Les compétences au sein de l’école

Parmi les différents aspects du métier d’enseignant dont la maîtrise s’impose à chaque nouvelle génération de futurs titulaires, bien des constantes sont immuables. Entre autres choses, une certaine maîtrise de la discipline à transmettre, une aptitude physique au métier  , une connaissance pédagogico-didactique minimale, une adéquation entre plusieurs valeurs telles que la citoyenneté et la moralité, et, sans doute, la capacité plus ou moins innée de diriger une classe. Bien entendu, si ces quelques grandes thématiques non exhaustives demeurent immuables de par leur existence, elles ne l’ont en revanche jamais été de par leurs  significations ou bien leurs contenus. La maîtrise de la discipline ne signifie plus aujourd’hui ce qu’elle signifiait il y a encore dix ans, les profils d’enseignants recherchés ne sont plus les mêmes, et il suffit de s’intéresser à l’évolution du CAPES, concours permettant en partie l’accès au métier, pour que cela devienne évident : que ce soit par la maîtrise des nouvelles technologies de l’information et de la communication ou bien par l’abandon des savoirs et connaissances au profit des capacités à mettre en action telles que, dans le domaine de l’éducation musicale, le fait de pouvoir faire chanter, de pouvoir diriger, ou de pouvoir proposer pléthore d’activités innovantes et inventives sur la simple écoute d’une œuvre, les changements des attendus pour les enseignants sont tout à fait réels. Les programmes scolaires le confirment par ailleurs, et puisque ceux-ci évoluent, la figure de l’enseignant doit elle aussi évoluer de sorte qu’aucune fracture ne puisse subsister entre les deux.

La compétence

Définitions

Un concept flou
« Ce mot que l’on retrouve aujourd’hui sur toutes les lèvres reste difficile à définir de façon satisfaisante. Tantôt il désigne un point d’arrivée marqué par un niveau de haute performance, tantôt un processus dont le déroulement est ponctué par des bilans d’évaluation. Les auteurs, même les plus convaincus de la pertinence de la nécessité de transformer tous les programmes d’études en socles de compétences, sont loin de s’entendre sur la définition de ce conceptclé. Ruano-Borbalan (1998) en parle à juste titre comme d’un « concept flou » dans lequel vont se retrouver des éléments disparates, voire contradictoires. La définition de la notion de compétences (au pluriel) varie donc sensiblement selon les auteurs  » n’hésitait pas à affirmer Gérald Boutin, professeur de sciences de l’éducation à l’université du Québec à Montréal. En effet, pendant plusieurs années le concept de « compétence » a été difficile à cerner et à définir, et ce pour une raison simple : ainsi qu’expliqué dans la seconde partie de ce mémoire, l’arrivé de la notion de compétence dans les politiques éducatives est nouvelle et très récente. En conséquence de quoi, depuis le début des années 2000, et principalement depuis 2005 en France, l’école traverse une phase d’adaptation à l’enseignement par compétence dont la déclinaison française est « l’approche par compétence, souvent désignée par le sigle APC.  » .

Etymologie
Commençons simplement avec l’étymologie du mot compétence. «Etymologiquement, compétence vient du latin competens qui signifie « qui va avec». La compétence est donc fondamentalement ancrée dans l’action et suppose un processus dynamique d’interaction.  »

Domaines de l’éducation et de la pédagogie

Si la multiplicité des définitions existantes dès les années 2000 n’a pas permis de dresser une définition référente de ce concept, il demeure qu’un consensus s’est rapidement opéré parmi les auteurs concernant, à défaut d’une définition complète et entière, plusieurs points ou caractères centraux de la notion, ainsi que le rappellent P. Parmentier et L. Paquay : « Même s’il existe de nombreuses compréhensions de la notion de compétence, les chercheurs ont maintenant cerné clairement les attributs clés qui composent le concept.  » Voici quelques définitions du concept de «compétence » issues de sources diverses mais toutes liées plus ou moins directement aux champs de l’éducation ou de la formation :
• En 1989, Phillipe Meirieu déclarait : « Savoir identifié, mettant en jeu une ou des capacités dans un champ notionnel ou disciplinaire déterminé. Plus précisément, on peut nommer compétence la capacité d’associer une classe de problèmes précisément identifiée avec un programme de traitement déterminé.  »
• Selon Guy le Boterf en 1994, « la compétence est de l’ordre du savoir-mobiliser.  »
• Selon P. Perrenoud en 1999, « une compétence permet de faire face à une situation complexe, de construire une réponse adaptée sans la puiser dans un répertoire de réponses préprogrammées.  »
• D’après l’auteur canadien Jacques Tardif « une compétence est un savoir agir complexe prenant appui sur la mobilisation et la combinaison efficaces d’une variété de ressources internes et externes à l’intérieur d’une famille de situations.  »
• D’après Marc Romainville, « une compétence est un ensemble intégré et fonctionnel de savoirs, savoir faire, savoir être et savoir devenir qui permettront, face à une catégorie de situations, de s’adapter, de résoudre des problèmes et de réaliser des projets.  »
• « En référence à divers travaux récent (Le Boterf, Perrenoud, Rey, Roegiers, Wittorsky, etc), une compétence peut être ainsi définie comme :
1) « un ensemble de ressources cognitives, affectives, motrices, conatives… (ou des « combinaisons », « orchestrations » de savoirs, savoir-faire, aptitudes, schèmes d’action, routines, …)
2) mobilisées (ou mises en œuvre de façon intégrée et dynamique)
3) pour faire face à une famille de situations-problèmes (réaliser des tâches complexes, significatives, fonctionnelles, résoudre des problèmes authentiques, réaliser un projet). » (Paquay, 2001).  »
• Soit, énoncé de façon plus concise, la compétence est définie au sein de l’APC comme « une capacité de mobiliser diverses ressources cognitives pour faire face à des situations singulières. »
• « Au sens le plus ordinaire du mot, une compétence est la capacité à accomplir un certain type de tâches. Ainsi le mot s’applique indifféremment à des activités générales (comme celle, pour le médecin, de « savoir guérir les malades ») ou au contraire il renvoie à des actions de détail (« savoir effectuer une palpation du foie d’un patient »).  »
• « Dans le domaine de l’éducation, plusieurs auteurs ramènent les compétences de l’élève à « une capacité de mobiliser diverses ressources cognitives pour faire  face à des situations singulières. »  .

Il est intéressant de remarquer que la totalité des définitions présentées ici définissent la compétence comme la capacité de faire face à une situation vue comme problématique et face à laquelle le sujet mobilise tout ou partie de ce qu’il est, soit dans certains cas, uniquement son savoir et ses connaissances, soit dans d’autres cas, l’ensemble des aspects principaux de sa personne, savoirs, savoirfaire, savoir-être, savoir-agir et savoir-devenir, afin de répondre à cette situationproblème en la résolvant. On remarque également que toutes les définitions ne mettent pas en avant l’idée de l’adaptation du sujet face à la situation-problème : si la définition de Marc Romainville en rend clairement compte, les autres passent dessus et n’abordent pas cette question où se contentent de la locution “faire face”. Cependant, cet aspect de l’adaptation du sujet ne peut pas ne pas être intrinsèque à la définition de la compétence dès lors qu’il existe une situation dite “problématique” (problème, situation-problème). En effet, le CNRTL rappelle clairement que le premier sens donné au mot “problème” dans le langage courant est celui d’une «question d’ordre théorique ou pratique qui implique des difficultés à résoudre ou dont la solution reste incertaine. » Il y a donc “problème” dès lors que la solution reste incertaine ou que la résolution implique des difficultés. Ceci étant bien compris, un problème déjà rencontré par un sujet et résolu par lui ne peut plus à l’avenir être considéré comme un problème si la situation se représente de façon identique puisque la solution est connue et que la manière de l’appliquer n’a pas différé : exemple, les outils mis à disposition de l’élève (calculette, livre, règle, compas, diapason, etc.) n’ont pas changé. Là ou il y a « problème », il y a nécessairement « adaptation » de la part de celui qui est chargé de résoudre. Pour la suite, prenons en tant que définition référente la proposition que donnent P. Parmentier et L. Paquay :

« …une compétence peut être ainsi définie comme :
1) « un ensemble de ressources cognitives, affectives, motrices, conatives… (ou des « combinaisons », « orchestrations » de savoirs, savoir-faire, aptitudes, schèmes d’action, routines, …)
2) mobilisées (ou mises en œuvre de façon intégrée et dynamique)
3) pour faire face à une famille de situations-problèmes (réaliser des tâches complexes, significatives, fonctionnelles, résoudre des problèmes authentiques, réaliser un projet). »

L’intérêt de cette définition tient tout d’abord au fait qu’elle englobe ou exprime au mieux la pluralité des autres propositions données, ensuite à sa précision, notamment dans les termes employés, et enfin au découpage en trois “temps” ou “axes”, inédits, qu’elle propose.

Définitions usuelles issues de la langue française 

Afin de parfaire la compréhension du concept, voyons maintenant les définitions d’une source n’ayant, à priori, aucun lien spécifique ou particulier avec l’enseignement ou l’éducation.

• Le Centre Nationale de la Ressource Textuelle et Linguistique donne un total de trois définitions du concept de « compétence », chacune étant à considérer dans un contexte ou selon une utilisation spécifique :
1) Dans le domaine du “droit”, la compétence est l’« aptitude d’une autorité publique à effectuer certains actes.  » (exemple : Compétence du maire.)
2) Signification plus générale, par extension de la première : « Capacité que possède une personne de porter un jugement de valeur dans un domaine dont elle a une connaissance approfondie.  »
3) Au sein de la linguistique et plus précisément de la “grammaire générative”, il s’agit d’un « système de règles intériorisé par les sujets parlants et constituant leur savoir linguistique, grâce auquel ils sont capables de prononcer ou de comprendre un nombre infini de phrases inédites. » .

Remarquons tout d’abord qu’aucune de ces trois définitions – les trois seules existantes selon le CNRTL – ne s’applique au champ de l’éducation. Cela nous montre bien à quel point cette formulation spécifique du concept de « compétence » est récente. Toutefois, les trois définitions reconnaissent toujours qu’il s’agit d’une capacité ou aptitude, bien que la proposition 1 traite de capacités avant tout octroyées et non développées personnellement et que la proposition 2 porte bien sur une capacité développée par un individu mais n’entraînant pas d’acte, seulement un « jugement », c’est-à-dire la formulation d’un « avis motivé donné par quelqu’un ayant compétence officielle.  » Enfin, la troisième définition met quant à elle clairement la notion d’adaptation en avant, l’adaptation de l’individu face aux possibilités infinies de phrases, ce qui lui permet tout de même de les comprendre.

Les similarités retrouvées ici sont présentes au sein de notre définition référente. La notion d’« aptitude » est donnée dès le premier temps et celle d’adaptation inscrite dans la notion de « situation-problème » précisée au troisième temps.

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Table des matières

1 Introduction
2 La compétence
2.1 Définitions
2.1.1 Un concept flou
2.1.2 Etymologie
2.1.3 Domaines de l’éducation et de la pédagogie
2.1.4 Définitions usuelles issues de la langue française
2.1.5 Selon le ministère de l’Education nationale
2.1.6 Situation-problème
2.1.7 Conclusion
2.2 Analyse
2.2.1 Les savoirs ?
2.2.2 Le rapport enseignant / apprenant
2.2.3 Evaluation
2.2.4 Exigence et bénéfices
2.2.5 Modèle d’action
3 Une évolution historique de l’école
3.1 L’apparition de l’école Ferry
3.2 L’industrialisation
3.3 Les trente glorieuses
3.3.1 Massification sans démocratisation
3.4 Crises économiques
3.4.1 Causes internationales
3.4.2 Conséquences pour l’enseignement
3.5 Adapter l’enseignement à une économie en crise
3.6 Nécessités pédagogique et sociale
3.6.1 Lutte contre le chômage
3.6.2 L’abandon des connaissances
3.6.3 Les compétences
3.6.4 La formation tout au long de la vie
3.6.5 Le savoir-être
3.6.6 Interdisciplinarité et transversalité
3.6.7 « L’école inversée »
3.7 Mise en place politique
3.7.1 Présentation de la « loi Fillon »
3.7.2 Remarques
3.7.3 Le rapport Thélot
3.8 Conclusion
4 Les compétences sur le terrain
4.1 Analyse des programmes
4.1.1 Le sens
4.1.2 Les savoir-être
4.1.3 Evolution des programmes
4.2 L’idée des « compétences collectives »
4.2.1 Introduction
4.2.2 Présentation
4.2.3 Définition
4.2.4 Au sein de l’enseignement : réflexions
4.3 Les compétences en éducation musicale
4.3.1 Rappels sur la « compétence »
4.3.2 Mécanique de l’enseignement musical
4.3.3 Conclusion
5 Remerciement

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