LES CONNECTEURS ARGUMENTATIFS DANS LA GREVE DES BATTUS

La vie active d’Aminata Sow Fall

   Aminata Sow Fall, pour ainsi dire, entre dans la vie active avec l’enseignement. En effet, nantie de ses diplômes parisiens, elle enseigne dans des lycées et instituts du Sénégal. Elle sera, tour à tour, professeur au lycée Abdoulaye Sadji de Rufisque, au lycée Delafosse et au lycée Blaise Diagne de Dakar, elle est membre au centre d’études des Techniques d’information (C.E.S.T.I). De 1974 à 1979, Aminata Sow Fall est membre de la Commission de Réforme de l’Enseignement du Français. A ce titre, elle participe à l’élaboration de manuels scolaires dont elle est ainsi co-auteur, notamment pour
-Les genres littéraires par les textes (Dakar : NEA, 1977)
-Littérature française pour les classes de second (Dakar : NEA)
-Grammaire Active de 6é (Dakar : NEA)
-Grammaire Active de 5é (Dakar : NEA
De 1979 à 1988, elle est détachée au Ministère de la culture comme directrice des Lettres et de la Propriété intellectuelle et Directrice du Centre d’Etudes des Civilisations. Mais la situation de fonctionnaire n’apporte pas pleine satisfaction à la future romancière. La voilà engagée dans des activités d’ordre culturel (C.A.E.C) et à Saint-Louis, en 1996, le Centre International d’Etudes, de Recherches et de Réactivation sur la littérature, les Arts, la Culture (C.I.R.L.A.C) dont l’objectif principal est de contribuer à la promotion culturelle. A ce propos, elle s’explique et explicite ses objectifs :
Ces centres sont des centres pour la promotion de La littérature et des écrivains. Notre devise, c’est « lire, produire, s’enrichir ». Les centres veulent aussi être des lieux de débats d’idées. Nous voulons développer la culture de l’esprit, parce que souvent, on pense que le développement, c’est simplement le développement économique qui permet à chaque individu d’améliorer son niveau de vie sur le plan matériel. Moi, je ne pense pas que ce soit là le développement. Car il y a un développement indispensable à la base : c’est le développement lié à la culture. L’être humain doit discuter, doit s’informer, doit avoir un sens critique, doit pouvoir aborder la vie d’une certaine manière en sachant qu’il y a d’autres qui l’abordent d’une autre manière. Il faut se cultiver, avoir accès à la connaissance. Savoir, c’est pouvoir. Par ailleurs, si vous aimez quelqu’un, si vous lui  remplissez le ventre, vous lui donnez beaucoup d’argent, s’il n’y a pas une éthique qui lui dise comment il faut gérer, cette personne sera toujours plus proche de l’animal que de l’homme. Elle n’aura pas de ressorts qui lui permettent de gérer rationnellement et humainement tout ce qu’il aura acquis. » Puisant dans ses propres fonds et dans ceux de sa famille, Aminata Sow Fall crée une librairie et une maison d’édition, les Editions Khoudia, qui ont déjà publié plusieurs titres dont l’œuvre de la romancière elle-même : Le Jujubier du Patriarche (1982). Ses actions culturelles lui ont valu plusieurs décorations dont :
-Chevalier de l’Ordre du Mérite
-Chevalier des Palmes Académiques
-Chevalier de l’Ordre de la Pléiade
-Chevalier de l’Ordre National du Lion
Elle est docteur Honoris Causa de Mount Holyoke Collège (Massachusetts) le 25 mai 1997. Elle a fait l’objet de deux films par rapport à ses écrits. L’un a été réalisé en janvier 1987 par la télévision suédoise, en coproduction avec les télévisions danoise et norvégienne, il s’agissait de filmer l’écrivain dans son travail et dans la vie. L’autre est l’œuvre, en février 1988, du cinéaste français Pierre Pomonier pour le compte de la télévision française. Aminata Sow Fall, mère de sept enfants, consacre désormais son temps à la culture, entre Dakar, Saint-Louis et l’étranger ou elle est invitée par des gouvernements, des institutions ou des universités pour y animer des conférences sur ses œuvres ou sur des thèmes en rapport avec l’éducation, la culture ou la paix. Mais son activité principale reste l’écriture. Elle a écrit d’autres œuvres.

Le temps

   Lorsque l’on envisage le temps dans la création romanesque, il faut considérer à la fois le temps externe à l’œuvre, relatif à l’époque où les événements racontés se sont produits ; et le temps interne correspondant à la façon dont la narration rend compte de la durée de la fiction. Par ailleurs, analysant le problème de la temporalité romanesque dans l’univers du roman, R. Bourneuf R29. Ouellet écrivent : Le temps peut être exprimé non seulement par des indications appartenant au récit compris comme une suite d’épisodes, mais aussi et surtout par la mise en œuvre des ressources de la composition et des modes narratifs. C’est sur cette distinction fondamentale de deux niveaux temporels que J. Ricardou fonde son analyse du temps romanesque : temps de la fiction, de l’anecdote ou de l’histoire proprement dite, et temps de la narration ou modes d’expression de cette histoire dans le roman. Cette distinction reste pertinente dans La grève des bàttu ou la romancière évoque, de manière romancée, quelques événements historiques qui ont marqué l’évolution politique du Sénégal et nous plongent dans l’actualité des « indépendances ». Aminata Sow Fall inscrit donc l’aventure de ses personnages dans « l’ère des indépendances » et elle ouvre son roman sur une situation de malaise : le titre du roman, ensuite d’emblée la répression des mendiants, annoncée par la radio. Et la source de ce malaise se trouve dans la hantise du pouvoir. Aux premiers de ces faits, il y a d’abord les préoccupations de nouvelles autorités africaines soucieuses apparemment de la gestion du pays devenu indépendant. Mour Ndiaye s’efforce de l’expliquer à son marabout : « Serigne, les temps ont changé ; maintenant nous sommes responsables du destin de notre pays. Nous devons combattre tout ce qui nuit à son essor touristique et économique ». Ensuite une lecture référentielle nous conduirait à mettre en parallèle la grève des mendiants et le conflit qui a opposé le gouvernement sénégalais aux mendiants dans les années 1970. La romancière s’est inspirée d’une certaine réalité et elle a transposé les termes de ce conflit à un niveau supérieur, grâce à la fiction. Elle ouvre d’ailleurs ainsi son roman : Ce matin encore le journal en a parlé : ces mendiants, ces talibés, ces lépreux, ces diminués physiques, ces loques, constituent des encombrements humains. Enfin, il est fait allusion à la révision constitutionnelle de 1970, avec la création d’un poste de premier ministre : Inch’Allah, Je voudrais que le Président pense à Moi. Serigne Birama, je ne te cache rien. Le Président avait dit, il y a de cela quelques mois, qu’il choisirait un Vice-Président. Maintenant, la rumeur affirme que c’est imminent. Je voudrais que par tes prières, tu fasses que le Président pense à moi. A ces événements historiques, il convient de relever la publication, en 1972, du code de la famille sénégalaise, texte fondamental surtout pour les femmes qui voient leurs droits reconnus juridiquement. La romancière y fait allusion à travers Lolli: Une loi avait été votée, qui interdisait désormais à l’homme de se lever un beau matin de mauvaise humeur et pour un rien, de dire à sa femme : « Prends tes bagages, va-t’en chez toi ». L’ancrage historique sénégalais et africain met en relief l’écart négatif qui s’observe entre les idéaux d’hier des dirigeants africains et leur réalisation au contact du pouvoir et du temps des indépendances. La mention au temps se charge de valeurs liées à la transformation des personnages. Par ailleurs, certaines indications temporelles enracinent le roman dans un réel spatial et culturel sénégalais. C’est le cas des pratiques relatives à l’islam (le vendredi est jour d’embouteillages pour les mendiants, Kifi Bokoul s’est enfermé pendant sept jours et sept nuits l’homme ne mendiait qu’une fois par semaine, la nuit du jeudi au vendredi ; ou de l’évocation du « soleil d’hivernage, à l’heure où les djinns prennent leur bain de chaleur » Le temps externe est intimement lié au temps interne qui est un temps racontant, chargé de rendre compte du déroulement de l’histoire. Avec La grève des bàttu, nous avons affaire à une narration simultanée qui se déroule théoriquement en un temps sensiblement identique à celui des événements avec, parfois, un léger décalage. Il s’agit d’un récit linéaire mais qui ne se borne pas à présenter au lecteur une temporalité uniquement liée à la succession des événements qui forment l’intrigue. On note de nombreuses analepses et quelques prolepses utilisées afin de briser la linéarité du récit. C’est ainsi que le récit revient sur la vie antérieure de certains personnages (Mour Ndiaye, Keba Dabo, Lolli, Salla Niang, etc.) et anticipe sur celle d’autres (Lolli qui se voit déjà femme du Vice-Président et jouissant de tous les hommes attachés à la fonction de son mari). Mais ces retours en arrière et anticipations, fonctionnant comme des récits mis en abyme, n’en changent pas fondamentalement la perspective. Car le cycle temps présent/ temps passé circonscrit essentiellement ce roman. Tout compte fait, la géographie textuelle du cadre spatio-temporel nous restitue le profil du Sénégal qui se dessine à travers des notions physiques (Corniche, la Petite Cote, Keur Gallo), historiques, culturelles et linguistiques.

Les connecteurs marquant la coordination

   Les connecteurs de coordination servent à relier entre eux des éléments en principe de même nature (noms et pronoms, adjectifs, adverbes, verbes, propositions) et de même fonction (sujet, complément, attribut, épithète, etc.) Il existe sept connecteurs de coordination, qui ont chacune une valeur :
ET : liaison, addition
Exemple : « Il faut débarrasser la ville de ces hommes –ombres d’hommes plutôt –déchets humains, qui vous assaillent et vous agressent partout et n’importe quand. »
OU : alternative :
Exemple : « une des tâches de koulé est de conduire une ou deux fois par mois la femme de son patron à Keur Gallo36 ».
NI : permet de faire la liaison et alternative négative :
Exemple : « ne sachant ni lire, ni écrire dans la langue officielle, il était incapable de s’orienter dans le dédale des rues37(…) ».
MAIS : permet de faire l’opposition :
Exemple : « Céy yalla ! poursuit Serigne Birama. Le monde d’aujourd’hui bouleverse tout/…/C’est vrai, mais cela, c’est l’œuvre de Dieu. Xéwelu yalla la mbirum yalla la38 ! »
OR : permet une argumentation ou une transition :
Exemple : « Il a eu la malchance de se trouver ce vendredi dans le magasin d’un commerçant libanais ; or tout le monde sait que le vendredi est jour d’embouteillages pour les mendiants »
CAR : permet l’explication :
Exemple : « Serigne Birama était venu à la ville pour se faire établir une carte d’identité car la loi obligeait désormais les citoyens à en posséder une »
DONC : montre la conséquence et la conclusion :
Exemple : « La charité ouvre les portes, une ultime pièce donc pour ouvrir la porte du cœur du président »
REMARQUE : Certains connecteurs peuvent être redoublés ; ils se placent alors devant chacun des deux éléments coordonnés : ni…ni, et…et, ou…ou. Ainsi, certains adverbes peuvent jouer le rôle de conjonctions de coordination en exprimant :
✓ l’alternative : soit…soit, tantôt…tantôt ;
✓ l’opposition : cependant, pourtant, néanmoins, toutefois, au reste, en revanche, d’ailleurs ;
✓ l’explication : en effet, c’est-à-dire ;
✓ la conséquence : c’est pourquoi, aussi, partant ;
✓ la conclusion : enfin, ainsi, en bref ;
✓ le temps : puis, ensuite.
La coordination n’a pas besoin de ponctuation. Mais elle peut être soulignée par une virgule, un point-virgule, ou un tiret : La suppression et la répétition des coordinations sont des choix expressifs. Quand la coordination avec et, ou, ni coordonne plus de deux mots ou propositions, la règle est de placer un connecteur de coordination entre les deux derniers : La suppression des coordinations peut exprimer une accélération du rythme : Ou elle peut rendre un ralenti : Elle exprime souvent l’ironie de l’auteur.

Les connecteurs marquant le temps

   Les connecteurs temporels s’emploient d’abord pour marquer une succession chronologique. Ils sont très employés dans ce rôle : alors, après, ensuite, et, puis, d’abord, enfin, ainsi que les mots de période, l’année dernière, dans une semaine, dans un mois, toute la journée, le lendemain, la matinée, l’année, un jour…etc. Ces connecteurs temporels permettent de regrouper des propositions en un ensemble homogène et de découper le texte en séquences. Ils marquent aussi la succession linéaire, dont ils peuvent expliciter différents stades (d’abord indique un début, ensuite et puis marquent la suite et enfin, finalement l’aboutissement). Hormis leur emploi dans un texte narratif, on les rencontre aussi dans des énumérations, en particulier dans des descriptions qui suivent une progression à thèmes dérivés.
Exemple : « Des rafles hebdomadaires sont organisées ; parfois on les jette à deux cents kilomètres d’ici, dès le lendemain on les retrouve à leurs points stratégiques ».

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
CHAPITRE 1 : CADRE METHODOLOGIQUE
1-1 Problématique
1-1-1- Contexte de la recherche
1-1-2-Question de recherche
1-2-Les objectifs de recherche
1-3-Les hypothèses de recherche
CHAPITRE 2 : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
2-1-Définition des concepts clés
2-2-La démarche
2-2-1-théorie de base
2-3- La revue de la littérature
DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE 3 : PRESENTATION DU CORPUS
3-1/ Biographie de l’auteur
3-1-1- /La vie active
3-1-2- les ouvrages écrits par ASF
3-2/ Etude de l’ensemble de l’œuvre
3-2-1/ Compréhension du titre du livre
3-2-2/Résume de l’œuvre
3-2-3-la structuration du roman
3-2-4 techniques narratives
CHAPITRE 4 : LE CADRE SPATIO-TEMPOREL
4-1-L’espace
4-2-Le temps
TROISIEME PARTIE
CHAPITRE 5 : LES DIFFERENTS TYPES DE CONNECTEURS ARGUMENTATIFS DANS LA GREVE DES BATTU d’Aminata Sow Fall
5-1- Les connecteurs marquant la coordination
5-2-Les connecteurs marquant la subordination
5-2-1-Les connecteurs marquant l’opposition
5-2-2-Les connecteurs marquant l’explication
5-2-3-Les connecteurs marquant la justification
5-2-4-Les connecteurs marquant la disjonction
5-2-5-Les connecteurs marquant la conséquence
5-2-6-Les connecteurs marquant la cause
5-2-7-Les connecteurs marquant la condition
5-2-8-Les connecteurs marquant le temps
5-2-9-Les connecteurs marquant l’espace
5-2-10-Les connecteurs marquant le but
5-2-11-Les connecteurs marquant la manière
5-2-12-Les connecteurs marquant l’addition
5-2-13-Les connecteurs marquant l’indétermination
5-2-14-Les connecteurs marquant la conclusion
5-2-15-Les connecteurs énumératifs
5-2-16-Les connecteurs de reformulation
5-2-17-Les connecteurs marquant la comparaison
5-2-18-connecteur marquant la quantité
5-2-19-La proposition subordonnée complétive
5-2-20-La proposition subordonnée relative
5-2-21-La proposition subordonnée interrogative
5-3-Les interjections
CHAPITRE 6 : PONCTUATION ET RELATION LOGIQUE
6-1-La relation entre les deux points et les connecteurs
6-1-1-Une énumération
6-1-2-Une explication : relation de cause ou de conséquence
6-2-La relation entre la virgule et les connecteurs
6-2-1-Elle s’emploie dans une énumération
6-2-2-La virgule et les connecteurs de coordination « et, ou, ni »
6-2-3– la virgule et les connecteurs comme, quand, si,
6-2-4 la virgule et le pronom relatif « qui »
6-2-5- Relation entre la virgule et les adverbes en « ment »
6-3-Les points de suspension
6-4-Relation entre le point- virgule et les connecteurs
Conclusion
Bibliographie

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