Les cancers des VADS regroupent l’ensemble des tumeurs malignes développées au niveau de la cavité buccale, du pharynx, du larynx et des cavités nasosinusiennes [71]. Ces cancers sont d’une importante gravité car situés au niveau ou au contact de structures anatomiques et physiologiques capitales qui seront atteintes soit par le volume tumoral, soit par les traitements anticancéreux, ce qui entrainera une perturbation des fonctions de relation dépendant de ces structures (l’élocution, la respiration, la mastication, la déglutition, etc.). La radiothérapie est une modalité thérapeutique des cancers des VADS [9]. Lors de l’irradiation cervico-faciale, les glandes salivaires sont très souvent incluses dans les champs d’irradiation entrainant une altération de la salivation avec comme principale manifestation ; la xérostomie [31, 32]. Cette xérostomie provoque chez les patients des pathologies buccodentaires, mais aussi un inconfort important qui nécessitent une prise en charge multidisciplinaire locales et générales.
Les cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS)
Les voies aérodigestives supérieures (VADS) (Figure 1) sont impliquées dans de multiples fonctions comme l’alimentation, la respiration, la phonation et ont un rôle important dans la vie sociale de l’individu. L’apparition d’un cancer des VADS bouleverse ainsi grandement la vie quotidienne des patients. La radiothérapie constitue la « pierre angulaire » dans l’arsenal thérapeutique des cancers des VADS avec, cependant, comme conséquence majeure la xérostomie [78]. Cette altération de la sécrétion salivaire aura d’une part, des répercussions très importantes, sur le déroulement des fonctions orofaciales et d’autre part sur la protection des tissus de la cavité buccale [26]. Ces troubles sont responsables ainsi de la détérioration de la qualité de vie des patients irradiés [80]. Donc, il parait utile de proposer un traitement efficace de cette perturbation sécrétoire.
Epidémiologie
Les cancers des VADS sont au niveau mondial les sixièmes types de cancers en fréquence, ce qui représente environ 6 % du nombre total de cancers, soit environ 650 000 nouveaux cas et 350 000 décès dans le monde chaque année [68].
Facteurs de risque
Le tabac et la consommation d’alcool sont en cause dans 75% des cancers des VADS avec un effet synergique [3, 25]. Le tabac est responsable des cancers de la cavité buccale et de l’endo-larynx [25] ; l’alcool des cancers de la cavité buccale, de l’oropharynx et de l’hypopharynx [3]. Le tabac à chiquer est moins toxique, mais peut être responsable de cancers de la cavité buccale [62,77]. Un lien entre les tumeurs des VADS et une infection à HPV a été mis en évidence. Elle est retrouvée dans environ 25% des cancers des VADS [42].
Anatomo-pathologie
Les cancers des VADS sont des carcinomes épidermoïdes dans 90% des cas. La fraction restante comporte pour une large part les adénocarcinomes développés à partir des glandes salivaires accessoires de la muqueuse buccale et, plus rarement, des cas de lymphomes, de tumeurs conjonctives ou de mélanomes.
Diagnostic
Signes cliniques
Ils se composent, selon la localisation du cancer, de douleurs, de saignement extériorisé par la bouche, de dysphonie, d’une masse cervicale découverte fortuitement. L’examen clinique inspecte minutieusement la cavité buccale, l’oropharynx, le larynx et l’hypopharynx. La palpation cervicale recherche une adénopathie suspecte. On réalise souvent une nasofibroscopie sous anesthésie locale pour apprécier l’extension de la tumeur.
Examens complémentaires
La preuve histologique est nécessaire. Une imagerie par scanner injecté cervico-facial est nécessaire pour la décision thérapeutique. Le bilan d’extension comporte une fibroscopie bronchique, une fibroscopie œsogastrique et une radiographie pulmonaire. Une consultation chez l’odontologiste éliminera les foyers infectieux bucco-dentaires avant radiothérapie et chimiothérapie.
Classification TNM
L’établissement d’un pronostic en cancérologie, ainsi que la comparaison, lors des essais thérapeutiques de séries de patients identiques, nécessitent des systèmes d’appréciation standardisés universels. Le système d’appréciation utilisé est celui de la classification TNM. Cette dernière fut mise au point par Pierre DENOIX entre 1943 et 1952 et constitue aujourd’hui le système de classification le plus couramment utilisé [5].
Traitement
Buts
Les traitements proposés contre les cancers des VADS ont pour objectifs de détruire la tumeur et de traiter les symptômes afin d’assurer une meilleure qualité de vie possible [18].
Moyens
La prise en charge des cancers des VADS repose sur plusieurs modalités thérapeutiques que sont la chirurgie, la radiothérapie ou la chimiothérapie. Ces traitements spécifiques peuvent être réalisés soit de façon exclusive soit en association et s’intègrent dans une prise en charge globale multidisciplinaire médicale et paramédicale. Le traitement dépend du type et du stade tumoral, de l’état général et des comorbidités présentées par le patient [18].
Médicaux
La chimiothérapie a une place controversée dans le traitement des carcinomes épidermoïdes des VADS. Elle constitue un élément capital dans le traitement initial des lymphomes malins cervico-faciaux. Les médicaments les plus fréquemment utilisés sont les sels de platines, le 5F-U (fluoro-uracile), le docétaxel et le méthotrexate. Ces médicaments sont administrés par voie orale ou IV ce qui permet d’atteindre les cellules cancéreuses quelle que soit leur localisation. Le protocole le plus habituellement utilisé est le protocole d’AI-Sarraf comportant trois cures néoadjuvantes de cisplatinum de 5 F-U espacées par 15 jours de repos.
Chirurgicaux
La chirurgie est le traitement le plus ancien de la pathologie cancéreuse [18]. C’est un traitement de choix car il permet ; à partir de la pièce d’exérèse ; un diagnostic histologique définitif. Elle vise à enlever les lésions qui sont accessibles. Elle peut être limitée ou étendue selon la classification TNM de la tumeur. Lors de l’exérèse, une marge de tissu sain autour de la tumeur est souhaitable afin de limiter le risque de récidive. Cette marge tient compte des facteurs de mauvais pronostic des carcinomes. Le chirurgien peut être amené à réaliser un curage des territoires ganglionnaires si ceux-ci sont atteints [62].
La radiothérapie
La radiothérapie, traitement plus que centenaire, occupe une place importante dans l’arsenal thérapeutique en oncologie. En effet, on estime qu’environ 70% des patients atteints d’un cancer bénéficieront d’une radiothérapie au décours de leur maladie [15].
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
CHAPITRE I : Les cancers des voies aéro-digestives supérieures (VADS)
1-Epidémiologie
2-Facteurs de risque
3-Anatomo-pathologie
4-Diagnostic
4-1- Signes cliniques
4-2- Examens complémentaires
5-Classification TNM
6-Traitement
6-1-Buts
6-2-Moyens
6-2-1- médicaux
6-2-2- chirurgicaux
6-2-3- La radiothérapie
6-2-3-1-Le principe
6-2-3-2-Les principaux appareillages
6-2-3-2-1-Le télécobalt
6-2-3-2-2- Les accélérateurs linéaires de particules
6-2-3-3-Les principales techniques
6-2-3-2-1-La radiothérapie externe
6-2-3-3-2-La curiethérapie
Chapitre II : Les complications de la radiothérapie
1-Complications bucco-faciales
1-1-Atteintes nerveuses
1-2-Atteintes cutanées
1-3-Mucite radio-induite
1-4-Limitation de l’ouverture buccale ou trismus
1-5-Ostéoradionécrose
2-Complications sur les glandes salivaires
2-1-Rappels sur les glandes salivaires
2-1-1-Anatomie
2-1-1-1-Les glandes salivaires principales
2-1-1-2-Les glandes salivaires accessoires
2-1-1-3-Vascularisation et innervation
2-1-2-Histologie
2-1-3- Physiologie
2-1-3-1-Caractéristiques physico-chimiques de la salive
2-1-3-2-Composition de la salive
2-1-3-3-Rôles de la salive
2-2- La xérostomie radio-induite
2-2-1-Définition
2-2-2-Diagnostic
2-2-2-1- Signes fonctionnels
2-2-2-2-Interrogatoire
2-2-2-3-Examen de la cavité buccale
2-2-2-4-Tests diagnostiques
2-2-2-5-Autres examens
2-2-3-Conséquences de la xérostomie
2-2-3-1-Sur la cavité orale
2-2-3-1-1-Les parodontopathies
2-2-3-1-2-Les caries
2-2-3-1-3-Les infections
2-2-3-2-Sur la qualité de vie
2-2-4-Traitements de la xérostomie
2-2-4-1-Buts
2-2-4-2-Moyens
DEUXIEME PARTIE : LES SUBSTITUTS SALIVAIRES DANS LE TRAITEMENT DE LA XEROSTOMIE RADIO-INDUITE : REVUE SYSTEMATIQUE DE 2010 A 2015
1. JUSTIFICATION ET INTERET
2. MATERIELS ET METHODE
2.1. Le problème de recherche
2.2. Critères d’éligibilité des études pour une inclusion dans cette revue57
2.2.1. Types d’études
2.2.2. Types de participants
2.2.3. Types d’interventions
2.3. Stratégie de recherche pour la localisation des écrits
2.3.1. Recherche électronique
2.3.2. Recherche manuelle
2.4. Sélection des études
2.4.1. Analyse de la qualité des études
2.4.2. Extraction des données
3. Résultats
3.1. Sélection des articles
3.2. Evaluation de la qualité des articles
3.3. Effet des interventions
4. DISCUSSION
CONCLUSION