Les cardiopathies rhumatismales regroupent l’ensemble des lรฉsions cardiaques survenant au cours du rhumatisme articulaire aigu (RAA), complication d’une infection des voies aรฉriennes supรฉrieures par le Streptocoque beta hรฉmolytique du groupe A[1].Dans les pays en dรฉveloppement et surtout dans les rรฉgion sintertropicales et subtropicales, le rhumatisme articulaire aigu (RAA) et les cardiopathies rhumatismales (CR) restent un problรจme majeur de santรฉ publique. Les cardiopathies rhumatismales sont la principale cause des cardiopathies acquises chez les enfants et les adolescents dans le tiers-monde [2 ; 3]. Au Sรฉnรฉgal, les cardiopathies rhumatismales constituent le deuxiรจme groupe nosologique de la pathologie cardiovasculaire se plaรงant immรฉdiatement aprรจs lโhypertension artรฉrielle [4 ; 5]. En Afrique, la forte prรฉvalence des cardiopathies rhumatismales dans les populations scolaires constitue un problรจme prรฉoccupant de santรฉ publique comme en tรฉmoignent certains travaux rรฉalisรฉs chez les enfants de 05 ร 16 ans, notamment en Ethiopie, au Kenya, au Sรฉnรฉgal, au Mali, au Soudan, en Afrique du Sud, en Zambie et en Guinรฉe Conakry [6 ; 7, 8 ,9] Il est admis par tous que :
– Le RAA est une maladie cosmopolite,
– cโest une maladie post infection streptococcique dont une des sรฉquelles dรฉfinitives est lโatteinte cardiaque,
– le RAA et les CR font gรฉnรฉralement leur apparition dans lโenfance, persistent pendant lโadolescence, aboutissent ร une incapacitรฉ progressive et ร la mort chez le jeune adulte,
– le RAA est liรฉ ร la pauvretรฉ : il a presque disparu dans les pays dรฉveloppรฉs (0 ร 1 p.1000) par contre il prรฉsente un taux de prรฉvalence trรจs รฉlevรฉ dans les sousdรฉveloppรฉs (22 ร 33 p.1000) [10].
RAPPELS
Dรฉfinition
Le rhumatisme articulaire aigu RAA encore appelรฉ maladie de Bouillaud est une maladie inflammatoire due ร lโaction des toxines dโun streptocoque, qui provoquent une inflammation des grosses articulations et du cลur. Il survient aprรจs une angine ร streptocoque du groupe A, non ou mal soignรฉe par des antibiotiques. La cardite rhumatismale CR est une inflammation des tissus du cลur, consรฉcutive ร un RAA, qui atteint une ou plusieurs tuniques du cลur le pรฉricarde, le myocarde et lโendocarde. Elle est gรฉnรฉralement associรฉe ร une inflammation dโautres organes comme les poumons, les articulations et la peau.
รpidรฉmiologie
Frรฉquence
Trรจs frรฉquent au dรฉbut du XXรจme siรจcle, le RAA est devenu une maladie virtuelle dans les pays dรฉveloppรฉs. Lโincidence moyenne annuelle, depuis les annรฉes1980, est de lโordre de 0,5 pour 100 000 enfants รขgรฉs de 5 ร 18 ans [13]. Aux Etats-Unis, lโincidence oscille entre 0,23 et 1,88 % pour 100 000 habitants, malgrรฉ les bouffรฉes รฉpidรฉmiques constatรฉes ร partir de 1985 dans certains รฉtats. A lโinverse, dans les pays รฉmergents, le RAA reste endรฉmiques avec une incidence annuelle de 100 ร 200 pour 100 000 enfants dโรขge scolaire [14]. La prรฉvalence hospitaliรจre des cardiopathies rhumatismales reste รฉlevรฉe dans les pays du tiers monde : 29% en Tunisie et 13% en Afrique noire [15 ;16].
Age
Le RAA est classiquement une maladie de lโenfant et de lโadolescent (92 % des cas surviennent avant lโรขge de 18 ans). Il est frรฉquemment observe entre 5 et 22 ans, exceptionnel avant 3 ans et rare chez lโadulte de plus de 30 ans .
Etiopathogรฉnie
Agent pathogรจne
Les streptocoques bรชta-hรฉmolytiques du groupe A ou encore Streptococcus pyogรจnes sont des cocci ร gram positif aรฉro-anaรฉrobies facultatifs, se regroupant en diplocoques ou en chaรฎnettes de longueur variable [13 ; 17]. Ils sont dits hรฉmolytiques car lorsqu’ils sont cultivรฉs sur un milieu enrichi au sang, on remarque un halo d’hรฉmolyse incolore et translucide autour des colonies bactรฉriennes [6] Structure du streptocoque A Elle comprend :
โ une capsule faite d’acide hyaluronique dont le rรดle est d’empรชcher la phagocytose.
โย une paroi cellulaire comportant:
– des protรฉines de surface M et T. La protรฉine M est le facteur majeur de la virulence: elle s’oppose ร la phagocytose par les polynuclรฉaires neutrophiles. Des diffรฉrences antigรฉniques ont permis de diffรฉrencier plus de 80 sรฉrotypes diffรฉrents. Les sรฉrotypes 1, 3, 5, 6, 15, 18,19 et 25 sont responsables du RAA et les 4, 12, 49,55, 57, 60 de l’atteinte rรฉnale [17]. Elle est presque exclusivement produite par le streptocoque du groupe A et est ร la base de l’immunitรฉ dirigรฉe contre celui-ci. Elle a une communautรฉ de structure avec la myosine cardiaque [6, 17].
– un polysaccharide C qui est spรฉcifique de groupe. Il est ร la base de la Classification de Lancefield :
Streptocoques groupables possรฉdant le polysaccharide C dont le streptocoquebรชta-hรฉmolytique A. ‘Streptocoques non groupables : ils ne possรจdent pas le polysaccharide C [17].
โ une membrane cytoplasmique: elle a une rรฉactivitรฉ croisรฉe avec le muscle cardiaque et le tissu articulaire [17].
Substances รฉlaborรฉes
Le streptocoque bรชta-hรฉmolytique du groupe A sรฉcrรจte des enzymes qui sont antigรฉniques et provoquent l’apparition d’anticorps et de toxines รฉrythrogรจnes [13]. Comme enzymes, on cite:
– la streptolysine 0 : non spรฉcifique du groupe A, elle est aussi secrรฉtรฉe par les streptocoques des groupes C et G. Cette enzyme provoque la formation d’anticorps antistreptolysines 0 (ASLO). Cet anticorps apparaรฎt 7 ร 15 jours aprรจs une infection pharyngรฉe, atteint son maximum en 3 – 5 semaines et redevient normal en 6 mois 1 an [3]. La valeur normale est infรฉrieure ร 200 DI Iml.
– la streptolysine S: n’est pas pathologique.
– les streptodornases : elles dรฉtรฉriorent les acides dรฉsoxyribonuclรฉiques.
– les streptoNADases : รฉgalement produites par les streptocoques Cet G.
– les streptokinases : dissolvent les caillots de fibrine.
– les streptohyaluronidases : elles dรฉtรฉriorent le tissu conjonctif.
Les anticorps produits ne sont pas protecteurs mais appol1ent la preuve d’une infection streptococcique rรฉcente et n’apparaissent pas en cas d’antibiothรฉrapie efficace prรฉcoce [13, 18] Les toxines รฉrythrogรจnes sont responsables de l’รฉruption cutanรฉe dans la Scarlatine [13 ,19].
Pathogรฉnie
Elle n’est pas bien connue. Mais de faรงon gรฉnรฉrale, on รฉvoque ร l’origine du RAA un conflit entre le systรจme immunitaire et les antigรจnes streptococciques [10 ;16 ;20].
En faveur de cette hypothรจse, on retient:
โ l’intervalle libre entre l’รฉpisode infectieux initial et les manifestations du RAA ;
โ l’apparition du RAA ร partir de 4 ans d’oรน la nรฉcessitรฉ de contacts rรฉpรฉtรฉs;
โ le titre des anticorps plus รฉlevรฉ dans le RAA que dans les pharyngites streptococciques simples.
Les anticorps formรฉs s’attaquent aux tissus articulaires et cardiaques du fait de leur similitude antigรฉnique avec les structures du streptocoque. Au niveau rรฉnal, il s’agit de complexes immuns circulants qui se retrouvent trappรฉs dans la membrane basale au cours de la filtration crรฉant ainsi des phรฉnomรจnes inflammatoires au niveau du glomรฉrule [18]. Les mรฉcanismes immunitaires sont mal connus. Dans lโune รฉtude rรฉcente, ROBERTS et coll. [22] affinent que l’endothรฉlium valvulaire serait le point de dรฉpart de l’inflammation.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
1. Dรฉfinition
2. รpidรฉmiologie
2.1. Frรฉquence
2.2. Age
3. Etiopathogรฉnie
3.1. Agent pathogรจne
3.2. Pathogรฉnie
4. Anatomopathologie
5. SIGNES
5.1. Les signes cardiaques : selon la topographi
5.1.1. Endocardite
5.1.2. Myocardite rhumatismale
5.1.3. Pรฉricardite rhumatismale
5.1.4. Troubles de la conduction
5.1.5. Pancardite rhumatismale
5.2. Les signes extracardiaques
5.2.1. Les signes cutanรฉs
5.2.2. Les signes articulaires
5.2.3. Les signes neurologiques
5.2.4. Signes gรฉnรฉraux
5.2.5. Autres signes cliniques
6. Bilan biologique
6.1. Les signes inflammatoires
6.2. Signes dโune infection streptococcique
7. Electrocardiographie(ECG) et Radiographie du Thorax(RXT)
8. LโEchographie cardiaque
9. Traitement curatif
9.1. BUT
9.2. Moyens
9.3. Indications
9.3.1. La maladie inflammatoire streptococcique
9.3.2. Traitement des cardiopathies rhumatismales
10. Prรฉvention
10.1. Prรฉvention primaire : avant la premiรจre poussรฉe
10.2. Prรฉvention secondaire : prophylaxie des rechutes
11. Evolutions et complications
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
1. CADRE DโETUDE
1.1. Hรดpital dโenfants Albert Royer
1.2. Chirurgie Thoracique Cardio-vasculaire de Fann
2. Malades et Mรฉthodes
2.1. Type dโรฉtude
2.2. Pรฉriode dโรฉtude
2.3. Malades
2.4. Mรฉthodes
2.4.1. Recueil de donnรฉes
2.4.2. Exploitation
3. RESULTATS
3.1. Evolution des paramรจtres รฉpidรฉmio-cliniques recensรฉes en 08 ans
3.2. Evolution des paramรจtres paracliniques
3.3. Evolutions et Complications
3.4. Donnรฉes Thรฉrapeutiques
4. DISCUSSION
4.1. Les donnรฉes รฉpidรฉmio-cliniques
4.2. Rรฉpartition des paramรจtres paracliniques
4.3.รvolution de la maladie
4.4. Donnรฉes thรฉrapeutiques
CONCLUSION