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Présentation du milieu naturel
Le climat
Le climat de l’arrondissement de Cabrousse est soudano-guinéen avec une tendance guinéenne plus marquée vers le sud. Les températures y sont constamment supérieures à 20°c avec des amplitudes thermiques faibles. De Novembre à Avril, les vents dominants sont de secteur Nord à Nord- Ouest, (Alizés maritimes) même si on note la présence de vents chauds et secs. La mousson s’installe de Mai à Octobre. Ce vent de secteur Sud- Ouest est le principal vecteur de pluies.
La saison sèche y est présente durant six (06) à neuf (09) mois (Novembre- Mai) et la saison humide quatre (04) à cinq (05) mois (Mai à Octobre). La pluviométrie est d’environ 1800 mm par an et c’est la plus élevée de tout le Sénégal.
Le climat est chaud et humide du fait de la nuance subguinéenne. Les pluies qui tombent dans la période de Juin à Octobre sont abondantes. Celles-ci dépassent généralement 1000 mm même en ces périodes de sécheresse, marquées par la baisse continuelle des totaux pluviométriques à l’échelle de la région.
L’arrondissement de Cabrousse bénéficie des conditions pédoclimatiques favorables à la production agricole pluviale. Elle reçoit des précipitations abondantes permettant la pratique de cultures à cycle moyen ou long et 75% de ses sols sont relativement bons.
Le climat de la zone est de type tropical subguinéen qui se définit par des précipitations supérieures à 1500 mn par an.
L’analyse du tableau de la pluviométrie sur le poste de Cabrousse de 2000 à 2012 montre des pluies abondantes et régulières en 2000, avec 1484,4 mm, 1455,3mm en 2001 et 1457, 4 mm en 2002. Par contre, de la période 2003 à 2007, la zone a connu une diminution de pluie avec 741,9mm en 2003, une augmentation de pluie en 2004, avec 979,9mm une baisse de la pluie en 2005, avec 856,5mm, une pluie abondante en 2006, avec 1193,7mm. L’année 2006 est une année pluvieuse car il y a eu le retour des pluies. Mais ce retour de la pluie en 2006 ne va pas continuer car en 2007 la pluie a baissé n’atteignant que 857,2 mm. C’est le retour des périodes de crise, de sécheresse.
Cependant, depuis la période 2008 et ce jusqu’en 2010 la zone a connu une reprise de pluie abondante et régulière et qui augmente d’année en année. En 2008, il y a eu 1280,1 mm, en 2009, 1471,9 mm, en 2010, 1683,8 mm. Mais, l’année 2011 a connu une chute de la pluviométrie sur le poste de Cabrousse qui atteint 1084,2 mm. En effet, la période 2012 est une période pluvieuse car le poste a enregistré 1566 mm. Cette pluviométrie abondante est à l’origine de la productivité des semences, des récoltes, de la régénération des écosystèmes mais surtout du retour de la verte Casamance. Par contre, l’année 2013 a été une année moins pluvieuse avec 1209,5 mm. En résumé nous pouvons dire que de 2000 à 2013 l’espace transfrontalier a connu des pluies irrégulières.
Les Sols
La majeure partie des sols cultivés sont hydromorphes. Ce sont des sols sableux (70 à 95% de sables, fortement lessivés, avec une basse capacité d’absorption). Ces sols sont légèrement acides. Les sols hydromorphes de zones basses ont une teneur en argile supérieure à celle des sols de plateaux.
Il faut noter que les terres de l’arrondissement de Cabrousse ont été durant ces dernières années de plus en plus envahies par le sel, du fait des déficits hydriques occasionnés par la baisse de la pluviométrie. En plus de ces sols nous avons des sols ferrugineux tropicaux ou sols légèrement ferralitiques dans l’arrondissement de Cabrousse.
En outre, dans l’arrondissement de Cabrousse, il y a les plateaux qui peuvent être adoptés à toutes les cultures mais sous des conditions pluviales. Les terres des plateaux sont adaptées qu’aux cultures de plein champ. Ces sols se situent sur la ligne Nord-est et un peu vers le sud qui passe de Boucotte à Youtou. Elles sont plus importantes dans la communauté rurale de Santhiaba-manjaque. Les sols sont sablonneux-argileux et sablonneux dans la communauté rurale de Djimbéring.
En effet, sur la zone de tampon, les terres sont aptes à toutes les cultures. C’est la zone de cultures de montagnes, de maraichage et d’arboriculture. Les sols sont sablo-argileux. Par contre, les sols de mangroves sont des terres salées et subissent l’influence de la marée et sont aptes à la riziculture (C.A.D.L).
La végétation
Cependant, la végétation dans l’arrondissement de Cabrousse est caractérisée par une forêt semi sèche dense à deux étages composés d’Afzelia africana, Detarium microcarpum, Elaeis guinéensis, Erythrophleum guinéensis, Khaya senegalensis, Parinari curatellifolia et d’un sous−bois dense formé d’arbrisseaux, de Sarmenteux, de lianes et d’herbes.
A côté de ces formations végétales caractérisant les domaines phytogéographiques existent, des forêts galeries le long des cours d’eau et dans le domaine guinéen, des mangroves à Avicenia africana et Rhizophora racemosa sur les berges des fleuves et dans les estuaires. L’évolution de la végétation est liée aux changements d’utilisation des terres dus à des facteurs anthropiques tels que les défrichements, l’exploitation forestière pour le combustible ligneux et le bois d’œuvre. La végétation est constituée de zones de mangroves bordant les marigots localement appelés bolons, des zones forestières sur la terre ferme. Les zones forestières sont caractérisées par leur densité. Les mangroves sont particulièrement luxuriantes. Elles sont essentiellement composées de rhizophora et d’avicenia. Les mangroves jouent un rôle capital dans le maintien des équilibres écosystémiques mais aussi dans l’offre de services écosystémiques aux populations locales.
Les formations forestières sont de type guinéen. Elles sont caractérisées par les palmeraies, les galeries forestières, etc. Le parc de la Basse Casamance, qui s’étend sur 5000 ha, est situé dans cet arrondissement. Il a été créé pour protéger de nombreuses espèces animales ainsi qu’un important manteau forestier qui est le prolongement de la forêt guinéenne en territoire sénégalais.
Hydrographie et hydrologie
Le réseau hydrographique est constitué de plusieurs marigots dont les plus importants sont :
Le marigot d’Essaout, le marigot d’Efoc, le marigot de Youtou et le marigot d’Essouk-édiak.
En outre, des mares temporaires existent aux abords de certains villages. Elles sont exploitées pour l’alimentation en eau du bétail et parfois pour les cultures. Ces mares tarissent généralement dès le mois de Février. L’alimentation en eau des populations dans l’arrondissement de Cabrousse se fait à partir des infrastructures hydrauliques, constituées de (2) forages villageois dans la communauté rurale de Djimbéring, d’addiction d’eau et un nombre indéterminé de puits traditionnel et modernes (C.A.D.L).
La nappe phréatique est plus ou moins profonde suivant qu’on se situe au niveau des vallées ou au niveau des plateaux. L’espace est une zone plate, constituée de vallées et de plateaux pour l’ensemble de l’arrondissement.
Dans cet espace transfrontalier, nous notons une continuité des écosystèmes. Le marigot de Youtou traverse les villages Bissau-guinéens comme Kasuh-guinée, Eranmé, Bujin et Zuzana. Le territoire de « Jajabil » composé de palmiers, de paille, de rizières est un espace qui est exploité par les villages de Youtou, Bujin et Zuzana. En outre, la continuité se reflète dans l’exploitation de ces espaces. Les familles sénégalaises et guinéennes qui ont été séparées par la frontière vont se rencontrer à chaque hivernage pour le partage de ces terroirs. Il y a une exploitation transfrontalière de part et d’autre de villages frontaliers. C’est le cas à Ejaten en Guinée et Youtou au Sénégal pour la culture de la rizière d’Ejaten et de leurs forêts transfrontalières. Cette continuité se reflète aussi à Essouk-édiak-Sénégal et Essouk-édiak-Guinée qui ont le même marigot, les mêmes rizières, les terroirs de paille, et les mêmes forêts. Selon le chef d’Essouk-édiak Sénégal Papis Diedhiou, en période d’insécurité dans la partie sénégalaise, les populations vont exploiter les espaces d’Essouk-édiack Guinée.
Cadre humain
Ce chapitre évoque essentiellement les caractéristiques humaines des villages frontaliers. Il s’intéresse ainsi au peuplement, à la démographie en présentant les éléments socioculturels des villages frontaliers. Il s’agit également dans cet ordre d’analyse d’aborder les activités socio-économiques.
Populations
Les deux espaces frontaliers, à savoir l’arrondissement de Cabrousse et de Suzana sont principalement peuplé de Diolas. L’espace d’étude est constitué de deux communes qui sont la Commune de Djimbéring et la Commune de Santhiaba-manjaque du coté sénégalais et des villages comme Bujin, Ejaten, Cassolol, Essouk-édiak Guinée-Bissau, Téniate de la Guinée-Bissau. La Commune de Djimbéring est composée de 13 villages avec une population totale de 21509 habitants en 2010 (ANSD).
Les Diolas constituent l’ethnie dominante, suivis des Ouolofs, des Manjaques, des sérères, des pulaars et des mandingues dans la Commune de Djimbéring.
En outre, la Commune de Santhiaba-manjaque est composée de 6 villages, avec une population de 2818 habitants en 2010. Selon les enquêtes menées par le PEPAM en 2010 sur la Commune de Santhiaba-manjaque, les Diolas représentent 90%, les manjaques 2%, les mandingues 2%, toucouleurs 3%, ouolofs 1%, sérères 1%.
Par contre, dans les villages Bissau-guinéens, frontaliers avec les deux communes Santhiaba-manjaque et Djimbéring, le peuplement est constitué de diolas.
Le graphique de la population dans l’arrondissement de Cabrousse nous montre une disparité dans la répartition de la population. Les populations sont plus concentrées dans la Commune de Djimbéring. Cette croissance de la population est en grande partie due à l’installation des infrastructures hôtelières qui sont sources d’emploi. Par contre dans la commune de Santhiaba-manjaque la population est moins importante, 2818 habitants en 2010. Cela peut être expliqué par l’insécurité qui prévaut dans la zone et qui a vu la disparition de certains villages donc de l’exode rural de la population. Un autre aspect qui peut expliquer cette disparité de la population est le nombre de villages par communauté. La commune de Santhiaba-manjaque compte 6 villages alors que celle de Djimbéring compte 13 villages. Au total l’arrondissement compte 24327 habitants.
Cultures et traditions
La religion animiste est pratiquée par une grande majorité de la population. La population ne se repose qu’au dimanche diola qui est le « hiyaye ». En effet, l’aspect « nieye-nieye » (interdits ou sacré) qui est très important dans cette société diola est en rapport avec la terre. Les hommes et les femmes n’ont pas les mêmes bois sacrés et chaque bois sacré a sa propre vocation. Les lieux sacrés sont nommés et portent le nom qui reflète leurs fonctions sociales et religieuses.
Les forêts qui abritent les cultes de circoncision, de fécondité des femmes, portent les noms de karing (forêts de circoncision) et de karahaye (forêts de culte de la fécondité) (P. Diedhiou 2011). Par contre les religions révélées telles que l’islam et le christianisme sont pratiquées par certaines populations et surtout les villages constitués de migrants.
En milieu ajamat, le « kagoute » (un instrument musical traditionnel) est au centre de toutes les activités ou cultures traditionnelles. Il joue le rôle d’annonciateur d’un événement. On l’utilise pour annoncer un décès, une attaque de l’ennemi, la danse de « ékonkone », la circoncision, la lutte traditionnelle « éwagen » et le culte de la fécondité « karahaye ». Le « kagoute » n’est pas tapé par n’importe qui ou n’importe comment. Lors des grands événements de fêtes traditionnelles, il est utilisé ou frappé pour dire aux populations que le repas est prêt et qu’ils peuvent venir manger. Lorsqu’il y a lutte traditionnelle ou « éwagen », quand un lutteur qui porte le pagne noir de cotonnade avec une coiffure «éhinjèkur » de 27-29 ans a en terrassé un autre, c’est le « kagoute » qui vous annonce que le lutteur de tel quartier a terrassé. C’est pour dire que dans les deux arrondissements frontaliers, le « kagoute » est un instrument capital dans la vie socio-culturelle des populations diola ajamat. Lorsque les jeunes d’un quartier se préparent pour l’ouverture de la danse d’ « ékonkone » « djahinpe », c’est le « kagoute » suivi du bombolong et de « cassine »qui va annoncer aux quartiers ou villages frontaliers le début de la danse d’ « ékonkone » d’un quartier. Mais, cela se fait la nuit et aussi par initiation de génération en génération.
Les espaces qui sont de l’arrondissement de Cabrousse au Sénégal et de Suzana en guinée Bissau sont marqués par la culture diola traditionnelle, c’est-à-dire les pratiques ancestrales. Le boekin qui est le bois sacré est l’instance qui régit et réglemente la société diola. La religion animiste est pratiquée par une grande majorité de la population. La population ne se repose qu’au dimanche diola qui est le « hiyaye ». En effet, l’aspect « nieye-nieye » (sacré) qui est très important dans cette société diola est en rapport avec la terre. Les hommes et les femmes n’ont pas les mêmes bois sacrés et chaque bois sacré a sa propre vocation. Dans ce milieu ajamat, les forêts sont nommées et portent le nom qui reflète leurs fonctions sociales et religieuses. Les forêts qui abritent les cultes de circoncision, de fécondité des femmes, portent les noms de karing (forêts de circoncision) et de karahaye (forêt de culte de la fécondité) (P.Diedhiou 2011)2. Par contre les religions révélées telles que l’islam et le christianisme sont pratiquées par certaines populations et surtout les villages constitués de migrants. (Diedhiou P. 2011). Mais l’espace habité appartient à une communauté donc a un lien avec le bois sacré. Un des aspects qui caractérise l’arrondissement, ce sont les fiançailles traditionnelles appelées en langue Youtois « ébando ». Ces fiançailles se font par génération, de l’âge de 27 à 30 ans. C’est le riz que vous avez cultivé en étant célibataire « éyarénéhou » que vous allez prendre pour vous nourrir dans un endroit clos, avec vos futures épouses et les jeunes du quartier. Lors de ces cérémonies, le fiancé peut immoler plus de 20 porcs et les festivités peuvent durer trois mois. La circoncision « bukut » est un aspect qui se reflète un peu partout dans l’espace frontalier et qui est une période d’initiation, d’éducation, de valorisation culturelle, de rencontre des populations qui pratiquent le « bukut ». Il en est de même pour la danse du culte de la fécondité « karahaye » qui regroupe toutes les femmes des villages diolas qui la pratiquent mais surtout des femmes qui ont fait des libations dans ce bois sacré quand elles étaient enceintes pour la première fois et qu’elles ont pu mettre au monde un enfant. La durée de la fête peut aller jusqu’à 2 semaines. Ce sont des moments de rassemblement, de prières, d’échanges, d’initiation et de communion avec les femmes des autres villages.
Les jeunes les plus âgés lors de cette cérémonie appelée « éssangaye »avaient 27 ans. L’identité des Diolas est caractérisée par l’usage de la langue Diola. Les Diolas (Ajamat) sont principalement des cultivateurs et récolteurs de riz depuis plusieurs siècles (voire même ce sont les propriétaires du riz casamançais avant même notre ère) et des récolteurs de vin de palme (Bunuck). Les bois sacrés sont des lieux de culte. Il y a des cultes des femmes où il est interdit aux hommes d’y accéder et cultes des hommes aussi. Dans l’arrondissement de Cabrousse, les populations pratiquent la circoncision(le bukut) et aussi le culte de la fécondité (karahaye) pour l’ensemble des villages diolas de l’arrondissement mais aussi des villages frontaliers de la guinée Bissau.
Activités socioéconomiques
Les activités socioéconomiques sont largement dominées par le secteur primaire. Les populations s’adonnent principalement à l’agriculture, l’élevage, la pêche, la récolte des produits de la forêt (cueillette) et le commerce, etc.
Figure 3: Les différentes activités des populations des villages frontaliers Sénégalo-Bissau Guinéen. (B. Diedhiou 2012)
Selon les résultats de l’enquête, l’agriculture reste l’activité dominante avec 79,0% de la population, la pêche représente 6,5 de la population et c’est surtout à boudiédiéte et au Cap-skiring où une population s’adonne à la pêche en pleine mer, le commerce, avec 1,6%, enseignant, avec 6,5%, récolteur de vin avec 4,8% et tadimaster golf avec le tourisme au cap-skiring 1,6% de la population.
L’agriculture
L’agriculture se présente comme étant la principale activité de production dans l’arrondissement de Cabrousse. Selon les enquêtes faites dans les deux arrondissements frontaliers, 79,0% de la population sont des agriculteurs. Le mode de tenure foncière demeure l’héritage, la terre appartient à toute la famille qui en confie la gestion à l’aîné. Les principales spéculations cultivées sont le riz (riz aquatique et riz de montagne), l’arachide, le mil, le maïs, le haricot et la patate douce. A l’exception du riz, les superficies emblavées pour les cultures sont très réduites, elles sont souvent associées au riz de montagne. Les cultures maraîchères et fruitières sont en train de gagner progressivement du terrain, dans le cadre de la diversification des productions considérée comme un maillon essentiel de lutte contre l’insécurité alimentaire en milieu rural. Le maraîchage demeure ainsi la principale activité génératrice de revenus dans l’arrondissement de Cabrousse.
L’agriculture est une activité pratiquée par l’ensemble de la population sans distinction de sexe ou d’âge, mais les tâches sont bien réparties. Les hommes s’occupent du labour avec le kadiendo. Ils forment des associations de travail selon les quartiers. A l’intérieur du groupe des hommes, il y a des sous groupes, répartis selon la situation matrimoniale ou l’âge. Dans l’espace ajamat, les populations pratiquent plusieurs types de culture dans des endroits et périodes différents. Dans les forêts, on pratique la culture de semences appelée « éraran » ou « éyoléne » selon les appellations des villages diola et le « éhampan » qui est une culture du riz de semi directe sous pluie. En outre, dans la périphérie des villages « couloumete » en diola, on pratique la culture des haricots appelée « coussake ». Le diola pratique une culture d’association dans ces espaces entre le riz et les haricots ou le riz et les arachides. Dans les rizières, il y a deux formes de cultures : « éyocayu » culture dans les bas-fonds avec le repiquage du riz et « édiassénéhu » culture à vocation rapide pour soutenir le grenier. Les femmes s’activent dans le domaine du repiquage du riz, la récolte du riz, la recherche du bois de chauffe mais surtout le fumage des rizières en engrais vert.
Aujourd’hui, avec les changements climatiques, les populations des villages frontaliers s’adonnent à la plantation des noix d’acajou tout au long de la frontière.
La pêche
La pêche artisanale est pratiquée par la majeure partie de la population diola. C’est une activité très ancienne et pratiquée avec des instruments traditionnels et qui servait à l’alimentation familiale ou à faire le troc avec d’autres produits. Par contre, la pêche moderne est pratiquée en haute mer par les populations sérères, toucouleurs, diola et les étrangers au cap-skiring et à Boudiédiéte. D’après l’échantillon utilisé sur le terrain, 6,5% de la population pratique la pêche. C’est une activité très rentable et attractive qui utilise des pirogues motorisées. Les pécheurs peuvent aller en mer, dans les eaux étrangères pendant une longue période (plusieurs mois). Le problème des licences de pêche est très récurent dans cette activité de pêche en haute mer. Il existe souvent des tensions entre les Etats car il arrive que les pécheurs sénégalais soient arrêtés par les autorités Bissau Guinéennes. Elle est pratiquée dans les nombreux bolons qui existent dans la communauté Rurale. Elle est plutôt artisanale. Son essor souffre d’un manque d’équipements pour la production (pirogues, filets réglementaires) et la commercialisation (caisses, bacs isothermes). La chasse est aussi pratiquée par la population, elle sert aussi bien à l’alimentation qu’au commerce dans les hôtels ou campements touristiques. La population s’adonne à la cueillette des produits forestiers qui servent à la consommation locale ou à la vente.
Les centres de productions sont le Cap-skiring, Ourong, Boucotte, Boudiédiéte et Cabrousse.
Le commerce
Les femmes et les hommes s’activent dans diverses activités telles que le commerce de balais (faits de feuilles de palmiers), de poissons secs au cap-skiring, de l’huile de palme, de maniocs, de bananes, de mangues et surtout la vente du vin de palme. Le commerce est très peu développé dans les deux arrondissements et 1,6% de la population le pratique comme activité. Les voies de circulation des produits sont la voie fluviale Eranmé, Kasuh et comme point de débarquement le pont de Niambalang. D’autres circuits permettant l’échange des produits sont : Suzana, Bujin, Ejaten, Cassolol et Youtou avec leur pirogue pour acheminer ces produits au pont de Niambalang. Le pont de Niambalang se trouve entre la commune de Nyassia et celle d’Oussouye. C’est un carrefour d’échange des produits qui viennent aussi bien de la Guinée que du Sénégal. Dans l’espace ajamat, les marchés hebdomadaires appelés en milieu diola houssilaye permettent la fluidité des produits mais surtout les échanges ou le troc des produits, car il y a des villages insulaires qui n’ont pas de produits de forêts et des villages de forêt où les produits halieutiques sont rares ou inexistants.
Ces marchés sont des lieux adéquats pour chaque individu de pouvoir subvenir à ses besoins. Ces marchés se tiennent actuellement à Egame et à Eranmé en Guinée Bissau. L’autre circuit, c’est la route du pont d’Essouk-édiate, Boudiédiéte et Cabrousse qui sert de ravitaillement des produits forestiers et maritimes aux hôtels du Cap-skiring et de Djimbéring. Le vin Guinéen appelé « sausete » est vendu partout dans les villages du département d’Oussouye et passe par ces différents circuits pour entrer au Sénégal. Il existe même un dépôt de vin Guinéen à Boudiédiéte. L’Arrondissement de Cabrousse est caractérisé par un commerce d’échange de troc appelé en milieu diola Youtois « bahathe ». C’est un échange qui permet aux populations diola d’équilibrer leur alimentation mais aussi d’avoir des animaux et du vin de palme pour faire des libations. Les différents produits ou instruments vendus dans ces marchés hebdomadaires sont : vin de palme, huile de palme, noix de palme, viande de brousse, animaux, poissons, le riz paddy, canaris, crevettes, poissons séchés ou fumés, des pagnes tissés noirs ou blancs appelés en langue Youtois « utionénahu », du manioc, des haricots, la myrrhe, des bananes, des oranges, des calebasses, des poulets, les huitres et le coquillage. Aujourd’hui, l’enjeu de ces marchés c’est l’argent qui est en train de supplanter le troc ou « bahathe ». L’autre enjeu, ce sont les hôtels ou campements touristiques qui font que les populations préfèrent aller vendre leurs produits dans ces endroits pour gagner plus d’argent. Les lieux de vente sont :
Cap-skiring, Oussouye, Elinkine, Djimbéring, Varela et Ziguinchor.
Le commerce n’est pas très développé dans la Communauté Rurale de Santhiaba-manjaque car il n’y a ni marché hebdomadaire ni marché permanent fonctionnels et les sources d’approvisionnement restent par conséquent les quelques boutiques existantes. Ces boutiques fournissent aux populations les denrées de première nécessité.
Hormis les produits manufacturés commercialisés au niveau des boutiques, les produits agricoles ou de cueillette font également l’objet de vente au niveau communautaire. Les produits les plus commercialisés sont les mangues, les agrumes, le mad, le toll, le solom, les produits maraîchers, etc. L’écoulement de ces productions pose souvent des problèmes liés à l’enclavement et à l’insécurité.
Par contre, dans la communauté Rurale de Djimbéring, l’installation d’infrastructures hôtelières crée des activités telles que le commerce, le transport, l’artisanat. C’est pour cette raison que l’exode rural est moins ressenti car les populations restent grouper autour des sites touristiques pour chercher de l’emploi.
Le ramassage des noix d’acajou
Aujourd’hui, une des activités qui rapporte de l’argent et qui est pratiquée par les femmes, c’est la saison du ramassage des noix d’acajou en guinée Bissau. Elle commence au mois d’avril et se termine à la fin du mois de juin. Les femmes des villages frontaliers vont aller dans les plantations des villages manjaque pour ramasser et produire du vin appelé « kadiou ». C’est l’exemple du village de Diacoumoundoum en Guinée qui accueille chaque année des milliers de femmes qui travaillent dans les plantations de noix d’acajou. Selon les populations interrogées par quartier dans le village de Youtou, la saison 2011-2012 est une saison exceptionnelle. Sur les 6 quartiers que constitue le village 110 femmes ont participé à cette campagne. A Essoukaye il y a eu 20 femmes, à Djibonker 22 femmes, à Kanokindo 10 femmes, à Bouayéne 20 femmes, à Kagar 15 femmes et à Bringo 23 femmes. La femme travaille deux jours pour le compte du propriétaire et le troisième jour elle travaille pour son compte. Le kilogramme varie entre 500f et 600f et à la fin de la saison, elles peuvent gagner des sommes allant de 150 mille à 300 mille franc CFA. Cette activité a fait que dans certains villages comme le village de Youtou on ne trouve que les hommes pendant ces trois mois. La plupart des femmes sont en guinée pour le ramassage des noix d’acajou, ce qui pose le problème de sécurité, de couverture mais aussi un danger pour le village. En plus de cette activité, la saison des mangues est une période qui permet aux populations de s’occuper et d’avoir de l’argent. Les villages tels que Kaguitte, Santhiaba-manjaque, Djirack, Efoc et Youtou ont des plantations d’orangers, de manguiers et qui font de ces espaces des lieux très attractifs.
L’élevage
L’élevage est une activité qui est pratiquée par l’ensemble des populations diola. C’est une activité très ancienne car il joue un rôle très important dans les pratiques ancestrales, les cérémonies religieuses, les libations dans le bois sacré. Les différents cheptels qu’on rencontre dans l’arrondissement de Cabrousse sont : les bovins, les ovins, les caprins, les porcins et la volaille. L’élevage n’est pas très développé et est caractérisé essentiellement par un système sédentaire, confiné dans le terroir villageois. C’est un élevage qui souffre de l’absence d’un personnel sanitaire mais aussi qui est destiné à l’alimentation dans les familles. Le cheptel est nombreux dans la Communauté Rurale de Djimbéring qui compte 12331 têtes. Ce nombre peut aussi être dû à la présence des hôtels et une part du cheptel sert à l’approvisionnement des hôtels. Par contre, la communauté Rurale de Santhiaba-manjaque a 6380 cheptels.
Le tourisme
L’arrondissement de Cabrousse est caractérisé par un secteur qui fait de la zone, les espaces les plus attractifs au niveau national : les sites balnéaires du cap-skiring, de Cabrousse, de Djimbéring, de katakalousse. Selon les enquêtes, 1,6% de la population s’active dans le secteur touristique. Au départ du Cap Skiring, les visites, balades et excursions sont assez nombreuses. Dans les environs, ce sont Cabrousse, Djimbéring Boukot Wolof, Kachouane et Nyikine qui sont des sites touristiques que fréquentent les touristes. Ces villages diola, malgré leur implantation en bord de mer ne sont pas des villages de pêcheurs (les Diola pratiquent peu cette activité). Il s’agit de villages d’agriculteurs. A Djimbéring, on peut boire un verre, se restaurer ou acheter des souvenirs dans l’un des multiples petits commerces locaux ou campements touristiques. Kachouane se situe en face de l’île de Carabane, au bord du bolon du même nom qui permet d’accéder au fleuve à quelques minutes de pirogue. Un campement touristique y est également établi. L’hôtel de katakalousse joue un rôle très important pour visiter l’ensemble de la région et de ses innombrables canaux de mangrove inondés par le fleuve. L’hôtel Katakalousse est également le point d’amarrage des meilleures parties de pêche.
Il existe d’une part un tourisme de séjour en village de vacances au cap-skiring ou en hôtel, d’autre part un tourisme de découverte, grâce à des campements inspirés de l’architecture traditionnelle, à partir desquels on peut visiter les villages, découvrir le parc national de la basse Casamance et les iles de l’estuaire. Mais le conflit casamançais a sensiblement ralenti l’activité touristique. Les arrivées internationales ont baissé de 43440 touristes en 1991 à seulement 26941 en 2005.
L’autre aspect qu’il y a lieu d’évoqué ce sont les impacts du tourisme sur le foncier. La diminution de la pluviométrie a eu comme effet la vente des terres dans l’arrondissement de Cabrousse. Aujourd’hui avec le retour de la pluviométrie et surtout la fermeture des saisons touristique, les populations n’ont pas de terre pour cultiver. Ce problème qui touche une grande partie de la population diola à Cabrousse risque de dégénérer un jour car les populations commencent à revendiquer leurs terres.
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Table des matières
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION GENERALE
CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE
JUSTIFICATION DE LA RECHERCHE
Objectif général
Objectifs spécifiques
HYPOTHESES DE RECHERCHE
Hypothèse principale
Hypothèses secondaires
La revue documentaire
Collecte de données de terrain
Les outils de collecte de données
Les cibles
Les données collectées
Traitement et analyse des données
PREMIERE PARTIE
CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
I: PRESENTATION GEOGRAPHIQUE
II. CADRE ADMINISTRATIF DE L’ARRONDISSEMENT DE CABROUSSE
III. PRESENTATION DU MILIEU NATUREL
III.1 Le climat
III.2 Les Sols
III.3 La végétation
III.4 Hydrographie et hydrologie
I: POPULATIONS
II : CULTURES ET TRADITIONS
III: ACTIVITES SOCIOECONOMIQUES
III.1 L’agriculture
III.2 La pêche
III.3 Le commerce
III.4 Le ramassage des noix d’acajou
III.5 L’élevage
III.6 Le tourisme
CHAPITRE III : HISTORIQUE DE L’OCCUPATION DE L’ESPACE : DE LA PERIODE PRECOLONIALE A L’ACTUELLE
I : LA PERIODE PRECOLONIALE
II : LA PERIODE COLONIALE
III: DE LA PERIODE DES INDEPENDANCES
CHAPITRE IV : LA REPARTITION DES TERRES DU POINT DE VUE TRADITIONNEL
I : L’ACCES A LA TERRE EN MILIEU AJAMAT
II. LES MODALITES DE REPARTITION DES TERRES DANS LE ROYAUME DE KAROUHAYE
CHAPITRE V : LES CONSEQUENCES DE LA REPARTITION DES TERRES SUITE A L’EXISTENCE DE LA FRONTIERE
I. LES ENJEUX DE L’APPROPRIATION FONCIERE TRANSFRONTALIERE DANS L’ARRONDISSEMENT DE CABROUSSE
II: PROFIL HISTORIQUE DES ZONES DE TENSIONS
II.1 Le territoire de Jajabil :
II.2 Le territoire de Santhiaba-manjaque :
II.3 La rizière de Nialou
III. LES LITIGES FONCIERS TRANSFRONTALIERS DANS L’ARRONDISSEMENT DE CABROUSSE
CHAPITRE VI : LA GESTION ET LE DROIT D’AFFECTATION DES TERRES INTERNES ET EXTERNES DANS L’ARRONDISSEMENT DE CABROUSSE
I : LES MODES DE GESTION ET D’AFFECTATION DES TERRES DANS L’ARRONDISSEMENT DE CABROUSSE
II: LA JUXTAPOSITION DES DROITS D’ACCES A LA TERRE
CHAPITRE VII : LA RESOLUTION DES CONFLITS LIES A L’UTILISATION DES TERRES
I : LES MODALITES DE RESOLUTION DES CONFLITS INTERNES DANS LE MILIEU AJAMAT
II: LA GESTION DES CONFLITS TRANSFRONTALIERS
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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