Les composants d’un béton
Problématique:
Obésité:
Cette première section aborde le sujet de l’obésité en six points : les définitions, les mesures, la prévalence, les causes, les conséquences ainsi que la prévention et les traitements.
L’embonpoint et l’obésité se définissent comme étant une « accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui présente un risque pour la santé » (Organisation mondiale de la Santé, 2016). Cette accumulation résulte d’un déséquilibre énergétique où l’apport énergétique excède la dépense énergétique, ce qui mène à une balance énergétique positive à long terme. Les facteurs y contribuant seront détaillés dans la section 1.1.4. De plus, selon l’American Association of Clinical Endocrinologists et l’American College of Endocrinology, l’obésité est une maladie chronique, mais cette définition est loin de faire l’unanimité au sein de la communauté scientifique (Garvey et al., 2014). L’obésité représente également un des enjeux de santé publique les plus importants du 21e siècle au Québec comme ailleurs (Tremblay, 2011).
Mesures
Plusieurs techniques sont utilisées pour mesurer l’embonpoint et l’obésité. Le système canadien de classification du poids en utilise principalement deux, soit l’indice de masse corporelle (IMC) et le tour de taille (Santé Canada, 2003). L’IMC est l’indicateur le plus couramment utilisé chez l’adulte pour mesurer le niveau de risque pour la santé relié à un surplus de poids. Il se calcule en divisant le poids en kilogrammes (kg) par la taille en mètres élevée au carré (m2 ). L’IMC est classé selon le niveau de risque qu’il représente pour la santé (Tableau 1.1) (Santé Canada, 2003). Dans le cadre de ce mémoire, le terme « surplus de poids » désigne la combinaison de l’embonpoint et de l’obésité, soit un IMC ≥ 25 kg/m2 .
Prévalence
Au cours des trois dernières décennies, la prévalence de l’obésité a considérablement augmenté dans plusieurs régions du monde. En janvier 2015, l’Organisation mondiale de la Santé (2015) affirmait que la prévalence mondiale d’obésité a doublé depuis 1980. Au Canada, la prévalence de l’obésité chez l’adulte (définie par un IMC plus grand et égal à 30 kg/m2) a triplé, passant de 6,1 % en 1985 à 18,3 % en 2011 (Twells et al., 2014). Des études prédisent que la prévalence de l’embonpoint et de l’obésité continueraient à augmenter dans les prochaines années. D’ici 2019, plus de la moitié (55,4 %) de la population adulte canadienne sera en surpoids : 34,2 % fera de l’embonpoint et 21,2 % sera obèse (Twells et al., 2014). Au Québec, la prévalence de l’obésité devrait augmenter de façon constante de 2013 à 2030 autant chez les hommes (18,0-19,4 % à 22,2- 30,4 %) que chez les femmes (15,5-16,3 % à 18,2-22,4 %) (Lo et al., 2014). Toutefois, il faut noter que ces prévalences sont calculées à partir de données auto-déclarées de poids et de taille. Considérant que ces données sous-estiment le poids et l’IMC et surestiment la taille (Connor et al., 2007), la prévalence est alors sous-estimée en moyenne de 10 % approximativement (Cairney & Wade, 1998). Dans un tel scénario, il est fort probable que la prévalence de l’embonpoint et de l’obésité soit plus importante que ce que les chiffres avancent.
À l’échelle mondiale, en 2014, la prévalence de l’embonpoint dans la population adulte de 18 ans et plus s’élevait à 39 % (Hommes : 38 %, Femmes : 40 %) tandis que la prévalence de l’obésité était de 13 % (Hommes : 11 %, Femmes : 15 %) (Organisation mondiale de la Santé, 2015). À l’échelle nationale, les données mesurées lors de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) menée par Statistique Canada (2009) indiquaient qu’en 2008, 36,8 % de la population canadienne de 18 ans et plus (Hommes : 42,1 %, Femmes : 31,5 %) faisaient de l’embonpoint et 25,1 % (Hommes : 26,0 %, Femmes : 24,2 %) étaient obèses.
À l’échelle provinciale, toujours selon les données de l’ESCC, un peu plus de la moitié (50,5 %) de la population québécoise de 18 ans et plus présentait un surplus de poids en 2009-2010. Plus spécifiquement, 34,1 % (Hommes : 41,0 %, Femmes : 27,1 %) avaient un excès de poids alors que 16,4 % étaient obèses (Hommes : 17,5 %, Femmes : 15,4 (Institut national de santé publique du Québec, 2012). À lumière de ces statistiques, plus d’hommes que de femmes adultes sont en situation de surplus de poids au Québec et au Canada, ce qui n’est pas le cas mondialement. De plus, la province de Québec se démarque du Canada par une prévalence inférieure de surplus de poids.
Causes
Tel que mentionné précédemment, l’obésité survient lorsqu’il y a un déséquilibre énergétique entre l’apport et la dépense : l’apport est alors supérieur à la dépense, ce qui mène à long terme à une balance énergétique positive. Cette balance énergétique positive résulte d’une toile causale très complexe dans laquelle de nombreux facteurs individuels (internes) et environnementaux (externes) interagissent entre eux (Obesity Society, 2015). Ce paragraphe en dresse un portrait non exhaustif. Tout d’abord, parmi les facteurs individuels se retrouvent, entre autres, un plus faible niveau de satiété, une réponse accrue à la faim, une hyperréactivité aux signaux environnementaux, un trouble alimentaire, « manger ses émotions », des perturbations de l’humeur (p. ex. dépression, anxiété), des changements liés à l’âge (p. ex. ménopause), des facteurs génétiques et épigénétiques et des dysfonctionnements endocriniens (p. ex. thyroïde) (Obesity Society, 2015).
La récompense alimentaire est également un autre facteur individuel qui influence l’obésité. De plus en plus d’études suggèrent que les variations dans les récepteurs de la dopamine ou dans sa libération jouent un rôle dans la surconsommation alimentaire et l’obésité (Stice et al., 2011). Plus précisément, de faibles niveaux de récepteurs dopaminergiques D2 (DRD2) et une sensibilité atténuée des régions dopamine-cibles à la prise alimentaire (p. ex. stiatum) sont associés à une augmentation de la prise alimentaire et à un poids élevé. De plus, certains gènes ont été identifiés dans la littérature comme pouvant avoir une influence sur le fonctionnement de la dopamine. En effet, certains polymorphismes génétiques (p. ex. Taq1A du gène DRD2) et variantes génétiques (p. ex. le récepteur de la dopamine D4 et le transporteur de la dopamine) qui affectent la disponibilité et la libération de la dopamine ainsi que l’expression ou le fonctionnement des récepteurs de la dopamine peuvent influencer le risque de gain de poids (Stice et al., 2011). L’association entre la récompense alimentaire et l’IMC sera davantage abordée dans la section 1.2.4.
Récompense alimentaire:
Cette deuxième section présente la récompense alimentaire sous quatre angles : définitions, mesures, facteurs d’influence et association avec l’IMC.
Selon l’Incentive Salience Theory (IST), la récompense alimentaire implique trois composantes distinctes : le liking, le wanting et le learning (Berridge, 1996; Robinson & Berridge, 1993). Dans un premier temps, il sera question des deux premières composantes, soit le liking et le wanting, aussi appelés plaisir et motivation, respectivement. Il existe plusieurs définitions de ces deux composantes actuellement dans la littérature. Elles ont considérablement évolué au fil des ans, mais la définition du liking semble être plus constante dans le temps que celle du wanting (Tibboel et al., 2015). Tibboel et collaborateurs (2015) propose quatre types de définitions de la récompense alimentaire. Seules les deux plus utilisées sont détaillées dans cette section. Une première définition concerne le liking et le wanting comme un processus neurologique. Alors que le liking est seulement associé avec la libération d’opioïdes par les « hedonic hotspots » subcorticaux, le wanting est plutôt associé avec l’activité du système dopaminergique mésolimbique stimulé principalement par la dopamine. Ainsi, d’après cette définition, la récompense alimentaire est représentée fonctionnellement et structurellement par ces deux substrats neuronaux distincts. Cette distinction est toutefois controversée dans la littérature (Finlayson & Dalton, 2012a; Havermans, 2011), puisqu’il est probable que ces deux substrats neuronaux ne soient pas entièrement distincts. Cette hypothèse a été démontrée par des interactions significatives entre la dopamine et les opioïdes dans certaines études (Berridge, 1996, 2004; Berridge & Robinson, 2003). Une interprétation possible de cette interaction est que la motivation contient potentiellement un élément du plaisir, mais lorsque la motivation est mesurée, la mesure reflète majoritairement la composante motivationnelle de la récompense alimentaire (et vice versa) (Finlayson et al., 2007a).
Toujours selon la définition du processus neurologique, le plaisir et la motivation sont associés à une troisième composante de la récompense alimentaire, intitulée « apprentissage » (traduction libre de learning), laquelle est principalement impliquée dans le lien unissant le plaisir et la motivation (Dalton & Finlayson, 2013). En ce sens, le plaisir est considéré comme un élément essentiel qui contribue à la motivation (Finlayson & Dalton, 2012b; Finlayson et al., 2007b; French et al., 2014). Autrement dit, un changement dans la motivation à consommer un aliment peut mener à un changement dans le plaisir à l’égard de cet aliment (et vice-versa). Par contre, un aliment peut également être aimé sans être désiré (French et al., 2014).
Association entre la récompense alimentaire et la désinhibition:
L’association entre la récompense alimentaire et la désinhibition a été peu étudiée à ce jour dans la littérature. Toutefois, les résultats des études semblent aller dans le même sens, soit que les individus désinhibés se récompensent davantage avec des aliments palatables que les individus non-désinhibés (Dalton et al., 2013a, 2013b; Finlayson et al., 2011; Finlayson et al., 2012; French et al., 2014). À titre d’exemple, Finlayson et collaborateurs (2012) ont démontré que les jeunes femmes de poids normal avec un score plus élevé de désinhibition manifestaient un plaisir explicite plus important pour toutes les catégories d’aliments (c.-à-d. riches en gras et en sel, faibles en gras et en sel, riches en gras et en sucres, faibles en gras et en sucres) et une motivation implicite plus importante seulement pour les aliments riches en gras et en sucres que les femmes avec un score de désinhibition moins élevé. De plus, dans un échantillon composé de travailleurs (c.-à-d. ⅓ d’hommes et ⅔ de femmes) âgés en moyenne de 43 ans et ayant un IMC moyen de 30 kg/m2 , French et collaborateurs (2014) ont observé une corrélation positive entre la désinhibition et le plaisir explicite pour les aliments riches en gras. Ces deux études sont les seules à ce jour à avoir utilisé le LFPQ et le TFEQ pour mesurer respectivement la récompense alimentaire et les comportements alimentaires.
Récompense alimentaire (plaisir et motivation) à l’égard des aliments palatables et son association avec l’IMC et les comportements alimentaires :
Several environmental (external) and individual (internal) factors have been implicated in the etiology of obesity (Obesity Society, 2015). Among the environmental factors, there is the omnipresence of readily available palatable foods usualy which leads to an increase in energy intake (Yeomans et al., 2004). Palatable foods reinforce their consumption by enhancing the food reward system (Egecioglu et al., 2011), i.e. liking and wanting components, both operated at explicit (conscious, subjective, introspective) and implicit (unconscious, objective, automatic) levels (Berridge, 1996; Berridge & Robinson, 2003). Behavioural studies suggest that food reward increases hunger, and consequently food intake (Yeomans et al., 2001; Yeomans et al., 2005). From this perspective, enhanced food reward, particularly the wanting component, in response to the orosensory properties of foods has been proposed as a significant risk factor for overconsumption of palatable foods, which can lead to a positive energy balance associated with obesity (ErlansonAlbertsson, 2005; Yeomans et al., 2004). In a weight-promoting environment characterized by the accessibility and the availability of energy-dense palatable foods, not everyone becomes obese, suggesting that some individuals are more susceptible to weight gain than others (Blundell et al., 2005). Indeed, while obesity is a highly heterogeneous condition, evidence suggests that there is an individual variability in food reward according to weight status and eating behaviour traits (Blundell et al., 2005; Davis et al., 2004; Egecioglu et al., 2011; Epstein et al., 2007a).
Association between food reward and BMI:
Contrary to our hypothesis, obese women did not experience higher food reward (i.e. explicit liking, explicit wanting and implicit wanting) for high-fat sweet foods compared to normal-weight, suggesting that food reward is not associated with weigh status. In accordance with our results, Davis et al. (2004) found that obese women (BMI > 30 kg/m2) did not differ from normal-weight women (BMI > 18.5 < 25) in terms of their sensitivity to reward measured by the Physical Anhedonia Scale (Chapman et al., 1976). In other words, obese women were not more hedonic than normal-weight women (Davis et al., 2004). By definition, a hedonic eater takes greater pleasure from reward, such as food, compared to a non-hedonic eater (Meehl, 1975). The hedonic measure corresponds to the liking component of food reward in the present study. Davis and Fox (2008) have since demonstrated an inverted-U association between sensitivity to reward and BMI in a sample of young men and women, which indicates a positive association among normal weight and overweight participants and a negative association in moderately and severely obese participants. This result suggests that both ends of the BMI spectrum (i.e. normal weight and obese) are characterized by low reward sensitivity. Thus, sensitivity to reward represents a factor that may lead to obesity rather than a trait only observed in obese individuals (Finlayson et al., 2007b). Snoek et al. (2004) also demonstrated that obese women did not like food more than non-obese women. Because obese women had greater appetite ratings (i.e. measured by a 150-mm VAS) after the ad libitum consumption of the food served (i.e. sandwich and snack) compared to normal-weight women, Snoek et al. (2004) speculated that obese women expressed a greater wanting for more food. According to these authors, obese women differ from normal-weight women in their wanting for food, but this hypothesis was not tested. Moreover, no association was found between food reinforcement (i.e. implicit wanting) and BMI in a community sample of working adults (French et al., 2014). Taken together, these studies suggest that obese individuals have an increased motivation for food without experiencing a greater pleasure, suggesting that food wanting is a more relevant outcome to obesity than food liking (Mela, 2006).
Conclusion générale:
L’objectif principal de ce projet de maîtrise était de caractériser la récompense alimentaire selon le statut pondéral et les comportements alimentaires chez la femme. Le premier objectif spécifique était d’étudier les différences dans la récompense alimentaire à l’égard des aliments riches en gras et en sucres selon le statut pondéral. L’hypothèse de recherche associée était que comparativement aux femmes de poids normal, les femmes obèses accordent un plaisir plus important et sont davantage motivées à consommer des aliments riches en gras et en sucres. Cette hypothèse n’a pas été confirmée. En effet, aucune différence dans la récompense alimentaire pour les aliments riches en gras et en sucres n’a été observée entre les femmes obèses et celles de poids normal. En comparant ce résultat avec d’autres études s’intéressant à l’association entre la récompense alimentaire et le statut pondéral, il est possible de constater une différence dans les résultats entre les études. Certaines études ont démontré que les individus obèses se récompensent davantage avec des aliments palatables comparativement à ceux de poids normal. D’autres études ont plutôt démontré le contraire. Les différences méthologiques entre les études peuvent expliquer cette discordance, notamment l’utilisation de différents questionnaires et terminologies associés à la récompense alimentaire.
|
Table des matières
Introduction générale
Chapitre 1 : Problématique
1.1 Obésité
1.1.1 Définitions
1.1.2 Mesures
1.1.3 Prévalence
1.1.4 Causes
1.1.5 Conséquences
1.1.6 Prévention et traitements
1.2 Récompense alimentaire
1.2.1 Définitions
1.2.2 Mesures
1.2.3 Facteurs d’influence de la récompense alimentaire
1.2.4 Association entre la récompense alimentaire et le statut pondéral
1.3 Comportements alimentaires
1.3.1 Définitions et mesures
1.3.2 Association entre la récompense alimentaire et la restriction cognitive
1.3.3 Association entre la récompense alimentaire et la désinhibition
1.3.4 Association entre la récompense alimentaire et la susceptibilité à la faim
1.4 Résumé
Chapitre 2 : Objectifs et hypothèses
Chapitre 3 : Récompense alimentaire (plaisir et motivation) à l’égard des aliments palatables et son association avec l’IMC et les comportements alimentaires
3.1 Abstract
3.2 Résumé
3.3 Introduction
3.4 Material and methods
3.4.1 Participants and study design
3.4.2 Questionnaires
3.4.3 Anthropometric measurements
3.4.4 Subjective appetite sensations
3.4.5 Sociodemographic and medical variables
3.4.6 Statistical analysis
3.5 Results
3.5.1 Exclusions and description of participants
3.5.2 Objective 1: Association between food reward and BMI
3.5.3 Objective 2: Association between food reward and eating behaviour traits
3.6 Discussion
3.6.1 Association between food reward and BMI
3.6.2 Association between food reward and cognitive dietary restraint
3.6.3 Association between food reward and disinhibition
3.6.4 Association between food reward and susceptibility to hunger
3.6.5 Strengths and limitations
3.7 Conclusion
3.8 Financial support, conflict of interest, authorship and acknowledgments
3.9 References
3.10 Tables
3.11 Figures
3.12 Supplementary material
Conclusion générale
Télécharger le rapport complet