Les concepts de l’éducation relative à l’environnement

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Éducation relative à l’environnement

Selon la conférence de Tbilissi (1977), l’éducation relative à l’environnement est une éducation civique qui a pour but d’amener les individus et les collectivités à saisir la complexité de l’environnement tant naturel que créé par l’homme, complexité due à l’interactivité de ses aspects biologiques, physiques, sociaux et culturels.
Puis l’UNESCO (1987) a attribué une autre définition à l’ErE, comme étant « un processus dans lequel les individus et la collectivité prennent conscience de leur environnement et acquièrent les connaissances, les valeurs, les compétences, l’expérience et aussi la volonté qui leur permettent d’agir, individuellement et collectivement, pour résoudre les problèmes actuels et futurs de l’environnement ».
Sauvé (1997) affirme que : « L’ErE est une dimension intégrante du développement des personnes et des groupes sociaux, qui concerne leur relation avec l’environnement. Ce processus permanent a pour objectif global de développer chez la personne et le groupe social auquel elle se rattache, un savoir-être qui favorise l’optimalisation de sa relation au milieu de vie, de même qu’un savoir et un vouloir-agir qui permettent de s’engager dans des actions de nature à préserver, à restaurer ou à améliorer la qualité du patrimoine commun nécessaire à la vie et à la qualité de vie ».
Ainsi, l’éducation relative à l’environnement est une éducation qui vise à résoudre les problèmes environnementaux.

Origine de l’Education relative à l’environnement

Depuis les années cinquante, les instances internationales ont lancé à plusieurs reprises des appels à l’École, dans une perspective de contribution afin de relever ensemble les grands défis environnementaux.
C’est en 1972, lors de la conférence des Nations Unies de Stockholm, que l’attention publique se focalise sur les questions environnementales, qui donneront naissance à toute une série de ministères de l’environnement ainsi qu’à des ONG3 chargés de protéger les ressources de la planète. C’est dans ce contexte que prend naissance de façon effective le concept de « pédagogie relative à l’environnement». Selon Giolitto et Clary en 2001 : « cette appellation faisait référence au savoir nécessaire à la compréhension et à une gestion raisonnée de l’environnement ».
En 1975, suite à une enquête internationale, une conférence mondiale s’est tenue à Belgrade pour faire un état des lieux sur les réalisations en termes de pédagogie de l’environnement. Il s’agit en quelque sorte du passage du terme «pédagogie de l’environnement » à « éducation relative à l’environnement ». L’éducation à l’environnement va au-delà d’une simple instruction sur l’environnement, elle doit par l’acquisition de nouveaux moyens d’apprentissages et de nouvelles compétences, parvenir à développer des comportements au service d’une gestion responsable de l’environnement (Giolitto & Clary , 2001).
Ainsi plusieurs dénominations sont apparues : Une éducation par l’environnement : il s’agit d’une éducation centrée sur l’homme où l’environnement est considéré comme un outil pédagogique qui, par sa richesse, permet de développer des savoirs, savoir-faire et savoir-être.
Une éducation pour l’environnement : ici, l’environnement est au centre du système éducatif. Il s’agit d’une approche où l’environnement touche quasiment au domaine des croyances et permettrait de responsabiliser les acteurs de la société envers leur milieu de vie. « Éduquer pour l’environnement, c’est donc mettre l’enfant -et l’homme ou la femme qu’il deviendra plus tard- au service de l’environnement. De moyen, l’environnement devient une fin, un but.» (Giolitto & Clary, 2001).
Une éducation relative à l’environnement : elle réunit les deux approches qui précèdent, en réunissant l’Homme et son environnement sans que l’un ou l’autre ne soit privilégié.
Par la suite, la Conférence intergouvernementale sur l’Education relative à l’environnement, tenue à Tbilissi en 1977, a permis de rédiger les recommandations pour la mise en place de l’ErE tout en précisant son rôle, ses buts et ses objectifs, et aussi ses principes directeurs : l’ErE est envisagée comme un élément essentiel d’une éducation globale et permanente, orientée vers la solution de problèmes, lui donnant plus de pertinence et de signification en vue du bien-être collectif, ainsi que pour répondre aux changements d’un univers en transformation rapide.
Avec le temps et les précisions dans l’analyse des problématiques sociétales, la notion d’environnement va s’assembler davantage avec les volets sociaux et économiques.
Dans ce contexte, le rapport Bruntland en 1987, est la porte d’entrée à la naissance de la notion de « développement durable » qui va elle aussi conquérir d’avantage le terrain de l’éducation. « Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs4 ».
Par la suite, chaque conférence (Rio, Johannesburg, etc.), va apporter son lot de préconisations. Nous pouvons prendre l’exemple de la conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement qui s’est tenue à Rio en juin 1992 et qui confirme, dans ces textes, le rôle de l’éducation et l’importance d’intégrer l’ErE dans la perspective du développement durable : «l’éducation revêt une importance critique pour ce qui est de promouvoir un développement durable et d’améliorer la capacité des individus de s’attaquer aux problèmes d’environnement et de développement5 ».
C’est en 1997, lors de la Déclaration de Montréal portant sur l’éducation relative à l’environnement, que s’inscrit le sujet du développement durable, dans une allure considérée comme plus globale car elle associe maintenant la dimension environnementale et le développement, en intégrant les dimensions liées à l’ErE. L’éducation est perçue comme moyen de mutation sociale, de mobilisation et de développement d’une citoyenneté ayant pour objectif un développement équitable et durable.

Lesconcepts de l’éducation relative à l’environnement

Pour mieux connaître les concepts de l’ErE, il nous parait important de voir d’abord ses finalités, ensuite ses objectifs et enfin, ses différentes formes et ses approches.

Les finalités de l’ErE

L’éducation relative à l’environnement a deux grandes finalités.
Le premier est environnemental (Sauvé, 1997). L’éducation relative à l’environnement est alors perçue et pensée comme un moyen de lutter contre ces dégradations environnementales. Elle vise à transformer le comportement et l’attitude des individus pour qu’ils deviennent plus respectueux du milieu biophysique et de leur milieu de vie. Elle répond à une demande sociale et s’inscrit dans le cadre d’une éducation citoyenne (Merieu, 2001). Dans cette perspective, il s’agit d’éducation pour l’environnement : l’éducation est un outil de gestion environnementale.
La seconde finalité de l’ErE est éducative (Sauve, 1997). Elle propose une prise en compte globale de l’individu en tant que personne. Il ne s’agit pas seulement d’acquérir des savoirs sur le milieu biophysique ou sur son milieu de vie (éducation au sujet de l’environnement). Elle se réalise dans l’interaction entre les trois sphères (économique, sociale et environnemental) du développement personnel et social. L’ErE vise alors à favoriser le développement optimal des personnes en ce qui concerne leur relation à l’environnement. L’ErE s’appuie sur de nouvelles démarches pédagogiques qui permettent d’aborder l’environnement comme un système (démarche systémique) dans la perspective de pouvoir penser la complexité et de rompre à l’émiettement scientifique de la connaissance qui contribue à éloigner l’individu de son environnement. Cette éducation se réalise dans et par le milieu biophysique ou le milieu de vie. L’environnement devient un outil éducatif. En milieu scolaire, l’ErE permet de rompre avec le système d’enseignement traditionnel divisé en discipline. Elle propose aux élèves un travail de recherche, ce qui constitue une démarche active, ouverte sur le monde. L’éducation relative à l’environnement sous-tend un changement éducatif profond. D’une part, elle ne vise pas la reproduction du modèle social, mais son changement : c’est la finalité environnement. D’autre part, elle bouleverse l’éducation et l’enseignement classique (finalité éducative).

Les objectifs de l’ErE

La conférence de Tbilissi en 1977 et celle de Belgrade en 1975 ont présenté les objectifs de l’ERE à savoir la prise de conscience ayant pour vision la sensibilisation des êtres à l’état de l’environnement, les connaissances du fonctionnement des sociétés humaines, l’état d’esprit c’est-à-dire le sentiment d’être, la motivation d’agir, le sens des valeurs, les compétences et la participation.
Sauvé en 1997, mentionne aussi des objectifs pour ErE : d’abord acquérir des connaissances au sujet de l’environnement, ensuite clarifier le rapport entre l’homme et l’environnement puis développer des compétences en matière d’environnement et enfin se donner « un projet d’environnement.
Et même, l’UNESCO lance aussi son objectif : « d’intégrer les principes, les valeurs et les pratiques du développement durable dans tous les aspects de l’éducation et de l’apprentissage. Cet effort éducatif encourage les changements de comportement afin de créer un avenir plus viable du point de vue de l’intégrité de l’environnement, de la viabilité économique et d’une société juste pour les générations présentes et futures. »
Ainsi, il peut être relevé parmi les différentes catégories d’objectifs vus ci-dessus, que les objectifs communs pour une ErE sont : la prise de conscience, les connaissances, les compétences et la participation de chaque individu pour l’environnement.

La prise de conscience.

Cette prise de conscience est considérée comme premier objectif de l’ErE car sans cela aucune personne ne sera en mesure de faire face à la dégradation de l’environnement. Elle vise à ce que chaque individu puisse voir l’état de l’environnement dans lequel il vit, pour qu’il puisse se rendre compte des impacts de leurs actes sur leur environnement. Une prise de conscience est exigée afin que chacun connaisse son rôle par rapport à l’environnement qui l’entoure. C’est comme un état d’éveil où il faut éveiller les gens pour qu’ils puissent protéger son environnement et pour réagir face à la dégradation de celui-ci.

Les connaissances.

Il s’agit d’acquérir des connaissances au sujet de l’environnement, de ce qu’il apporte aux individus, de ses externalités. Pour ce deuxième objectif, chaque individu devra prendre connaissance du milieu où il vit, du fonctionnement des sociétés humaines qui composent cet environnement, de la relation existante entre l’homme et l’environnement. Cette connaissance est nécessaire pour influencer l’Homme à agir et à être sensible à son environnement. En plus, la déclaration finale des Nations Unies sur l’environnement en 1972 stipule que : « En approfondissant nos connaissances et en agissant plus sagement, nous pouvons assurer, à nous-mêmes et à notre postérité, des conditions de vie meilleures dans un environnement mieux adapté aux besoins et aux aspirations de l’humanité […] Pour jouir librement des bienfaits de la nature, l’homme doit tirer parti de ses connaissances en vue de créer, en coopération avec elle, un environnement meilleur ».

Les compétences

Un des objectifs de l’ErE est aussi d’élargir les compétences en matière d’environnement. Pour cela, il faudrait chercher à comprendre les phénomènes marquants la dégradation de l’environnement, chercher ses causes et en déduire ses conséquences, trouver également des solutions face à ces problèmes environnementaux. Il est également avantageux d’élaborer un plan d’action pour être bien organisé.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
Partie I. REPERES THEORIQUES
Chapitre I. L’EDUCATION RELATIVE A L’ENVIRONNEMENT (ErE)
I. Contexte général
II. Quelques définitions
II.1. Environnement
II.2. Education
II.3. Éducation relative à l’environnement
III. Origine de l’Education relative à l’environnement
IV. Les concepts de l’éducation relative à l’environnement
IV.1. Les finalités de l’ErE
IV.2. Les objectifs de l’ErE
IV.3. Les différentes approches en ErE
IV.4. Les relations autour de l’environnement
Chapitre II. EDUCATION AU DEVELOPPEMENT DURABLE (EDD)
I. Quelques concepts autour de l’EDD
I.1. La durabilité
I.2. Développement durable
I.3. Education au développement durable
Chapitre III. ANALYSE DE CYCLE DE VIE (ACV)
I. Historique
II. Définition
III. Méthodologie générale de l’ACV
III.1. Définition des objectifs et du champ de l’étude.
III.2. Inventaire des flux qui traversent le système.
III.3. Evaluation des impacts sur l’environnement.
III.4. Interprétation des résultats.
IV. Avantages et limites de l’ACV
V.1.Avantages
V.2. Limites
Partie II. MADAGASCAR FACE A l’ErE ET A l’EDD
Chapitre I. SITUATION DE MADAGASCAR FACE A l’ErE
I. Politiques et stratégies nationales sur l’éducation
I.1. Charte de l’environnement Malagasy
I.2. Politique nationale de l’environnement ou PNE
I.3. Plan d’Actions Environnemental ou PAE
I.4. La Politique d’Education Relative à l’Environnement ou PErE
I.5. Politique nationale de l’éducation relative à l’environnement pour le développement durable (PErEDD)
II. Avantages et faiblesses de l’ErE
III. Situation de Madagascar face à l’EDD
Chapitre II. LES SCIENCES PHYSIQUES FACE A l’EDD
I. Situation générale de l’enseignement des sciences physiques à Madagascar
II. Les sciences physiques et le DD
II.1.Contribution de la chimie au DD
II.2.Contribution de la physique au DD
III. Les raisons de l’orientation des sciences physiques vers l’EDD
Partie III. INTEGRATION DE L’ACV ET DE L’EDD DANS LE CURRICULUM DES SCIENCES PHYSIQUES, NIVEAU PREMIER S
I. Entretien
1.1. Méthodologie
I.2. Déroulement de l’entretien
I.3. Résultats de l’entretien
II. Elaboration de fiches pédagogiques
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE 

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