Le changement climatique (CC) est une notion avancรฉe depuis plusieurs dรฉcennies et couvrant un large champ d’expertise. Selon le GIEC, une entitรฉ chargรฉe dโinventorier et de compulser les rรฉsultats de recherches portant sur le CC, ce dernier se dรฉfinit comme un changement dans l’รฉtat du climat qui peut รชtre identifiรฉ, via des tests statistiques, par des modifications dans les moyennes et/ou les variabilitรฉs de ses propriรฉtรฉs. Ces changements sโรฉtalent sur des pรฉriodes de temps importantes : des dรฉcennies ou plus. Il renvoie ร tout type de changement du climat sur le temps, qu’il soit dรป ร des variations naturelles ou ร l’activitรฉ humaine. Cette dรฉfinition diffรจre de celle de la Convention-cadre des nations unies sur les changements climatiques, qui ne traite du CC que par la dimension qui le relie directement ou indirectement aux activitรฉs humaines ayant altรฉrรฉ la composition de lโatmosphรจre et ce en addition aux variabilitรฉs climatiques naturelles observรฉes sur une pรฉriode de temps comparable (Unfccc,art.2) . Cette incompatibilitรฉ, ou tout du moins cette divergence dans les dรฉfinitions est clairement exposรฉe dans l’article (Pielke 2004), dans lequel les auteurs la pointe du doigt comme un obstacle majeur de rรฉponse efficace entre observation scientifique et action politique. Nรฉanmoins, chaque organisme s’accorde sur le fait quโexistent une dimension naturelle et une dimension anthropique du changement climatique.
Les Causes du Changement Climatiqueย
Dimension naturelleย
Le CC naturel est un phรฉnomรจne dont l’occurrence remonte ร l’apparition de lโatmosphรจre sur terre. Allant de la plus grande รฉchelle ร la plus petite, le CC naturel s’explique en partie par :
1- Les variations orbitales de la terre dans sa rotation autour du soleil ainsi que dans son inclinaison par rapport ร son axe, dรฉcrit par la thรฉorie des cycles de Milankovitch que sont le cycle dโexcentricitรฉ, le cycle dโobliquitรฉ et le cycle de prรฉcession des รฉquinoxes (cf. Figure 1). Ces cycles sont responsables de l’augmentation ou de la diminution de la quantitรฉ d’รฉnergie solaire reรงu par notre planรจte et provoquent des montรฉes ou des chutes dans les tempรฉratures ร des intervalles de temps calculables. Le cycle dโexcentricitรฉ possรจde une pรฉriode d’environ 100 000 ans. L’orbite de la terre sโallonge et devient plus elliptique, รฉloignant la Terre du Soleil pour une plus longue pรฉriode de temps quโร lโaccoutumรฉe. Ainsi la planรจte reรงoit moins d’รฉnergie solaire et se refroidit. Le cycle dโobliquitรฉ modifie l’axe d’inclinaison de la terre tous les 41 000 ans ร peu prรจs. Cela amรจne les masses continentales de l’hรฉmisphรจre nord ร faire plus ou moins face au soleil. Le cycle de prรฉcession, d’une pรฉriode de retour d’environ 26 000 ans, influence l’oscillation de l’axe polaire ce qui influence le climat terrestre en causant des hivers et les รฉtรฉs plus chauds ou froids selon la quantitรฉ de surface continental plus ou moins exposรฉe au soleil (Global Warming Natural Cycle โ OSS Foundation.; Rochester 1970).
2- La quantitรฉ de masse continental faisant face au soleil. Les modรจles de palรฉoclimatologie semblent montrer que la Pangรฉe, le supercontinent qui connectait l’ensemble des masses continentales terrestres il y a 250 millions d’annรฉes, jouait un rรดle sur le climat. En effet, le degrรฉ d’exposition et l’angle d’exposition de cette super masse continentale vers le soleil pourrait aisรฉment induire une hausse, ou au contraire ร une chute des tempรฉratures globales (Global Warming Natural Cycle โ OSS Foundation). ร cela vient รฉgalement s’ajouter lโalbรฉdo de la surface terrestre, qui correspond ร la propriรฉtรฉ d’un substrat (surface ocรฉanique ou continental) ร rรฉflรฉchir tout ou partie de l’รฉnergie solaire reรงue. Lโarticle (Qu et Hall 2006) montre par exemple que des incertitudes sur lโรฉvolution de lโalbedo de lโhรฉmisphรจre Nord augmentent les variabilitรฉs dans les rรฉsultats de modรจles de projection dโรฉvolution climatique.
3- La composition chimique de lโatmosphรจre qui change ses propriรฉtรฉs de rรฉflexion, captation et conservation de l’รฉnergie solaire. Par exemple le climat รฉtudiรฉ sur 65 millions d’annรฉes montre quโun refroidissement important sโest produit il y a de cela environ 7 millions d’annรฉes. Selon les sources scientifiques, les hautes tempรฉratures connues avant cette pรฉriode ont impliquรฉ le relargage d’une grande quantitรฉ de mรฉthane dans lโatmosphรจre, provoquant une nette augmentation des tempรฉratures globales. Sur une รฉchelle de temps plus restreinte, les รฉtudes semblent montrer que sur les 450000 derniรจres annรฉes, le taux de CO2 en partie par million dans lโatmosphรจre suit un profil de fluctuation quasi identique ร celui des tempรฉratures moyennes globales (cf. Figure 2) ( Global Warming Natural Cycle โ OSS Foundation ; Petit et al. 1999) .
Le climat semble suivre un cycle dans lequel les tempรฉratures moyennes fluctuent, menant ร des pรฉriodes de glaciation entrecoupรฉes par des vagues de chaleur interglaciaires dont le pic semble en moyenne s’รฉtaler sur prรจs de 5000 ans, avec l’ensemble de la vague s’รฉtalant sur prรจs de 30 000 ans. Selon les รฉtudes palรฉoclimatiques, la pรฉriode actuelle correspond ร la sortie de la vague de chaleur interglaciaire et au dรฉbut de la dรฉcroissance moyenne des tempรฉratures mais non ร une nouvelle รจre glaciaire. Il semble รฉgalement que la Terre soit entrรฉe dans la pรฉriode dโaphรฉlie (distance maximale par rapport au soleil) du cycle dโexcentricitรฉ de Milankovitch, devant logiquement entraรฎner une baisse des tempรฉratures. Or, les รฉtudes rรฉcentes des variations de tempรฉratures montrent au contraire une augmentation de cette derniรจre ร lโรฉchelle globale (Petit et al. 1999; Paleoclimatology Data | National Centers for Environmental Information (NCEI)). Pour expliquer ce phรฉnomรจne, le monde scientifique fait consensus autour de lโhypothรจse selon laquelle ce sont les activitรฉs humaines ร partir de la pรฉriode industrielle qui en sont responsables. Nรฉanmoins, et bien quโappartenant ร des รฉchelles diffรฉrentes, l’ensemble des facteurs prรฉcรฉdemment citรฉs semble bien plus important que l’activitรฉ humaine des derniers siรจcles et son impact potentiel sur l’environnement et le climat en gรฉnรฉral.
Dimension anthropiqueย
Lโhypothรจse des actions anthropiques comme causes de lโorientation actuelle du CC est motivรฉe par la nature des pollutions รฉmises par les activitรฉs humaines. Naturellement, lโeffet de serre est la rรฉsultante de la rรฉflexion, par l’atmosphรจre, de l’รฉnergie provenant du soleil, qui normalement devrait รชtre rรฉรฉmise vers l’espace sous forme de rayonnement infrarouge (cf. Figure 3). Ce phรฉnomรจne a toujours eu lieu et est principalement causรฉ par les composรฉs chimiques de lโatmosphรจre, ainsi modifiรฉ les proportions des รฉlรฉments de lโatmosphรจre entraรฎnent une modification de ses propriรฉtรฉs. Parmi les gaz naturellement responsables de lโeffet de serre se retrouvent le mรฉthane, lโozone, les gaz fluorรฉs et lโoxyde dโazote. Mais les deux composรฉs principalement prรฉsents dans le milieu sont la vapeur dโeau et le dioxyde de carbone. En concentration normal ces gaz participent ร lโeffet de serre naturel ayant entre autres permis le dรฉveloppement de la vie sur Terre telle quโelle est connue aujourdโhui. Nรฉanmoins, lโusage massif de combustibles fossiles, la dรฉforestation et l’รฉlevage intensif d’animaux pour la consommation ont entraรฎnรฉ des รฉlรฉvations non naturelles de ces gaz et composรฉs dans lโatmosphรจre. L’utilisation de carburants fossiles produit du dioxyde de carbone et de l’oxyde d’azote. La dรฉforestation entraรฎne la destruction des milieux les plus efficaces pour rรฉguler les quantitรฉs de CO2 dans lโatmosphรจre et le stock de carbone fixรฉ par les arbres est libรฉrรฉ lorsque ces derniers sont brรปlรฉs, ajoutant ce carbone ร l’effet de serre. L’augmentation de la quantitรฉ d’animaux d’รฉlevage, notamment bovins et ovins, entraรฎne un plus grand relargage de mรฉthane produit par leur digestion. Les engrais riches en azote relarguent fortement des oxydes d’azote dans lโatmosphรจre. Et pour finir les gaz fluorรฉs, pouvant atteindre 23 000 fois la capacitรฉ de rรฉchauffement du CO2, ils sont principalement relarguer, en moins grande quantitรฉ, par l’industrie et ils font l’objet de fortes rรฉgulations par l’Union europรฉenne. Parmi les รฉlรฉments citรฉs ci dessus le CO2 reste le gaz ร effet de serre le plus massivement produit par les activitรฉs humaines. Il est estimรฉ รชtre responsable de 64% du CC d’origine humaine constatรฉ aujourd’hui. Selon les derniรจres estimations sa concentration dans lโatmosphรจre serait 40% supรฉrieure ร ce qu’elle รฉtait avant l’รจre industrielle. Les autres gaz sont รฉmis ร de moins forts taux que le CO2 mais ils possรจdent des propriรฉtรฉs de captation de l’รฉnergie supรฉrieures ร ce dernier. Le mรฉthane, par exemple, est ร lui seul responsable de 17% du CC observรฉ (Dhillon et al. 2013; Causes of climate change | Climate Action). En plus de ces รฉlรฉments, de plus en plus de preuves de lโimplication des aรฉrosols dans le CC ont รฉmergรฉ durant les derniรจres dรฉcennies (Mitchell et Johns 1997). Selon le CNRTL, un aรฉrosol se dรฉfinit comme une ยซ suspension, dans l’air ou dans un gaz, de particules solides ou plus gรฉnรฉralement liquides, et trรจs fines ยป. Outre les particules et les composรฉs chimiques prรฉsents dans lโatmosphรจre, lโusage et lโoccupation du sol sont des facteurs dont lโimpact sur le CC restent grandement mรฉconnus. Il semble nรฉanmoins que lโoccupation du sol influe sur les variations climatiques locales (Pielke et al. 2011). Les modรจles de prรฉdictions semblent ne pas prendre en compte de maniรจre suffisante les effets de cette variable dans la mesure du CC.
Lโoccupation du sol nโest pas un phรฉnomรจne isolรฉ et dont le seul fondement est lโactivitรฉ รฉconomique ou industrielle. Dans la prรฉface du livre ยซ Climate Change: Causes, Effects, and Solutions – John T. Hardy – Google Livres ยป (p. 9), lโauteur dรฉclare que 99% des humains ayant jamais existรฉs รฉtaient en vie au moment de lโรฉcriture de son ouvrage. Il estime quโune explosion dรฉmographique sans prรฉcรฉdent ร toucher lโhumanitรฉ ร partir du XIXรจme siรจcle. Il attribue ce phรฉnomรจne ร lโinnovation mรฉdicale et technologique sans prรฉcรฉdent survenu pendant cette pรฉriode. Logiquement, la dรฉmographie croissante entraรฎne un besoin plus important en installations et en infrastructures. Et de par les besoins de cette population en produits de consommation et en services, rรฉsultant en la production de dรฉchet, la dรฉmographie est reconnue comme lโun des facteurs important sous tendant le CC anthropique ร lโรฉchelle globale (Cohen 2016). Nรฉanmoins, la population humaine nโest pas rรฉpartie de maniรจre homogรจne sur la planรจte, ni mรชme sur les surfaces continentales (Samson et al. 2011), et les effets populationnels sur la dynamique locale du CC, notamment pour produire des rรฉponses adaptรฉes, est un champ de recherche de plus en plus dรฉveloppรฉ (Wu et al. 2010; Mitchell et Johns 1997). Mais, aprรจs avoir รฉtabli la liste des causes du CC, il faut รฉgalement comprendre ce quโen sont, ou seront potentiellement, les consรฉquences.
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Table des matiรจres
Introduction
Les Causes du Changement Climatique
Dimension naturelle
Dimension anthropique
Les Consรฉquences du Changement Climatique
Le Changement Climatique : bien plus que quelques degrรฉs de plus
LโEau et le Changement Climatique
Le cycle de lโEau et lโHumanitรฉ
La Lutte contre le Changement Climatique
Analyse
Evaluer le risque globalement et localement
Acteurs publics locaux ou globaux ; qui dรฉcide ?
Les Pourvoyeurs dโanalyses et de conseils
Identifier les rรฉponses possibles
Rรฉglementations et systรจmes dโinformation
Les amรฉnagements
La dรฉcision finale : entre rรฉponse au CC et gestion de conflit
Les difficultรฉs de la prise de dรฉcision
Les aides financiรจres
Discussion
Conclusion
Bibliographie
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