LES CARACTERISTIQUES DU SIECLE DES LUMIERES
LA CONCEPTION DE L’HOMME AU SIECLE DES LUMIERES
L’esprit des Lumières selon Kant
Le siècle des Lumières est le siècle à travers duquel l’homme a opéré une révolution dans la pensée qui consiste à redonner à l’homme une raison d’être, en lui rappelant en particulier l’intérêt de se servir de sa raison. Il s’agit d’une époque où l’homme, comme l’explique Emmanuel Kant par exemple, doit sortir de sa minorité intellectuelle afin de pouvoir se servir de son entendement. Pour Kant, l’esprit des Lumières,
« C’est l’émancipation de l’homme sortant de la minorité intellectuelle où il a vécu jusqu’alors du fait de sa propre volonté. J’appelle « minorité » l’incapacité chez l’homme de faire usage de son intelligence sans se mettre sous une tutelle étrangère. Cette incapacité constitue une faute morale lorsqu’elle procède, non d’un discernement, mais d’un défaut d’énergie et de courage imputable à la volonté. » .
Avant l’avènement du siècle des Lumières, l’homme était habitué à se soumettre à toute une tradition, de telle sorte qu’il n’avait eu que très rarement l’occasion de se servir de son entendement ou de sa propre intelligence d’une manière autonome. Aussi, l’homme était-il resté en quelque sorte privé d’un usage adulte de sa raison devant l’arbitraire des lois et préceptes imposés par l’autorité et la tradition parfois intolérante des siècles passés, notamment au plan politique et religieux. Autrement dit, ces lois étaient toujours présentées comme étant quelque chose de sacré, d’intangible et d’inviolable et sur lesquelles il était impensable de revenir. C’est en ce sens qu’elles pouvaient représenter un fardeau pour l’homme, ce qui l’amenait souvent à se trouver dans l’incapacité d’imaginer même pouvoir se servir de son esprit critique ou de sa raison vis-à-vis des institutions déjà présentes.
De cela découle l’idée qu’avant l’époque des Lumières, l’homme aurait été souvent réduit à n’être qu’un homme dont la caractéristique principale était l’obéissance. Il n’était pas encore l’être de raison capable de réfléchir et de donner son opinion sur tout et en toutes circonstances. Il convient alors de se demander ce que l’esprit des Lumières a pu proposer à l’homme pour le tirer de cette minorité intellectuelle. La réponse à cette question est simple et claire. Il suffirait à l’homme de savoir se servir de son entendement de manière autonome, de s’affranchir de tout ce qu’on lui impose du dehors sans qu’il ne l’accepte, de ne plus obéir aveuglément à une loi étrangère pour lui, mais de se soumettre au contraire aux lois édictées par sa propre raison. En d’autres termes, l’autonomie de pensée, l’affranchissement de toute contrainte et l’obéissance aux lois de la raison constituent la triple détermination fondamentale qui pourrait libérer l’homme de ses problèmes. Cela veut dire aussi que désormais les hommes ne devraient obéir qu’aux lois qu’ils se sont prescrites eux-mêmes, et fondées en raison. Mais cette recherche de l’émancipation ne va nullement de soi. Il faut d’abord de la volonté, mais aussi un ferme courage pour pouvoir se libérer du joug des institutions établies dans la société où l’on vit.
De ce fait, l’époque dite du « siècle des Lumières » se définit comme celle d’un désir d’émancipation chez l’homme. Il doit devenir juge de ses actes et c’est dans ces conditions qu’il se sentira libre et pourra agir sans aucune contrainte, dans la mesure où c’est sa raison qui gouverne et non l’autorité préétablie d’une tradition. En ce sens, il est inconcevable que l’homme doué de raison puisse manquer de discernement devant la réalité. S’il avait hésité jusque là à s’opposer à des lois autoritaires déjà en place, c’était peut-être parce qu’il lui manquait le courage et la volonté de mettre en branle sa raison, c’est-à-dire de se révolter contre des lois oppressives, par exemple. Dans une communauté où toutes les lois sont dictées arbitrairement et imposées par la seule voix de l’autorité, les individus ne font qu’obéir. A ce propos, Kant a donné l’exemple suivant pour illustrer l’esprit de soumission de l’homme resté à l’état de minorité :
« De tous cotés, on crie : ne raisonnez pas ! L’officier dit : exécutez ! Le prêtre dit : croyez ! Le financier : payez » .
C’est à partir du refus d’une telle soumission aveugle qu’est né, en fait, l’esprit des Lumières, dans l’intention d’émanciper véritablement l’homme de toutes les tutelles, et de redonner autorité à la raison.
On sait aussi que le mouvement rationaliste a d’abord commencé dès l’époque classique pour se poursuivre jusqu’au siècle des Lumières. C’est Descartes qui a été le premier philosophe des Temps modernes à avoir essayé de donner une autorité indubitable à la raison, avec son expérience du Cogito. Il faut donner priorité à la raison humaine, parce que c’est en elle seule que réside la valeur de nos âmes. A ce propos, Descartes dit ceci :
« Mettre en évidence toutes les véritables richesses de nos âmes, ouvrant à un chacun de nous le moyen de trouver, et sans rien emprunter d’autrui, toute la science qui lui est nécessaire à la conduite de sa vie, et d’acquérir par après de son étude toutes les plus curieuses connaissances que la raison des hommes est capable de posséder. » .
L’histoire de la philosophie a convenu de reconnaître que Descartes est bien celui qui, à partir de ce texte, a posé le fait de la raison comme lieu qui nous permette de juger et de discerner le vrai d’avec le faux. En ce sens, toutes les connaissances de l’homme dérivent de la raison. Car, aux yeux de cet auteur, « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée » puisque tout homme le possède. A l’origine cependant, l’époque classique était également préoccupée par la discussion de trois problèmes fondamentaux, étroitement solidaires, ceux touchant à la connaissance scientifique, au problème religieux et à la morale. Le cartésianisme va essayer d’y apporter une réponse cohérente. Ce qui fait la caractéristique du problème scientifique au temps de Descartes, c’est que l’époque était dominée par
« Une promotion féconde d’un esprit d’objectivité, de connaissance positive, de certitude rationnelle autant qu’expérimentale. » .
Si tout doit être passé au tamis de la raison, ce qui attire l’attention de Descartes est le souci de fonder, par le biais du bon sens, une science qui soit universellement vraie. Donc c’est à partir d’ici que naîtra la recherche d’une méthode de déduction rigoureuse, et qui se penchera sur une observation précise des faits et de toutes les réalités concrètes, afin de chercher une explication causale universelle. Descartes s’est approprié l’ambition de donner au mécanisme le minimum d’envergure possible d’un coté, et le maximum d’unité de l’autre.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LES CARACTERISTIQUES DU SIECLE DES LUMIERES
CHAPITRE.I. LA CONCEPTION DE L’HOMME AU SIECLE DES LUMIERES
1.1. L’esprit des Lumières selon Kant
1.2. L’avénement de la Réforme
1 .3.l’humanité de l’homme selon Rousseau
CHAPITRE II. LES CONQUETES DES PHILOSOPHES DES LUMIERES
2.1. La recherche de l’autonomie de l’homme
2. 2. Le rationalisme rousseauiste comme libération de l’homme
DEUXIEME PARTIE : LA LIBERTE DE L’HOMME ORIGINAIRE
CHAPITRE I. L’HOMME A L’ETAT DE NATURE
1.1. Caractérstiques essentielles :l’état d’indépendance et d’isolement
1.2. La liberté dans l’état originaire
CHAPITRE. II. DENATURATION DE L’HOMME NATUREL
2.1. Le passage de l’état de nature à l’état civil
2.2. La liberté humaine dans l’état social
TROISIEME PARTIE : L’INSTITUTION DE L’ETAT SOCIAL
CHAPITRE. I. LE STATUT DE LA LIBERTE HUMAINE DANS L’ETAT SOCIAL
1.1. La liberté dans le pacte social
1.2. Le rapport entre souverain et peuple
1.3. La notion de bien commun
CHAPITRE. II. LA LIBERTE DANS LA NOTION DE SOUVERAINETE ET DE LA LOI
2.1. La théorie de la volonté générale
2.2. La notion de puissance souveraine
2.3. La conception de la loi
2.4. La notion de la liberté par la loi
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE