LES CHLORURES DANS LES MATERIAUX CIMENTAIRES
CHAPITRE I. ETAT DE L’ART SUR LES PROPRIETES DE TRANSFERT DANS LES
MILIEUX POREUX
Le béton est le matériau le plus utilisé au monde. Il a démontré sa conformité en matière de développement durable par sa position compétitive en matière de bâtiments BBC (bâtiment à basse consommation énergétique) et par son cout faible. En plus de ses propriétés mécaniques et sa facilité de mise en œuvre, vient la notion de durabilité du béton dont le but est de préserver l’intégralité de ces performances mécaniques pendant sa durée de vie. Ce matériau se comporte comme un être vivant, qui réagit avec son environnement et qui vieillit au cours du temps. Plusieurs mécanismes de dégradation résultent de ces réactions, parmi les quels, la corrosion induite par les chlorures qui affecte considérablement les propriétés mécaniques de la structure. Actuellement, dans de nombreux pays, des travaux importants de recherches sont consacrés au développement de nouvelles approches de durabilité, afin d’accroître la durée de vie des ouvrages en béton armé au coût le plus bas. Ces nouvelles approches sont basées sur la sélection des indicateurs de durabilité qui sont devenus les bases essentielles pour qualifier une formulation de béton et assurer une durée de vie maximale pour ce matériau. Cette notion de durabilité est prise en compte par de nouveaux textes normatifs en s’appuyant sur la notion de classe d’exposition imposée au prescripteur afin de définir les actions dues à l’environnement auxquelles le béton de l’ouvrage ou de chaque partie d’ouvrage va être exposé pendant la durée d’utilisation de la structure. Ces actions dues à l’environnement sont regroupées en classes d’exposition prescrites par la norme EN 206-1. Parmi les causes principales qui influent sur la durée de vie d’une structure en béton armé exposée au milieu marin, les ions chlores. Si le béton n’a pas la capacité d’empêcher la pénétration de ces ions dans sa structure poreuse, ils seront à l’origine de la destruction de la couche protectrice des aciers et provoquent ainsi leur corrosion. L’aptitude des bétons à résister à ces dégradations est caractérisée par deux grandeurs physiques. La perméabilité et la diffusivité. Considérés comme des indicateurs de durabilité, ces deux mécanismes son responsables du transport de matière à travers le matériau béton. La perméabilité décrit un écoulement de fluide (eau ou gaz) qui se produit sous gradient de pression, elle dépend de la taille des espaces poreux dans lesquels s’écoule le fluide ainsi que de leur interconnexion. La diffusivité est relative au déplacement d’une espèce chimique à l’échelle moléculaire sous l’effet d’un gradient de concentration. Elle ne dépend pas de la taille des pores mais de leur interconnexion [BUI, 92 cité par DEB, 08]. La résistance du béton contre ces agents agressifs ne peut être importante que s’il y a un transport de matière par ces deux phénomènes. Donc, il est très important de comprendre ces mécanismes et de les maîtriser en vue de réaliser un béton durable.
CARACTERISTIQUES DES MILIEUX POREUX
Le béton durci est un matériau poreux composé de pâte de ciment hydratée et de granulats. Les trois phases constituant la structure du béton sont (Figure I.1.) :La phase solide (matrice) qui comprend la pâte de ciment, les granulats et l’interface pâtegranulats. La pâte de ciment est formée par des grains de ciment hydratés et se compose de50% de gel C-S-H, 20% de portlandite Ca(OH)2, 10% d’aluminates et de sulfoaluminates decalcium hydratés et 20% d’autres composants (CA2SH8, CA3, etc.).L’interface pâte-granulats existe autour des granulats et dépend de la forme et la composition chimique des granulats. Pour les granulats calcaires qui sont assez poreux, cette interface est moins perméable et plus résistante que celle des granulats siliceux [CAM, 08]. La phase liquide (pores) comprenant les différents types d’eau existant dans le béton :L’eau capillaire remplit le volume poreux au-delà de la couche adsorbée et est séparée de la phase gazeuse par des ménisques. L’eau adsorbée est présente sur la surface solide des pores, notamment sur le gel C-S-H et soumise à des champs de forces superficielles par l’intermédiaire des forces intermoléculaires de Van der Waals et des forces électrostatiques.L’eau chimiquement liée représente l’eau consommée au cours des réactions d’hydratation du ciment ou combinée avec d’autres composants dans les hydrates.La phase gazeuse (pores) comprend de l’air et de la vapeur d’eau coexistant dans les pores du béton. Ces derniers se composent de pores capillaires et de pores internes aux hydrates. Les pores capillaires se trouvent dans les espaces inter-granulaires et sont directement liés au rapport eau/ciment. Les pores internes aux hydrates sont indépendants du rapport eau/ciment et se forment en cours d’hydratation de la pâte de ciment [TRA, 09].
|
Table des matières Introduction générale I. Contexte de l’étude II. Problématique générale et objectifs du travail III. Organisation générale du mémoire CHAPITRE I : ETAT DE L’ART SUR LES PROPRIETES DE TRANSFERT DE MASSE DANS UN MILIEU POREUX I. 1. INTRODUCTION I.2. CARACTERISTIQUES DES MILIEUX POREUX I.2.1. Définition I.2.2. Caractérisation d’un milieu poreux I. 3. LA DIFFUSION I.3.1 Diffusion en régime stationnaire I.3.2 Diffusion en régime transitoire I.4. LA MIGRATION I.4.1. Migration en régime stationnaire I.4.2. Migration en régime transitoire I.5. LES CHLORURES DANS LES MATERIAUX CIMENTAIRES I.5.1. Chlorures libres I.5.2. Chlorures fixés I.5.3. Détermination de la quantité de chlorures fixés I.6. EFFET DE LA TEMPERATURE SUR LE TRANSPORT DANS UN MATERIAU CIMENTAIRE I.6.1. Effet de la température sur la porosité du béton I.6.2. Effet de la température sur la résistance mécanique du béton I.6.3. Influence de la température d’essai sur la pénétration des ions chlorures dans le béton I.6.4. Influence de la température d’essai sur la fixation des chlorures dans un matériau cimentaire I.6.5.Influence de la température sur la corrosion des aciers I.7. CONCLUSION CHAPITRE II : MOYENS DE MESURE II.1. INTRODUCTION II.2. ESSAIS AU LABORATOIRE II. 2.1. Préparation du corps d’épreuve II.2.2. La structure poreuse des bétons durcis II.2.3. La porosité accessible a l’eau par pesée hydrostatique II.2.4. Porosimètrie des bétons durcis par intrusion de mercure II.2.5. Porosimétrie par isothermes de désorption II.3. METHODE DE DETERMINATION, EN CONDITION, SATUREE DES DIFFERENTS COEFFICIENTS DE DIFFUSION DES CHLORURES DANS LE BETON II.3.1. Essai de diffusion en régime stationnaire Dediff II.3.2. Essai de diffusion en régime transitoire Dapp II.3.2.1 ESSAI D’IMMERSION II.3.2.2. ASTM C1556 (sur la base de NT BUILD 443 II.3.2.3 ASTM C1543 (sur la base d’AASHTO T 259 II.3.3. ESSAI DE MIGRATION EN REGIME STATIONNAIRE Dediff II.3.3.1. ESSAI DE MIGRATION (AFREM II.3.3.2. Norme NT BUILD 355 II.3.4. ESSAI DE MIGRATIONEN REGIME NON STATIONNAIRE (TRANSITOIRE) II.3.4.1 LA NORME AASHTO T 277 (2005) II.3.4.2. AASHTO TP64 (basée sur NT BUILD 492 [BUI. 99]) II.4. ESSAIS IN SITU II.4.1 Essais destructifs II.4.1.1 les profils de chlorure II.4.1.2. Méthodes de prélèvements des carottes de béton II.4.2 Essais non destructifs II.4.2.1 Mesures de la résistivité II.4.2.2. Méthode électromagnétique II.4.2.3. La technique capacitive II.4.2.4.Ondes mécaniques ultrasonores II.5. AVANTAGES ET INCONVENIENTS II.5.1. Les essais de diffusion en régime permanent II.5.2. Les essais de diffusion en régime transitoire II.5.3. Les essais d’immersion II.5.4. Les essais de migration en régime permanent II.5.5. Les essais de migration en régime transitoire II.5.6. Les essais destructifs (ED) II.5.7. Les essais non destructifs (END) II.6. CONCLUSION CHAPITRE III : ETUDE EXPERIMENTALE III.1. INTRODUCTION III.2. MATERIAUX III.2.1. Agrégats III.2.2. Ciment III.2.3. L’eau III.2.4. Confection des éprouvettes III.2.5. Cure III.2.6. Préparation des solutions et des réactifs III.3. MATERIEL III.3.1.Appareillages III.3.2. Préparation des corps d’épreuve III.4. POROSITE ACCESSIBLE A L’EAU III.4.1. Pesée hydrostatique III.4.2. Pesée à l’air III.4.3. Pesée à sec III.5. DISPOSITIF EXPERIMENTAL POUR EFFECTUER DES ESSAIS A DIFFERENTES TEMPERATURES III.5.1. Essais aux températures 20 + 2 °C III.5.2. Essais aux températures 0 + 2 °C III.5.3. Essais aux températures 40 +2 °C III.6. PROTOCOLE DE DIFFUSION DES IONS CHLORES III.7. RESULTATS ET DISCUSSION III.7.1 Intensité du courant III.7.2 Evaluation de la profondeur Xd III.7.3. Calcul du coefficient de diffusion apparent III.8. RESULTATS III.8.1. Effet de la température sur la profondeur de pénétration III.8.2. Effet de la température sur le coefficient de diffusion. III.8.3. Effet de la température sur l’intensité du courant et la résistivité III.8.4. Corrélation approximative entre essai AASHTO 277 et NT BUILD 492 pour des différentes températures III.9. CONCLUSION CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Télécharger le rapport complet