Dans presque toute la zone intertropicale, l’hypertension artérielle est aussi répandue qu’en Europe et provoque 20 à 40 p. 100 des cardiopathies à type d’insuffisance cardiaque et d’asystolie globale. Habituellement « essentielle » après 40 ans, elle est souvent due chez les sujets plus jeunes à une néphropathie chronique, parfois parasitaire comme par exemple la néphrite ascendante bilharzienne. L’évolution n’a rien de particulier mais les difficultés des traitements hypotenseurs au long cours grèvent lourdement le pronostic . De rares ethnies, primitives et isolées, sont épargnées par l’hypertension artérielle : aborigènes d’Australie, de Nouvelle-Guinée, des îles du Pacifique ; pygmées d’Afrique Centrale et tribus nomades d’Afrique de l’Est. On ignore pourquoi la pression artérielle de ces sujets ne s’élève pas avec l’âge ; les facteurs diététiques (régime hypocalorique, pauvre en sel) ne sont pas les seuls en cause. La lutte contre l’hypertension artérielle doit être intégrée dans le cadre des soins de santé primaires. Il est nécessaire de former les auxiliaires de santé à la mesure de la passion artérielle et à la surveillance de l’hypertendu. La prévalence de l’affection est difficile à apprécier, faute des éléments indispensables à son dépistage.(1) «L’hypertension artérielle au CSB2 d’Antanimena » est une étude qui a pour objectif d’analyser la répartition de l’hypertension artérielle chez les malades qui fréquentent le CSB2 afin de suggérer des éléments d’amélioration de la prise en charge.
L’HYPERTENSION ARTERIELLE
Définition
La définition de l’hypertension artérielle ou HTA est purement pragmatique : on déclare hypertendus les sujets qui ont une pression artérielle telle qu’une surveillance vasculaire renforcée et/ou un traitement sont justifiés. Lorsque la pression artérielle est en permanence supérieure à 140/90 mmHg, une surveillance vasculaire et des règles hygiéno-diététiques sont justifiées. Lorsque la pression artérielle est en permanence supérieure à 160/95 mmHg, un traitement est justifié. Cette affirmation n’est valable qu’entre 20 et 65 ans ; les valeurs supérieures tolérables sont plus faibles chez l’enfant et chez la femme enceinte ; elles sont plus élevées chez le sujet âgé. Dans certaines conditions, le fait de réduire les hypertensions artérielles permanentes supérieures à certains chiffres entraînait une diminution de la morbidité et de la mortalité de cause cardiovasculaire chez les malades traités. La pressionartérielle est le paramètre chiffré mesuré le plus fréquemment au cours d’un examen clinique habituel. La valeur constatée est communiquée au sujet examiné. Cette valeur est à tort ressentie comme un indicateur de santé aisément compréhensible par le sujet sain ou malade. En fait, cette simplicité et cette banalité cachent des faits complexes. La pression artérielle n’est, dans la majorité des cas, qu’un des indicateurs du risque vasculaire.
Les buts de l’examen d’un malade hypertendu
L’examen du malade hypertendu a quatre buts :
• affirmer la réalité et le niveau de l’hypertension artérielle,
• évaluer le risque vasculaire,
• évaluer le retentissement de l’HTA,
• chercher une cause éventuelle.
Affirmer la réalité et le niveau de l’HTA
La prise de la pression artérielle est un geste courant. Encore faut-il qu’elle soit correctement prise pour que la mesure ait une valeur. Il faut préférer les appareils à colonne de mercure ; la partie gonflable doit avoir une dimension d’au moins 12 cm sur 23 cm.
Le brassard est placé à la partie haute du bras entièrement dénudée. Le pavillon du stéthoscope est placé sur l’artère humérale dont on a repéré le pouls au coude.
L’appareil est gonflé à une pression supérieure à la pression systolique puis progressivement et très régulièrement dégonflé. L’apparition des bruits et la réapparition du pouls radial correspondent à la pression artérielle systolique. L’arrondissement brutal des bruits ou surtout leur disparition correspondent à la pression diastolique. Ils est souvent nécessaire de répéter plusieurs fois la mesure pour préciser les chiffres ; entre chaque mesure, un dégonflage complet du brassard est nécessaire. La pression artérielle doit être prise au moins une fois aux deux bras. Le moment de la prise de la pression artérielle est encore un objet de discussion ; en pratique, il faut prendre une mesure en tout début d’examen et, si elle est anormale, la reprendre à la fin de l’examen. Si la pression artérielle est à la limite supérieure de la normale, il peut être intéressant de faire réaliser un profil tensionnel d’effort. Cela consiste à mesurer la pression artérielle au cours d’un effort contrôlé de type épreuve d’effort. Physiologiquement, la pression artérielle diastolique augmente très peu au cours de l’effort ; une augmentation rapide au dessus de 100 ou 110 mmHg signifie que le patient a plus de risques d’avoir un retentissement de son hypertension artérielle qu’un patient ayant la même pression artérielle de repos et n’élevant pas sa pression artérielle diastolique au cours de l’effort. La constatation de chiffres trop élevés à toutes ces mesures ne peut pas faire porter le diagnostic d’hypertension artérielle permanente ; il faut encore que ces chiffres trop élevés soient retrouvés à plusieurs consultations.
Evaluer le risque vasculaire
La découverte d’une hypertension artérielle doit inciter à interroger la patient sur son mode de vie, ses habitudes alimentaires, tabagiques et d’exercice physique. Il faut noter le poids et la taille. Le dosage du cholestérol et la recherche d’un diabète complètent cette enquête sur le risque vasculaire de l’individu.
LES CAUSES DE L’HYPERTENSION ARTERIELLE
L’HTA essentielle
La cause de l’hypertension artérielle est, dans la grande majorité des cas (95%), inconnue. On parle d’hypertension artérielle essentielle. Deux faits méritent d’être soulignés :
➤ L’hypertension artérielle est une maladie familiale, c’est-à-dire qu’il existe une corrélation entre la pression artérielle des parents et celle de leurs enfants ; il peut s’agir d’une communauté d’habitudes alimentaires.
➤ Il existe une hérédité de la pression artérielle ; cette hérédité est polygénique. Il n’y a pas de gène de l’hypertension artérielle ; cela a au moins comme conséquence qu’il est nécessaire de prendre la pression artérielle des enfants dont l’un ou l’autre des parents est hypertendu.
➤ La fréquence de l’hypertension artérielle dans un pays est corrélée avec la consommation de sel par les habitants de ce pays.
➤ L’hypertension artérielle est une maladie de la résistance périphérique. Quel que soit le débit cardiaque d’un sujet hypertendu, sa résistance artérielle périphérique est plus élevée que celle d’un sujet normal ; cela tient à une réactivité particulière des cellules musculaires lisses des parois artériolaires qui semblent trop sensibles aux stimuli vasoconstricteurs.
Dans 5% des cas, une cause peut être retrouvée
i). Une coarctation aortique (rétrécissement congénital de l’aorte après le départ de la sous Clavière gauche) peut entraîner une hypertension artérielle, caractéristique par le fait qu’elle est limitée aux membres supérieurs.
ii). Une sténose unilatérale de l’artère rénale provoque une hypersécrétion de rénine par le rein ischémie et une HTA.
iii). Une tumeur surrénale sécrétante peut aussi être en cause. La tumeur peut sécréter de l’aldostérone (syndrome de Conn) du cortisol (syndrome de Cushing) ou des catécholamines (tumeur de la médullosurrénale : phéochromocytome). Ces causes particulières d’hypertension artérielle ont des signes particuliers qui permettent de les identifier. En pratique, la recherche de la cause d’une HTA est une question mineure par rapport à l’importance qu’il y a à traiter correctement une HTA essentielle .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR L’HYPERTENSION ARTERIELLE
1. L’HYPERTENSION ARTERIELLE
1.1. Définition
1.2. Les buts de l’examen d’un malade hypertendu
1.2.1. Affirmer la réalité et le niveau de l’HTA
1.2.2. Evaluer le risque vasculaire
1.2.3. Evaluer le retentissement de l’HTA
1.2.4. Chercher une cause éventuelle
2. LES CAUSES DE L’HYPERTENSION ARTERIELLE
2.1. L’HTA essentielle
2.2. Dans 5% des cas, une cause peut être retrouvée
3. LES CONSEQUENCES DE L’HTA
3.1. L’hypertension artérielle accélère l’évolution de l’athéros- clérose
3.2. L’HTA entraîne aussi des complications mécaniques
4. L’HYPERTENSION ARTERIELLE DE LA GROSSESSE
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EPIDEMIOLOGIQUE DE L’HYPERTENSION ARTERIELLE AU CSB2 D’ANTANIMENA
1. CADRE D’ETUDE
1.1. Présentation du CSB2
1.1.1. Organisation
1.1.2. Le personnel du CSB2
1.2. Le secteur sanitaire
2. METHODOLOGIE
2.1. Méthode d’étude
2.2. Paramètres d’étude
3. RESULTATS
3.1. Le profil de morbidité
3.2. Nombre de cas d’HTA
3.3. Les tranches d’âge concernées
3.4. Le sexe
3.5. La profession
3.6. Les chiffres tensionnels
3.7. Le traitement
3.8. Suivi
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRES, DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS
1. COMMENTAIRES ET DISCUSSIONS
1.1. Les tranches d’âge et le sexe
1.2. La profession
1.3. Chiffres tensionnels et traitement utilisé
2. SUGGESTIONS
2.1. Mise en œuvre d’un programme d’IEC/HTA
2.2. Utilisation d’un protocole de prise en charge au CSB2
2.2.1. Objectif
2.2.2. Stratégie
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE