Les chiens de combat
L’histoire des chiens de combat
Pendant ces années de la période gréco-romaine, les « Pugnaces » ou « Molosses de Cornwall » se différenciaient déjà très nettement des autres canidés de par leurs lèvres pendantes et oreilles tombantes, par leur courage et leur férocité. Ils se montraient extrêmement obéissants, fidèles et faciles à dresser. Contribution à l’étude de l’APBT I – Les origines de l’APBT – 16 – Puis un brassage de la population canine de cette période eut bien sûr lieu [Mulin-36] et ces Molosses auraient engendré des grands chiens pesant 50 à 60 kilogrammes, appelés « Alans de Boucherie » [Juhere-27] dont le rôle était de garder et d’attraper le gros bétail. En effet à cette époque, les bouchers, tout en possédant leur propre troupeau, disposaient également d’un ou deux Molosses et lors de la capture d’un boeuf, ils lâchaient les chiens, qui, maintenant l’animal par le mufle, permettaient aux « maîtres saigneurs » de tuer la bête [Jazz-26].Cet « Alan », qui excellait à la capture des bovins dans les élevages, était excellent au combat de Taureau, mais aussi à la chasse. Sa couleur était principalement blanche avec des tâches noires sur les oreilles, il était redoutablement puissant et il devait tenir sa proie par le mufle ou l’oreille sans la lâcher. Par la suite, vers le début du XIIIe siècle, avec l’apparition des premiers combats en arène contre les taureaux, deux modèles se développèrent à partir du type « Alan », un léger plus adapté au combat: le Bulldog et un plus lourd : le Mastiff [Mulin-38]. Les premiers documents relatifs à l’institutionnalisation de ces combats datent du 13 novembre 1209 sous le règne du roi Jean d’Angleterre (1126-1216). Ces écrits nous rapportent qu’un gentilhomme : le Comte Warren de Stamford dans le Lincolnshire, ayant assisté à une poursuite entre un taureau et un Molosse, fut enchanté de ce spectacle, si bien qu’il prit des dispositions pour en organiser de semblables chaque année dans l’arène du village.Cette tradition se perpétua jusqu’en 1839 et chaque année le 13 novembre, le jour de la Saint-Brice, la population de Stamford participait à ce « Bull-running ». Au treizième siècle, n’importe quel bourg anglais avait son terrain de combat et Londres possédait à cette époque plus d’arènes que de théâtres. L’histoire du chien était alors pleine du sang des combats livrés pour le plaisir des hommes. Ils engageaient un Bulldog, un Dogue, un Mastiff ou un Bull-Terrier, contre un taureau, un ours, un lion, parfois même un singe, un blaireau, un rat ou contre un nain armé d’un gourdin [Triquet- 56].
Combats contre les taureaux
On s’accorde à attribuer l’origine des combats de taureaux à ce vieux récit datant de 1209 (décrit ci-dessus). Puis les différents écrits mentionnent deux attractions différentes : d’une part le « Bull-running » où le taureau était poursuivi par les chiens à travers les rues d’un village ou à travers la campagne et d’autre part le « Bull-baiting » où le taureau, âgé d’au moins 2 ans, porte au cou un collier auquel est attaché une chaîne longue de trois à cinq mètres fixée en terre et affronte en face à face les chiens lancés contre lui.Ces derniers étaient lâchés un par un et attaquaient invariablement le taureau à la tête en s’approchant en silence, ventre à terre, aidés par la force de leur avant-main. Ils progressaient lentement et toujours sans bruit pour se jeter droit sur le nez, la lèvre ou bien l’oreille de leur adversaire [Denis-16]. Ils s’y accrochaient par leur puissantes mâchoires et essayaient de ne pas lâcher prise jusqu’à ce que le taureau asphyxié agonise (illustration 3 page 17). Cette distraction devint très vite un passe-temps national en Grande-Bretagne et la reine Elisabeth Ière interdit, en 1591, les spectacles sur scène à Londres le jeudi parce que les combats avaient lieu d’habitude ce jour-là. La classe moyenne des aubergistes, forgerons, charcutiers… s’initiait à ce qui, à l’époque, était considéré comme un sport.Cependant, n’ayant pas la possibilité pécuniaire d’entretenir des chiens de grandes tailles, ils développèrent un modèle plus compact, enclin à se battre contre ses congénères.
Combats contre les ours
A côté des combats contre les taureaux, l’imagination des hommes créa de nombreuses distractions et les chiens furent aussi opposés à des ours. Ainsi, Shakespeare décrit dans Henri V « des chiens invraisemblables qui courent les yeux fermés dans la gueule d’un ours » (illustration n° 4 page 18) . Il y eut probablement de tels combats très tôt dans l’histoire mais c’est Edouard le Confesseur (1042-1066) qui les mit à l’honneur et en fit un passe-temps très couru. Dans les années qui suivirent, les forains qui parcouraient l’Angleterre avec leurs ours, les faisaient combattre contre des chiens rencontrés ici et là, dans les villages qu’ils traversaient.Enfin, des arènes appelées « The Bears Gardens », réservées à ce sport s’ouvrirent dans toutes les grandes villes britanniques : la plus connue fut construite à Londres, sous Henri VIII (1509-1547), et s’appelait « The Paris Garden » (« Le jardin de Paris »), on pouvait y admirer les plus beaux spécimens d’ours et de chiens se livrer des combats sans merci. Cette distraction qui connut son apogée aux XVIe et XVIIe siècles, notamment sous le règne de Charles Ier (1566-1625) était réservée presque exclusivement à la noblesse en raison de son coût prohibitif [Juhere-27].Des règles très précises régissaient ces combats et un homme appelé « Taster » avait l’obligation de goûter le poil du chien afin de s’assurer qu’il n’était pas enduit de poison. Ce jeu était si prisé qu’on raconte qu’à Congleton en 1612, les fonds réunis pour l’acquisition d’une nouvelle Bible servirent à l’achat d’un ours. On importa même des plantigrades de Russie, malgré leur coût élevé, pour pallier à l’extinction des ours locaux. Puis, l’intérêt pour ces affrontements déclina fortement au XVIIe siècle pour n’être plus qu’anecdotique au XIXe
Le Bulldog
En effet, ce n’est qu’en 1609 qu’apparaît en Angleterre le terme de « Bulldog » : dans une pièce de théâtre « The Silent Woman » de Ben Johnson qui cite également les « Beardog » ou chiens de combat spécialisés dans les affrontements contre les ours [Denis-17]. Pourtant, il parait douteux pour certains auteurs que le Bulldog soit d’origine purement insulaire, même si ce sont des documents britanniques qui en ont parlé en premier. Il était utilisé pour définir un type de chien, spécialisé dans la lutte contre le taureau, et dont la morphologie se caractérisait par une taille moins grande que celle des Molosses traditionnels, une très grosse tête par rapport à sa taille, des oreilles petites et droites et une lèvre supérieure pendante [De Rosa-15].Cette morphologie lui permettait d’assurer sa prise sur le taureau : son centre de gravité, placé fort en avant, réduisait la force centrifuge supportée par sa mâchoire et son prognathisme, spécifique de la race, lui assurait une excellente prise lors d’attaque frontale. En ce qui concerne cette achondroplasie qui caractérise le Bulldog, certains comme Paul Dechambre pensent que cette anomalie ayant acquis un caractère d’utilité, est devenue l’attribut essentiel de cette race, au cours de son histoire. Cette anomalie congénitale consiste dans un raccourcissement, par arrêt de développement, des os du nez et de la mâchoire supérieure, d’où résulte une physionomie particulière que l’on nomme scientifiquement « brachicéphalie » [Mégnin-36].
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Table des matières
- I) Les origines de l’American Pit Bull Terrier
1.Les chiens de combat depuis l’antiquité jusqu’au XIXe siècle
1.a. Les Molosses de l’antiquité
1.b. L’histoire des chiens de combat
1.c. Les ancêtres reconnus du Pit-Bull
2.Sur les traces des premiers Pit-Bull
2.a. Les premiers documents concernant le Pit-Bull
2.b. Sa reconnaissance par l’AKC et sa séparation avec le Staffordshire Bull Terrier
3.Les rôles du Pit-Bull au XIXe et XXe siècles
3.a. Le nouvel élan des combats de chiens aux États-Unis
3.b. L’apogée d’un nouveau chien de compagnie et l’emblème d’une nation
II) Étude de la morphologie et du caractère de l’American Pit Bull Terrier moderne
2.Les standards américains
1.a. L’ébauche d’un standard par ses ancêtres reconnus
1.b. Le standard de l’UKC
1.c. Le standard de l’ADBA
2.Les détails d’une conformation
2.a. Les détails des différents appareils
2.b. Du prognathisme du Bulldog aux mâchoires du Pit-Bull
3.Le caractère et le comportement de l’American Pit Bull Terrier moderne
3.a. Les traits de caractère du Pit-Bull moderne
3.b. Le comportement du Pit-Bull moderne
3.c. L’agressivité naturelle du Pit-Bull moderne
III) L’American Pit Bull Terrier dans la société d’aujourd’hui
1.Du chien de combat à l’agréable compagnon ou l’inverse ?
1.a. L’histoire du Pit-Bull au cours du XXe siècle
1.b. Quelques mythes à propos des Pit-Bull
L’American Pit Bull Terrier, un fait de société
2.a. Le Pit-Bull dans les médias
2.b. Les études actuelles
Contribution à l’étude de l’APBT
L’American Pit Bull Terrier et la loi
3.a. Les différentes lois sur les chiens dangereux dans le monde
3.b. Les premiers arrêtés municipaux et les lois antérieures
3.c. La nouvelle loi sur les chiens dangereux et les chiens errants
IV) Réflexions et conclusion
Pourquoi posséder un Pit-Bull
Mauvais chien ou mauvais maître ?
Quel avenir pour cette race
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