Les conséquences du changement climatique sur le paysage naturel 

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Mémoire des acteurs locaux face au changement climatique

e sondage et l’écoute des acteurs locaux représentent un appoint sensible pour tout diagnostic. La prospection de la mémoire collective offre un précieux L apport pour appuyer les constats issus de l’étude des données scientifiques. Elle associe la dimension humaine à la rigueur des nombres et des statistiques.
Observateurs consciencieux de leur territoire, les acteurs locaux ne manquent pas de délivrer une masse d’informations à celui qui veut se donner la peine d’y prêter attention.
Que disent les acteurs locaux ? Comment se construit leur ressenti face au changement climatique ? La diversité des personnes interrogées induit nécessairement une grande variété de positions et de points de vue. Il est cependant frappant de voir s’esquisser une convergence des opinions sur plusieurs thèmes touchant au changement climatique.
Beaucoup de sondés témoignent ainsi de leur impression de dérèglement climatique sur les quarante dernières années. Le temps devient plus changeant, et les saisons moins marquées qu’auparavant. Cette remarque est particulièrement appuyée pour l’hiver. Du commun accord des sondés, il paraît plus doux et bien moins prononcé qu’auparavant (nombre jours de gel réduit, quasiment plus de neige, …). Dans le même registre, les acteurs pointent le changement du régime pluvial. Les précipitations leur semblent de plus en plus drues et ponctuelles, conservant toutefois à l’année un volume constant. Ce constat revient inexorablement à chaque entretien. Les personnes interrogées ressentent en outre une occurrence et une intensité croissante des vents sur le territoire, même si les données scientifiques réfutent ce fait. L’origine de ces derniers serait également plus anarchique ces dernières années. Constatant l’augmentation du nombre d’épisodes caniculaires, de nombreux sondés mentionnent des températuresélevées, toujours plus nombreuses en été ou au printemps.
Si les acteurs locaux sont sensibles aux variations climatiques qu’ils croient déceler, ils peinent toutefois à en saisir les effets localement. De l’avis quasi-général des sondés, Aunis Sud semble à l’abri de toute perturbation grave liée au climat. Se basant sur le passé des communes et leurs propres expériences locales, les acteurs interrogés estiment qu’il n’y a pas de risques en perspective en Aunis Sud. Tout au plus quelques désagréments matériels de temps en temps (toitures et arbres arrachés, plus de climatisation l’été, caves inondées, …). Les quelques voix dissonantes proviennent des services municipaux de Surgères et des agriculteurs.
Les premiers pointent le coût croissant pour le contribuable du changement climatique (prix des études de diagnostic, mise à niveau des diverses infrastructures, …). Les seconds relèvent l’incertitude que la variabilité du climat fait peser sur les rendements de leurs récoltes. Leur témoignage ne comporte toutefois pas une inquiétude trop appuyée sur le sujet. Un seul enjeu cristallise finalement les craintes des acteurs locaux à travers les entretiens : la gestion de l’eau. Les sondés expriment souvent leur réserve quant à la disponibilité de cette ressource en période estivale.

Les projections climatiques du GIEC

e GIEC a été crée en 1988 à l’instigation de l’ONU. Il s’agit du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat, lequel instruit les horizons et les enjeux liés au changement climatique. Depuis 1990, 5 rapports ont été publiés par ses soins, le dernier (AR5) en 2014.
Il est possible, par l’intermédiaire de ce document, d’évaluer les possibles évolutions du climat en France et plus particulièrement sur le territoire de la Communauté de Commune Aunis Sud. Dans ce 5ème volet, 4 scénarios différents d’évolution climatique, dits “RCP” (Representative Concentration Pathways), ont été établis. Ils sont principalement basés sur les prévisions des quantités de gaz à effet de serre (GES) relâchés dans l’atmosphère durant les 100 prochaines années.
Ainsi, le scénario optimiste RCP 2.6 prévoit une limitation de la hausse des températures à 2°C en impliquant une forte réduction de GES dans les prochaines années, tandis que le scénario RCP 8.5 demeure le plus pessimiste puisqu’il se projette dans le cas où aucune politique environnementale ne serait appliquée.
Entre ces deux scénarios, les hypothèses du scénario modéré RCP 4.5 supposent que l’on arrive à stabiliser les émissions de GES relâchés dans l’atmosphère. Celles du scénario médiocre 6.0 prévoient une augmentation limitée de ceux-ci.
Dans notre étude, l’attention portera, lorsque cela est possible, sur deux scénarios : celui dit modéré : le RCP 4.5; et celui dit pessimiste : le RCP 8.5. De même il est question d’établir, à partir de chacun des ces deux scénarios, des évolutions sur différents horizons. Le diagnostic propose donc une analyse à un horizon proche, aux alentours de 2050, et une analyse à un horizon plus lointain, aux alentour de 2100.
Globalement et à l’échelle de la planète, les scientifiques du GIEC prévoient que les précipitations seront en moyenne plus importantes mais réparties inégalement sur les territoires et dans le temps. Cela conduirait à une expansion de l’emprise des déserts et à une humidification toujours plus prononcée des zones humides à l’échelle mondiale. Dans ce contexte, la France aura tendance à s’assécher laissant imaginer une physionomie du territoire proche de celle de l’Espagne. De même, les événements extrêmes comme les sécheresses ou les pluies diluviennes seront plus intenses et plus fréquents. Enfin, les scientifiques mettent en garde sur une augmentation trop importante et trop rapide de la température moyenne qui dépasserait de 2°C la valeur de référence. Cela pourrait entraîner une fuite en avant dont les conséquences sont, à ce jour, imprévisibles et à terme irréversibles.
Or parmi les quatre scénarios RCP actuels, seul le RCP 2.6 ne conduit pas à une hausse de la température de plus de 2°C.

Projection de l’évolution du climat : deux hypothèses pour Aunis Sud

es cartes et données retranscrites dans cette partie l’ont été à partir du portail DRIAS (Donner accès aux scénarios climatiques Régionalisés français pour l’Impact et l’Adaptation de nos Sociétés et environnements) ainsi que de l’application Climat HD de Météo France. Ceux-ci mettent à disposition des données régionalisées de prévisions climatiques effectuées par plusieurs laboratoires de recherche.
Les changements climatiques s’effectuant dans les prochaines années en Aunis Sud sont globalement similaires au reste de la France. Les données utilisées dans cette partie sont tirées des projections régionalisées de Météo France. L’échelle géographique des changements du climat se tiendra donc de manière générale au niveau du département ou de la région. Dans cette partie, il est question de s’intéresser à différents paramètres climatiques (températures, pluviométrie, sécheresse, jours de gel, évènements extrêmes,…). De par l’évolution de chacun de ces paramètres, il sera possible de répertorier les probables effets sur les différents enjeux présents en Aunis Sud.

Evolution des températures

Concernant les températures, le territoire d’Aunis Sud sera légèrement moins touché par la hausse de celles-ci que le reste du territoire Français. En effet la proximité avec l’océan permet de diminuer le réchauffement. Cependant, l’élévation prévue des températures est non-négligeable quel que soit le scénario pris en compte. De plus, on observe sur cette hausse des températures, des disparités entre les mois et les saisons. Les mois d’été et d’automne semblent être ceux qui verront leurs températures le plus augmenter (cf. Augmentation des températures attendue en fonction des scénarios par rapport à aujourd’hui (modèle Aladin réf. 1976-2005) & Température moyenne annuelle en Poitou-Charentes : écart à la référence 1976-2005).

Estimation de l’évolution moyenne de la pluviométrie efficace

Une année type représentant la période 2071-2100 aura quel que soit le scénario une pluie efficace négative. Cela signifie que les quantités d’eau évapo-transpirées sont plus importantes que les précipitations. Pour évaluer l’évolution de la vulnérabilité, il est ici décidé de prendre un indicateur représentant le rapport entre les besoins en eau et les quantités de précipitations efficaces. Les différentes périodes (1976-2005, 2041-2070, 2071-2100) seront qualifiées suivant les scénarios par un risque faible, moyen, élevé ou critique. Ces niveaux de risques sont indexés sur les valeurs de probabilité d’occurrence des 50 dernières années. Ainsi, la vulnérabilité “faible” correspond aux indices des ¾ des années à plus faible risque.
Les bornes de la vulnérabilité “moyenne” sont comprises entre les 75% années plus faibles et les 90% plus faibles. La vulnérabilité élevée ou très élevée correspond donc à une sécheresse dite décennale aujourd’hui, id est la plus forte sécheresse survenant en moyenne une fois tous les dix ans. La vulnérabilité critique se définit enfin comme la somme des indices supérieurs à la sécheresse centennale (la sécheresse la plus forte sur une plage de 100 ans) (cf. Échelle de vulnérabilité).

Estimation de l’évolution des teneurs en nitrates

Évidemment, les nitrates ne sont pas les seuls polluants dans les eaux, ni les plus nocifs. Ils sont toutefois un bon indicateur de la qualité de l’eau, particulièrement pour un territoire rural.
L’agriculture telle qu’on la pratique actuellement pointe comme le secteur le plusimpacté par le risque de pénurie d’eau et la diminution de sa qualité. En effet, selon les différents scénarios, l’irrigation pourrait être interdite, que ce soit partiellement ou totalement. De plus, avec des teneurs en nitrates plus élevées, il est envisageable que de nouvelles restrictions tant sur les produits utilisés pour l’épandage que sur les autorisations d’épandre soient prises. L’agriculture se positionne comme l’un des pôles économiques majeurs du territoire. Aussi les incertitudes à moyen/long terme quant à l’accès adéquat en eau des exploitations sont à prendre très au sérieux par les autorités locales.
L’AEP sera moins impacté que l’agriculture par le manque d’eau et la détérioration de sa qualité. La mise en réseau de nombreux points de prélèvements géographiquement diversifiés, dans différentes nappes de profondeurs variables, permet à l’AEP de réduire sa vulnérabilité face à une éventuelle source de pollution ponctuelle et localisée.

Contexte de biodiversité en Aunis sud

Marquée par la grande diversité de milieux naturels qui la composent, la Communauté de Communes est un concentré de biodiversité fourni. En effet, bien que majoritairement dominés par de vastes plaines agraires brisant parfois les continuités écologiques, les paysages en Aunis Sud n’en sont pas pour autant dénaturés. On y trouve effectivement une trame verte et bleue, souvent interrompue, organisée autour de nombreux cours d’eau, des zones humides (pour l’essentiel les marais rochefortais et poitevins), ainsi qu’un tissu boisé épars relié à un réseau bocager (petits boisements, bosquets, alignements d’arbres, haies). Ces espaces à forte potentialité écologique sont favorables à la prolifération de spécimens de tous genres. Qu’il s’agisse des oiseaux emblématiques tels que le Busard des marais ou des espèces d’arbres plus communes tels que les érables qui composent les haies, l’intérêt de protéger cette abondance de biodiversité est indispensable.
C’est dans cette optique que le territoire s’est vu assigner 3 espaces appartenant au réseau Natura 2000 (cf. Réseau Natura 2000 : Zones de Protection Spéciales (ZPS) et Zones Spéciales de Conservation (ZSC)).

Table des matières

Remerciements
Introduction : de la nécessité d’établir un diagnostic des vulnérabilités 
Avant-propos : pourquoi un diagnostic des vulnérabilités ?
Définitions : quel vocabulaire pour un diagnostic des vulnérabilités ?
Un diagnostic appliqué au territoire d’Aunis Sud
Méthodologie du diagnostic
État des lieux climatique en Aunis Sud
Le climat en Charente-Maritime
Evolution du climat : qu’en était-il auparavant ?
Mémoire des acteurs locaux face au changement climatique
Analyse de l’évolution du climat passé
Deux scénarios climatiques pour Aunis Sud
Les projections climatiques du GIEC
Projection de l’évolution du climat : deux hypothèses pour Aunis Sud
Evolution des températures
Evolution de la pluviométrie
Synthèse 
Vulnérabilité du territoire face aux effets du changement climatique
Vulnérabilité(s) par enjeux de territoire
Vulnérabilité de la ressource en eau
Approche quantitative
Approche qualitative
Vulnérabilité de la biodiversité
Contexte de biodiversité en Aunis sud
Les conséquences du changement climatique sur le paysage naturel
L’impact de l’évolution de la biodiversité sur le territoire
Vulnérabilité sanitaire 
Les risques de canicules
La qualité de l’air
Vulnérabilité du bâti
Le retrait-gonflement des argiles
Les inondations
Tendances énergétiques : une future vulnérabilité en Aunis Sud ?
Vulnérabilité des réseaux
L’enjeu de préservation des réseaux sur Aunis Sud
Vulnérabilité des réseaux face aux inondations
Vulnérabilité des réseaux face aux températures extrêmes
Vulnérabilité des réseaux face aux vents forts 
Vulnérabilité des réseaux face au retrait gonflement des argiles
Récapitulatif pour l’enjeu réseaux
Autres risques recensés
Vulnérabilité de l’agriculture face aux effets du changement climatique
Changement climatique et départs d’incendies
Changement climatique, santé et pathogènes
Apparition d’événements extrêmes
Montée des eaux marines liée au changement climatique
Synthèse des prévisions par scénario
Hiérarchisation des vulnérabilités : quels enjeux d’adaptation prioritaires pour Aunis Sud ?
Conclusion : le changement climatique porteur d’incertitudes en Aunis Sud
La nécessaire adaptation des systèmes d’activités face aux effets du changement climatique
Opportunités pour le territoire face aux effets du changement climatique
Bibliographie, sitographie & ouvrages numériques 

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