proposées qui permettent de définir la méditation de pleine conscience comme une « formation mentale qui implique un vide de l’esprit et dont le but est de développer un état mental d’observation détaché dans lequel les participants sont conscients de leur environnement sans être impliqués dans la mesure du possible dans le processus de pensée ou de formation des pensées » (Berghmans et al., 2008, p.63). La méditation est donc un état mental qui implique à la fois une relaxation musculaire et mentale, une technique claire et définie, une attention focalisée et un état d’esprit spécifique (Berghmans et al., 2008).
Cette définition semble correspondre à l’ouvrage « Calme et attentif comme une grenouille » d’Eline Snel que j’ai choisi d’utiliser comme support à la pratique de la méditation. Cet ouvrage propose, à travers la réalisation de différents exercices, de développer la méditation de pleine conscience définie comme étant « une aptitude de notre esprit à se tourner vers ce qui est là, ici et maintenant, à se rendre pleinement présent à chaque instant que nous vivons » (Snel, 2012, p.11). Comme cette définition l’illustre, la méditation de pleine conscience est un outil au service de la concentration, car elle permet d’apprendre aux élèves à ne pas se laisser envahir par des pensées et éléments extérieurs et ainsi à se rendre disponibles aux apprentissages. La méditation chez les enfants aurait donc un impact sur leurs « capacités intentionnelles notamment dans le travail scolaire et les apprentissages ». (Snel, 2012, p.15)
Selon l’ouvrage d’Eline Snel, la méditation de pleine conscience serait particulièrement adaptée à notre mode de vie actuel, car elle permet de lutter contre le stress. Elle permettrait ainsi « de mieux résister aux multiples sollicitations, interruptions et autres excès de stimulations de nos styles de vie moderne » (Snel, 2002, p.16). En effet, les enfants sont aujourd’hui fortement sollicités que ce soit socialement, émotionnellement, en famille où à l’école. Ces sollicitations en continuent sont source de stress ; or « durant les dix premières années de la vie, notre cerveau connaît une croissance sans précédent. Il est aussi vulnérable et peut-être endommagé par le stress. D’importantes régions cérébrales, notamment les fonctions concernant le contrôle des impulsions, la prise de distance, la mémoire du travail et la régulation des émotions, peuvent se dégrader rapidement sous l’influence du stress. » (Snel, 2012, p.155). En jouant sur le stress, la méditation permettrait ainsi de diminuer ou de prévenir l’apparition d’une anxiété scolaire et semblerait être un bon outil de prévention afin de lutter contre celle-ci.
Les différents exercices proposés dans cet ouvrage ont pour similitude d’orienter l’attention des pratiquants sur un point précis, le plus souvent leur respiration. Pour Berghmans, cette focalisation de l’attention est un des points central de la médiation de pleine conscience, car elle permet « d’ancrer la conscience dans l’instant présent, afin que les pensées, sensations et émotions puissent être détectées lorsqu’elles apparaissent » (Berghmans et al., 2008, p.64). La pratique de la médiation est donc un exercice permettant aux élèves de travailler le maintien de leur attention en faisant abstraction de leur environnement, permettant ainsi de favoriser le maintien de la concentration. Les différents exercices de la méditation de pleine conscience ont également pour but d’aider les enfants à comprendre et ressentir les limites de leur corps et notamment la fatigue. Ils leur permettent également d’apprendre qu’elles sont leurs frontières et celle des autres. « Les frontières sont importantes [car] elles indiquent jusqu’où il faut aller, quand on mange, qu’on fait du sport ou qu’on taquine quelqu’un. » (Snel, 2012, p.75). Enfin, la méditation a pour but d’apprendre aux enfants à ressentir leurs émotions. Cela leur permettra de pouvoir les exprimer et les gérer sans se laisser entraîner par celles-ci. Cette capacité peut être très intéressante à développer en milieu scolaire, en effet elle permettra aux élèves de non seulement pouvoir exprimer et reconnaître leurs émotions et celle de leurs camarades lors d’un conflit, mais également d’apprendre à faire abstraction de celle-ci lors de moments clé qui nécessitent de la concentration.
Ainsi, la méditation de pleine conscience est « un outil, une ressource pour comprendre, organiser et résoudre des problèmes complexes » (Snel, 2012, p.156).

Cadre méthodologique

Organisation du recueil de données

Présentation du cadre de l’observation

L’ensemble des données, qui seront analysées dans ce mémoire, ont été recueillies au cours de mon stage filé. Celui-ci, c’est déroulé au sein d’une classe de CE2/CM1 à l’école Pierre-Perret de la Chaize-le-Vicomte. La classe ayant servi de support d’analyse était composée de neuf CE2 et de dix-huit CM1, soit vingt-sept élèves et contenait une majorité de filles, avec dix-huit filles pour neuf garçons. Le niveau des élèves de la classe est plutôt bon, avec cependant deux élèves de CM1 en très grandes difficultés scolaires et une élève de CE2 suivi au Centre Médico-psychologique (CMP) pour des difficultés de comportements.

Modalités d’observation

Afin de pouvoir étudier l’impact de la méditation sur la concentration des élèves, j’ai réalisé, en amont de la mise en place des séances de méditation, deux observations préalables de la classe. Ces observations avaient pour but d’offrir un outil de comparaison entre le climat global de la classe avant les séances de méditations et le climat global de la classe à la suite de celles-ci, permettant ainsi de mesurer les impacts de la méditation sur le niveau de concentration des élèves. Les deux observations préalables se sont déroulées les mardis 7 et 14 novembre, elles ont été mises en place lors des séances menées après la récréation du matin, soit de 11h à 12h. En effet, les périodes se situant après les récréations, sont souvent des périodes agitées où les élèves ont du mal à se reconcentrer sur les apprentissages. Il me semblait donc pertinent de mener mes séances de méditation à ce moment. Afin de mener cette observation, mon binôme de stage, Dorian Roy, et moi même, nous sommes installés dans le fond de la classe et avons observé chacun une moitié de classe. Cette disposition nous permettait d’avoir une vision d’ensemble de la classe sans attirer l’intérêt des élèves, ce qui aurait modifié leur comportement et faussé l’observation. Le fait de n’avoir qu’une moitié de classe à observer nous a également permis d’être plus précis lors de notre prise de notes.

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Table des matières

Introduction
I. Cadre théorique
A. Le stress scolaire.
1. Définition
2. Les causes du stress scolaire
3. Les conséquences du stress chez les enfants
4. Des méthodes pour atténuer le stress scolaire
B. Formulation de la problématique et des hypothèses
C. Définition des concepts
1. La concentration
2. La méditation de pleine conscience
II. Cadre méthodologique.
A. Organisation du recueil de données.
1. Présentation du cadre de l’observation
2. Modalités d’observation
3. Mise en place du rituel
B. Résultats et analyses des données.
1. Catégorisation des comportements lors des observations préalables
2. Analyse de l’impact du rituel de méditation.
a) Évolution du rituel de méditation
b) Évolution du premier comportement observé.
c) Évolution du second comportement observé.
d) Évolution du troisième comportement observé.
e) Conclusion de l’analyse de l’impact du rituel
3. Observation spécifique de deux élèves non entrés dans le rituel
III. Limites et perspectives d’ouvertures
A. Biais / limites
B. Ouverture : comment l’utiliserai-je la méditation dans ma classe l’année prochaine ?
Conclusion

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