Les mycoses sont des maladies provoquées par la présence de champignons microscopiques dans l’organisme. Lorsque le parasitisme de ces champignons porte sur la peau glabre, on parle de mycose de la peau glabre. Les mycoses de la peau glabre occupent une place importante dans l’éventail des maladies fongiques qui reviennent de plus en plus au premier plan de l’infectiologie avec l’avènement de la pandémie du V.I.H. /S.I.D.A. Au Sénégal, une étude réalisée par Ndir O. et coll. au CHU Aristide Le Dantec, durant la période allant du 1er Novembre 1989 au 30 Avril 1990 rapportait un indice d’infestation de 4,5%. [29] Comparativement au Brésil, uneétude menée de décembre 2009 à mai 2010 parCosta-Orlandi C.B. et coll. au Tertiary Care Hospital montrait un taux de prévalence de 35,19% pour ces mycoses. [7] Ceci conforte la thèse d’une recrudescence des mycoses de la peau glabre. Leur diagnostic est essentiellement biologique car les seules manifestations cliniques ne suffisent pas le plus souvent pour poser un diagnostic de certitude. Ce diagnostic repose sur la mise en évidence du champignon directement dans les produits pathologiques ou après leur mise en culture.Dans le cadre de l’aide au diagnostic, le Laboratoire de Parasitologie-Mycologie du CHNU de Fann effectue des examens mycologiques de prélèvements dermiques visant à confirmer ou à infirmer le diagnostic de dermatomycoses.
RAPPEL SUR LES MYCOSES DE LA PEAU GLABRE
DEFINITION
Les mycoses sont des infections provoquées par des champignons microscopiques appelés micromycètes. Parmi quelques cent mille (100.000) espèces connues aujourd’hui, deux cent (200) environ sont potentiellement pathogènes pour l’homme et /ou l’animal. Les micromycètes sont des organismes eucaryotes (pourvus de noyau avec membrane nucléaire, chromosomes et nucléoles).
EPIDEMIOLOGIE
Les agents pathogènes
Classification
Candida
Phylum : Ascomycotina
Classe : Ascomycètes
Ordre : Saccharomycètales
Famille : Saccharomycetaceae
Genre : Candida
Espèces : Candida albicans,
C. dubliniensis : de découverte récente, c’est une espèce qui ne peut être morphologiquement distinguée de C. albicans. Son identification nécessite des cultures sur milieux spéciaux et des tests immunologiques. Cette espèce est associée le plus souvent à une immunodépression liée au SIDA.
C. tropicalis,
C. parapsilosis,
C. glabrata .
Les dermatophytes
Phylum : Ascomycotina
Classe : Ascomycètes
Ordre : Onygénales
Famille : Arthrodermataceae
Selon la morphologie des spores asexuées, on distingue trois (3) genres :
➤ Epidermophyton
Espèce : Epidermophyton floccosum
➤ Trichophyton
Espèce : Trichophyton rubrum
T. mentagrophytes
T. mentagrophytes var. interdigitale
T. soudanense
T. violaceum
➤ Microsporum
Espèce : Microsporum canis
M. ferrugineum
M. langeroni
M. persicolor
M. gypseum .
Malassezia furfur
Phylum: Deuteromycotina
Classe : Blastomycètes
Ordre : Crytococcales
Genre: Malassezia
Espèce: Malassezia furfur .
Pathogénie
Candida
Les candidoses superficielles sont généralement induites par une modification locale ou générale de terrain qui permet aux Candida de se multiplier : ils deviennent pathogènes et engendre des lésions de la peau (comme la peau glabre) et des muqueuses. Souvent elles résultent d’une pseudocontamination à partir du sol. Cependant Candida parapsilosis et C. famata sont des commensaux cutanés. C. albicans vit à l’état commensal dans le tube digestif de l’homme, des mammifères et des oiseaux. Sa découverte dans le milieu extérieur résulte d’une contamination par l’homme ou l’animal. Sa dissémination est généralement d’origine endogène, elle se fait à partir du tube digestif par contiguïté vers les voies génitales, les voies respiratoires et la peau ou par voie hématogène vers tous les organes.
Les dermatophytes
L’humidité excessive surtout sur les plis cutanés expose à la colonisation fongique des dermatophytes. La pénétration en surface est limitée aux seuls dermatophytes et autres espèces possédant de puissantes protéases (kératinases) pour pénétrer la kératine. Ces espèces se cantonnent habituellement au niveau de la couche kératinisée de l’épithélium pluristratifié (cornéocytes). La plupart du temps, le renouvellement cellulaire de ces cornéocytes tout comme les sécrétions sudorales et sébacées riches en substances antifongiques suffisent à empêcher la survenue d’une épidermophytie. On différencie la colonisation naturelle des dermatophytes sur le revêtement cutané humain ou le pelage de petits mammifères domestiques de la survenue d’une mycose c’est-à-dire des lésions (épidermophyties…) dues au développement parasitaire de ces mêmes espèces. L’inoculation des dermatophytes est favorisée par une lésion cutanée persistante ou par excoriation. Une spore ou un fragment de mycélium pénètre dans la couche cornée de l’épiderme et s’étend de façon circulaire et centrifuge. Au contact des filaments et de la peau saine, se forment des vésicules qui se dessèchent en donnant des squames. Les lésions sont arrondies : le champion est actif à la périphérie de la lésion alors qu’il tend à disparaitre du centre.
Malassezia furfur
M. furfur est une levure qui vit en commensal sur la peau. Elle est particulièrement abondante sur le cuir chevelu, le conduit auditif externe et le tronc. Lipophile, elle a besoin d’acides gras à longues chaines notamment d’acide linoléique ce qui explique sa prévalence sur les zones les plus riches en glandes sébacées. Lorsque les conditions optimales sont réunies (augmentation de la teneur en lipides cutanés, de la sudation et de certains facteurs hormonaux tels que le cortisol), la levure prolifère. Elle perturbe alors le métabolisme de la mélanogenése provoquant ainsi les troubles de la pigmentation des lésions du Pityriasis versicolor. Ces lésions sont réversibles dés que la prolifération est jugulée. Sur le plan histologique, on observe des levures à l’état commensal qui sont rondes ou ovales et isolées tandis que lors d’un état pathologique, elles se regroupent en amas et s’accompagnent de nombreux filaments.
Mode de contamination
Candida
➤ Voie d’entrée : il s’agit de la voie transcutanée, de la voie transmuqueuse de la voie pulmonaire mais également de la voie sanguine.
➤ Mode de pénétration : il se fait suite à une altération ou à une rupture de la barrière cutanéo-muqueuse mais également toute altération avec ou sans inflammation comme la désorganisation du tapis muco-ciliaire est favorable à la colonisation fongique.
➤ Forme infestante : elle est constituée par les levures.
➤ Circonstance de la contamination : il peut s’agir d’une contamination interhumaine ou d’une contamination endogène à partir du tube digestif mais également exogène par exemple suite à une septicémie par cathéter.
Les dermatophytes
❖ Voie d’entrée : c’est surtout la voie transcutanée.
❖ Mode de pénétration : il faut une lésion préexistante de la peau pour que le champignon puisse pénétrer dans la couche cornée de l’épiderme. La spore germe donnant des filaments à croissance centrifuge qui forment une lésion circulaire : c’est l’épidermophytie circulaire ou Tinea circinata.
❖ Forme infestante : elle est constituée par les spores ou un fragment de mycélium.
❖ Circonstance de la contamination : elle peut se faire soit directement par contact avec un homme ou un animal ou soit indirectement par les vêtements, les chapeaux, les chaussures ou les planchers de piscine.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: RAPPEL SUR LES MYCOSES DE LA PEAU GLABRE
I. DEFINITION
II. EPIDEMIOLOGIE
1. Agents pathogènes
1.1. Classification
a. Candida
b. Les dermatophytes
c. Malassezia furfur
1.2. Morphologie
a. Candida
b. Les dermatophytes
c. Malassezia furfur
1.3. Habitat
a. Candida
b. Les dermatophytes
c. Malassezia furfur
1.4. Pathogénie
a. Candida
b. Les dermatophytes
c. Malassezia furfur
2. Mode de contamination
2.1. Candida
2.2. Les dermatophytes
2.3. Malassezia furfur
3. Facteurs favorisants
3.1. Candida
3.2. Les dermatophytes
3.3. Malassezia furfur
4. Répartition géographique
4.1. Candida
4.2. Les dermatophytes
4.3. Malassezia furfur
III. MANIFESTATIONS CLINIQUES
1. Les candidoses de la peau glabre
1.1. Intertrigo des petits plis
1.2. Intertrigo des grands plis
2. Les dermatophytoses de la peau glabre
2.1. Epidermophytie circinée
2.2. Intertrigo des grands plis
2.3. Intertrigo des petits plis
3. Pityriasis versicolor
IV. DIAGNOSTIC MYCOLOGIQUE
1. Candidose de la peau glabre
1.1. Prélèvement
1.2. Examen direct
1.3. Culture
2. Dermatophytose de la peau glabre
2.1. Prélèvement
2.2. Examen direct
2.3. Culture
3. Pityriasis versicolor
3.1. Prélèvement
3.2. Examen direct
3.3. Culture
V. TRAITEMENT
1. Médicaments
1.1. Les antifongiques d’origine naturelle
1.1.1. La griséofulvine
1.1.2. Les polyénes
1.2. Les antifongiques de synthèse
1.2.1. Les allylamines
1.2.2. Les thiocarbamates
1.2.3. Les pyridones
1.2.4. Les dérivés azolés
2. Indications et schéma thérapeutique
2.1. Candidoses cutanées : Intertrigo des petits plis et des grands plis
2.2. Dermatophytoses de la peau glabre
a. Epidermophytie circinée et intertrigo peu étendu
b. Dermatophytie avec lésion étendue, multiple ou récidivante ou associée à une atteinte pilaire
3. Pityriasis versicolor
VI. PROPHYLAXIE
1. Prophylaxie des mycoses des pieds
2. Prophylaxie des mycoses des grands plis
3. Prophylaxie des dermatophyties
4. Prophylaxie du Pityriasis versicolor
5. Autres mesures prophylactiques
DEUXIEME PARTIE: TRAVAIL PERSONNEL
I. CADRE D’ETUDE
II. PATIENTS ET METHODES
1. Patients
2. Méthodes
2.1. Méthodes de diagnostic mycologique utilisées
2.1.1. Prélèvements
a. Conditions de prélèvement
b. Modalités de prélèvement
2.1.2. Techniques
a. Examen direct
b. Culture
c. Identification des Candida
d. Identification des dermatophytes
e. Identification du Pityriasis versicolor
2.2. Méthodes d’analyse des données
2.2.1. Saisie informatique
2.2.2. Tests statistiques utilisés : Test du X²
III. RESULTATS
1. Caractéristiques de l’échantillon étudié
1.1. Répartition des examens effectués selon l’année
1.2. Répartition des examens selon le mois
1.3. Répartition des examens selon la saison
1.4. Répartition des examens selon le sexe des patients
1.5. Répartition des examens selon l’âge des patients
1.6. Répartition des examens selon le diagnostic évoqué
1.7.Répartition des examens selon la localisation des lésions
2. Pourcentage de positivité
2.1. Pourcentage de positivité selon l’année
2.2. Pourcentage de positivité selon le mois
2.3. Pourcentage de positivité selon la saison
2.4. Pourcentage de positivité selon le sexe des patients
2.5. Pourcentage de positivité selon les tranches d’âge des patients
2.6. Pourcentage de positivité selon le diagnostic évoqué
2.7. Pourcentage de positivité selon la localisation des lésions
3. Répartition des espèces fongiques identifiées
3.1. Répartition globale
3.2. Répartition selon l’année
3.3. Répartition selon le mois
3.4. Répartition selon la saison
3.5. Répartition selon le sexe des patients
3.6. Répartition selon les tranches d’âge des patients
3.7. Répartition selon le diagnostic
3.8. Répartition selon la localisation des lésions
4. Etude analytique des cas de mycoses de la peau glabre diagnostiquées
4.1. Répartition annuelle des cas
4.2. Répartition mensuelle des cas
4.3. Répartition selon la saison
4.4. Répartition selon le sexe des patients
4.5. Répartition selon les tranches d’âge des patients
4.6. Répartition selon le diagnostic
4.7. Répartition selon la localisation des lésions
IV. DISCUSSION
CONCLUSION