L’enfant est, pour les Malgaches, la première des richesses et la femme source de vie. Cependant, malgré cette valeur de la femme « source de vie », sa place est plus ou moins négligée et même ignorée à travers l’histoire qu’à l’heure actuelle. Excepté naturellement le rôle maternel ou la fonction sociale de reproduction, qui devait conférer aux femmes un statut important, une bonne attention et considération de la part des hommes surtout de la société, les rôles de la femme semblent limités dans le foyer et ne s’étendent pas du tout dans la vie nationale, la vie économique que surtout politique. Dans les temps reculés, c’est -à dire la période pré–coloniale « moderne », « les rôles n’étaient pas spécifiquement masculins ou féminins car en fait, c’était l’âge, et surtout la naissance, qui déterminait la place d’un individu dans les sociétés occidentales et non le sexe » . Sous la monarchie d’Andrianampoinimerina des mesures discriminatoires aux dépens des femmes ont été instituées. Cependant, ce roi instituait aussi la loi de transmission du pouvoir aux femmes. C’était en ce temps là que les hautes terres avaient plus des reines (Ranavalona I, II, III) que des rois tout au long du XIXè siècle jusqu’à la conquête coloniale.
Quand aux autres régions « nombreuses femmes se trouvaient à la tête de leurs régions respectives au moment de la conquête coloniale dans les territoires malgaches, et certaines prirent personnellement les armes pour diriger la résistance» . Ainsi, Ravahiny, reine du Boina a contribué à la prospérité de sa région. Andrimbavizanaka, reine d’une petite région Betsileo, l’Ilalangina a été admirée pour sa sagesse et son aptitude à gouverner. Elisabeth Marie Sobbie Betia (bethy) fût une femme d’affaire éclairée et considérée. Ihovana, reine des Antanala était « aussi brave à la guerre qu’experte en administration ». Binao, reine sakalava de Nosy-be au XIXè siècle fut par contre une farouche opposante de la domination merina. Au XX siècle, Tambetraka jeune princesse de la région de l’Ikongo (Sud-est) et Kelisana princesse Antadroy (Sud) mariée à un chef de guérilleros nommé Gika, ont contribué à opposer une résistance acharnée à la colonisation française.
La sociologie de la tribu bara
En général, à Madagascar, une tribu nommée bara peuple la vaste zone comprise entre Zomandao et le cours inférieur de l’Onilahy. Actuellement, les Bara se trouvent dans la région d’Ihorombe : à Ivohibe, Ihosy, Ranohira ; dans la région d’Anosy : à Betroka, Isoanala, Amboasary (à Tsivory) ; dans la région du Sud–Est à Midongy du Sud ; dans la région du Sud – Ouest : à Benenitra, Sakaraha, Ankazoabo et Beroroha. Malgré leur disparité, en plusieurs royaumes, clans et sous clans, les Bara sont uniques, de même sang et de commune origine. Ils ont sensiblement les mêmes « fomba » (coutumes) et « fady » (interdits). C’est pourquoi ils se groupent tous dans une unique tribu désignée Bara ainsi parmi les 18 tribus malgaches. Les forêts de l’Est séparent les Bara des Antanala ; les rivières Zomandao et Mangoky, au Nord, constituent les frontières classiques qui divisaient autrefois les Bara respectivement des Betsileo et des Sakalava. A l’Ouest un immense plateau dénudé: l’Ihorombe, au-delà de la chaîne de l’Isalo, les séparent de Vezo. Une colonie d’Antanosy, sur la rive gauche de l’Onilahy, freine leur avancée vers le Sud-Ouest. Les rivières les plus importantes sont l’Itomapy, l’Ionaivo et la Menarahaka qui confluent en une seule rivière la Mananara qui, elle, se jette dans l’Océan Indien au Nord de Vangaindrano. La rivière Ihosy se jette dans le Zomandao qui, lui, grossit le Mangoky. Làlana et le petit Mangoky deviennent l’Onilahy, qui se jette dans le canal de Mozambique, le Sud de Tuléar.
La complexité de l’origine
Les Bara : originaires de l’Est de Madagascar
L’origine des Bara est encore un objet de discussion par les savants. Selon Deschamps : « Anthropologiquement, les Bara sont après les Makoa…, les Malgaches les plus proches des africains » . « Si des traits culturels et la langue en font des Malgaches à part entière, leurs caractères physique en font des africains». Louis MICHEL avance que « les Bara habitaient autrefois le Sud–Est de l’Afrique et qu’un millier d’hommes et des femmes aurait, sous la conduite d’un chef désigné traverse le Canal de Mozambique pour débarquer entre Morondava et Tuléar » . Certains disent que les Bara seraient des immigrants mélano-polynésiens débarqués sur la côte Est de Madagascar avant les migrations arabes. Ainsi, Frederic RANDRIAMAMONJY affirme que « les Bara sont une tribu venant du Sud–Est de Madagascar avec leur chef,…… traversant Ivohibe ils surpassent l’Isalo et rejoignent petit le massif d’Analavelona jusqu’à l’Ouest du Fiherena » . Et pour Jacques FAUBLEE, « la tribu bara, comme bon nombre des malgaches ont émigré de l’Est vers l’Ouest » .
Les Bara : descendants d’arabes
Les ancêtres qui leur ont conduit de l’Est étaient Rakanjombe et Ravatoverere qui sont tous des ancêtres de Zafimanely. Si Ivohibe fut la première capitale du royaume bara et fut la seule route, dans le sud, qui traverse l’île d’Est en Ouest, ces immigrés devaient y passer pour pénétrer à Madagascar. En plus, Edouard RALAIMIHOATRA affirme que « sur la côte Est il n’y avait que des immigrations arabes » . En déduction, les Bara venaient de l’Est de Madagascar comme il est dit et prouvé par des nombreux écrivains et non de l’Ouest et ils sont descendants des arabes, car ils ont des mêmes ancêtres que les Maroserana, les Behavana (Antaisaka), les Antanosy (descendants des Zafiraminia et Onjatsy) et les Zafindravola (Masikoro). Ces ancêtres arabes étaient vêtus d’une toge d’où ils étaient surnommés Rakanjombe. Ce même Ravatoverere, énoncé par RALAIMIHOATRA « est le chef qui était avec les Bara dans l’endroit où ils étaient fixés sur la côte orientale, à l’embouchure de la Mandrare, entre Fort dauphin et avant de venir s’établir le versant de l’occidentale de l’île » .
L’origine et la signification du nom bara
L’origine du nom bara
L’origine et la signification de leur nom sont loin d’être éclairé. Louis MICHEL disait que « l’origine du nom qu’ils portent est également africain » mais FERRAND garantissait que « Ce nom tribal n’est ni malgache, ni indonésien, …, ce qui est de façon sûre qu’à leur arrivée à Madagascar, les Bara étaient désigné de la sorte » .
La signification de nom bara
« According to Alfred GRANDIDIER, the name Bara is of relatively recent origin, ca 1800. A history of Madagascar written in 1822, does not mention it. […] The etymology of this term as hardly been explored, but it may derive from the root bara witch implies the idea of rudeness and barbarity ». Si le nom des Bara était relativement d’origine récent et qu’il ait l’idée de « dur et de barbare », Jacques FAUBLEE. conteste absolument cette idée car il était le seul qui avait pu étudier de près les Bara. Même en 1993, il a toujours renforcé ce qu’il avait dit quarante ans passé dans la préface du livre de Père ELLI Luigi. Selon lui alors, le nom bara « n’est pas un sobriquet inférieur barbare, qui « bredouille » attribué par d’autres Malgaches, mais un titre donné à ses sujets et à ses consanguins par un souverain Zafimanely. Je rattache bara au Tchyam d’Indochine bara ou bàrà, terme honorifique qui signifie « grand, élevé, beau », ……..» . Ainsi, LE BARBIER disait que « au moral, le bara, de caractère doux et paisible, est digne et habituellement franc, souvent hautain ».
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE PRELIMINAIRE : Les généralités sur la tribu bara
Chapitre I : La sociologie de la tribu bara
Section I : Etude sur l’origine des Bara
Section II : Les caractéristiques de la société bara
Chapitre II : Les mœurs et coutumes bara
Section I : Les mœurs bara
Section II : Les coutumes bara
PREMIERE PARTIE : L’exercice de ses droits par la femme bara
Chapitre I : La pratique de ses droits par la femme bara
Section I : Les droits de la femme bara dans la pratique
Section II : La femme bara et le pouvoir
Chapitre II : L’analyse de la pratique des droits de la femme bara
Section I : La faiblesse de participation dans l’éducation scolaire
Section II : La faiblesse de participation dans la vie sociale, économique et politique
DEUXIEME PARTIE : Les obstacles à l’exercice de ses droits par la femme bara
Chapitre I : Les causes des obstacles à l’exercice des droits de la femme bara
Section I : La prédominance de la coutume
Section II : L’insuffisance de l’implication de l’Etat
Chapitre II : Les solutions aux obstacles à l’exercice des droits de la femme bara
Section I : L’amélioration de la situation sociale de la femme bara
Section II : L’amélioration de la condition juridique de la femme bara
CONCLUSION