Les conséquences des normes dans la parentalité
Vision sociétale
Etre en santé, intelligent et compétant
La norme exposée ici, nous amène sur la réussite largement glorifiée par notre société.
Dans son ouvrage, Bailly (2013), nous affirme que nous évoluons dans une société qui prône la réussite ; plus précisément, la réussite scolaire et la réussite éducative. Comment en tant que parent, soucieux de l’avenir de son enfant, ne pas se sentir coupable lorsque l’enfant ne réussit pas?
La science et les valeurs médicales ont aujourd’hui remplacé les valeurs religieuses ; les rituels médicaux ont pris la place des rituels religieux. La médecine occidentale est orientée sur la maladie et la prévention. Ainsi elle promeut une bonne alimentation, de bons traitements, une bonne hygiène de vie, une bonne éducation qui doit être encouragée et intégrée. Dans ce contexte, la préoccupation principale des parents est d’éviter que l’enfant ne présente des comportements qui s’écartent du développement dit normal.
Lorsque le développement de l’enfant n’est pas tout à fait linéaire ou que l’enfant présente des comportements qui ne sont pas socialement acceptables, ou qui ne suit pas un développement normal, le parent peut ressentir un sentiment d’incapacité, et de crainte de n’avoir pas fait ce qu’il fallait ou de ne pas être un bon parent. A cet effet,Dupont (2017), fait un parallèle avec la responsabilité du parent du bon développement de l’enfant et le courant des psychanalystes des années 60 et 70 qui incriminait surtout la mère dans les troubles psychiques de ses enfants.
Aujourd’hui, pour guider les parents dans leurs fonctions, les professionnels de la santé, font de la prévention à l’aide de campagne pour leur apprendre comment faire ou quels comportements sont à éviter. Cependant, la diffusion d’information modifie rarement nos attitudes et nos comportements sur le long terme. Pour pouvoir observer un réel changement, il faut prendre en compte la singularité de chaque situation et des facteurs de risques qui permettraient de comprendre la venue d’un problème de santé.
De plus, le comportement ou le développement de l’enfant n’est pas uniquement du ressort du parent. Il arrive que l’enfant présente des difficultés d’apprentissage, ou un tempérament plus difficile. Comme par exemple, un enfant qui requiert une grande disponibilité de l’adulte ou un enfant qui réagit émotionnellement de manière exacerbée.
Bailly (2013), Roskam et Galdiolo (2015), nous expliquent encore que l’enfant influence son éducation ; un tempérament difficile peut être à l’origine des difficultés des parents dans l’éducation de leurs enfants. Il peut arriver qu’un parent ait des interventions éducatives qui ne sont pas adaptées. Cependant certaines réactions affectives et attitudes éducatives sont influencées par le comportement ou le tempérament de l’enfant.
Avoir un enfant « différent » n’est pas une simple affaire pour le parent, l’enfant met à rude épreuve son éducation par ses comportements, ces enfants sont en général moins accommodants que les autres ; ils demandent une attention particulière.
Dans son ouvrage, Jaffé (2018), nous parle de la désillusion du parent dont l’enfant ne correspond pas à leur idéal initial. Malgré les tentatives de modifier les dysfonctionnements comportementaux, qui nuisent à la résistance du parent et à l’harmonie de la famille, il se sent souvent coupable d’être un « mauvais parent ».
Replis sur soi, individualisation
Ott (2008) et Giampino (2007), développent le concept d’individualisation en évoquant aujourd’hui le chacun chez soi prend un sens particulier dans notre société.
La tendance à se méfier de tout, se protéger, invite la famille à se structurer sur des valeurs relationnelles et à se centrer sur elle-même.
Le fait de s’isoler de la société rend plus difficile la socialisation. Le parent est toujours plus ou moins seul. L’entraide et la solidarité entre parents n’est plus la principale ressource de soutien. On observe plutôt une tendance à questionner et dévaloriser l’éducation d’un parent en difficulté avec son enfant. La fonction de socialisation qu’avait autrefois le quartier, les voisins, le village est quelque peu fragilisée.
La fonction parentale est de faire connaître le monde, l’environnement, la vie. Avec une dose d’inconscience, d’espoir et d’illusion. Comment est-il possible d’y arriver si le parent s’exclut de la vie publique, culturelle et politique, confiné par ses peurs et ses angoisses ?
Le sentiment de peur et de protection est largement véhiculé par les médias et conditionne les individus à se méfier et se protéger. Si autrefois on évoluait en communauté, aujourd’hui le chacun pour soi est privilégié, on a peur que son voisin soit un terroriste, un pédophile, quelqu’un de malveillant, etc.…. Ce qui pousse à se refermer sur soi et ceci-a une influence sur l’éducation des enfants, d’une part dans la socialisation et d’une autre part dans l’autonomisation. L’enfant est constamment surveillé par l’adulte, il ne joue plus ou moins seul sans surveillance dans les bois, ou dans la cour comme on avait pu le faire autrefois. Comme si la peur avait pris la place des enfants sur les balançoires du parc. Ce fait demande une plus grande disponibilité du parent souhaitant offrir l’expérience de l’apprentissage de la vie en communauté ou tout simplement au grand air.
Bailly (2013), nous fait part, pour poursuive avec le sentiment d’anxiété qui envahit notre société, les parents d’aujourd’hui ont tendance à anticiper et contrôler les réactions des enfants suite à une épreuve ou un événement plus difficile qui interviendrait dans la vie de celui-ci ou dans son entourage. Les parents prennent rendez-vous chez des spécialistes à titre préventif. On ne fait plus confiance aux enfants sur leurs propres capacités à surmonter des épreuves. On pense que l’enfant aura peut-être un traumatisme dans sa vie à cause de telle ou telle situation, alors le parent veut le protéger de ce risque. Or on ne peut pas dire qu’un événement à lui seul systématiquement l’unique facteur déclenchant de troubles ou de comportements.
A contrario les événements de la vie structurent et forment les individus, il arrive que des événements soient plus traumatisants que d’autres et demandent à être pris en charge par un spécialiste. Il est plutôt rare qu’un enfant développe un trouble suite à un seul événement.
Les conséquences des normes dans la parentalité
Nous l’avons traité plus haut, dans notre société, la valorisation de la normalité pèse sur le parent qui élève un enfant qui ne présente pas un développement dit « normal ».
Un enfant au tempérament difficile, ou qui présente une pathologie, une maladie ou des difficultés d’apprentissage demande un investissement profond.
De plus, notre société animé d’un sentiment anxiogène favorise l’isolement des individus. La peur renferme et amène l’individu à ne faire confiance qu’à lui-même et à se dénouer de tout problèmes seul.
Comment évoluer alors en tant qu’individu et parents avec des normes qui visent la réussite, la santé et le bon développement de l’enfant, et pour se faire mettre en pratique une discipline d’éducation positive, dans un contexte de vie à tendance individualiste ?
Il arrive que ce conditionnement vient déstabiliser l’estime parentale et il se peut qu’un sentiment de culpabilité en découle. Lorsque le parent n’atteint pas les objectifs qu’il s’était fixé ou qu’il n’est pas à la hauteur du parent qu’il désirait être, le sentiment de compétence est fortement atteint. De plus, lorsque le parent manque de ressources ou que l’enfant ne se développe pas comme on l’avait projeté, celui-ci devra faire preuve d’une plus grande souplesse et de créativité qu’avec un enfant qui suit un développement dit normal.
Les difficultés, la culpabilité, l’épuisement rendent encore plus difficile la tâche parentale.
Pour continuer je vais exposer comment les normes peuvent être des facteurs prépondérants au stress pour les parents dans leur quotidien et quelles en sont les conséquences chez les parents et leurs enfants.
Revenons un peu sur la parentalité positive, un des points phare de la parentalité positive est l’interdiction des punitions corporelles et de tout comportements maltraitants ; ceux-ci ne sont pas approuvés par l’Etat. Ainsi l’enfant reçoit le même respect que tout individu. Il a fallu développer des outils d’éducation comme la discipline parentale, pour que le parent puisse éduquer son enfant dans un climat de bientraitance et bienveillance. Dans leurs ouvrages Schultheis (2007) et Jaffé (2018), nous expliquent que cette bienveillance parentale, apporte depuis une dizaine d’années, des renouveaux dans l’éducation et également une meilleure qualité de vie à l’enfant. De plus dans cette société individualiste que je décris plus haut, elle donne des repères aux parents parfois isolés en quête de modèle à suivre. Il est évident que, par exemple, des comportements brutaux ou des abus sexuels sont nocifs et sont à proscrire et qu’une mesure de protection s’impose dans ce cas de figure. Entre ces deux extrêmes, où se situe le parent qui n’est pas maltraitant mais néanmoins qui ne peut pas toujours faire usage de la discipline positive ? Car faire preuve de discipline positive dans l’éducation de l’enfant, à tout moment, est un défi parental quasi insurmontable. Nelsen (2012), nous illustre dans quelle situation la discipline positive serait difficilement applicable.
Il est aussi fréquent de voir des enfants (et des adultes) faire des écarts de conduite parce qu’ils sont fatigués ou tout simplement parce qu’ils ont faim. Bien souvent, il n’y a pas d’autre responsable de la situation. Il est donc préférable de faire preuve de compassion. (p.108).
De plus, Schultheis (2007) et Jaffé (2018), nous expliquent en quoi il est laborieux d’appliquer la parentalité positive. Les normes de la parentalité positive, sont parfois ambigües et difficiles à mettre en place selon le contexte et les ressources familiales de tout un chacun. De plus les normes ou les repères sont en mutations constantes.
Mais encore, selon la personne ou le professionnel qui prescrit ou recommande un comportement qui va dans le sens de la parentalité positive, elle prendra un certain sens et selon une autre personne un autre sens. Sous cette forme, la parentalité est mise à mal.
Les auteurs (Schultheis (2007) et Jaffé (2018)), nous expliquent qu’en fonction des expériences et de la réalité de chaque parent, la parentalité positive est interprétée et comprise d’une façon par un parent et d’une autre manière par un autre parent. En soit ceci n’est pas un obstacle à être un parent positif, mais plutôt un paramètre à prendre en considération lorsque qu’on observe une interaction d’un parent avec son enfant.
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Table des matières
1 Introduction
1.1 Motivations et intérêt
1.2 Question de recherche
2 Développement
2.1 La parentalité
2.1.1 Evolution historique
2.1.2 Répartition des tâches éducatives
2.1.3 L’émergence de l’identité parentale
2.1.4 Concept de parentalité positive
3 Les normes éducatives
3.1 Le parent
3.2 L’Etat
3.3 Vision sociétale
4 Les conséquences des normes dans la parentalité
5 Stress parental
6 La compétence parentale
7 Rôle et fonction de l’éducateur de l’enfance
7.1 Accompagnement de la parentalité
7.2 Quelle famille et quel accompagnement ?
7.3 L’accompagnement qui fait défaut
8 Enquête de terrain et analyse
8.1 Enquête des professionnels
8.2 Enquête des parents
9 Interprétation des résultats
10 Conclusion
10.1 Retour sur la question de recherche
10.2 Limites de la recherche
10.3 Perspectives
11 Ressources bibliographies
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