Depuis 2003, le mot « dépréciation » a été retenu dans la bouche de toute la population malgache. A cette époque, une politique de détaxation des produits importés a été instaurée par le gouvernement. Cette dépréciation a toujours persisté même après que la monnaie malgache a changé de dénomination depuis le 01 Janvier 2005. Durant ces périodes et jusqu’à aujourd’hui, des difficultés économiques se font sentir dans tous les secteurs d’activité, la vie quotidienne devient chère. Cette circonstance conduit à se demander s’il n’existe pas une quelconque relation qui lie la dépréciation et les troubles économiques observées. Une analyse des impacts de la dépréciation de l’Ariary sur l’économie constitue alors une nécessité. Le problème qui se pose c’est « comment un simple prix de la monnaie par rapport aux devises peuvent provoquer de tels effets ? ». L’intérêt de ce travail consiste à expliquer la situation actuelle, à répondre aux « pourquoi ? »de tous ces troubles et à proposer des solutions pour remonter la pente. Avant d’entamer l’analyse des impacts de la dépréciation de l’Ariary sur l’économie, qui constituera la deuxième partie du devoir, la connaissance des théories successives qui ont déjà évoqué la notion de dépréciation est fondamentale ; d’où la nécessité de voir en première partie les concepts théoriques de la dépréciation.
LES CONCEPTS THEORIQUES SUR LA DEPRECIATION MONETAIRE
LES DEFINITIONS DES TERMES CLES
La notion de la dépréciation monétaire est une notion complexe. Des connaissances approfondies ainsi que des capacités de différencier le sens des termes utilisés constituent une nécessité. Pour ce faire, il s’avère utile d’un côté de déterminer ce qu’est le marché des changes et ses constituants, et d’autre côté une étude sera amenée concernant les types de régimes des changes et la politique y afférant telle que la dévaluation et le flottement.
Le marché des changes
Définitions
Dans le marché des changes, la notion de devise et de taux de change est différente.
➤Par devises, on désigne les instruments de paiement libellés en monnaie étrangère. Cette appellation concerne toutes les créances détenus sur l’étranger libellés en monnaies étrangères et payables à l’étrangers ; qu’elles soient représentées par des avoirs auprès des banques étrangères, des traites ou des chèques (toujours libellés en monnaies étrangères, et payables à l’étranger). Le billet de banque étranger ne constitue une devise au sens strict que dans la mesure où il peut être porté sans restriction sur un compte convertible à l’étranger . Nous reviendrons à la notion de convertibilité plus tard.
➤Tandis que dans la notion du taux de change, il se définit en général comme le prix relatif de deux devises . Et le taux de change nominal ou cours de la devise est le prix de cette devise en monnaie nationale . Plus précisément soit S (i, j), le cours de la devise i par rapport à la devise j est le nombre d’unité de la devise j qu’il est nécessaire de payer pour obtenir une unité de la devise i.
Traditionnellement, on a côté dans chaque pays les monnaies étrangères en unités de monnaie locale. Dans le cas contraire, où les devises étrangères jouent le rôle numéraire, elle est dit au certain. En général, sur le marché, les cotations se font contre Dollars américain ou EURO. Ces devises prennent toujours le rôle de la devise côté.
➤Du fait de sa forte influence sur la balance courante, les taux de change font partie, dans ce cas, des prix les plus importants des économies ouvertes. Ainsi, ils sont donc définit comme le prix de la monnaie d’un pays exprimé par rapport à la monnaie d’un autre pays. Et le taux de change joue un grand rôle dans les décisions de dépenses vu qu’il permet de convertir les prix provenant de différents pays en unités de monnaie nationales et en unité comparables .
Lorsque des changements interviennent dans le taux de change, on parle dans ce cas d’une dépréciation ou d’une appréciation. Ainsi, on définit une dépréciation comme une augmentation dans les prix en monnaies nationales des monnaies étrangères. Et une appréciation est considérée comme l’inverse de cette dernière c’est-à-dire qu’on observe une baisse dans les prix en monnaies nationales des monnaies étrangères. D’après Paul Krugman, une dépréciation a le mérite de faire baisser les prix des exportations nationales et d’augmenter les prix de ses importations. Le phénomène inverse se manifeste lors d’une appréciation .
Le marché des changes
Tous les prix en économie sont déterminés par l’interaction entre des acheteurs et des vendeurs. Dès lors, le marché des changes est le marché où se rencontrent les acheteurs et les vendeurs de devises. C’est ce marché qui contribue à la détermination des prix des devises c’est-à-dire du taux de change. Le marché des changes n’est pas un marché localisé en un lieu précis. Pourtant il est permanent et est pratiquement intégrés à l’échelle mondiale grâce aux nouveaux moyens de télécommunication . Les transactions peuvent se faire sur n’importe quelle place financière. Toute fois, pour que le marché des changes puisse déterminer librement les taux de change, il faut que les monnaies soient convertibles.
Une monnaie est convertible dès lors que son détenteur peut l’échanger librement contre tout autre devise . Concernant cette convertibilité, il est nécessaire malgré tout de distinguer la convertibilité totale et la convertibilité partielle. Dans le premier cas, les transactions ne sont pas limitées, la banque centrale du pays considéré s’engage à garantir la libre circulation de sa monnaie et à la racheter en toute circonstance : toutes les opérations et tous les agents économiques, résidents ou non-résidents, sont concernés par ces dispositions. Dans le deuxième cas, la convertibilité est limitée par des mesures réglementaires.
Les taux de changes sont donc déterminés par les interactions entre les ménages, les firmes et les institutions financières qui achètent et vendent des devises afin de couvrir leurs paiements internationaux. Et les principaux participants à ce marché restent encore les cambistes, les sociétés internationales et les institutions financières non bancaires, les banques commerciaux et la banque centrale nationale.
➤Les Cambistes
Les transactions de changes sont exécutées par les cambistes. Ces derniers sont, au sein des banques, des agents spécialisés et qualifiés, parfaits connaisseurs du marché. Ils sont en relation permanente avec les cambistes d’autres banques ou avec d’autres intervenants sur le marché (courtiers) et constituent ainsi à la formation progressive des cours de change. Et ils participent activement au marché inter bancaire, un marché dit de « gré-à-gré » . Les cambistes assurent une très grande liquidité au marché puisque chacun d’entre eux est assuré de pouvoir réaliser quasi instantanément toutes les opérations qu’il réalise.
➤Les sociétés internationales et les institutions financières non bancaire
Leur motivation principale est liée au commerce extérieur et à leur stratégie en matière de placements de capitaux à l’étranger, qu’il s’agisse d’investissements directs ou de porte feuille, de prêts ou d’emprunts. La liberté complète des marchés de capitaux a offert la possibilité à des trésoriers de certains groupes industriels, non seulement de couvrir leurs opérations commerciales, mais aussi d’effectuer des opérations d’arbitrage, voire de spéculation.
➤Les banques commerciales
Elles jouent un rôle pivot sur ce marché car elles facilitent les échanges de dépôts bancaires portant intérêt ; échanges qui forment la majeure partie des transactions en devises . Le commerce de devises entre les banques appelé marché interbancaire – représente aussi la majeure partie de leurs activités au marché des changes.
➤La banque centrale
La banque centrale intervient parfois sur le marché des changes. Bien qu’il ne soit pas de grande taille, le volume des transactions faites par les Banques centrales peut avoir un impact important. Ainsi, elle intervient sur ce marché dans un double objectif :
– satisfaire les ordres de sa clientèle (trésor, banques centrales étrangères,…).
– contrôler et défendre la valeur de sa monnaie.
Le second aspect diffère selon que le pays participe ou non à un mécanisme de change. Les banques centrales qui n’appartiennent pas à un mécanisme de change n’ont aucune obligation à cet égard, mais il est rare aujourd’hui qu’un pays soit totalement insensible à l’évolution de son taux de change.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : LES CONCEPTS THEORIQUES DE LA DEPRECIATION MONETAIRE
CHAPITRE I : Les définitions des termes clés
A- Le marché des changes
B- Les régimes de change
CHAPITRE II : Les théories de la dépréciation
A- Les modèles keynésiens
B- Les modèles monétaires
PARTIE II : ANALYSE DES IMPACTS DE LA DEPRECIATION DE L’ARIARY
CHAPITRE I : Historique des institutions monétaires à Madagascar et de la monnaie malgache
A- La monnaie malgache
B- La Banque Centrale de Madagascar
C- Le régime des changes de Madagascar
CHAPITRE II : Les impacts de la dépréciation de l’Ariary sur l’économie
A- Un solde de la balance commerciale dépréciatrice
B- Une amélioration de la compétitivité
C- L’augmentation du niveau générale des prix
CHAPITRE III : LES RECOMMANDATIONS
A- Les efforts pour la compétitivité
B- L’éducation
C- Les perspectives gouvernementales
CONCLUSION
ANNEXES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES