Les causes de l’émigration des jeunes

Les causes de l’émigration des jeunes du delta du Saloum

PROBLEMATIQUE

Au tournant des années 2000, le nombre de migrants africains tentant d’entrer clandestinement en sol européen a connu une forte progression (Bensaâd, 2004). Le phénomène de l’immigration clandestine en Europe n’est cependant pas nouveau. De nombreux ressortissants des pays du Maghreb essaient année après année depuis le début des années 1990 (De Haas, 2006) de s’introduire illégalement dans les pays du sud de l’Europe qui, en partance l’Afrique du Nord, sont situés tout juste de l’autre côté de la mer Méditerranée. La recrudescence de l’immigration clandestine a fait couler beaucoup d’encre dans de nombreux journaux européens. Certains, particulièrement en Espagne, allant même jusqu’à présenter l’Europe comme une forteresse assiégée (Bensaâd, 2004 ; Bredeloup et Pliez, 2006). Le retour en force de la question de l’immigration clandestine au sein des principales préoccupations de l’opinion publique a motivé les gouvernements des pays de l’Union européenne à exiger des comptes des autorités des pays du Maghreb (De Haas, 2005).

En effet, le Maroc, l’Algérie, et dans une moindre mesure la Tunisie, constituent d’ores et toujours les principaux pays émetteurs de migrants à destination de l’Europe (Lahlou, 2005). Toutefois, ce qui étonne quiconque s’intéressant à la question de l’immigration clandestine en Europe réside dans le fait que la proportion des Africains subsahariens est de plus en plus importante parmi l’ensemble des immigrants clandestins. Pour la seule année 2002, les services de sécurité marocains ont appréhendé sur le territoire chérifien 14 630 ressortissants des pays de l’Afrique subsaharienne dont la présence au Maroc était motivée par l’espoir d’atteindre sous peu les côtes européennes clandestinement (Cournoyer, 2004). La présence sans cesse plus marquée des Subsahariens dans les contingents de migrants illégaux peut être expliquée par de nombreux facteurs qui, de manière combinée, créent chez plusieurs jeunes des pays du sud du Sahara un profond désir d’exil, une volonté très forte de quitter la terre qui les a vus naître. L’analyse de ces facteurs fait ressortir clairement que la pauvreté constitue de loin le facteur dominant qui incite les jeunes à partir de chez eux. Lahlou (2005) décrit en détails comment est vécu cet état de pauvreté par les candidats à l’émigration :

Objectif de la recherche

L’objectif de notre recherche est de faire le lien entre la dégradation des conditions environnementales, le manque de perspectives dans les villages et l’émigration des jeunes de la région du delta du Saloum vers l’Europe. Notre résonnement répond à une suite logique : les jeunes des régions rurales quittent leurs villages en raison de la pauvreté, de laquelle découle un manque d’opportunités d’avenir, pour se rendre là où ils espèrent pouvoir se forger une existence meilleure, que ce soit ailleurs dans leur pays, ailleurs en Afrique, ou en Europe. Nous supposons qu’en améliorant les conditions de vie dans les régions rurales, les jeunes de ces endroits seraient davantage intéressés à y demeurer. Or, l’amélioration des conditions de vie passe inexorablement par le maintien de conditions écologiques pouvant répondre durablement aux besoins des populations. Dans ce sens, nous 12 nous sommes également intéressés aux aires protégées afin de vérifier, dans le cas du Saloum, si le fait que les populations locales soient exclues du processus de gestion de la Réserve de biosphère du delta du Saloum (RBDS) contribue au départ des jeunes de leurs communautés d’origine. Ainsi, pour freiner l’exode des jeunes des communautés rurales tout en assurant la protection de l’environnement, nous proposons de voir quelle place peut être accordée à la gestion participative.

En fait, il s’agit de voir si le fait d’inclure les communautés rurales dans la gestion des ressources naturelles peut avoir un effet de rétention sur les jeunes. La gestion participative vise à intégrer les communautés locales dans la définition des problèmes auxquels elles ont à faire face. Par la suite, les communautés sont incitées à trouver elles-mêmes des solutions pour améliorer leurs conditions de vie. La gestion participative permet également aux populations d’analyser leurs pratiques de gestion (Bessette, 2007), ce qui, dans le cas qui nous intéresse, peut amener une prise de conscience collective quant à l’importance de l’utilisation responsable des ressources naturelles en lien avec les objectifs de protection de la RBDS. Dans cette logique, nous avons analysé comment la forte émigration enregistrée dans le delta du Saloum pourrait être freinée par la mise en place, entre autres, de projets à vocation écotouristique menés par les populations locales. Cette forme de développement consiste en effet à permettre aux communautés locales de prendre la responsabilité d’assurer la gestion du tourisme sur leur territoire. L’écotourisme permet également la sensibilisation de la population à l’égard de la protection de l’environnement, tout en assurant à la communauté une source de revenus et des emplois (Lapeyre et al., 2007). Toutefois, pour que naissent au sein des populations locales des projets de développement alliant à la fois économie et écologie, il appert essentiel que ces communautés aient la possibilité de gérer, en totalité ou en partie, les ressources naturelles présentes sur le territoire qu’elles occupent.

Originalité de la recherche

Notre recherche s’intègre au sein du phénomène mondial des migrations. La question de l’immigration clandestine des Africains en Europe fait d’ailleurs régulièrement la manchette des plus grands quotidiens du Vieux Continent (Khachani, 2003). Les Nations Unies prévoient que dans les années à venir, des millions d’habitants des pays du Sud auront à se réfugier ailleurs dans le monde. Assurément, plusieurs d’entre eux devront quitter leur pays pour des causes directement reliées aux questions environnementales. Comme la gestion participative des ressources naturelles peut contribuer à assurer la protection de l’environnement et freiner l’exode des populations locales, elle devient par conséquent un sujet d’une actualité certaine. Notre recherche revêt un caractère novateur puisque aucune étude traitant de l’émigration clandestine à destination de l’Europe en provenance du delta du Saloum n’a été réalisée auparavant. Sa spécificité provient de l’importance que nous accordons à l’accès aux ressources naturelles et surtout la gestion participative de ces dernières comme moyen d’intervention pour freiner le phénomène.

Les migrants

II existe de nombreuses théories sur la migration des populations à travers le globe. Toutefois, comme il est mentionné dans une recherche menée pour le compte d’Eurostat (2000), II ressort de ces études [Portes et Borocz, 1989; Kritz et al., 1992; Massey et al., 1993; Bauer et Zimmermann, 1995]4 et d’autres enquêtes réalisées à ce jour qu’il n’existe pas de théorie intégrée sur le processus de la migration internationale, mais plutôt tout un ensemble de théories et de modèles partiels développés dans la perspective de recherche différent (p. 3). Ainsi, dans le cadre de notre recherche, il nous est possible de croire que l’objectif des migrants qui quittent les pays de l’Afrique subsaharienne n’est pas le même pour tous. En effet, au moment de leur départ, ce ne sont pas tous les migrants qui ont en tête de rejoindre l’Europe. Plusieurs des études dont il est question dans la citation ci-haut, surtout les premières ayant été développées, ont révélé l’existence de la migration pour cause de travail.

D’ailleurs, la majorité des migrants traverse la frontière nord des pays du Sahel dans l’espoir d’aller travailler dans l’industrie du pétrole quelque part en Algérie ou en Libye. Ces migrants ont commencé à fuir leur pays d’origine à partir des années 1970-1980 à cause des sécheresses qui ont décimé leurs cultures, des guerres qui ont fait rage au Sahel (on pense en partie à la rébellion touareg dans le nord du Niger et du Tchad), ou en raison des vagues de sédentarisation forcée qu’ont connues les pasteurs nomades des pays de la limite sud du Sahara (Pliez, 2006). Ces migrants sont appelés «migrants travailleurs». La seconde catégorie de migrants est celle des migrants en route vers l’Europe. Les gens qui composent ce groupe ne souhaitent pas s’établir de façon prolongée dans les pays du Maghreb par lesquels ils progressent vers le nord. Leur but ultime est de rejoindre l’Europe afin de s’y installer pour tenter de travailler, ou encore pour aller rejoindre des membres de leur famille qui y sont déjà. On nomme les migrants de la deuxième catégorie

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Table des matières

Introduction
Première partie Problématique, cadre conceptuel et méthodologie
Chapitre 1 Problématique
1.1. Objectifs de la recherche
1.2. Originalité de la recherche
Chapitre 2 Cadre conceptuel de la recherche
2.1 Les migrants
2.2 La gestion des ressources naturelles
Chapitre 3 Méthodologie
3.1 La collecte des données secondaires
3.2 La collecte des données primaires
3.1.1 Les outils de la recherche
3.1.2 Traitement et analyse des données
3.3 Chronogramme de la recherche
3.4 Considérations éthiques
3.5 Contraintes de la recherche
Deuxième partie Résultats
Chapitre 1 Portrait du terrain de recherche
1.1 L’environnement physique du delta du Saloum
1.1.1 Le fleuve Saloum
1.2 L’environnement naturel du delta du Saloum
1.2.1 La dégradation de l’environnement
1.3 L’environnement humain du delta du Saloum
1.2 Présentation des villages
1.2.1. Le village de Missirah
1.2.2 Le village de Djinak
1.2.3 Le village de Betenti
1.2.4 Le village de Dionewar
Chapitre 2 Les causes de l’émigration des jeunes du delta du Saloum
2.1 Portrait des jeunes rencontrés
2.2 Les causes de l’exode
2.2.1 Les facteurs générateurs
2.2.2 Les facteurs incitatifs
2.2.3 Les facteurs d’appel
Chapitre 3 La gestion participative des ressources naturelles comme alternative à l’émigration des jeunes
3.1 La gestion des ressources naturelles dans le delta du Saloum
3.1.1 Les acteurs impliqués
3.2 Les jeunes et la gestion participative des ressources dans la RBDS
3.3 L’écotourisme communautaire comme moyen d’application de la gestion participative dans le delta du Saloum
Conclusion
Annexes

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