Introduction
De nos jours, la malnutrition demeure un problème de santé publique majeur, notamment dans les pays en voie de développement (PVD). En effet, l’Asie du sud et l’Afrique subsaharienne sont les régions les plus touchées. Sur toutes ses formes, la malnutrition entrave le développement physique et psychique de l’enfant, elle diminue sa résistance face aux maladies, augmentant ainsi des risques de décès précoce [1]. Elle résulte aussi bien d’une alimentation inadéquate que d’un environnement sanitaire déficient. Les pratiques alimentaires inadéquates font référence non seulement à la qualité d’aliments donnés aux enfants, mais aussi aux étapes de leurs introductions. Malgré des efforts consentis depuis plusieurs décennies pour combattre ce fléau, certaines formes de malnutrition, entre autres ;les manifestations proteino-énergétiques (MPE), les carences en fer, en vitamine A et en iode continuent d’engendrer des problèmes de santé publique dans la plupart des PVD.Selon l’UNICEF en 2011, la malnutrition aiguë touche 8,9% des enfants de moins de cinq ans dans le monde et 9,0% en Afrique subsaharienne [2]. Toutefois, la malnutrition chronique est la plus répandue, dans ses formes, elle affecte 26% des enfants de moins de cinq ans dans le monde et 40% des enfants de la même tranche d’âge en Afrique subsaharienne [2]. Cette tranche d’âge souffre également de la malnutrition globale avec 16% dans le monde et 21% en Afrique subsaharienne [2]. A l’instar des autres PVD, l’enquête SMART de 2013 au Mali montre que la malnutrition aiguë affecte 8,6% des enfants de moins de cinq ans pour un seuil d’alerte international de 10% fixé par l’OMS [3]. Quant aux malnutritions chronique et globale, elles touchent respectivement 27,5% et 16,9% des enfants de moins de cinq [3]. Ces deux dernières formes de malnutrition touchent presque toutes les régions du Mali. En effet, la production alimentaire excédentaire de la région de Ségou reste entacher par cette malnutrition qui sévit au Mali. Ainsi, 11,9% des enfants de moins de cinq ans de cette région souffrent de malnutrition aiguë, tandis que 33,4% Connaissances, attitudes et pratiques des mères ou gardiennes d’enfants malnutris face à la malnutrition des enfants de 6 à 59 mois vus en consultation au CSRéf de Niono en 2013 souffrent de malnutrition chronique. De plus, 27,2% de ces enfants sont atteints de malnutrition globale [3]. Pour faire face à cette préoccupation que constitue la malnutrition aiguë au Mali, en 2006, le département de la santé en rapport avec ses partenaires, a décidé de sa prise en charge gratuite en formant le personnel sanitaire dans ce sens. En plus de la gratuité de sa prise en charge, d’autres stratégies ont été envisagées pour lutter contre la malnutrition aiguë, entre autres ; la promotion de l’allaitement maternel exclusif jusqu’à 6 mois, la promotion de l’introduction des aliments de complément adéquats après 6 mois, l’allaitement maternel optimal jusqu’à 24 mois, la nutrition de la femme enceinte et allaitante ; la promotion de l’hygiène alimentaire, la supplémentation en vitamine A des enfants de 6 à 59 mois et les femmes en post partum immédiat, la prévention du paludisme et la lutte contre les vers intestinaux [4].
Définition des concepts
Santé C’est un état de complet, bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité (d’après l’OMS).
Nutrition C’est une science appliquée, au carrefour de plusieurs disciplines scientifiques (biologie, médecine, psychologie), qui permet de comprendre le fonctionnement du corps humain et de proposer des recommandations alimentaires ou médicales visant à maintenir celui-ci en bonne santé [6].
Connaissance Idée exacte d’une réalité, de sa situation, de son sens, de ses caractères et de son fonctionnement [7].
Attitude Conduite que l’on adopte en des circonstances déterminées [7].
Pratique C’est la manière d’agir habituellement [7].
Nutriment C’est une substance constitutive des aliments dont l’organisme a besoin pour son développement harmonieux et son bon fonctionnement [8].
Micronutriments Vitamines et minéraux essentiels requis par l’organisme tout au long du cycle de vie, en de minuscules quantités [7].
Aliment L’aliment est une substance en générale naturelle du règne animal ou végétal, utilisé pour nourrir l’organisme [8]. Exemples : le lait, la viande, le poisson, les légumes, les céréales etc. Les aliments peuvent être classés selon leur mode d’action au niveau de l’organisme. Il existe les aliments de construction, riches en protéines, les aliments énergétiques riches en glucides et en lipides et les aliments de protection riches en vitamines et sels minéraux.
Alimentation C’est le mécanisme par lequel les aliments sont introduits dans l’organisme. Elle permet aussi de calmer la faim [8].
Alimentation complémentaireProcessus mis en route lorsque le lait maternel seul ou le lait maternisé seul ne suffit plus à satisfaire les besoins nutritionnels d’un nourrisson. Par conséquent, d’autres aliments et liquides doivent être ajoutés au lait maternel ou au substitut du lait maternel. La tranche d’âge des nourrissons ciblés par l’alimentation d’appoint est généralement de 6 à 23 mois [5].
Allaitement maternel exclusif Le nourrisson ne s’alimente qu’avec du lait maternel (y compris le lait tiré ou tété au sein d’une nourrice). Les médicaments, les solutions de réhydratation orale, les vitamines et les minéraux, dans la mesure où ils sont recommandés par des prestataires de soins de santé, sont autorisés pendant l’allaitement maternel exclusif [7].
Sevrage C’est la période de passage de l’alimentation exclusivement lactée aux régimes variés. Il s’agit d’incorporer au régime de base du nourrisson (à côté du lait) tels que : les fruits, viandes, poissons, œufs, fromages [9].
Œdème Rétention anormale de liquide dans les tissus de l’organisme [7].
Taux de mortalité Rapport du nombre de décès à la population totale moyenne d’un pays, d’un lieu donné, sur une période donnée [7].
Taux de morbidité Rapport qui mesure l’incidence et la prévalence d’une maladie donnée, sur une population donnée [7].
Carence en micronutriments État constaté lorsque l’organisme manque de vitamines ou de minéraux en raison d’un régime alimentaire insuffisamment riche en vitamines ou minéraux, d’une alimentation globalement insuffisante et/ou d’une assimilation non optimale des vitamines ou minéraux par l’organisme [7].
Malnutrition Selon l’OMS, « la malnutrition est un état pathologique résultant de l’insuffisance ou des excès relatifs ou absolus d’un ou de plusieurs nutriments essentiels, que cet état se manifeste cliniquement, ou qu’il ne soit décelable que par les analyses biologiques, anthropométriques ou physiologiques ». Cette définition exclut les troubles nutritionnels liés à des erreurs de métabolisme ou à une malabsorption [10]. C’est l’état dans lequel: « la fonction physique de l’individu est altérée au point qu’il ne peut plus assurer la bonne exécution des fonctions corporelles ; comme la croissance, la grossesse, le travail physique, la résistance aux maladies et la guérison »[11]. On distingue plusieurs types de malnutritions :
-Les malnutritions par excès : dues à un apport alimentaire excessif responsable de l’obésité [10].
-Les malnutritions par carence : ces types de malnutrition représentent un risque nutritionnel majeur pour les populations des PVD.
Les carences les plus importantes dans le monde concernent les malnutritions protéino-énergétiques, les carences en fer, en vitamine A et en vitamine C [10]. La malnutrition protéino-énergétique (MPE), encore appelée malnutrition protéino-calorique (MPC), est une affection infanto-juvénile qui se traduit par des troubles dus à une alimentation insuffisante ou déséquilibrée en protéines et en calories [10]. Elle a trois formes cliniques à savoir : l’émaciation, le retard de croissance et l’insuffisance pondérale.
Causes de la malnutrition selon le cadre conceptuel de l’UNICEF
L’UNICEF attribue la malnutrition à trois (3) grandes causes:
-Les causes immédiates : ce sont les problèmes d’apport alimentaires inadéquats, les catastrophes naturelles, les problèmes de santé.
-Les causes sous-jacentes : telles que la famine, le niveau d’éducation inadéquat, l’insalubrité, les services de santé insuffisants ou indisponibles, qui lorsqu’elles ne sont pas prises en compte, induiront les effets immédiats de la malnutrition.
-Les causes profondes : c’est la volonté politique qui détermine les plans et politiques de santé.
Malnutrition aiguë ou émaciation
Elle est mesurée par l’indice poids/taille, et est due à un manque d’apport alimentaire entraînant des pertes récentes et rapides de poids avec unamaigrissement extrême. C’est la forme la plus fréquente dans les situations d’urgence et de soudure. Elle traduit un problème conjoncturel. Un apport alimentaire en quatre semaines permet de rétablir une bonne santé en cas d’émaciation [13].La malnutrition aiguë touche au Mali près de 10,4% des enfants de 0 à 59 mois [14].
Interprétation Le pourcentage de la médiane du rapport P/T permet de juger l’état nutritionnel d’un enfant ; où P = poids (en gramme) ; T = taille (en centimètre). ( Selon Road To Health RTH)
Si le rapport P/T est ≥ 85 %, état nutritionnel normal ;
Si le rapport P/T < 80 % et ≥ 70% malnutrition modérée ;
Si le rapport P/T < 70 %, c’est un cas de malnutrition sévère ;
De même, selon l’OMS, l’état nutritionnel d’un enfant peut être exprimé en fonction de Z score ou écart type (ET).
Si le rapport P/T compris entre – 1 et 1 ET, l’état nutritionnel est normal ;
Si le rapport P/T < – 2 ET ≥ -3, malnutrition modérée ;
Si le rapport P/T < – 3 ET, malnutrition sévère ;
Inconvénients de l’indice poids/taille Cet indice ne permet pas de différencier un enfant trop petit pour son âge (qui a souffert de MPC dans son enfance) d’un enfant de taille satisfaisante. Sur le plan clinique, on définit trois tableaux de malnutrition protéino calorique (malnutrition aiguë), selon qu’il s’agisse d’une carence protéinique, calorique, ou globale [15]. Le kwashiorkor : Il correspond à une insuffisance d’apport protéinique dans la ration alimentaire. Il se caractérise par :
-Les signes les plus marquants sont l’apathie, l’anorexie, la présence d’œdèmes en particulier aux chevilles, sur le dos des mains, des pieds et parfois au visage (visage bouffi). L’amaigrissement est constant mais souvent masqué par ces œdèmes.
-La peau peut être terne et l’on trouve souvent des lésions du type dépigmentation. Dans la phase la plus avancée, il peut y avoir une hyperpigmentation avec craquelures, voire ulcérations de la peau.
-Les cheveux sont parfois dépigmentés (roux et même blancs), défrisés, cassants et ils se laissent facilement arracher. Il y a souvent une diarrhée par atrophie de la muqueuse intestinale.
-Biologiquement, on note une chute importante de la protidémie, portant essentiellement sur l’albumine. L’ionogramme sanguin montre des troubles hydro électrolytiques, notamment une hyponatrémie, une hypocalcémie, etune hypokaliémie.
-Des complications peuvent survenir telles que la déshydratation, les troubles métaboliques et les infections bactériennes, ceux-ci expliquent un taux de mortalité très élevé chez les enfants atteints du kwashiorkor [15].Le marasme : C’est une insuffisance calorique globale de la ration alimentaire[15]. Il se caractérise comme suit :
-Le tableau clinique présenté par l’enfant marasmique est tout à fait différent de celui dû au kwashiorkor ;
-Dans la plupart des cas, l’enfant s’intéresse à ce qui se passe autour de lui, il n’a pas perdu l’appétit mais il est nerveux et anxieux ;
-Le signe le plus frappant reste l’amaigrissement ; il y a diminution de la couche graisseuse et fonte musculaire, la peau semble trop vaste pour le corps de l’enfant, le visage est émacié, les yeux sont enfoncés dans les orbites. L’enfant a une diarrhée importante par atrophie de la muqueuse intestinale ;
-Il n’y a pas d’œdèmes, mais un retard de croissance important par rapport aux courbes utilisées localement (poids/taille) ;
-Biologiquement, la protidémie est légèrement diminuée ; l’hématocrite et le taux d’hémoglobine sont aussi légèrement diminués. Même si des complications peuvent apparaître, le pronostic est meilleur que celui du kwashiorkor. La forme mixte : En réalité, les formes cliniques dues au kwashiorkor associé au marasme se rencontrent rarement. Ainsi, la forme mixte associe à des degrés variables, les signes du kwashiorkor et du marasme [15].
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Table des matières
1- Introduction
2- Objectifs
2.1- Objectif général
2.2- Objectifs spécifiques
3- GENERALITES
3.1- Généralités sur le Mali
3.1- Définition des concepts
3.2- Causes de la malnutrition
3.3- Aspects cliniques de la malnutrition
3.4- Les complications de la malnutrition [17]
3.5- La prise en charge de la malnutrition
4- Méthodologie
4.1- Généralités sur le cercle de Niono
4.2- Période d’étude
4.3- Type et lieu d’étude
4.4- Population d’étude
4.5- Critères d’inclusion et de non inclusion
4.6- Echantillonnage
4.10- Technique de mensurations anthropométriques
4.11- Saisie et analyse des données
4.12- Considérations éthiques
5- RESULTATS
5.1- Données sociodémographiques
5.2- L’état de santé des enfants malnutris de 6 à 59 mois à Niono en 2013
5.3- Répartition de la malnutrition aiguë chez les enfants de 6 à 59 mois à Niono en 2013
5.4- Les connaissances des mères ou gardiennes d’enfants face à la malnutrition des enfants de 6 à 59 mois
5.5- Attitudes des mères ou gardiennes d’enfants face à la malnutrition des enfants de 6 à 59 mois à Niono en 2013
5.6- Pratiques des mères ou gardiennes d’enfants face à la malnutrition des enfants de 6 à 59 mois à Niono en 2013
6- COMMENTAIRES ET DISCUSSIONS
7- CONCLUSION
8- PROPOSITIONS ET SUGGESTIONS
REFERENCES
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