Les causes de la dépendance à l’alcool

Les causes de la dépendance à l’alcool

L’OMS (2015) met en évidence que les facteurs qui peuvent provoquer une consommation problématique d’alcool sont à la fois à considérer au niveau individuel et au niveau de la société. En ce qui concerne les facteurs de risque individuel, il n’existe pas de liste exhaustive afin de tous les recenser. Par contre, l’OMS précise que plus la personne cumule de vulnérabilités, plus les risques de développer une consommation d’alcool problématique est importante. Par vulnérabilités, il est entendu manque de confiance en soi, problèmes familiaux et/ou professionnels, troubles relationnels, prédisposition génétique, personnalité etc. L’alcool est donc utilisé afin de gérer le mal-être sous-jacent, il est compensatoire : on boit parce qu’on se sent mal. Pour ce qui est des facteurs sociétaux, l’OMS relève que le développement économique, la politique, les lois en vigueur en ce qui concerne la consommation d’alcool et enfin la disponibilité du produit jouent un rôle dans le développement de la dépendance à l’alcool. Selon une recherche d’Addiction Suisse au sujet de la prévention (2013), recherche qui s’inspire du « Traité de prévention » écrit par Bourdillon (2009), personne ne peut savoir en avance qui va devenir dépendant et qui ne le sera pas.

Par contre, des modèles permettent de formuler des hypothèses sur les raisons qui font que certaines personnes ne consomment pas de substance, ou alors en consomment mais de manière modérée ou, à l’inverse, de manière excessive ou deviennent dépendantes. Ces modèles (comme par exemple le modèle de la triade personne-substance-environnement ou le modèle bio-psycho-social) ne peuvent pas donner des raisons exhaustives et satisfaisantes mais peuvent répondre grossièrement à divers questionnements au sujet des causes de la dépendance. L’approche bio-psycho-sociale est un de ces modèles et il prend en compte 3 dimensions, à savoir la dimension biologique, psychologique et sociale. Lorsque des situations problématiques se présentent, il est possible de les répartir dans ces 3 dimensions. Celles-ci ne sont pas indépendantes mais elles interagissent entre elles et s’entremêlent. Besson (2002), met en évidence différents axes thérapeutiques en parlant de ce modèle. La dimension biologique consiste à dire qu’il existe des effets différents en fonction de la substance consommée. En effet, selon la substance, le consommateur ressentira des effets physiques et/ou psychiques plus ou moins rapidement et plus ou moins longtemps.

Ces effets, s’ils sont appréciés, vont favoriser la reconsommation et donc l’installation de la dépendance. De plus, les êtres humains ne sont pas égaux d’un point de vue génétique. Certains ont en eux une prédisposition génétique qui fait qu’ils auront plus de risques de devenir dépendant. L’axe thérapeutique biologique comprend donc la prise en charge des conséquences somatiques de la consommation de produits. La dimension sociale concerne le statut de la substance en société : certaines sont légales et par conséquent plus accessibles ; ce qui implique que la dépendance peut s’installer rapidement. Par contre, pour celles qui sont illégales, l’accès est plus difficile et moins fréquent. L’axe socio-éducatif tend alors à mettre en place des démarches ambulatoires et résidentielles afin de redonner aux personnes dépendantes une place dans la société. Finalement la dimension psychologique démontre que l’on peut utiliser différents moyens pour gérer le stress ou l’anxiété: le sport, la musique, l’alcool, les drogues etc. Or cela devient problématique lorsqu’une personne n’utilise qu’une chose exclusivement, car il y a un risque de dépendance à ce moyen unique. L’axe psychologique comprend alors le dépistage et le traitement des comorbidités psychiatriques.

Les conséquences d’une dépendance à l’alcool sur la personne concernée et ses proches

Pour ce qui est des conséquences, certains auteurs sous-mentionnés s’intéressent à la fois aux conséquences directes que subit la personne alcoolique, et d’autres mettent en évidence les conséquences vécues par les proches qui vivent au côté de cette personne. Les différents chercheurs d’Educ alcool (2007) se centrent plus particulièrement sur les effets physiques et mentaux de la personne qui consomme. Au niveau physique, l’alcool peut endommager le foie, le pancréas, l’oesophage, l’estomac, les intestins, le coeur et le système cérébrovasculaire. Concernant la santé mentale, l’alcool peut être la cause de multiples problèmes psychiatriques. Les personnes alcooliques souffriraient davantage de troubles mentaux que les non-alcooliques. Se retrouvent souvent chez eux des troubles de la personnalité (le risque d’avoir une personnalité antisociale est 10 fois supérieur chez les personnes alcooliques par rapport à la population en général), des troubles de l’humeur et de l’anxiété (bipolarité, dépression, fortes angoisses) et la schizophrénie.

Les chercheurs québécois d’Educ alcool remarquent également que les intoxications à l’alcool ont un impact sur la violence : l’alcool provoque des comportements instinctifs et favorise l’émergence de conflits pouvant donner suite à des violences physiques. Boire de l’alcool augmenterait également le risque de suicides, de lésions accidentelles et même d’homicides. Orford et ses collègues (2010), cités par le groupe de coordination act-info (2013), ont eux mené des recherches qualitatives afin de pouvoir identifier les éléments récurrents au sujet des conséquences sur les relations entre personnes alcooliques et leurs proches. En premier, il s’agit de la fragilisation des relations: en effet, la consommation cause plus de conflits que ce soit au sujet de l’argent, de la gestion du ménage ou autres. En 2ème place, les proches confient une insécurité due au manque de fiabilité de la personne alcoolique. En 3ème, ils mettent en évidence des soucis persistants par crainte de ce que va faire ou devenir leur proche.

En 4ème, ils parlent de menaces par rapport à l’entité familiale. En résumé, les personnes qui comptent un consommateur parmi leurs proches rapportent que leur bien-être individuel se retrouve amoindri et que leur santé devient plus fragile. Maffli (2002) rapporte également 3 types de conséquences : les conséquences qui découlent d’un comportement inadéquat de la personne alcoolisée (violence physique, violence sexuelle, verbale etc) ; les conséquences dites économiques et sociales (dépenses excessives pour l’alcool et perte d’emploi éventuel ce qui amènent précarité et isolement) ; et les conséquences relationnelles (qui peuvent conduire à des difficultés ou des incompréhensions au sein de la famille et aboutir à une rupture). Parmi toutes ces conséquences, les plus souvent rapportées par les proches sont la violence conjugale et la rupture conjugale. Plusieurs analyses et études de différents chercheurs dont Van Hasselt et al. (1985), Léonard et al (1985), Miller et al (1990), cité in Maffli (2002), ont été menées afin de vérifier si l’abus d’alcool était lié à une augmentation de la violence conjugale et leur constat s’est avéré positif.

Oubli de soi et de ses besoins, focalisation sur l’autre Selon Kündig (2012), tout individu peut être considéré comme co-dépendant lorsqu’il donne la priorité aux besoins des autres avant d’écouter ses propres besoins. En effet, il est naturel de vouloir aider son entourage et de tout mettre en oeuvre pour épargner à la personne dépendante les conséquences négatives de ses comportements et de ses choix. Or, une telle attitude devient contestable lorsque la vie du partenaire n’a de sens qu’à travers l’autre, qu’il s’oublie complètement et n’agit qu’en fonction du dépendant sans penser à lui-même. Kündig rajoute que lorsqu’une personne apporte une aide à autrui, elle espère naturellement une reconnaissance en retour. Or, cela devient problématique lorsque l’équilibre relationnel repose totalement sur cette reconnaissance et que celle-ci n’est pas reçue. En effet, le dépendant ne se rend pas toujours compte de ce qui est fait pour lui et de ce fait, il ne va pas forcément remercier ses proches. Selon Beattie (1991), les proches co-dépendants font donc plaisir aux autres avant de penser à eux-mêmes et à leurs envies.

Certains développent même une obsession à prendre soin des autres, à se soucier pour eux, à prendre de leurs nouvelles. Cela leur prend toute leur énergie et ils n’en ont plus pour eux. Avoir une obsession signifie ne plus pouvoir détacher ses pensées de la personne ou du problème qui en est la source. De ce fait, les personnes souffrant de co-dépendance ne savent plus vraiment ce qu’elles ressentent elles-mêmes. Elles se mettent alors de côté et n’écoutent plus leurs besoins, leurs envies, leurs désirs mais placent ceux des autres au 1er plan. Jaquet (2013) précise qu’au paroxysme de la co-dépendance, la personne a besoin du dépendant pour se sentir utile et pour avoir une raison d’être. Sa priorité n’est plus sa vie mais celle des autres. Petit à petit, le co-dépendant est tellement centré sur les besoins de l’autre qu’il tend à entretenir le problème par crainte qu’il ne se résolve et que le dépendant n’ait plus besoin de sa présence. La relation devient alors malsaine car il n’y a plus de distance relationnelle et les limites ne sont plus respectées. Le co-dépendant est dans une fausse croyance : il pense que son attitude aide le dépendant à s’en sortir alors qu’en réalité cela ne fait que maintenir l’homéostasie entre les partenaires. Chacun a besoin de l’autre et chacun maintient le rôle qu’il a trouvé. Beattie (1991) ajoute que les personnes co-dépendantes savent ce qui est bien pour la personne dépendante, ce que cette dernière devrait faire ou ne pas faire, ce qui est bon pour elle ou non. Par contre, elles ne savent plus ce qui est bien pour elles et ce dont elles ont besoin elles-mêmes, car elles ne laissent plus de place à leurs sentiments ni à leurs envies. Il existe donc un paradoxe entre le fait de tout vouloir contrôler pour l’autre mais rien pour soi-même.

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Table des matières

Introduction
Partie I : Cadre conceptuel
1. Dépendance ou addiction
1.1 Les causes de la dépendance à l’alcool
1.2 Les conséquence d’une dépendance à l’alcool sur la personne concernée et ses proches
2. Co-dépendance
2.1 Comportements du co-dépendant
2.1.1 Oubli de soi et de ses besoins, focalisation sur l’autre
2.1.2 Perte de confiance en soi, peine à s’imposer et à fixer des limites
2.1.3 Responsabilité
2.1.4 Déni
2.2 Triangle de Karpman
2.3 Les 5 étapes pour se libérer de la co-dépendance
2.4 Aide apportée aux personnes co-dépendantes
3. Les groupes
3.1 Les objectifs du travail de groupe
3.2 L’évolution du groupe
3.3 Le leadership
3.4 Les intervenants
3.5 Le modèle Minnesota à l’origine des AA et des Al-Anon
Partie II : Méthodologie
1. Hypothèses
2. Echantillon
2.1 Profil type
2.2 Terrain
2.2.1 Choix du terrain
2.2.2 Description du terrain
2.2.3 Processus de contact
2.3 Echantillon à l’arrivée
3. Outils
3.1 Préparation du guide
3.2 Tests et changements apportés
4. Entretiens
4.1 Déroulement des entretiens
4.2 Retranscription
5. Analyse
5.1 Procédure de mise en place pour l’analyse
5.2 Analyse
Partie III : Analyse
1. Formes de soutien
1.1 Soutien reçu l’extérieur du groupe
1.1.1 Proches
1.1.1.1 Aide apportée par la famille proche
1.1.1.2 Aide apportée par les autres membres de l’entourage
1.1.1.3 Evénements déclencheurs qui provoquent le besoin de se rendre à Al-Anon à la suite des conseils de leur entourage
1.1.2 Professionnels
1.2 Soutien reçu à l’intérieur du groupe
1.2.1 Aide reçue par les pairs
1.2.1.1 Ecoute de la part des autres membres du groupe
1.2.1.2 Partage des autres membres du groupe
1.2.1.3 Entraide entre les participants
1.2.1.4 Conseils
1.2.2 Messages d’espoirs
1.2.3 Les services : une aide à la guérison
1.2.4 Puissance Supérieure
2. Type d’engagement dans le groupe
2.1 Organisation : type de groupe et fréquence des rencontres
2.2 Posture : participation et engagement dans les services
3. Composition du groupe
3.1 Statuts des membres du groupe
3.2 Position égalitaire des membres du groupe
3.3 Parrains/marraines dans le groupe
4. Evolution des comportements
4.1 Comportements co-dépendants (avant la participation au groupe)
4.1.1 Pensées
4.1.2 Attitudes
4.2 Nouveaux comportements (acquis grâce, entre autre, à la participation au groupe)
4.2.1 Pensées
4.2.2 Attitudes
5. Synthèse de l’analyse
Partie IV : Conclusion
1. Limites du travail de recherche
2. Evaluation des objectifs de recherche
3. Réponse à la question de recherche
4. Nouveaux questionnements
5. Perspectives professionnelles
6. Bilan personnel et professionnel
Partie V : Bibliographie
Partie VI : Annexes
Annexe 1 : Les Douze Etapes
Annexe 2 : Les Douze Traditions
Annexe 3 : Les Douze Concepts de Service
Annexe 4 : Lettre au responsable d’Al-Anon
Annexe 5 : Lettre aux participants d’Al-Anon
Annexe 6 : Guide d’entretien
Annexe 7 : Grille d’analyse

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