LES CANTONS DE GOLFITO ET TALAMANCA AU COSTA RICA
La description du territoire du canton de Golfito
Cette section est divisée de la façon suivante : les caractéristiques générales du canton, ses caractéristiques géologiques et biologiques, un bref historique, les principaux éléments de l’Agenda 21 local et les conditions sociales et économiques qui y prévalent.
Caractéristiques générales
Le canton de Golfito est situé au sud-ouest du Costa Rica dans la province de Puntarenas, à l’intérieur de la région Branca (voir figure4 ). Golfito a une population de 33 823 habitants, une superficie de 1751.75 km2 et une densité de 19,3 habitants/ km2. En comparaison, le Costa Rica a 74,6 habitamVkm2, ce qui en fait un des cantons les moins peuplés (PRODUS, 2007 :4.1.1 ). Le canton se divise en quatre districts : Pavones, Golfito, Rio Claro et Puerto Jimenez. Les réserves amérindiennes de l’aire de conservation Osa, où se trouve le canton de Golfito, de même que les cantons adjacents d’Osa et de Corredores, couvrent 24 574 ha. S’y retrouvent 800 Amérindiens des ethnies Guaymi ou Ngôbe Bulge et Brunka ou Boruca (INEC, 2002 in PRODUS, 2007:3.2.4).Le type d’habitat prédominant est la forêt tropicale humide. Cette forêt est caractérisée pardes précipitations abondantes, de hautes températures durant toute l’année et une saison sèche courte. Les précipitations peuvent s’élever jusqu’à 500 mm d’eau au moins d’octobre (5L/m2 en un mois). Le sol est saturé d’eau pendant la saison des pluies. Les précipitations annuelles varient entre 3 000 mm au niveau de la mer et S 000 mm dans les montagnes. L’humidité relative est supérieure à 90% toute l’année et la température moyenne est de 27°C (Lobo, 2005).
Caractéristiques géologiques
La situation géographique a une importance écologique très importante pour le canton de Golfîto. La forte proportion d’espèces endémiques13 à la région est due à l’isolement créé par des barrières géologiques et climatiques :
– la barrière nord-est est la Cordillère Talamanca où les espèces ne peuvent pas passer à cause de la haute altitude; la barrière nord-ouest est la forêt sèche de la province de Guanacaste; la barrière sud-est est le Panama où le climat devient sec peu après la frontière (Lobo, 2005). Les sols de la région sont pauvres en nutriments. Cette pauvreté est due au fait que ce sont des sols argileux avec beaucoup d’oxyde de fer qui leur dorme une couleur rougeâtre. L’argile, avec les pluies intenses et les hautes températures, donne aux sois une pauvre capacité de rétention des minéraux et nutriments pour les plantes. Il peut paraître paradoxal d’observer que des sols aussi pauvres soient capables de supporter une végétation si abondante. En fait, les plantes de cette forêt se sont adaptées aux sols pauvres. Les nutriments proviennent des plantes qui les absorbent dans les couches plus profondes du sol et les déposent à la surface sous forme de feuilles qui tombent et créent une couche appelée « humus » (Lobo, 2005).
Caractéristiques biologiques
Les conditions climatiques, le haut taux d’humidité, la courte saison sèche et les fortes précipitations favorisent la croissance d’une abondante végétation, de même qu’une faune diversifiée. Dans le parc national Corcovado, se retrouvent près de 140 des 210 espèces de mammifères du Costa Rica, 370 espèces d’oiseaux, 120 espèces d’amphibiens et reptiles, 40 15 espèces de poissons d’eau douce et environ 6000 espèces d’insectes. Les chiroptères sont le groupe dominant avec 58 espèces. Sont aussi retrouvés 23 espèces de rongeurs, sept espèces de renards et cinq espèces de primates (Sierra et al, 2003 :chap.l, p.3). Environ 62 % de ces espèces animales sont menacées ou en danger d’extinction. Quelque 2142 espèces végétales ont aussi été répertoriées, dont 700 espèces pouvant servir de matériaux de bois de construction (Sierra et ta., 2003 .chap.l, p.3-5). De plus, ce territoire abrite ia dernière forêt tropicale humide de la côte pacifique d’Amérique centrale (Sierra et ah, 2003 xhap.l, p.3-5). L’aire de conservation Osa est responsable de gérer 167 363 ha d’aires protégées. Ces terres ont différents statuts de protection et couvrent 40,4 % des cantons de Golfito, d’Osa et de Corredores, mais les ressources manquent pour bien les protéger (Sierra et al., 2003 xhap.l, p.l). Par exemple, le parc national Corcovado, qui représente une biodiversité d’une richesse inestimable, n’a pas su se qualifier comme patrimoine mondial l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture) faute de protection adéquate (Vorhees et al, 2007:77). Un peu d’histoire sur la péninsule d’Osa et sur le golfe « Golfo dulce » À partir de 1830, des habitants de Chiriquï, une région du Panama à l’époque faisant partie de la Colombie, vinrent se réfugier aux abords du golfe « Golfo dulce ». Ces pionniers, très peu nombreux, combinaient l’agriculture de subsistance à la pêche artisanale. Ce n’est qu’avec l’arrivée de la compagnie bananière que la population a pris de l’ampleur (Lobo, 200S). Dans les aimées 1920, la compagnie « United Fruit » a proposé de cultiver les terres autour du golfe « Golfb dulce », ce qui influença fortement le développement de cette région pour les 50 années suivantes. Le processus d’acquisition des terres par la compagnie fut difficile parce qu’elle délogeait plusieurs habitants, dont des Amérindiens (Lobo, 2005). Un contrat en 1938 autorisa la compagnie à construire un port de mer et un chemin de fer. La
« United Fruit » devint alors la compagnie Bananera du Costa Rica. En attendant de se fournir uniquement par ses propres cultures, la compagnie achetait des bananes aux populations locales. Les bananes étaient transportées jusqu’au port de Limon sur la côte caraïbe pour l’exportation. Lorsqu’elle produisit suffisamment de bananes, la compagnie cessa d’acheter des bananes aux producteurs locaux, ce qui fut un coup dur pour eux. Pendant ce temps, le centre des opérations déménagea dans la ville de Golfito en 1939, habité alors par quelques familles de pêcheurs artisanaux. Une nouvelle population s’y installa. Le port fut terminé en 1941 (Lobo, 2005). La compagnie bananiére se retira en 1984 à cause de la chute des prix internationaux de ce fruit, laissant plusieurs milliers de travailleurs sans emploi après avoir marqué lourdement ce territoire (Lobo, 2005). La région a une culture particulière qui la différencie du reste du pays. Deux phénomènes socioculturels et économiques y ont exercé une influence significative : d’une part la culture de la banane et d’autre part, la culture de la frontière. La compagnie bananiére a créé une grande dépendance économique chez la population. « Les gens d’ici, nous avons été dépendants, nous vivions de la compagnie. (…) Les gens n’avaient pas besoin de se préoccuper du lendemain.»
(Dionisio Aria in FICOSA, 2004). La frontière aussi a eu une grande influence. En effet, en plus de marquer les limites territoriales, elle est une zone d’interaction culturelle, économique et politique (Foucher, 1986 in FICOSA, 2004).
Conditions sociales et économiques actuelles du canton
Les données recueillies au sujet des conditions sociales et économiques actuelles concernent les trois cantons de l’aire de conservation Osa (ACOSA). Ces trob cantons présentent un retard, comparé au reste du pays, sur presque tous les indicateurs socio-économiques. Par exemple, environ 36 % de la population est pauvre et 5 000 familles bénéficient des terres de l’IDA (Institut de développement agraire), qui fournit des tores aux familles i bas revenus (Sierra et al., 2003 :chap.2). L’état des maisons est moyen ou bas. Il y a une très basse couverture des services publics, tel que l’eau et électricité. L’eau de consommation n’est pas potable dans plusieurs secteurs. Le système d’élimination des eaux usées est inefficace et les déchets sont très souvent brûlés et enterrés n’importe où, ou tout simplement lancés dans les rivières (Sierra et al., 2003 :chap.2). Les populations locales fragilisées exploitent souvent illégalement la flore et la faune pour survivre, parfois à l’intérieur des aires protégées qui manquent de surveillance (Sierra et al., 2003 :chap.2). Avec l’exploitation illégale de la forêt, les ressources naturelles sont détériorées sans entraîner d’améliorations sociales et économiques durables. Par exemple, le milieu humide Sierpe-Terraba souffre d’une destruction accélérée, ce qui signifie une réduction des aires de fraie pour les espèces de poissons dont sont dépendantes les activités de pêche qui font vivre une portion importante de la population (Sierra et al., 2003 :chap.2).
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Table des matières
RÉSUMÉ
REMERCIEMENTS
TABLE DES MATIÈRES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES ANNEXES
LISTE DES ACRONYMES I
INTRODUCTION : LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SOUS UN ANGLE SOCIAL
CHAPITRE I LA COMPRÉHENSION DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LES STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET COLLECTIVES DES COSTARICAINS
1.1 PERTINENCE SCIENTIFIQUE ET SOCIALE DE LA RECHERCHE
1.2 L’ATTENUATION ET L’ADAPTATION AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES A L’ECHELLE INDIVIDUELLE ET COLLECTIVE: LA PROBLEMATIQUE CENTRALE
1.3 LE DEVELOPPEMENT DURABLE : LE CADRE CONCEPTUEL
1.3.1 La définition du développement durable
1.3.2 Développement durable et territoires
1.3.3 Les inégalités environnementales
1.3.4 Développement durable et changements climatiques
1.3.5 La gouvernance environnementale
1.3.6 L’Agenda 21 local
1.4 LES QUESTIONS ET LES OBJECTIFS DE RECHERCHE
1.5 LA MÉTHODOLOGIE
1.5.1 La stratégie de preuve
1.5.2 La méthode de collecte
1.5.3 Les outils de collecte des données
1.5.4 L’échantillonnage
1.5.5 Les variables d’analyse
1.5.6L’éthique de la recherche
CHAPITRE II LES ÉTUDES DE CAS : LES CANTONS DE GOLFITO ET TALAMANCA AU COSTA RICA
2.1 PERTINENCE ET JUSTIFICATION DES TERRITOIRES À L’ÉTUDE
2.2 COSTA RICA : QUELQUES ELEMENTS CONTEXTUELS
2.3 LA DESCRIPTION DU TERRITOIRE DU CANTON DE GOLFITO
2.4 LA DESCRIPTION DU TERRITOIRE DU CANTON DE TALAMANCA
CHAPITRE III PRATIQUES EN LIEN AVEC LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LE
DÉVELOPPEMENT DURABLE : UNE PRÉSENTATION DES RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE
3.1.1 La connaissance des changements climatiques
3.2 LA DIMENSION ENVIRONNEMENTALE
3.2.1. Les pratiques environnementales individuelles
3.2.2 Les pratiques environnementales de la municipalité
3.3 LA DIMENSION ECONOMIQUE
3.3.1 L’achat local
3.3.2 Les incitatifs économiques écologiques municipaux
3.4 LA DIMENSION SOCIALE
3.4.1 La sensibilité personnelle au problème des changements climatiques
3.4.2 L’attitude face à la vulnérabilité environnementale
3.4.3 Les pratiques collectives pour l’équité sociale
3.4.4 La contribution municipale à l’adaptation aux changements climatiques
3.5 LA DIMENSION DE GOUVERNANCE ENVIRONNEMENTALE
3.5.1 L’implication personnelle dans la vie communautaire du canton
3.5.2 La connaissance de l’Agenda 21 local et des lieux de consultation publique
3.5.3 L’influence des citoyens sur la prise de décision locale
3.6 L’INFLUENCE DE L’AGENDA 21 LOCAL SUR LA PREOCCUPATION ENVIRONNEMENTALE DES REPONDANTS
3.7 RELATIONS ENTRE LES PRATIQUES INDIVIDUELLES ÉCOLOGISTES ET LES VARIABLES SOCIOÉCONOMIQUES
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE ET MEDIAGRAPHIE
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