Les Comoriens de Majunga

Leur effectif relatif

L’anthropologie désigne l’étude de la société humaine à travers ses coutumes, ses cultures, ses moeurs et ses religions. Majungasituée dans le Nord-ouest, est une zone des migrants. Sa population est caractérisée par une grande diversité ethnique. Toutes les ethnies malgaches y cohabitent. On rencontre également des minorités étrangères comme dans toutes les grandes villes du monde. Mais le particularisme de Majunga, est le brassage ethnique qui fait qu’on ne sent pas une vraie dominance ethnique. La ville compte à nos jours plus de 135 600 habitants. L’effectif des Comoriens est estimé entre 8 à 10 000 personnes. Cette présence comorienne en terre Sakalava reste bien significative, mais moins importante en nombre. Elle diffère profondément de ce qu’elle était avant le massacre, au temps où elle représentait plus Les Comoriens de Majunga devancent de loin plusieurs groupes ethniques malgaches. C’est le cas des Betsimisaraka, des Antakarana, qui représentent respectivement 4 et 5% des majungais. La communauté comorienne quand à elle ne représente que 7,37%. de la moitié de la ville. Majunga qui se situe à quelques kilomètres de Moroni, reste une ville des immigrés comoriens. Déjà en 1960, alors que la ville comptait 43 000 habitants, la communauté comorienne était estimée à 26000 ; soit 60,46% des majungais.

De part sa population, Majunga était une ville comorienne en terre malgache. Mais durant la première République (1960-1972), on a enregistré une baisse notaire de cette population comorienne. En l’espace de 16 années, la diaspora comorienne de Majunga a diminué de 10 000 personnes. Une chute qui s’explique par le départ des vazaha, d’une part, mais aussi de la nationalisation malgache qui avait mis beaucoup de Comoriens en chômage. L’année 1976, alors que la ville comptait 69 597 habitants, la communauté comorienne représentait 23,4% des majungais. Cette même année des émeutesanti-comoriennes ont éclaté et la ville de Majunga fut vidée de ses ressortissants comoriens qu’on a dû rapatrier à Moroni. Aujourd’hui, 30 ans plus tard, cette présence comorienne qui s’explique par la proximité spatiale et les biens historiques des deux pays reste bien significative. Une présence comorienne caractérisée par une prédominance des hommes. Ceci s’explique par le fait qu’aux Comores, les émigrants restent en majorité des hommes. Mais aussi, les hommes séjournent beaucoup plus longtemps à l’étrangerpar rapport aux femmes, que ce soit pour les raisons économiques ou éducatives. « La cité des fleuves » ne fait plus donc exception. Les immigrants comoriens se marient avec des femmes malgaches et organisent une nouvelle vie dans cette ville. Ils ont même aménagé un cimetière comme si Majunga leur appartient. A l’heure actuelle, les Comoriens de Majunga restent une communauté minoritaire. On les reconnaît facilement dans les rues de Majunga avec leur mode vestimentaire, leur dialecte et leur voix fort.

Un nouvel aspect de la présence comorienne : les étudiants Outre le retour à Majunga de certains rescapés du massacre de 1976, le rétablissement des accords de coopération entre Madagascar et les Comores avait permis aux étudiants comoriens de venir à Madagascar pour poursuivre des études universitaires. Ce mouvement n’est pas entièrement nouveau : car nous savons qu’au temps de la colonisation, quelques élèves et étudiants comoriens ont étudié à Madagascar notamment dans les Ecoles Régionales. L’Ecole de Myre de villers ou l’Ecole de Médicine. Les étudiants comoriens de Majunga, à l’instar de leurs collègues dispersés dans les autres universités malgaches, bénéficiaient à l’origine d’une bourse d’études dont le montant était de 15 000 francs comoriens par mois, soit 30 euros. Cette bourse d’étude était perçue régulièrement. Mais sous le régime de SAID Mohamed Djohar (1990-1995), cette bourse d’études fut transformée en une aide scolaire d’un montant de 50 000 francs comoriens par an, soit 100 euros. Mais cette aide n’est jamais été soumise aux mains des Etudiants comoriens. Comme ils ne sont pas des boursiers du gouvernement de leur pays, les étudiants comoriens doivent absolument compter sur l’apport de leurs familles. Cette bourse familiale ne provient pas forcement des parents. Elle peut provenir d’un membre de la famille (oncle maternel ou paternel, frère, …). Seulement la gestion de la bourse familiale pose souvent des problèmes dans la mesure où aucune part de revenu de l’étudiant n’est réservée à l’imprévue.

D’une manière générale, les étudiants comoriens reçoivent de l’argent en devise et ils réussissent ainsi à vivre un peu mieux par rapport à leurs collègues malgaches à cause du devise de la monnaie comorienne. Ils reçoivent parfois des denrées de première nécessité (sucre, huile, conserve de tomates, etc.) et des produits de toilette (savonnette, dentifrice, etc.) provenant des îles Comores. Ces divers produits se trouvent partout à Madagascar, mais ils sont plus chers qu’auxComores d’autant plus que là-bas on peut se les procurer à crédit. Des bateaux, comoriens facilitent l’acheminement de ces produits et les membres d’équipage en sont les intermédiaires. En outre, les voies aériennes hebdomadaires desservent les Comores. Tous ces moyens de transport bien organisés, facilités par une coopération bilatérale renforcée, permettent aux étudiants comoriens de Majunga de rester en contact permanent avec leurs familles. Les étudiants comoriens de Majunga restent des locataires, dans des logements particuliers. Il existe des ménages individuels (suivant que l’étudiant peut supporter les dépenses) et des ménages collectifs. Cesménages collectifs regroupent au moins deux étudiants qui s’entendent pour mettre en commun leur moyen de substance.

Ils occupent une chambre (le logement est généralement une maison en tôle) et ils participent financièrement aux dépenses communes (nourriture, loyer, électricité, eau) grâce à un système de cotisation mensuelle. Il arrive parfois que l’un des étudiants qui partagent le même ménage couvre de dépenses communes en attendant que son compagnon reçoive la bourse familiale pour payer la somme due. Bref, en partageant le même ménage, ces étudiants sont motivés par le souci d’être ensemble pour faire face aux problèmes de la vie urbaine qui demande plus qu’elle n’offre aux citadins. Il convient de noter que certains étudiants comoriens sont hébergés par des membres de leurs familles installées à Majunga depuis longtemps. On peut distinguer trois groupes de jeunes comoriens selon leur niveau d’enseignement. Les deux premiers groupes sont constitués suivant le tableau ci-dessous.

Les quartiers comoriens de Majunga « La ville de Majunga est formée de trois grands types de quartiers : quartiers modernes, quartiers populaires et quartiers sous intégrés. Les quartiersmodernes se situent à l’Ouest, qui est la partie la plus ancienne de la ville. Il s’agit de deux quartiers de Majunga-Be et Mangarivotra. Ces deux quartiers sont marqués par des constructions de style européen (villas et immeubles). Ils sont séparés par deux avenues qui prolongent : l’avenue de France à l’Ouest et l’avenue de la libération à l’Est. Soulignons que Majunga-Be est le plus ancien quartier. Il est situé près du port dans la zone la plus basse de la ville. C’est à la fois un quartier résidentiel pour les Indiens, un quartier des affaires (lieu de concentration des banques, hôtels, agences, etc.) et un quartier commercial (commerce de gros et de détail). En outre, à Majunga, l’espace urbain est profondément marqué par la présence des quartiers dits populaires, car ils étaient destinés à l’époque coloniale à la grande masse de la population « indigène ». Ces quartiers populaires étaient, à l’origine, laissés à l’initiative individuelle désordonné des « indigène ». Ils construisaient leur maison sans obéir à une configuration précise.

Mais à partir de 1930, l’administration coloniale intervenait pour mettre fin au développement anarchique de la ville. En plus, il était interditde bâtir en végétal (satrana). Devant ce programme d’assainissement, les « indigènes » étaient obligés d’officialiser l’immatriculation de leurs parcelles. Un impôt foncier annuel fut donc instauré et son acquittement demeure obligatoire jusqu’à nos jours. Le lotissement des terrains varie d’un quartier à un autre. Il est de 8 m sur 8 m à Ambovoalanana, quartier situé dans des sites à peu près favorables. Dans les autres quartiers (Abattoir par exemple), et le lotissement est de 25m sur 15 m. Les quartiers populaires sont représentés aujourd’hui par dix Fokontany (TsaramandrosoAmbany, TsaramandrosoAmbony, Antanambao, Ambalavao, Ambalavola, Abattoir, Manjarisoa, Ambovolamena, Amboaboaka, Marovato, Mahabibokely, Morafeno, Manga). Ces quartiers populaires sont peuplés de Comoriens ; aussi bien à Tsaramandroso et à Ambalavola ; tandis qu’ils constituent une colonie à Abattoir.

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Table des matières

REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : ETUDE DESCRIPTIVE DE LA COMMUNAUTE COMORIENNE A MAJUNGA
Chapitre I : Une présence comorienne encore significative
I. 1. Les Comoriens de Majunga
I. 1. 1. Leur effectif relatif
I. 1. 2. Un nouvel aspect de la présence comorienne : les étudiants
I. 1. 3. Les quartiers comoriens de Majunga
I. 2. Les empreintes comoriennes à travers la ville de Majunga
I. 2. 1. Les écoles coraniques : fruit d’une forte présence musulmane
I. 2. 2. Les mosquées à travers le paysage urbain majungais
Chapitre II : Mode d’intégration des étudiants comoriens à Majunga
II. 1. Une cohabitation malgacho-comorienne paisible
II. 1. 1. Une intégration réelle jusqu’en 1976
II. 2. Un métissage important
II. 3. Une place de choix pour les Comoriens dans l’économie de Majunga
Chapitre III : Les causes immédiates de la diaspora comorienne à Majunga
III. 1. Causes géographiques des Comores et l’attraction de Majunga
III. 1. 1. La nécessité d’émigrer pour les Comoriens
III. 1. 1. 1. Une économie peu performante
III. 1. 1. 2. Le Nord-ouest malgache et les Comores : une seule région climatique
DEUXIEME PARTIE : COMPORTEMENT SOCIO-ECONOMIQUE DE MERINA ET LEUR MODE D’INTEGRATION A MAJUNGA
Chapitre IV : Les migrants Merina dans la société majungaise : une intégration facile
IV. 1. Intégration et organisations sociales des migrants Merina
IV. 1. 1. Accueil plutôt bon des autochtones Sakalava et cohabitation pacifique avec les autres migrants
IV.1.2.Relations conviviales des migrants merina entre eux
IV. 1. 3. ZAFINIARIVO : une association ethnique puissante à Majunga
IV. 1. 4. Sauvegarde et pratique enthousiaste des coutumes ancestrales
IV. 1. 5. Possession de terrain ou maison en milieu d’origine
Chapitre V : Problèmes de logements et de chômage : source d’inégalités sociales des Merina à Majunga.
V. 1. Réponses des migrants Merina aux problèmes de logements et d’équipement sociaux
V. 1. 1. Résignation aux loyers élevés à Mangarivotra et à Manjarisoa
V. 1. 2. Location collective des natifs de Vakinankaratra
V. 1. 3. Des constructions illicites et dépourvues de conforts à Antanimalandy
V. 1. 4. Autres alternatives : héritage et achat d’immobiliers
Chapitre VI : Activité économiques des Merina
VI. 1. Présence des Merina dans tous les secteurs d’activités
VI. 2. Présence des Merina dans toutes les couches sociales à Majunga
VI. 2. 1. Des Merina aisés : rencontrés surtout à Mangarivotra
VI. 2. 2. Antanimalandy : les couches défavorisées
CONCLUSION
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des Croquis
BIBLIOGRAPHIE
I. OUVRAGES SUR MADAGASCAR
II. OUVRAGES SUR COMORES
III. OUVRAGES SPECIAUX
IV. ARTICLES
V. REVUES ET AUTRES
VI. OUVRAGES GENERAUX

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