Les causes et les manifestations de la dégradation des sols
La dégradation est « une caractéristique du fonctionnement du cycle externe de la terre qui est absolument essentielle à l’homme, et à la vie en générale » (A. Jambon et A. Tomas, 2009). Cependant, l’être humain par ses activités, a accéléré les processus, voire créé d’autres facteurs à ce phénomène. Au Sénégal, la dégradation des terres constitue un obstacle majeur au développement, car plus de 70 % de la population sénégalaise tire leurs moyens de subsistance des terres (INP, 2010). Fatick est l’une des régions du Sénégal les plus touchées. Ce fléau est dû à la fois à des facteurs naturels et anthropiques.
Les facteurs naturels de la dégradation des sols
Les déterminants naturels de la dégradation des sols dans la CR de Nioro Alassane Tall sont :
✓ la variabilité climatique (sécheresse/variabilité interannuelle de la pluviométrie) ;
✓ l’érosion différentielle (éolienne et hydrique…) ;
✓ la dégradation chimique (salinisation, acidification) ;
✓ la dégradation biologique (perte de fertilité), etc.
La variabilité climatique
La variabilité climatique est le principal facteur de la destruction des sols. Elle s’est annoncée par une sécheresse, qui est apparue durant les années 1970 au Sénégal et dans le sahel. La sécheresse se manifeste par une baisse importante des précipitations et par une augmentation des températures. Elle engendre la fragilisation des écosystèmes dénudés et les expose aux phénomènes d’érosion éolienne et hydrique. Elle entraîne aussi le tarissement des eaux de surface et des eaux souterraines. Cette siccité est caractérisée au Sénégal par un déplacement des isohyètes vers le Sud.
La CR de Nioro Alassane Tall, située entre 13°N et 46°N de latitude et 16°W et 20°W de longitude (région de Fatick), était intéressée par l’isohyète 1100 mm entre 1931-1960. Cette période correspondait à une phase humide. Mais, entre 1961-1990, il y a une nette régression de la pluviométrie qui passe de 1000 mm en 1960 à 800 mm en 1970. Et cette baisse s’est poursuivie en 2000. Le cumul était alors de 500mm.
La variabilité interannuelle par rapport à la moyenne (1981- 2010)
La péjoration climatique se manifeste aussi par une variabilité interannuelle de la pluviométrie par rapport à la moyenne annuelle de la série 1981-2010. Des déficits importants sont notés en 1983, 1991 et 2007 (plus de 50 %) et des excédents aussi .
L’érosion différentielle
Dans la CR de Nioro Alassane Tall, la dégradation des terres est la principale contrainte au développement. Elle se manifeste sous diverses formes avec l’érosion hydrique (97 % des réponses) et éolienne (29,33 %), la salinité (2,7 %) la dégénérescence des sols, etc. D’après le tableau suivant (tiré des réponses données par les populations de la CR, elle est présente dans la CR sur presque toutes les formes).
L’érosion hydrique
L’érosion hydrique est causée par la pluie avec le ruissellement des eaux. Elle se caractérise par le détachement des particules du sol (désagrégation) sous l’impact des gouttes de pluies (splash) et se manifeste durant la saison pluviale. Par le ruissellement, les particules des horizons superficiels sont emportées laissant parfois apparaître le substratum. D’après le CSE (2010), « l’érosion hydrique sévit de manière importante dans plusieurs régions du Sénégal, en raison de la forte sensibilité des sols à ce phénomène… ». Elle est responsable de « 77 % des terres dégradées du pays » (Sadio, 1985). La région du Sine-saloum fait partie de l’une des zones les plus touchées ; elle se trouve « dans les formations ferrugineuses sur pentes et reposant sur des cuirasses ou gravillons » (CSE, 2010) .
En fait, la CR est installée sur une dune ogolienne. Ainsi, le ruissellement des eaux de pluie y entraîne les particules vers la vallée en créant des rigoles et des ravins faisant apparaître la cuirasse dans les villages de Ndiaw Malick, Pakala etc.
Les résultats de l’enquête présentent l’érosion hydrique (97 %) comme la première cause de la dégradation des terres. Elle est le résultat de plusieurs processus complexes liés à des facteurs naturels et anthropiques. Les facteurs physiques de l’érosion hydrique sont liés au climat, à la géologie, au relief, à la pédologie et à la végétation (INP, 2010).
– L’intensité de la pluie : dans la zone Nord soudanienne, les précipitations se présentent souvent sous formes d’averses (pluie subite et abondante). Ce qui favorise le décapement de la couche superficielle du sol.
– Le gradient et la longueur de pente : la CR se localise sur une dune Ogolienne érodée avec des pentes faibles favorisant ainsi le phénomène d’érosion hydrique.
– Les caractéristiques du sol : les sols que l’on rencontre en majorité dans la CR sont des sols ferrugineux. Ce sont des sables (particules non solidaires) qui sont favorables au déplacement par les eaux courantes.
– L’absence de couverture végétale : avec la régression voire même la disparition de la couverture végétale, le sol est exposé à l’impact des gouttes de pluie, de même qu’il n’y a pas d’obstacle pour freiner la vitesse des eaux courantes.
l’érosion éolienne
L’érosion éolienne est le déplacement des particules meubles par le vent. En effet, sa manifestation « est favorisée par certaines caractéristiques qui sont d’ordre climatique, pédologique et des modes inappropriées d’utilisation des terres » (Fall, 1995). Elle est le deuxième facteur de la dégradation des terres dans la CR. Elle vient après l’érosion hydrique et contribue pour 29 % à la dégradation des sols. Les sols à texture sableuse sont les plus touchés. Le caractère sableux des sols ferrugineux tropicaux fait que le milieu d’étude est un espace sensible. Ce qui rend fragile la couche arable et contribue à la détérioration du sol « et à la diminution de sa fertilité » (Fall O., 2002). En dehors des conséquences précitées, elle est la cause de « l’ensevelissement des cuvettes maraîchères, des mares et des axes routiers ainsi que le déchaussement des racines de certains arbres » (CSE, 2010) .
Elle se manifeste seulement durant la saison sèche ; période à laquelle les vents d’Est monopolisent la circulation aérologique. Ils ont des vitesses de 2,9 m/s en moyenne en mars. Ce qui est faible pour causer une érosion, mais l’absence du couvert végétal rend possible le déplacement de sédiments. L’apparition du phénomène est enregistrée avec l’arrivée de la sécheresse (1970) qui a, en partie entrainé la déforestation et a laissé les sols nus exposés au vent. Les conséquences que l’érosion éolienne peut provoquer sont : la disparition de la couche épidermique du sol, qui entraine la baisse de la fertilité, l’ensevelissement des vallées, des cuvettes maraichères.
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Table des matières
Introduction générale
Présentation de l’aire d’étude
Synthèse bibliographique
Problématique
Méthodologie de recherche
Définition des concepts
PREMIERE PARTIE PRESENTATION DU MILIEU
Chapitre I : Le milieu physique
Chapitre II : Les aspects humain et économique
DEUXIEME PARTIE DEGRADATION DES SOLS
Chapitre I : Les causes et les manifestations de la dégradation des sols
Chapitre II : Les impacts de la dégradation des sols
TROISIEME PARTIE PROBLEMATIQUE DE LA CONSERVATION DES SOLS
Chapitre I : Les stratégies de conservation des sols
Chapitre II : Les impacts positifs et négatifs des stratégies de conservation des sols
Conclusion générale
Bibliographie
Liste des tableaux
Liste des cartes
Liste des photos
Annexes