Les concepts liés à l’Enseignement au développement durable
Définition du terme développement durable
Naissance d’un concept
L’intérêt de l’Homme pour la nature est très ancien. Dès l’Antiquité, philosophes et écrivains-naturalistes décrivent déjà certains dysfonctionnements du milieu urbain : pollutions et nuisances comme l’insalubrité dans les cités romaines. Plus tard, au XVIIIème et au XIXème siècle, on dénonce les embouteillages et le smog dans les grandes villes européennes. Parallèlement à l’avènement de l’industrie moderne en 1872, l’idée d’environnement et de la protection de la nature apparait avec la création de parcs comme le Yellowstone aux Etats-Unis ou encore le fleurissement des jardins botaniques dans les grandes villes de l’ancien continent (Giordan A., 2016). Un siècle et deux guerres mondiales plus tard, se tient à Stockholm la première conférence internationale sur l’environnement organisée par L’ONU . Un document, rédigé par Jean-Pierre Nicol, relate en 26 principes les droits et devoirs vis-à-vis de l’environnement et prône l’écodéveloppement . On peut y voir apparaître l’idée de protection et d’amélioration de l’environnement pour les générations présentes et futures (principe 1) mais aussi la question essentielle et non sans moindre, de l’enseignement (principe 19). Des plus jeunes aux adultes, des plus favorisés aux plus démunis, chacun a le droit à l’information et l’éducation sur les questions d’environnement. Entre temps, l’idée d’environnement s’est renforcée, des scandales éclatent comme la célèbre marée noire de 1967 qui infeste les côtes anglaises et la Bretagne, ou encore les pollutions au DTT dévoilées par le biologiste Rachel Carson. Le premier choc pétrolier de 1973, fait émerger dans les esprits, la conscience du gaspillage et avec elle la notion, non plus de protection de l’environnement mais de sa conservation. En 1987, le premier ministre norvégien, Madame Gro Brundtland, écrit un rapport qui s’intitule « Notre avenir à tous». Elle s’inspire notamment du livre « Stratégie mondiale de conservation de la nature » paru en 1980 . Ce texte marque le début d’un nouveau concept, celui du développement durable et avec lui trois composantes essentielles : l’environnement, la société et l’économie. La conférence de Rio de 1992, aussi appelée « Sommet de la planète Terre », consacre cette idée de développement durable. Une date particulièrement importante dans l’histoire car c’est la première fois qu’un aussi grand nombre d’états (182) se réunissait pour débattre de l’avenir de la planète. Depuis, les états signataires se doivent de suivre, l’Agenda 21, un programme de 2500 actions à mettre en œuvre et s’engagent particulièrement sur le plan économique . L’Agenda 21 insiste notamment sur les actions des collectivités locales : « penser globalement, agir localement ». A la suite du sommet de Johannesburg en 2002, la France développe enfin sa propre stratégie de développement durable.
Les grands concepts du développement durable
Le terme développement durable est défini depuis 1992, comme étant un « développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » (rapport Brundtland de G. Harlem Brundtland (1987)). On entend alors un double sens à cette définition. D’une part, une vision à long terme évidente pour répondre aux « générations futures » et d’autre part, une approche plus humaniste qui repose sur le principe de la destination universelle des biens. En effet, le développement durable s’appuie sur quatre principes fondamentaux :
• Le principe de solidarité à différentes échelles (pays, peuples, générations…) et le partage des ressources ;
• Le principe de précaution dans chaque décision afin d’éviter des catastrophes écologiques ou les risques pour la santé ;
• Le principe de participation de chacun, quel que soit sa profession ou son statut social, afin d’assurer la réussite de projets durables ;
• Le principe de responsabilité de tous, citoyen, industriel ou agriculteur. Pour que celui qui abîme, dégrade et pollue, répare. C’est aussi le principe du pollueur-payeur.
Les trois dimensions connues depuis 1980, à savoir l’efficacité économique, l’équité sociale et l’équilibre environnemental, ont fait l’objet de nombreuses remises en question. Il s’avère en effet difficile d’exprimer toute la complexité de nos sociétés actuelles. André Giordan et sa collaboratrice Francine Pellaud ont proposé d’abord une composante « éthique » à ces trois piliers (Giordan A., 2016). Aujourd’hui, c’est la notion de culture qui entre dans ce modèle (Porcedda A. et Petit O., 2011). En effet, d’après l’UNESCO, les indicateurs pour décrire le développement auparavant étaient centrés sur les biens matériels plutôt que sur l’humain et de nouveaux aspects apparaissent lentement comme l’accès à l’éducation . La culture serait alors considérée comme un élément incontournable d’une politique développementale. En ce sens, il convient de protéger notre patrimoine culturel dont les aspects créatifs autant que les aspects liés à la connaissance, la diversité et la beauté. les quatre composantes sont interdépendantes. Nous constatons en effet, des zones qui s’entrecoupent avec en son centre, la notion « durable ». Nous avons choisi ce modèle car il suppose que les quatre sphères sont d’importance égales, or certains placeraient la culture au centre de cette représentation. Cependant, il existe d’autres modèles de représentations du développement durable .
Par ailleurs, il existe une polémique sur la traduction du terme anglais « sustainable development ». L’adjectif « durable » de développement durable ne serait pas approprié et une vraie traduction voudrait que ce soit « développement soutenable ». Le terme « durable » se cantonne plus à la question de durée dans le temps plutôt que la notion de répartition de richesses des générations (Diemer A. & Marquat C. 2014). Même si cette notion est en pleine évolution, nous avons choisi de garder le mot « durable » tout en comprenant l’aspect « soutenable ».
D’une éducation à l’environnement vers une éducation au développement durable
La naissance d’une éducation à l’environnement
Parallèlement à la genèse de l’expression « développement durable », se sont propagées des idées, des valeurs humanistes dont celle de l’éducation de nos futures générations pour un avenir meilleur. L’environnement fût évidemment le premier pilier étudié à l’école. Dans les années 70, André Giordan rapporte avoir commencé à intégrer différents thèmes liés à l’environnement comme le tri des déchets, l’épuisement des ressources, les grandes pollutions planétaires, la déforestation, la réduction de la biodiversité, les mauvaises qualités de l’eau et l’air et puis le danger nucléaire (Giordan A., 2016). Il faudra attendre 1975 avec la conférence de Belgrade pour que, officiellement, l’UNESCO propose un Programme International d’Education relative à l’Environnement (PIEE) (De Vecchi G. & Pellegrino J. 2008). André Giordan y représentera d’ailleurs la France pour son innovation pédagogique et sa motivation autour de ces questions. Cette conférence développera les objectifs suivants : « former une population mondiale consciente, préoccupée de l’environnement et des problèmes qui s’y rattachent, une population qui ait connaissance, qui ait des compétences, qui ait l’état d’esprit, les motivations et le sens de l’engagement et permettent de travailler individuellement et collectivement, résoudre les problèmes actuels et empêcher que s’en pose de nouveaux ». En 1977 arrive la conférence de Tbilissi (URSS) qui aboutit à la rédaction d’une chartre de l’Education à l’environnement et en France à une circulaire qui fait notamment apparaître la notion d’interdisciplinarité pour répondre à l’apprentissage de ce thème. Nombres de projets scolaires vont se mettre en place souvent liés à des activités concrètes, des contre-projets et nous voyons apparaître les premières analyses systémiques . Une décennie plus tard, à Moscou, se décide une stratégie internationale d’actions en matière d’éducation et de formation relatives à l’environnement. En même temps, naît le rapport Brundtland dans lequel apparaît le terme de développement durable intégrant les trois piliers : environnemental, social et économique.
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Table des matières
Introduction
Partie I : Cadre théorique et conceptuel
I.1 Les concepts liés à l’Enseignement au développement durable
I.1.1 Définition du terme développement durable
I.1.2 D’une éducation à l’environnement vers une éducation au développement durable
I.1.3 Les apports des recherches didactiques et épistémologiques sur l’Education au Développement Durable (EDD)
I.2 Les jeux numériques sérieux au service de l’EDD
I.2.1 Définition des jeux sérieux
I.2.2 Histoire des jeux sérieux
I.2.3 Classification des jeux sérieux
I.2.4 Les approches pédagogiques des différents jeux sérieux
I.2.5 La place des jeux numériques sérieux dans les programmes du cycle 4
I.2.6 Les limites des jeux numériques sérieux
I.2.7 L’apport des jeux sérieux pour enseigner l’EDD
I.3 Problématique et hypothèses
I.3.1 Hypothèse n°1 : Le jeu numérique permet aux élèves de travailler un grand nombre de compétences du SCCCC
I.3.2 Hypothèse n°2 : Le jeu numérique permet aux élèves de mieux comprendre les différents piliers de l’EDD ce qui facilite leur apprentissage
I.3.3 Hypothèse n°3 : Une démarche constructiviste lors de l’utilisation du jeu facilite les apprentissages des élèves
Partie II : Méthodologie du recueil de données
II.1 Les grands concepts du cadre théorique
II.2 Méthodologie du recueil de données
II.2.1 Le jeu numérique utilisé
II.2.2 Le recueil de données
II.2.3 La carte heuristique post-séance
II.3 Méthodologie de l’analyse des données
Partie III : Analyses des données et discussion
III.1 L’analyse des données
III.1.1. Analyse hypothèse 1 : le jeu numérique permet aux élèves de travailler un grand nombre de compétences du SCCCC
III.1.2 Analyse hypothèse n°2 : Le jeu numérique permet aux élèves de mieux comprendre les différents piliers de l’EDD ce qui facilite leurs apprentissages
III.1.3 Analyse de l’hypothèse n°3 : Une démarche constructiviste lors de l’utilisation du jeu facilite les apprentissages des élèves
III.2 Discussion des résultats
III.2.1 La mobilisation des compétences du SCCCC à travers le jeu
III.2.2 L’appréhension des différents piliers de l’EDD
III.2.3 L’apport de la démarche lors de l’utilisation du jeu
III.2.4 Les limites de notre analyse
III.2.5 Les limites du jeu
Conclusion & Perspectives
Bibliographie
Table des Figures
Annexes