Lieux des entretiens
Les entretiens avec les jeunes volontaires ont tous été réalisés dans un environnement calme et propice à la confidence. Nous avons, à chaque fois lors de la prise de contact, proposé aux jeunes deux solutions. La première était que nous venions à leur rencontre en nous rendant dans leur structure. La seconde était qu’ils nous rencontrent au sein de notre lieu de stage. Sur les six jeunes, nous avons rencontré deux d’entre eux au sein de leur structure. Ce qui nous a permis de voir dans quel environnement ils évoluaient et s’ils avaient leur propre espace d’engagement. Nous avons aussi pu rencontrer leurs collaborateurs et parfois pu entretenir des discussions informelles avec eux. Pour les quatre autres volontaires, nous les avons accueillis dans les locaux aux seins desquels nous effectuions notre stage. En prévision de ces rendez-vous, nous réservions une salle de réunion afin que l’environnement soit neutre et calme.
Ces deux solutions présentent des avantages comme des inconvénients. En effet, lorsque nous nous rendions au sein de la structure du volontaire cela nous permettait de voir son environnement mais nous n’avions plus les repères et les habitudes que nous pouvions avoir lorsque nous réalisions les entretiens au sein de notre propre structure.
Limites de l’enquête
Tout d’abord, notre enquête se base sur la réalité d’un territoire celui du Loiret- Cher. Par conséquent, les enseignements que nous allons tirer de cette enquête refléteront la mise en œuvre d’une politique publique à une période donnée et sur un territoire précis. Les résultats seront donc à prendre avec précaution car ils ne donneront pas une seule et même vérité. Mais il serait tout de même pertinent de les mettre en perspective avec les enquêtes nationales menées par l’agence du service civique.
Par ailleurs, l’échantillon de notre enquête ne sera pas tout à fait représentatif de l’ensemble des volontaires en service civique s’engageant dans des associations sportives à l’échelle nationale mais également à l’échelle locale. En effet, nous avons rencontré beaucoup de jeunes évoluant dans des associations sportives où le football est l’objet principal. Il sera donc nécessaire de prendre en compte cet élément et de prendre du recul vis-à-vis de notre analyse. Nous avons aussi rencontré seulement six volontaires, sur un ensemble d’environ une quinzaine. Il faudra donc nuancer nos propos par rapport à cela et faire preuve de relativisme.
Enfin, l’utilisation de l’entretien semi-directif peut être perçue comme une potentielle limite. Les enquêtés ont pu avoir des retenues ou des non-dits lors des entretiens, de peur de choquer ou bien de mettre à défaut leur structure. En effet, les volontaires ont pu avoir des pressions ou des consignes pour ne pas divulguer certaines informations lors des entretiens. De même que les tuteurs ont peut-être pu faire preuve de prudence dans leur discours, afin de ne pas se mettre en difficulté. Il faudra donc prendre en compte ces éléments dans notre analyse.
Rôle et missions de l’Etat
Les données de terrain et les analyses faites à partir de celles-ci, nous amènent maintenant à présenter nos résultats. Ces derniers vont faire naître des discussions qui nous amèneront à donner une réponse à notre problématique.
Avant de commencer notre analyse, il nous semble pertinent de comprendre quel est le rôle de l’Etat à l’échelle départementale et de voir quels sont les axes et les directives à suivre. Cela nous permettra de mieux contextualiser notre analyse et facilitera la compréhension de nos résultats.
La rencontre avec la responsable du service civique à l’échelle locale nous a permis de bien en comprendre sa gestion et sa mise en oeuvre sur le territoire de notre enquête. En effet, le rôle de l’Etat est de décliner les objectifs nationaux du dispositif au niveau local. Leurs premières missions ont donc « été d’informer les, les partenaires, de, donc de dégager un certain nombre de structures locales qui souhaitaient s’engager sur le dispositif et délivrer les agréments, mettre en œuvre les plans, les plans de formations complémentaires civiques et citoyennes nécessaires au dispositif et la formation des tuteurs. » (Entretien n°9 – Carine – responsable du dispositif). L’Etat a également des objectifs chiffrés à atteindre.
C’est-à-dire que le dispositif doit chaque année enregistrer une croissance et être déployé à l’échelon départemental. En d’autres termes, cet objectif de développement est assigné au niveau régional et se matérialise par le nombre de contrats signés. « Ce qui veut dire que chaque année, nous devons prospecter des nouvelles missions pour pouvoir atteindre ces objectifs. » (Entretien n°9 – Carine – responsable du dispositif).
L’Etat doit également « garantir la qualité, et la non substitution de l’emploi. » (Entretien n°9 – Carine – responsable du dispositif). Mais aussi, faire en sorte que le dispositif soit accessible à tous les jeunes quel que soit leur niveau de qualification. L’Etat doit aussi animer le dispositif, c’est-à-dire mettre en oeuvre les formations pour les jeunes et leurs tuteurs. Et enfin, il doit vérifier la bonne mise en place de ces objectifs en allant sur le terrain afin de contrôler si tout se passe comme dans le cadre énoncé par le dispositif. Pour cela, L’Etat rencontre les volontaires lors des formations et cela leur permet de voir si tout se passe bien ou alors il réalise des contrôles au sein des structures afin de voir si les orientations du dispositif sont respectées.
En d’autres termes, l’Etat met en avant le développement du dispositif comme un enjeu majeur pour lui. Cependant, il assure également les fonctions d’animation et de contrôle du dispositif. Nous verrons donc si l’Etat joue pleinement son rôle lors de l’analyse de nos résultats.
Le jeune volontaire : un positionnement particulier
Dans cette troisième partie, nous allons étudier plus particulièrement le statut du volontaire en service civique. Nous tenterons de comprendre comment les jeunes se positionnent lorsqu’ils effectuent leur huit à douze mois de volontariat.
Pour cela, nous aborderons la thématique des missions des volontaires pour ensuite voir qu’il existe plusieurs façons de se positionner lorsque l’on est volontaire en service civique. Mais le statut peut être conditionné par plusieurs facteurs qui peuvent être le type de structure et la configuration de celle-ci, l’intégration dans la structure et le degré d’engagement du volontaire. Ainsi, nous verrons que nous pouvons dégager plusieurs types de positionnement.
Les missions des volontaires en service civique
Le plus souvent, l’intitulé des missions de service civique sont très larges. Il suffit de se rendre sur le site de l’agence du service civique pour faire ce simple constat. La mission inscrite sur le contrat d’un des volontaires enquêtés était par exemple de « […] développer la pratique du football dans un milieu rural.» (Entretien n°3 – Edouard – jeune volontaire. Cet intitulé très large laisse place à beaucoup d’interrogations sur la mission du volontaire. Que fait-il réellement ? C’est d’ailleurs une critique faite par des tuteurs rencontrés lors de notre enquête.
Le positionnement des jeunes volontaires
Nous avons pu, avec un travail d’analyse des discours des jeunes, identifier trois cas de figure en lien avec le positionnement des jeunes en service civique dans des associations sportives.
Le positionnement de type « salarié »
La première situation que nous avons pu observer est celle dans laquelle le jeune volontaire considère qu’il est au même titre que les salariés de l’association au sein de laquelle il évolue, salarié lui aussi. Il va se positionner en tant que tel et va concevoir son engagement dans le dispositif comme un vrai travail. La structure va donner des objectifs au volontaire qui tentera de les atteindre. Ce dernier pourra également s’en imposer d’autres.
« Pfff je me considère pas comme un bénévole, c’est vrai que je me considère un peu comme un salarié, voilà j’ai des objectifs, on me donne des objectifs à atteindre, j’essaye de, j’y travaille tous les jours avec mon collègue, ouais donc je me considère comme un salarié. » (Entretien n°6 – Samir – jeune volontaire).
Il est parfaitement intégré dans sa structure qui peut être de type « mixte » ou « professionnel » (Becquet, 2011). La structuration de l’association va tout de même influencer son positionnement car le volontaire va assimiler une organisation et s’intégrer dans celle-ci. Plus l’association va être professionnalisée, plus grand sera le risque que le jeune volontaire se considère comme un salarié. Son entourage proche de travail dans l’association va également le considérer comme un salarié. Ces deux extraits nous montre bien que du point de vue du jeune, il se sent perçu comme un salarié.
Synthèse des positionnements
Voici un tableau qui nous permet de synthétiser nos analyses et de voir les différents cas de figure que nous avons pu identifier. Bien évidemment, il faut prendre du recul sur ces différentes situations car notre échantillon d’enquête n’est pas assez conséquent pour affirmer que cette forme de classification est universelle. De plus, rappelons que cette analyse est uniquement centrée sur le discours produit par le jeune et que nous n’avons pas croisé les points de vue des tuteurs et de l’Etat.
Entre volontariat et salariat
Nous avons vu précédemment comment les jeunes perçoivent leur positionnement dans le cadre de leur engagement. Nous avons ainsi pu remarquer que les jeunes ont du mal à se positionner dans le cadre de leur service civique.
Mais cela n’est pas exclusivement de leur fait. En effet, de nombreux paramètres viennent aussi créer un contexte d’incertitude autour du statut du jeune et de l’utilisation du service civique par les jeunes et par les structures. De plus, De nombreuses associations considèrent que le service civique est un emploi comme nous l’a expliqué ce tuteur.
Un dispositif marqué par les dérives
Nous aborderons dans un premier temps la thématique des dérives liées à l’utilisation du service civique. Puis nous réaliserons un focus sur les formations qui composent le dispositif pour voir si celles-ci ne constituent pas aussi des formes de dérives. Ensuite, nous ferons un point sur le champ associatif sportif Loir-et- Chériens et nous tenterons de comprendre pourquoi cette politique publique ne se développe pas dans le champ sportif. Pour conclure, nous parlerons des pistes d’améliorations du dispositif afin que celui-ci subisse moins de détournement et de dérives.
Dérives et détournements du dispositif
Lors de notre étude, nous avons pu observer que le dispositif est marqué par des dérives qui entraînent un non-respect du cadre du service civique. Dans la partie précédente, nous avons vu les limites du dispositif en termes d’informations et de communication sur celui-ci, mais nous avons également abordé le flou présent autour du cadre de la politique publique. Ici, nous allons observer les dérives liées à la substitution à l’emploi et au non-respect des horaires et des jours de congés.
Tout d’abord, nous avons pu, lors de notre enquête, observer que certains volontaires en service civique dans des clubs de football encadrent des entraînements seuls et non accompagnés. C’est une des principales dérives que nous avons relevée lors de notre enquête. En effet, certains clubs de football détournent le dispositif en laissant des volontaires encadrer seuls des groupes de jeunes. Comme nous l’explique la responsable des services civiques : « Ça c’est pas normal, là dessus oui, si on laisse en autonomie déjà sur l’encadrement de, de des licenciés, c’est une déviance, on est d’accord » (Entretien n°9 – Carine – responsable du dispositif). Si le jeune est en soutien de l’éducateur et que cela permet à celui-ci de décloisonner le groupe et d’améliorer les conditions de pratiques, alors nous ne sommes plus dans une dérive. Les clubs jonglent donc avec la réglementation en étant parfois dans le cadre et parfois en dehors comme nous le montre cet extrait d’entretien.
Le cumul des statuts des jeunes au sein de l’association permet donc à la structure de ne pas être dans un détournement du dispositif et d’affirmer qu’elle est dans le respect du cadre. Néanmoins, cela peut entraîner, comme nous l’avons vu précédemment, des difficultés de positionnement pour le jeune volontaire en service civique. Un des tuteurs que nous avons rencontré nous a fait part de ce risque de dérive : « Ouais, il y a les dérives liées au fait que c’est, que ça devient un éducateur bis éventuellement d’une part …» (Entretien n°7 – Boris – tuteur). Lors de discussions informelles, nous avons également appris qu’une association de football utilisait le service pour payer des joueurs du club évoluant en équipe première. Lors de notre enquête ce club n’a pas souhaité nous recevoir et a refusé de nous rencontrer. L’Etat a eu vent de cette situation et a suspendu l’agrément de la structure associative car l’usage du dispositif était détourné.
De plus, selon la fiche pratique « Contrôle du Service Civique dans les établissements d’activités physiques et sportives (EAPS) », les jeunes « ne peuvent assurer les fonctions d’éducateurs sportifs définies à l’article L 212-1 du code du sport même s’il dispose des qualifications adéquates (BAPAAT, BPJEPS, DEJEPS, DESJEPS, licence STAPS, CQP…). ni même venir en appui d’un professionnel qualifié. dans le cadre de leur engagement en Service Civique, conformément au principe de non-substitution à l’emploi du Service Civique. En revanche, les volontaires peuvent apporter une aide à la personne pratiquant une activité (aider les personnes en situation de handicap à se déplacer, à s’équiper, aider des jeunes en rupture à accéder à la pratique par une information plus personnalisée…) ». On voit donc que dans la pratique et l’application du dispositif, on est loin de respecter ce cadrage politique.
Une autre dérive que nous avons pu observer est celle du respect des horaires. La loi nous indique que l’amplitude horaire est de 24 heures à 35 heures.
Le nombre d’heures est donc contractualisé par le contrat et déterminé par la structure en fonction de la nature des missions du volontaire. Néanmoins, comme nous l’a indiqué la responsable du dispositif à l’échelle locale, cela reste un indicateur et il y a une certaine souplesse à prendre compte.
Formation civique et citoyenne
Dans le cadre de la réalisation du service civique, chaque jeune volontaire doit effectuer une formation citoyenne de deux jours. Celle-ci permet aux différents volontaires de se retrouver et d’échanger sur leurs différentes expériences. Les organismes qui animent ces formations mettent donc en place des temps d’échange entre les volontaires ainsi que quelques temps sur le cadre réglementaire du dispositif. Ces deux jours permettent aux jeunes de prendre conscience de leurs droits en tant que volontaire et de mieux concevoir leur place dans leur structure.
La formation civique et citoyenne est aussi un moyen pour l’Etat de recueillir des informations sur des situations qui ne seraient pas conformes au cadre du dispositif comme nous l’a confirmé la responsable du service civique à l’échelle locale.
Et lorsque l’Etat n’intervient pas sur les formations, les organismes se chargent de lui faire remonter les informations et les situations qui leur semblent non conformes.
Les jeunes volontaires doivent donc de préférence réaliser leur formation au début de leur volontariat. Comme l’indique la loi n° 2017-86 du 27 janvier 2017 relative à l’égalité et à la, il faut que la formation soit réalisée dans les trois premiers mois. Cependant, nous avons pu constater sur le terrain que les jeunes volontaires ne réalisent pas leur formation lors des premiers mois. Pour beaucoup, celle-ci intervient dans les derniers mois de l’exercice de leur volontariat. La formation n’a donc aucun impact sur le déroulement du volontariat du jeune car ils n’ont pas eu les informations concernant le cadre du dispositif et leurs droits individuels en tant que volontaire. Pourtant l’Etat fait en sorte que les formations des volontaires aient lieu sur les périodes de recrutement.
La formation des tuteurs
La formation en direction des tuteurs est mise en place afin que ces professionnels soient en mesure d’accompagner leurs jeunes volontaires, qu’ils utilisent des outils de recrutement adaptés à la politique publique, et bien évidemment qu’ils soient informés du cadrage du dispositif. En 2016, sur le département seulement sept journées de formations ont été dispensées pour environ 75 tuteurs formés. Cette formation n’est pas très suivie par les tuteurs des jeunes en service civique, puisque jusqu’à récemment encore, elle n’était pas obligatoire.
Lors de notre enquête, les tuteurs que nous avons pu rencontrer ont émis des avis qui nous ont permis de mieux comprendre cette situation. Tout d’abord, un des tuteurs rencontrés nous a expliqué qu’il accueillait son 7ème ou 8ème volontaire au sein de sa structure mais qu’il n’avait suivi la formation de deux jours qu’une seule fois car la plupart du temps, il était bloqué par des obligations professionnelles.
Cependant, après l’analyse de nos données de terrain, il semble pertinent que le cadre du dispositif soit abordé lors de cette formation car beaucoup de dérives apparaissent à cause d’une mauvaise compréhension du dispositif. Rappelons que la formation était facultative jusqu’à l’apparition de la loi n° 2017- 86 du 27 janvier 2017 relative à l’égalité et à la citoyenneté qui est venue apporter des précisions sur le cadrage du dispositif. La formation des tuteurs sera maintenant obligatoire au même titre que celle des jeunes volontaires. De plus, peu de tuteurs assistent à cette formation par manque de temps ou de motivation.
Mais pour ceux qui n’assistent pas à celle-ci un autre problème se pose. En effet, lorsque la responsable du dispositif à l’échelle locale, contacte les structures pour mettre en place une mission de service civique, elle rencontre le président ou les élus de celle-ci.
Un champ associatif sportif pas assez professionnalisé
Tout d’abord, au sein du département, le service civique est peu développé dans le champ sportif. En effet, les jeunes engagés dans le champ associatif sportif sont peu nombreux puisqu’ils sont seulement 8,3% des volontaires Loir-et-Chériens à s’être engagés dans ce domaine en 2016. Mais pourquoi sont-ils peu nombreux ?
Voici quelques éléments de réponses.
Pour accueillir un jeune volontaire en service civique, l’association doit avant tout remplir quelques critères. Il faut que la structure ait des locaux pour accueillir le volontaire et que l’association ait au moins un salarié afin de pouvoir mettre en place le tutorat. Ce qui impose aux associations sportives d’avoir une organisation qui soit structurée et professionnalisée pour permettre de bonnes conditions d’accueil du volontaire. Un nombre important d’associations sportives ne peuvent donc pas mettre en oeuvre cette politique publique car le mouvement sportif se repose encore beaucoup sur le bénévolat comme l’illustre bien cet extrait.
Les pistes d’améliorations
A travers notre étude, nous avons pu identifier les dysfonctionnements de l’application d’une politique publique en faveur de la jeunesse à l’échelle locale.
Nous pouvons donc ici proposer des pistes d’améliorations afin que le service civique soit la cible de moins de dérives et qu’il puisse s’inscrire réellement comme un dispositif caractérisé par l’engagement volontaire des jeunes dans les associations sportives.
Tout d’abord, la loi n° 2017-86 du 27 janvier 2017 relative à l’égalité et à la citoyenneté est venue clarifier les interrogations autour de la participation aux différentes formations. Dorénavant, la participation à la formation civique et citoyenne est obligatoire pour les jeunes et doit être effectuée dans les deux premiers mois du volontariat. Cela permettra ainsi de réduire les incompréhensions autour du dispositif. L’évocation du cadre et des droits des volontaires lors de la formation permettra aux jeunes de prendre conscience de ce qu’ils sont en droit de faire et de ne pas faire. Cela permettra peut-être de réduire les dérives liées au manque d’informations sur le dispositif et liées à l’ignorance de leurs droits.
D’autre part, les formations pour les tuteurs vont également devenir obligatoires, reste à savoir si elles seront efficaces pour lutter contre les dérives et si les tuteurs les effectueront réellement. En effet, il n’existe pas de sanction en cas de non respect de cette obligation. De plus, malgré leur présence lors de la formation, les tuteurs peuvent tout de même avoir conscience qu’ils détournent l’usage du dispositif bien que connaissant pourtant le cadre.
Ensuite, l’idée de créer un plan de formation avec le jeune durant son volontariat a également été émise lors de notre enquête. Pour que le jeune bénéficie d’un accompagnement de qualité, il serait intéressant de travailler le projet d’avenir du jeune avec lui, que ce soit un projet de formation ou d’insertion. En effet, le service civique doit être un outil qui aide à l’insertion et la formation des jeunes. Certaines structures accompagnent déjà leurs jeunes volontaires en leur proposant de suivre des formations qualifiantes, comme le BAFA ou le PSC1, et en les finançant. C’est une démarche intéressante qu’il conviendrait de formaliser dans les textes du dispositif.
Conclusion
Par le biais de l’analyse de nos données, nous avons pu remarquer que le service civique est une politique publique traversée par de nombreux enjeux. Ce dispositif a pour vocation d’être un outil bénéfique à l’insertion et à l’intégration des jeunes, mais il a aussi pour ambition de cultiver l’engagement citoyen de la jeunesse. Notre enquête nous a donc permis de voir si l’engagement des jeunes usagers était conforme ou non au cadre du dispositif. Pour vérifier cela, nous avons enquêté au sein du champ associatif sportif dans le département du Loir-et-Cher. La réponse à nos hypothèses posées au début de notre enquête a donc été conditionnée aux caractéristiques de la mise en oeuvre du service civique sur ce territoire.
A l’image de toutes les données que nous avons pu cumuler et analyser, nous pouvons affirmer que l’engagement des jeunes dans les associations sportives est conditionné par leurs motivations et par la logique d’engagement dans laquelle ils se situent. En effet, nous avons remarqué que les jeunes enquêtés s’engagent avant tout pour eux. C’est-à-dire que leur engagement dans le dispositif et dans les associations sportives est motivé par des intérêts personnels. Les jeunes volontaires dans les associations sportives sont donc dans une période de leur vie où ils ressentent le besoin de faire le point sur leur projet personnel et professionnel.
Ainsi, leur engagement dans un dispositif comme le service civique va leur permettre de se former et d’acquérir une expérience professionnelle. Ils vont alors utiliser le service civique comme un outil leur permettant de mieux définir leur projet d’insertion ou de formation. On notera tout de même que les jeunes ayant une qualification supérieure ou égale au Bac +2 seront davantage dans une démarche d’insertion. Le service civique va donc servir de régulateur et de moyen de modification de trajectoire, que ce soit vers des études ou un emploi. Cela vient confirmer les propos de Valérie Becquet : « les usages que les jeunes font du service civique résonnent avec leur rapport à l’avenir » (Becquet, 2013, 13).
L’engagement de nos jeunes enquêtés est donc en partie en phase avec certains objectifs du dispositif. En effet, le service civique doit leur permettre de « mûrir, gagner en confiance en eux, en compétence, et prendre le temps de réfléchir à leur propre avenir, tant citoyen que professionnel». Cet objectif est le plus en phase avec l’utilisation du dispositif faite par nos enquêtés. De plus, le service civique a eu un impact positif que ce soit personnellement ou professionnellement pour nos jeunes enquêtés.
Les objectifs du dispositif liés aux idées d’engagement citoyen et d’intérêt général ne ressortent pas dans un premier temps dans le discours des jeunes enquêtés. La logique citoyenne présentée par Becquet (2011) n’apparaît pas non plus comme une motivation centrale de l’engagement des jeunes dans ce dispositif.
Malgré cela, en analysant le discours des volontaires, on peut affirmer que cet engagement citoyen apparaît chez eux dans un second temps. Il se matérialise par le sentiment de rendre service, mais également par la volonté de transmettre des valeurs importantes au plus jeunes. Des valeurs qui sont très proche de l’environnement sportif, comme le respect et le fair play. Cela ne fait pas partie de leurs motivations premières mais malgré cela, on note tout de même que cette logique citoyenne est présente dans le discours des jeunes même si elle est plus inconsciente que consciente. On parlera alors d’engagement « citoyen » inconscient (Becker, 2006, 8).
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Table des matières
Introduction
PARTIE 1 : Recherche théorique
I. Le service civique : présentation historique et technique
II. Les concepts et les enjeux phares du service civique
III. Le jeune volontaire en service civique : statut, usage et profil
IV. La sphère associative
V. Sport et service civique
VI. Problématique
VII. Choix du cadre de l’étude
VIII. Hypothèses
PARTIE 2 : Recherche empirique
I. Méthodologie
II. Préambule
III. Rôle et missions de l’Etat
IV. Le service civique : Du recrutement à l’accompagnement du jeune
V. L’engagement des jeunes volontaires en service civique dans les associations sportives
VI. Le jeune volontaire : un positionnement particulier
VII. Un dispositif marqué par les dérives
Conclusion
Bibliographie
Webographie
Table des abréviations
Table des tableaux
Table des notions et concepts principaux
Table des auteurs
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