Les Ceméa ; une association qui se transforme et qui organise collectivement l’engagement militant 

L’éducation nouvelle, un lien étroit avec l’école

L’Éducation nouvelle est un courant pédagogique (issu du siècle des lumières et des idées de RABELAIS, MONTAIGNE et COMENIUS) qui défend le principe d’une participation active des individus à leur propre éducation. Elle déclare que l’apprentissage, avant d’être une accumulation de connaissances, doit être un facteur de progrès global de la personne : c’est le début des méthodes actives. Elle prône aussi une éducation globale, accordant une importance égale aux différents domaines éducatifs : intellectuels et artistiques, mais également physiques, manuels et sociaux.
L’apprentissage de la vie sociale est considéré comme essentiel. Plusieurs chercheurs sont les figures de proue de ce courant : John DEWEY, militant du « Learning by doing » ou apprenant en faisant, Célestin FREINET qui prône le tâtonnement expérimental essentiel au développement de l’enfant dans ses apprentissages et Ovide DECROLY qui estime qu’il faut partir des centres d’intérêts de l’enfant.
Les premières « écoles actives » suivant ce courant naissent en Angleterre à partir des années 1890. En France, elles voient le jour une dizaine d’années plus tard avec, notamment, l’école des Roches à Verneuil-sur-Avre (27) ouverte par Edmond DEMOLINS. Mais ces écoles ne sont pas ouvertes à tous et restent l’apanage d’une certaine élite. Par ailleurs, elles servent de laboratoire de recherche pour les chercheurs en science de l’éducation comme Maria MONTESSORI, John DEWEY qui ouvre un laboratoire d’études sur la psychologie appliquée en 1896 ou encore Edouard CLAPAREDE qui crée en 1912, l’Institut Jean-Jacques Rousseau. En parallèle de ce mouvement, l’éducation libertaire voit le jour. Elle a été créée par des anarchistes pour contrecarrer l’école traditionnelle qu’ils considèrent comme un instrument d’aliénation des populations et de reproduction des structures sociales de domination. Les penseurs de ce mouvement sont Sébastien FAURE, William GODWIN, Léon TOLSTOI et bien d’autres. Ils prônent aussi l’enseignement pratique aux côté du théorique. La première guerre mondiale marque l’histoire de l’éducation nouvelle dans la mesure où elle va renforcer les idéaux de ses penseurs. En 1921, la ligue internationale pour l’éducation nouvelle est créée, sur la base de la charte de l’éducation nouvelle rédigée en 1915 par Adolphe FERRIERE. En 1928, Célestin FREINET créé la coopérative de l’enseignement laïc. De nombreux congrès sont organisés et rassemblent les penseurs de ce courant jusqu’à la seconde guerre mondiale qui marque la fin de ces regroupements. Le dernier congrès se déroulera en 1946 et revêt des allures de désillusions au sein de ses militants.
De nos jours, le mouvement de l’éducation nouvelle en France est porté par différentes associations comme l’Association Française pour la Lecture (AFL), l’Association Nationale pour le développement de l’Education Nouvelle (ANEN), les Ceméa, le Groupe Français d’Education Nouvelle (GFEN), et bien d’autres. Les écoles issues de ce courant existent encore en France comme les écoles Montessori (179) ou encore Freinet mais ne sont pas accessibles à tous à cause de leurs tarifs (entre 2 000 et 5 000 euros par an). Philippe MEIRIEU évoque ce constat « Un des nombreux paradoxes de l’Education Nouvelle tient au fait qu’elle est, très largement, demeurée marginale dans les pratiques tout en réussissant à imposer la plupart de ses « lieux communs » dans les discours éducatifs. Certes, son caractère marginal a été, et reste systématiquement revendiqué par ses promoteurs quicraignent que l’institutionnalisation de ses propositions leur ôte leur caractère « subversif »,engendre leur dévoiement et, à terme, provoque leur dilution dans une « pédagogie traditionnelle ordinaire » tout juste « modernisée » pour créer l’illusion. Le repliement sur l’ « entre soi » reste, à cet égard, une des caractéristiques majeures de l’Education Nouvelle, de Winneken et ses écoles de Hambourg aux officines plus ou moins secrètes des écoles Steiner, en passant par la création –‐ certes sous la contrainte ! –‐ par Célestin Freinet d’une école privée ou la construction du réseau des écoles Montessori… ».
Ainsi, l’association des Ceméa, comme nous avons pu le constater, s’inscrit dans ces deux principaux courants lors de sa création en 1937 par Gisèle De FAILLY. Cela n’est pas une liste exhaustive des paradigmes qui ont inspirés l’association, mais ce sont eux les plus revendiqués au sein des Ceméa. Ces courants ont donc façonné une façon de percevoir le monde et vont influer sur les pratiques des militants de l’association. Cela va donc se retrouver dans les formations sous la forme affichée de valeurs qui lient les militants entre eux. En effet, dans leur projet pédagogique il est écrit que : « Les Ceméa sont un mouvement d’éducation nouvelle. Ils privilégient une interaction permanente entre l’individu, le groupe, l’environnement et le milieu de vie. Les Ceméa militent pour une laïcité, qui soit une ouverture à la compréhension de l’autre dans l’acceptation des différences et dans le respect du pluralisme, mais aussi un combat pour la liberté d’expression de chacun et, contre toute forme d’obscurantisme, de discrimination, d’exclusion et d’injustice. ». Ce qui retrace les différentes valeurs qui ont traversé l’association au fur et à mesure de son histoire. C’est aussi ce que nous analyserons dans cette recherche aux travers des récits des militants interrogés.

Le fonctionnement de l’association en Provence-Alpes-Côte-D’azur

Comme cette association nationale se divise en associations territoriales, nous allons devoir axer la recherche sur celle présente en région Provence-Alpes-Côte-D’azur, dans un souci de précision mais aussi de temps, dans la mesure où toutes les associations territoriales fonctionnent différemment.
Ainsi, pour ce qui est des Ceméa PACA, on compte 200 militants « actifs », c’est-à-dire qu’ils effectuent au moins une action par an. Ces militants rentrent au sein de l’association par la voie de la cooptation lors d’un stage ou d’une action effectuée aux Ceméa en tant que stagiaire. Les personnes peuvent aussi demander à entrer dans l’association mais ils devront suivre un entretienpréalable. A la suite de cette cooptation, une invitation est envoyée pour participer à un weekend de regroupement de formateurs. Pour comprendre plus en détail le processus d’entrée aux Ceméa PACA, il est important de fournir le schéma « processus de cooptation » mis en annexe 1 de ce mémoire.
Les Ceméa PACA possèdent une organisation très particulière pour une association dans la mesure où elle a un fonctionnement entrepreneurial et un fonctionnement associatif qui se croisent et fonctionnent en parallèle. Ses membres peuvent être salariés et militants (permanents), ou volontaires militants (ils ne seront que défrayés) ou membres de soutien (adhérents).

Ma méthode d’enquête et ma place dans le stage

Lors de ce stage et de cette enquête j’ai réfléchi à l’élaboration d’une méthodologie sociologique qui pourrait mêler l’empirique à la théorie sans que l’une prenne le dessus sur l’autre. Tout au long de cette réflexion mon regard s’est transformé et j’ai souvent changé d’angle d’approche. Par ailleurs, j’ai dû m’adapter au terrain de stage mais aussi aux contraintes universitaires et personnelles.

L’élaboration d’un thème d’enquête

Cette année la commande universitaire était de réaliser un stage de sociologie dans la mesure où j’effectue un master professionnel. Le problème étant de le trouver rapidement afin de délimiter ma recherche. J’ai donc fait au plus vite en prenant un lieu que je connaissais et qui m’a souvent questionnée ; l’association dans laquelle je suis militante, les Ceméa. En revanche, lors de nos premières rencontres avant les grandes vacances, aucune commande n’ayant été soulevée, nous sommes donc partis de la thématique de l’an dernier : le décrochage scolaire à travers les ateliers relais. Les Ceméa y étant impliqués, j’ai voulu poursuivre la recherche. Mais les vacances d’été étant passées, nous nous sommes remis d’accord sur un stage de sociologie exclusivement consacré à l’association et non à l’atelier relais, qui, dans un premier temps, n’allait pas répondre aux contraintes temporelles du stage (35 heures), et dans un second temps, qui était un sujet sur lequel je n’avais plus envie de travailler.
Ainsi, nous partions avec l’idée que ce mémoire post-stage serait consacré à l’association. C’est ainsi, que j’entamais un semestre avec de nombreux axes de recherche mais aussi un foisonnement de questions que j’ai réussi à trier et à classer très tardivement et seulement à partir de mes connaissances sur les Ceméa : Macro
 Que veut dire « éducation populaire » et comment ce terme est apparu historiquement ?
 Quelle est l’évolution historique du terme « militant » ?
 Comment se transforme le monde associatif ? Méso
 Comment se définit-on militant des CEMEA ?
 Y a-t-il des carrières militantes ?
 Comment les Ceméa répondent à la commande étatique ?

Par l’arrivée de l’expertise et des appels d’offre

Les subventions et la légitimité accordées aux Ceméa en PACA mais aussi au niveau national s’accompagne d’un phénomène important : l’arrivée de l’évaluation et de l’expertise au sein de l’association. En effet, lors des entretiens d’anciens militants que nous avons réalisés, nous avons pu constater la prégnance de cette arrivée au sein de l’association. Ils évoquent ainsi l’expertise comme un tournant dans l’histoire des Ceméa. Et nous allons tenter de comprendre pourquoi.

Les Ceméa, une association qui répond à des appels d’offre et qui propose des services d’évaluation

Nous ne pouvons pas connaître avec certitudes le budget accordé aux Ceméa pour répondre aux différentes commandes publiques. En revanche, nous savons que ces subventions sont liées au développement des dispositifs mis en place par différents acteurs comme l’Etat, la préfecture, etc.
Ainsi, le pacte de Sécurité et de Cohésion Sociale pour Marseille peut être considéré comme une commande publique dans la mesure où c’est l’Etat qui a demandé aux associations d’intervenir dans la mise en place de ce dispositif en tant qu’expert du social. Mais la Préfecture n’a pas demandé à n’importe quelle association dans la mesure où il y a eu une sélection en amont de ces acteurs.
Lorsque je demande au directeur adjoint la raison de l’absence de l’IFAC (un organisme de formation concurrent des Ceméa) par exemple, il me répond que « la préfecture a bien conscience de qui ils sont ». Il en va de même pour une autre association qui a été mise de côté par la préfecture pour son manque de professionnalisme. Ainsi, les Ceméa ont été reconnus par la préfecture comme partenaires et acteurs du Pacte, c’est pour cela que leur projet a été validé et qu’ils ont pu obtenir des financements conséquents.
Il en va de même pour la Réforme des rythmes scolaires. En effet, l’association a été appelée par certaines villes afin de les aider à mettre en place la réforme dans la mesure où elle est habilitée à intervenir et où elle possède une légitimité en tant qu’association « partenaire de l’école » depuis 1989. Par exemple, en 2013, la ville de Vitrolles (13) a fait appel aux Ceméa pour réfléchir à la réorganisation des accueils de loisirs extra-scolaires ; c’est-à-dire en dehors de l’école. L’association a donc mandaté 2 militants salariés et 1 militant non salarié qui ont dû réaliser sur le terrains des entretiens avec les animateurs, les directeurs, les coordonnateurs, les responsables du secteur jeunesse de la mairie et les élus. Ensuite, ils ont établi une liste de proposition qu’ils ont présentée aux différents acteurs de la Réforme. Cette action peut être définie comme un audit dans la mesure où c’est une démarche méthodique qui consiste à examiner une fonction, une activité ou un organisme par une personne indépendante à partir d’un référentiel normé pour apprécier la qualité des résultats et proposer des recommandations d’amélioration.
Pour prendre un deuxième exemple sur la Réforme, en 2014, la ville de Miramas (13) a demandé aux Ceméa, une aide pour « la mise en place d’activités périscolaires de qualité ». Ainsi, un salarié a été chargé d’accompagner le service jeunesse de la Mairie dans la mise en place de la Réforme. Il a d’abord participé aux réunions de préparation et s’est ensuite rendu dans les écoles pour évaluer la mise en place sur le terrain de la Réforme. Par ailleurs, ce partenariat entre la ville de Miramas et les Ceméa n’est pas nouveau car depuis plusieurs années, il existe une convention pour faire partir des jeunes de la commune en stage BAFA. L’association possède donc déjà une certaine légitimité dans la commune liée à sa réputation mais aussi au réseau présent à la mairie. Ici, c’est bien une évaluation qui a été menée car ce salarié des Ceméa a mesuré la valeur d’un objet évalué. Il a aussi participé à la mise la mise en œuvre des objectifs et des outils d’évaluation. Afin de savoir si l’objectif a été atteint sur le terrain.
Par ailleurs, plusieurs actions de la sorte ont été conduites dans les villes de Monteux (84), Annot (04), Mallemort (13), ou encore Eyguilles (13) soit pour aider à la rédaction du Projet Educatif de Territoire, soit pour aider à la mise en place de la Réforme sur le terrain. On voit donc que les Ceméa PACA sont considérés comme « experts » de la question éducative et scolaire par certaines collectivités. C’est aussi une image que les militants (notamment les permanents du secteur école) se sont construite pour avoir plus de légitimité sur le terrain. D’ailleurs, ce partenariat profite aux collectivités car l’association peut compléter leur travail sur le terrain ou le territoire, voire parfois, faire le travail d’accompagnement à leur place. Ce qui confère aussi à l’association une rentréed’argent conséquente.

Les Ceméa, « diagnostiqués » de l’intérieur

Dans ce deuxième point, je voudrai aborder une vision interne des diagnostics réalisés aux Ceméa, pour les Ceméa et par eux. Pour mieux comprendre ces trois aspects de l’évaluation présents au sein de l’association, il est nécessaire de donner des exemples.
Une évaluation d’une action faite par les Ceméa Par exemple, dans le cadre du projet « éducation entre pairs », financé par la Préfecture, qui consiste à former des lycéens et des collégiens à ce qu’ils soient des acteurs de la prévention sur les thématiques de santé au sens large, les Ceméa PACA font appel à un chercheur en psychologie sociale de l’université Nice-Sophia Antipolis. Cette personne est chargée d’évaluer l’impact du projet.
Les Ceméa font appel à cette évaluation car cela a apporté une plus-value auprès de la Préfecture. En revanche, sur le terrain, on ne sait pas si l’on peut qualifier cette enquête d’évaluation dans la mesure où, pour l’instant, il n’a été fait que des entretiens téléphoniques avec les responsables de l’action et le chercheur n’est pas allé sur le terrain auprès des collégiens et lycéens voir comment le dispositif se déroulait. Il a fait distribuer (par la responsable Ceméa du dispositif) une fiche d’évaluation aux élèves du dispositif. Sur cette fiche, les bénéficiaires du dispositif doivent choisir une thématique sur laquelle ils vont s’informer et vont retranscrire aux autres élèves non bénéficiaires, puis doivent la décrire en 5 mots, qu’ils doivent par la suite classer par ordre d’importance. Il leur a aussi fait passer (toujours par l’intermédiaire de la responsable) un questionnaire d’altruisme, tous deux à remplir en début et en fin d’évaluation. Comment peut-on évaluer un dispositif avec uniquement du recueil de fiches et de questionnaire, sans voir les coulisses du dispositif et ce qu’il se passe réellement ? Faire une évaluation c’est aussi enquêter auprès des publics bénéficiaires. C’est une sorte de suivi avec des paliers au début et à la fin du dispositif, sauf que l’on ne sait pas si cette personne possède un tableau de bord avec des critères d’observation et d’évaluation. Se pose alors la question des conditions de réalisation de l’enquête, de la manière dont les élèves répondent à ce questionnaire et comment sont traitées les données. Par ailleurs, un questionnaire seul ne permet pas d’analyser le processus qui conduit les personnes à y répondre. De plus, cette évaluation pourrait s’apparenter à une sorte de vitrine qui légitimerait le projet auprès des financeurs dans une optique de pérennisation du dispositif.

Une démarche qualité sur les Ceméa

Lors de l’année 2012, les Ceméa ont dû se confronter à une commission de labellisation de la qualité de leurs formations faite par le conseil régional. Des « experts » de la Région sont donc venus et ont observé la qualité pédagogique et surtout matérielle. Ils ont ensuite fait des recommandations pour que l’association puisse obtenir le label appelé « démarche qualité ». A la suite de cela, les Ceméa l’ont obtenu. Ce qui leur confère une certaine légitimité auprès des collectivités qui sont déjà leurs partenaires dans la mesure où ils leur commandent des formations.
Cette démarche qualité était donc très importante pour l’association. Par ailleurs, des militants ont été mobilisés afin de faire des actions de nettoyage des locaux, d’organisation des lieux, etc. Mais surtout, ils doivent signer une feuille de présence lors de chaque regroupement afin de montrer qu’il y a de nombreux militants aux Ceméa et qu’ils sont actifs.

Un « audit » sur une action des Ceméa

Cette année, les Ceméa ont accepté deux stagiaires ; un en école d’éducateur spécialisé et l’autre en école de service social, pour pouvoir mettre en place un partenariat entre des structures et leurs écoles. Ils doivent aussi monter des partenariats entre leur structure d’accueil et d’autres associations. Sur le papier, cela prend la forme d’un audit car ils ont comme objectif d’améliorer les partenariats entre les Ceméa et d’autres associations. Seulement, sur le terrain, les Ceméa les ont accepté en stage pour une raison différente ; c’est, d’un côté, pour embaucher de la main d’œuvre militante sur des actions qui ne sont pas prisées par les autres militants comme intervenir sur la formation d’animation professionnelle de niveau V (Brevet d’Aptitudes Professionnelles d’Assistant Animateur Technicien). Très peu de militants s’engagent dans cette action et vont aider son responsable. Seulement, les deux stagiaires ont proposé d’y aller car c’est l’action des Ceméa qui se rapprochait le plus du domaine social ; leur domaine. Et de l’autre, cela rendait service à un des deux stagiaires, militant au Ceméa depuis 3 ans. On remarque donc que les Ceméa n’ont pas vraiment besoin de cet « audit » et cela n’intéresse pas plus ses dirigeants qui ont laissé faire les deux stagiaires dans la mesure où ils rendent service à l’association en étant présents sur des actions délaissées par les autres militants.

Les Ceméa, une association qui évolue au fil du temps

C’est au travers de cette sous-partie que nous allons essayer de comprendre l’histoire de l’association mais aussi comment elle va structurer l’engagement militant. Nous retracerons alors l’histoire des Ceméa au niveau national mais aussi au niveau régional, notamment à travers la région PACA. Grâce à l’histoire de cette association, nous pourrons ainsi comprendre comment elle
fonctionne et quelles en sont ses particularités. Puis nous poursuivrons avec l’analyse de son fonctionnement au niveau militant et comment elle va organiser, renforcer, créer l’engagement militant. Pour enfin analyser l’institutionnalisation de certaines pratiques militantes et en quoi elles font échos aux choix politiques faits par l’association, contrainte aussi dans un espace de politiques publiques plus large.

Une histoire collective de l’association

Afin de mieux comprendre comment cette association est née, comment elle se développe et donc, par là même comprendre son impact sur les engagements militants et son mode de structuration, il est nécessaire de se focaliser sur son histoire. Nous nous appuierons successivement sur le livre Les CEMEA qu’est-ce-que c’est ? de D.BORDAT qui retrace l’histoire de l’association de 1937 à 1976 puis sur Passeurs d’avenir, d’un de ses successeurs au poste de directeur (délégué) général de l’association, J-M.MICHEL pour la période 1976-1995.
Ainsi, le premier stage des « Centre d’entrainement pour la formation du personnel des colonies de vacances et maisons de campagne des écoliers » a eu lieu du 25 mars au 2 avril 1937 à Beaurecueil (13) près d’Aix-en-Provence. Il est considéré comme l’acte fondateur des Ceméa, et on en retrouve un récit quasi mystique dans le journal « Marianne » d’Avril et Mai 1937, dont quelques lignes sont retranscrites dans l’ouvrage d’un ancien Délégué Général de l’Association, D.BORDAT . Par ailleurs, il est intéressant de noter que ce premier stage (qui a accueilli une cinquantaine de participants) a été subventionné par le ministre de la Santé Publique Henri Sellier, et promu au sein de son administration par le ministre de l’Education Nationale Jean Zay.

Un parcours mouvementé pour les Ceméa PACA

Si l’association nationale s’est transformée et a évolué en fonction des préoccupations sociales et des politiques publiques, les Ceméa PACA ont aussi suivi cette mouvance.
En effet, elle réunit deux anciennes délégations, liées aux académies de Nice (1965) et d’AixMarseille (1947). Qui, avec la décentralisation en 1984-1985, deviennent l’AT Côte d’Azur et l’AT Provence. Ces deux associations ne suivent pas la même route dans la mesure où celle de Côte d’Azur s’engage dans la formation professionnelle et l’insertion tandis que celle de Provence setourne vers les formations volontaires. C’est en 1996 qu’elles fusionnent pour devenir l’AT ProvenceAlpes-Côte-d’Azur qui suit aussi un découpage régional. En revanche, les militants ne parlent pas de fusion mais plutôt d’«absorption » dans la mesure où les Ceméa Côte d’Azur ne pouvaient plus s’auto financer. Cette fusion n’a pas été bien vécue par certains militants, ceux qui l’ont vécu à Marseille en parlent, et ceux de Nice ne sont pas restés mis à part quelques-uns. « Les formations sur l’insertion ont été poussées par le national. Mais la difficulté c’est que l’Etat est très mauvais payeur, car il paye en retard, c’est donc la difficulté des paiements aléatoires.
C’est ça qui a, en partie, précipité leur perte financière. Du coup leur responsable a été licencié, beaucoup de leurs militants sont partis sauf Samuel qui est resté. Il y a eu tout un courant qui a dit, nous on les a soutenu dans leurs actions, on les soutient dans leurs difficultés, ce n’est pas leur faute, c’est aussi à cause du national. »

Les Ceméa, une instance de socialisation secondaire

Aux vues de l’importance de cette association et de sa continuité dans le temps, il est nécessaire de se demander comment peut-elle mobiliser autant de militants et comment s’organiset-elle pour les maintenir en son sein. Lors des entretiens mais aussi de la connaissance du fonctionnement de cette organisation, deux concepts nous sont apparus comme pertinents afin de répondre à ces questions ; l’identité collective et le capital social collectif. Ainsi, en s’appuyant sur ces concepts, nous démontrerons en quoi cette association produit une socialisation secondaire de par son fonctionnement mais aussi de par les militants qui la composent et la maintiennent en vie.

Le développement d’une identité collective

Le concept d’identité collective revêt plusieurs aspects et soulève de nombreuses questions.
En effet, l’identité a souvent été questionnée au sein de plusieurs sciences sociales comme la psychologie, la sociologie ou encore la géographie. C’est aux Etats-Unis, dans les années 1960, que le terme identité est apparu. Notamment à partir des travaux d’ERIKSON. BARBIER, en 1996 la définit ainsi : « la notion d’identité est d’abord une construction mentale et discursive que les acteurs sociaux opèrent autour d’eux-mêmes ou autour d’êtres sociaux avec lesquels ils sont en contact, dans une situation ayant pour enjeu immédiat dominant la relation qu’ils entretiennent ».

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Table des matières
Introduction 
I. Un objet de recherche qui possède de nombreuses facettes 
A. Les Ceméa, l’éducation populaire et l’éducation nouvelle
B. Le fonctionnement de l’association en Provence-Alpes-Côte-D’azur
II. La méthodologie de l’enquête
A. La question de départ et les hypothèses
B. Ma méthode d’enquête et ma place dans le stage
Partie 1 : Le contexte scientifique, historique, politique et social de l’associatif et du militantisme
I. Etat des lieux de la recherche sur les mouvements sociaux et l’engagement militant
A. Une pluralité de paradigmes sur les mouvements sociaux
B. L’engagement militant, un travail sur les paradigmes pour dépasser les vieux clivages
II. Le milieu associatif en France, entre tensions et transformations
A. Qu’en est-il du monde associatif aujourd’hui ?
B. La mise en place d’un marché associatif
III. Les Ceméa, une association liée à l’Etat
A. Par les subventions
B. Par l’arrivée de l’expertise et des appels d’offre
Partie 2 : Les Ceméa ; une association qui se transforme et qui organise collectivement l’engagement militant 
I. Les Ceméa, une association qui évolue au fil du temps
A. Une histoire collective de l’association
B. Un parcours mouvementé pour les Ceméa PACA
II. L’institutionnalisation des pratiques militantes
A. Pourquoi et comment les Ceméa s’institutionnalisent ?
B. Qu’est-ce que cela créé au sein de l’association territoriale?
III. Les Ceméa, une instance de socialisation secondaire
A. Le développement d’une identité collective
B. Un maintien du lien affectif, le vecteur d’un capital social collectif
Partie 3 : Les militants, au cœur de l’association 
I. Des parcours militants
A. La découverte de l’association, un vecteur d’entrée
B. Un parcours en constante mutation
II. La question de l’engagement militant
A. Les raisons et les causes du militantisme, une théorie mise à l’épreuve
B. Une définition de l’engagement faite par les militants
III. Comment les militants perçoivent et agissent sur l’association
A. Des avis partagés sur les transformations de l’association
B. La question du désengagement ou du non-engagement
Conclusion de la recherche 
Bibliographie

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